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Les populations de Tongomayel se sont imprégnées du contenu du 4e rapport ITIE

Publié le mercredi 1er juillet 2015 à 02h24min

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Les populations de Tongomayel se sont imprégnées du contenu du 4e rapport ITIE

Après Yalgo dans le Namentenga et Gorom-Gorom dans l’Oudalan, l’équipe de dissémination du 4e rapport ITIE-BF a mis le cap sur Tongomayel, le 24 juin 2015. C’est la première fois que cette commune rurale de la province du Soum abritait l’atelier de dissémination du contenu du rapport ITIE. Une trentaine de personnes ont pris part à cette rencontre. Il s’agissait des membres d’organisations de la société civile, des représentants des services techniques déconcentrés de l’Etat, des services techniques municipaux, des conseillers villageois de développement et de responsables coutumiers et religieux.

Trois heures durant, Sidiki Guiré et son équipe ont échangé avec les populations de Tongomayel. Cette commune abrite la société minière de Bélahouro (SMB). Une société dont les activités impactent également deux autres communes (Arbinda et Koutoukou). C’est pourquoi, les années antérieures, c’est le chef-lieu de la province, Djibo, qui accueillait l’équipe de l’ITIE (Initiative pour la transparence dans les industries extractives). Mais, cette fois-ci, elle a voulu aller au plus près des populations impactées par l’activité minière. Et, les participants n’ont pas manqué d’exprimer leur satisfaction.
Ainsi, ils ont pu savoir qu’au cours de l’année 2012 sur laquelle porte le 4e rapport, les sociétés minières ont payé plus de 190 milliards de francs CFA. Ce montant comprend les taxes, impôts, droits de douanes versés dans les caisses de l’Etat, mais aussi les sommes payées au titre de la RSE (responsabilité sociale des entreprises) et du fonds de restauration et de réhabilitation de l’environnement déposé à la BECEAO ou dans les banques privées du pays. Concernant les taxes superficiaires dont 20% reviennent aux communes impactées par l’extraction minière, la région du Sahel a perçu environ 201 millions de francs CFA, répartis au prorata des différentes communes. En plus de ces montants, la commune de Tongomayel a perçu 13 428 000F CFA représentant les taxes sur les agrégats.
Après la présentation du contenu du rapport, précédée d’une communication sur la coalition « Publiez ce que vous payez », les participants ont posé des questions à l’équipe de l’ITIE. Comme lors des étapes précédentes, les préoccupations portaient, entre autres, sur : les quantités de minerais déclarées et les quantités réellement extraites, la gestion du fonds de réhabilitation de l’environnement, les paiements sociaux et leur destination, des précisions sur les emplois, la contribution de la mine à l’amélioration/ou la détérioration des conditions de vie des riverains…
Certains n’ont pas manqué de demander aux représentants de la mine de Bélahouro de s’ouvrir plus aux populations. Ce qui permettra de « se comprendre » pour une cohabitation pacifique entre les deux parties.

Moussa Diallo
Lefaso.net

Propos de quelques participants

Oumarou Dicko, représentant du chef coutumier de Tongomayel
Les débats se sont bien déroulés. Ça nous a apporté beaucoup d’éclaircissements. On souhaiterait que de telles rencontres soient multipliées.
La population se plaint beaucoup de la mine, mais cela est dû au manque de compréhension. Nous n’arrivons pas à comprendre exactement ce que fait la mine. Les gens pensent que c’est un endroit où il faut aller déposer ses demandes et être employé facilement. Alors que ce n’est pas le cas. Il faut avoir une approche, savoir aborder les intéressés pour avoir un emploi au niveau de ces sites.
Nous n’avons pas des informations sur la mine. Si on avait toutes les informations, on aurait demandé à la mine de nous aider avec des formations qualifiantes. Là, même si la mine quittait, ces connaissances restent et vont servir à ceux qui ont bénéficié de ces formations et pourquoi pas leur offrir des emplois pendant que la mine est encore là.

Ramata Tamboura, responsable des femmes de la commune de Tongomayel
L’atelier d’aujourd’hui nous a donné beaucoup d’idées, beaucoup d’informations sur les sociétés minières et ce qu’elles peuvent faire pour les communautés riveraines. Mais, ce qu’on souhaite, c’est qu’il y ait un cadre de concertation entre les minières et les populations. On souhaite aussi avoir plus de sensibilisation et de formation. Actuellement, nous manquons d’informations et de connaissances sur l’activité minière. C’est pourquoi, il y a parfois des incompréhensions entre nous et la mine.

Assane Traoré, préfet, président de la délégation spéciale de Tongomayel
Concernant la rencontre sur la présentation du 4e rapport de l’ITIE, c’est une bonne initiative parce qu’elle permet à la population de s’imprégner du contenu de ces différents rapports, savoir ce qu’elles doivent faire comme action sur le terrain pour pouvoir profiter des retombées de l’exploitation minière.
Quand on essaie de voir les rapports qui existent entre les populations riveraines et la société minière de Bélahouro, il y a un problème de communication qui fait qu’il y a certaines informations qui échappent à la population. Une fois que la population n’a pas l’information juste, elle peut se rebeller, ce qui conduit souvent aux conflits entre les sociétés minières et les populations.
Maintenant, le problème aussi au niveau de la société minière de Bélahouro, c’est le fait qu’il n’y a pas un cadre de concertation formel. C’est une société qui impacte directement trois communes (Tongomayel, Arbinda et Koutoukou). Donc, ça fait qu’il est difficile à notre niveau de mettre en place un cadre de concertation puisque ça dépasse la compétence d’un seul maire. Il faut qu’au niveau provincial des dispositions soient prises pour permettre la mise en œuvre de ce cadre de concertation.
L’autre difficulté aussi, c’est le manque d’organisation des associations et réseaux de la société civile de la commune de Tongomayel. En plus, tout le monde veut travailler dans la mine, pourtant ce n’est pas possible.
Nous, notre souhait, c’est que la mine arrive à former des gens à des métiers pour que chacun se retrouve dans son quartier ou dans son village avec un certain nombre de bagage pour se débrouiller. Et là, même après la mine, ils vont continuer leurs activités puisqu’ils ont bénéficié de formation.

Oumarou Saïdou Tamboura, président de l’Association Dewral des jeunes de la commune de Tongomayel
L’initiative de cette rencontre est louable en ce sens qu’elle nous a permis de connaître comment gérer nos relations avec la mine et surtout de savoir comment les fonds générés par les mines sont gérés par l’Etat et jusqu’aux collectivités.
Actuellement, le problème qu’il y a entre nous et la mine de SMB, c’est un problème de communication, un manque de considération à l’égard des jeunes. On a eu à faire des plaidoyers mais ça n’a pas marché. En plus de ça, on a eu à faire beaucoup de démarches, mais c’est peine perdue. Maintenant, ce que nous demandons et souhaitons au niveau de la mine de SMB, c’est qu’elle prenne en compte un peu de nos préoccupations. C’est vrai qu’ils sont là pour un but économique précis, mais il faudrait aussi qu’ils songent au développement de la commune en passant par les jeunes.

Kassoum André Ouédraogo, membre de l’équipe Relations avec les communautés de la société minière de Bélahouro
C’était une bonne chose de pouvoir participer à la dissémination de ce 4e rapport et ça a vraiment montré un engouement des participants. On aurait aimé que ces genres de rencontres se tiennent de manière plus régulière et rapprochée pour qu’on puisse apporter de la lumière sur ce que les sociétés minières font. Nous, on ne fait pas trop de publicité sur ce qu’on fait mais on fait beaucoup de choses. Chaque année, on met plus de 100 millions au profit des communautés en termes de réalisations volontaires. Ça c’est dans la dynamique de notre politique.
Notre politique, à la SMB, c’est de pouvoir satisfaire tout le monde mais c’est difficile. Mais, je vous donne la certitude que nous avons un dialogue très ouvert et depuis un certain temps, SMB fait beaucoup pour les communautés. Vous pouvez le constater. C’est vrai que tout le monde ne peut pas avoir le même avis.
C’est vrai qu’on ne fait pas de publicité sur ce qu’on fait. Mais, le vrai problème, c’est que tout le monde a tendance à vouloir travailler à la mine. C’est difficile que SMB prenne l’engagement de pouvoir employer tous les gens.

Propos recueillis par Moussa Diallo
Lefaso.net

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