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Riz africain en voie de disparition : Des chercheurs se mobilisent contre le riz chinois

Publié le jeudi 10 juin 2010 à 00h16min

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Le riz africain, connu scientifiquement sous le nom de Oryza glaberrima, a été domestiqué il y a environ 3500 ans en Afrique de l’Ouest, où il a prospéré pendant des siècles. Mais aujourd’hui, il n’est cultivé que dans des poches éparpillées, à deux doigts de l’extinction. La plupart des riziculteurs africains ont abandonné leurs variétés traditionnelles au profit du riz asiatique (O. sativa) au rendement plus élevé. Au nom de la biodiversité, des chercheurs ont décidé de rectifier le tir.

Longtemps considéré comme un cousin pauvre du riz asiatique cultivé dans le monde entier, le riz africain retient aujourd’hui l’attention d’une initiative scientifique majeure visant à crever le plafond des rendements dans les champs paysans. Cela en vue de résoudre d’éventuelles crises alimentaires en portant la production africaine de riz au même niveau que sa consommation galopante. Ce changement de paradigme dans la recherche rizicole de la région, donnera un statut d’élite aux variétés indigènes.

Les nouveaux résultats rapportés par le Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice) basé au Bénin et supporté par le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI), vont à l’encontre de l’idée généralement admise selon laquelle le riz africain, préféré des consommateurs locaux à cause de son goût, a naturellement un rendement plus faible que le riz asiatique.

Les variétés de riz africain ont selon les chercheurs, une remarquable adaptabilité aux environnements de production difficiles, d’où son utilité dans le développement de variétés améliorées adaptées au changement climatique. Dans les années 90, les chercheurs d’AfricaRice ont fait des croisements des variétés africaines et chinoises afin de combiner l’adaptabilité du riz africain aux caractéristiques de haut rendement du riz chinois. De ces croisements, est né le nouveau riz pour l’Afrique ou le NERICA .Plus de 80 variétés du NERICA ont été développées pour les écologies pluviales et adoptées par les paysans.

La robustesse de la variété africaine résulte dans sa forte capacité à concurrencer les adventices et à résister aux ravageurs et maladies du riz, aux fluctuations du niveau d’eau, aux sols infertiles (notamment les niveaux de toxicité ferreuse), au climat rude et même à la négligence humaine. Par exemple, une seule variété comme CG14, qui a été le parent de O.glaberrima du premier groupe de variétés de NERICA, est résistante aux multiples contraintes.

« Le riz africain a généralement un rendement plus élevé que le riz asiatique dans des environnements difficiles sous forte pression des ravageurs et autres stress. Mais si on arrivait à résoudre le problème de l’égrainage et de la verse, il pourrait aussi atteindre un rendement acceptable de 5 à 6 tonnes par hectare dans les environnements pluvieux plus propices, » a expliqué Dr Futakuchi, écophysiologiste à AfricaRice. Pour rendre le riz africain commercialement plus viable, AfricaRice tente également d’améliorer aussi la qualité de ses grains.

Selon Dr Sémon Mandé, chercheur à AfricaRice, la percée du NERICA a donné aux chercheurs une nouvelle opportunité de révéler le trésor des gènes de riz africain, O. glaberrima. « Mais la grande partie de son trésor de diversité génétique est encore non exploitée, » a-t-il déclaré. Puisque l’Afrique dépend des importations pour satisfaire 40% de sa demande de riz, il urge selon les chercheurs de développer des variétés de riz plus productives et plus tolérantes aux stress.

La récente crise alimentaire qui a frappé de plein fouet les pays africains, ils ont souligné la nécessité de nouveaux efforts courageux pour booster la production du riz local par l’amélioration du riz asiatique et du riz africain En Afrique, la consommation de riz croît plus vite que celle de toute autre aliment de base.

Rien qu’en Afrique de l’Ouest, elle s’est accrue à un taux annuel de 4,5% de 1961 à 2006, faisant du riz la principale source d’énergie alimentaire de la sous-région, et la troisième en Afrique subsaharienne. Mais, pendant la même période, la croissance de la production a été plus lente, créant un déficit entre l’offre et la demande de riz.

Cela a mis sur le dos des gouvernements africains de grosses factures d’importation estimées à 3,6 milliards de dollars américains en 2008. Le Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice) est une organisation de recherche panafricaine leader oeuvrant pour la réduction de la pauvreté et l’atteinte de la sécurité alimentaire en Afrique par des activités de recherche, développement et partenariat. Soutenu par le GCRAI, il est aussi une association intergouvernementale autonome composée de pays membres africains.

Fatouma Sophie OUATTARA

Source : communiqué d’AfricaRice

Sidwaya

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