LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

À nous deux, Kosyam !

Publié le vendredi 19 novembre 2010 à 02h16min

PARTAGER :                          

Rien ne va plus, refaites vos voix ! Ne laissez nulle urne où le bulletin ne passe et ne repasse... Fouillez, traquez, trouvez les électeurs pour soigner la galère du taux de participation. Et que le moins mauvais d’entre tous dépose ses valises à Kosyam...

Il y en a pour qui les jeux sont faits depuis longtemps, les résultats de l’élection présidentielle du 21 novembre 2010 -patate, c’est dimanche prochain !- étant courus d’avance. D’après que le sable du Gourma, mais aussi les volutes de fumée qui se sont miraculeusement échappées du Mont Ténakourou, et même l’eau claire de la Volta Blanche... ont déjà déroulé le tapis rouge du vainqueur à l’enfant terrible de Ziniaré. Et ce n’est pas Oumou Sangaré, la diva du Wassoulou, invitée spécialement pour donner du punch à la campagne de « l’homme de l’émergence » à Bobo-Dorosso, qui manquera de faire couler le dolo.

En route pour un énième (et ultime ?) mandat à la tête du « pays des Hommes intègres », le déjà locataire du palais de Kosyam compte bien ne pas faire ses valises au lendemain du 21 novembre.

Que nenni, lui crient en chœur désordonné les six candidats en face de lui. Hama-l’Arbalète s’est même fait remettre une clé géante de la porte d’entrée de Kosyam, sûr que c’est lui qui raflera la mise des (maigres) électeurs. Ainsi, pourra-t-il bâtir, avec les Burkinabè, « une nation forte, démocratique et solidaire ». Et pour bien montrer qu’il en aura le pouvoir si on lui en donne... le pouvoir, il promet, arbalète au poing, « la création de 30 000 emplois chaque année », soit 150 000 emplois pendant son quinquennat. Alors, circulez, y a plus rien à proposer. Le chitoumou sera plus succulent et le dolo coulera à flots. Que demander de plus ?

Seulement, le candidat du parti de l’œuf n’a pas dit son dernier mot. D’une localité à l’autre, Ditanyè au clairon, « Burkind-lom » à la trompette, l’homo sankarius fait feu de tout bois, à la batterie, avec « l’émergence ». Et d’abord, qu’on se le tienne pour dit, « le pays émergent ne se décrète pas, on travaille à l’émergence d’un pays » ! Une sorte d’explication de texte destinée au candidat du mastodonte Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, rebaptisé pour la circonstance « Compaoré doit partir » par les burkindlomistes). Et pour sonner effectivement le « Bori bana » au soir du 21 novembre, la coalition qui soutient l’homme-à-la-barbichette promet mordicus aux paysans qu’ils abandonneront bientôt leurs vieilles et improductives dabas pour entrer de plain-pied dans l’ère de la motorisation agricole.

Maxime Kaboré, l’Amiral qui vient de Bruxelles pour réclamer, de façon indépendante et déterminée, son droit d’entrée à Kosyam ne dit pas moins. Même si le moteur de son véhicule a calé et pris feu sur la route du Nord, l’homme qui demande d’« oser le changement », n’a pas perdu le Nord. « Ce sont des puissances qui se sont mobilisées pour empêcher l’enfant prodige de conquérir le Sahel. Mais elles n’y peuvent rien », a-t-il diagnostiqué avant de promettre, la main sur le cœur, qu’il fera du Sahel « un pôle de développement, à travers la revalorisation de ses potentialités culturelles, agropastorales et minières, sans oublier le soleil pour l’électrification ». Euh... Si et seulement si on lui donne la clé pour entrer à Kosyam au lendemain du 21 novembre.

Mais cet amiral-là n’est que l’un des trois Kaboré - avec Boukary alias « Le lion » et François, du PDP/PS - à briguer la magistrature suprême. « Le lion », lui, règne presqu’en maître sur ses terres de Poa. Et il y en a bien qui souhaite le voir déposer ses pénates à Kosyam, pour réinstaurer la Révolution au Burkina. La barbe blanche de la sagesse et le rouge écarlate de la révolution bouillante feront-ils à nouveau bon ménage ? Loin de la cavalcade révolutionnaire, François Kaboré annonce que son programme - « Ensemble pour le changement » - vise, entre autres, à lutter contre la corruption et contre le... paludisme. Il fera donc une guerre impitoyable aux moustiques.

De quoi contenter Dr Emile Paré, qui compte bien parer tous les coups, afin de mieux appliquer, une fois à Kosyam, sa thérapie pour « un Burkina Faso renaissant, progressiste ».
En tout cas, les candidats sont là et n’attendent que les suffrages pour passer du rêve à la réalité présidentielle. Euh... Mais où sont passés les électeurs ?

Journal du Jeudi

PARTAGER :                              
 LeFaso TV