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Gestion des forêts communales : Le plan de guerre de l’Afrique de l’Ouest

Publié le mardi 16 juin 2009 à 02h42min

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Le premier congrès des forêts d’Afrique de l’Ouest se tient du 15 au 18 juin 2009 à Ouagadougou, pour définir une stratégie de bonne gestion du paysage forestier sous-régionale.

En Afrique de l’Ouest, les forêts sont sujettes à la baisse de la biodiversité. On estime que près de 900 000 hectares de forêts et terres boisées disparaissent par an. C’est dans ce contexte de menaces pressantes sur les écosystèmes forestiers que la CEDEAO organise du 15 au 18 juin, le premier congrès des communes forestières d’Afrique de l’Ouest. Organisé avec l’appui de la Fédération nationale des communales forestières de France (FNCOFOR), ce congrès devrait aboutir à l’adoption d’une stratégie régionale de création et de gestion durables des forêts communales. Le congrès doit permettre d’identifier aussi un ou plusieurs projets régionaux dont la mise en œuvre pourrait favoriser la bonne gouvernance des forêts et la responsabilité des collectivités locales en la matière. « Ce congrès est une opportunités, surtout pour les communes rurales ayant quelques réserves forestières, de profiter de l’expérience d’autres qui ont réussi à préserver les leurs », espère le maire de Bissiga, une commune rurale au Nord du pays.

Yaogho Evariste est d’autant plus optimiste qu’il attend de cette rencontre, une occasion de nouer des partenariats avec d’autres communes ou institutions en vue de tirer les meilleures leçons en matière de gestion des forêts communales. Une vision qui cadre avec les objectifs du congrès en ce sens qu’il est une tribune d’enrichissement du concept de forêt communale. Les acteurs locaux vont ainsi bénéficier et partager les bonnes pratiques d’autres pays. La FNCOFOR qui soutient cet élan pourra ainsi faire partager sa longue et riche expérience acquise dans la défense du patrimoine naturel. « La FNCOFOR apporte son soutien pour l’ancrage du concept de forêt locale dans le développement communal en Afrique de l’Ouest », a rassuré son président, Jean Claude Monin. Un appui attendu dans la mesure où la FNCOFOR représente 11 000 communes et produit 6 millions de m3. En Afrique, la forêt joue plusieurs fonctions : culturelle, de production, de régulation. Espace vital, elle offre aux populations, notamment rurales des produits non ligneux, des plantes pour la pharmacopée.

C’est pourquoi, le processus de décentralisation commande aux communes de s’approprier la forêt. Pour le commissaire de la CEDEAO chargé de l’agriculture, de l’environnement et des ressources en eau, les élus locaux se doivent d’assurer la gestion des ressources naturelles, y compris celles forestières relevant de leur souveraineté territoriale. Mais, Ousseini Salifou soutient que ce processus qui mérite un accompagnement en vue de renforcer leurs capacités technique et financière demeure une préoccupation. Il se convainc que la situation de non encadrement peut compromettre à brève échéance, la survie des formations forestières. C’est pourquoi, Ousseini Salifou plaide pour l’adoption au plan national, de mesures et de méthodes plus efficaces pour améliorer et harmoniser les politiques, les plans et programmes ainsi que les instruments juridiques et la coordination sectorielle.

De ce fait, il pense que le présent congrès permettra de promouvoir la gouvernance des forêts par les collectivités locales. Celles-ci ont en effet, une occasion propice de partager leurs connaissances, expériences et bonnes pratiques en matière de gestion décentralisée des ressources naturelles. D’ores et déjà, le Burkina qui attend beaucoup des conclusions du congrès a fait part de ses initiatives par la voix du ministre chargé de l’Environnement pour impliquer les communes, notamment rurales dans la gouvernance des forêts.

L’expérience du Burkina

Dans ce contexte de rétrécissement des superficies et des densités de la forêt, la commune a un rôle primordial à jouer dans sa préservation. Toute chose qui permettra d’avoir des forêts saines pour emmagasiner le carbone. Aussi, avec la décentralisation, le Burkina Faso, a rappelé le ministre Salifou Sawadogo présidant la cérémonie, a inscrit la gestion participative de la forêt dans ses priorités. Le ministre de l’Environnement et du Cadre de vie a affiché cette volonté par plusieurs actes. C’est dans les années 80 que le pays s’est engagé dans la gestion participative des ressources forestières. « Les premiers projets de gestion participative des forêts naturelles datent de cette époque et feront école dans la sous-région sahélienne. Les services forestiers se sont inscrits dans un rôle plus proche de celui d’animateur et de conseiller technique », a expliqué M. Sawadogo.

Et la décentralisation qui a parachevé ce processus en ancrant la gestion durable des forêts dont la gouvernance reste un élément- phare dans les politiques et stratégies de développement. D’ailleurs, il est de plus en plus question de responsabiliser les communautés à la base dans la gestion des forêts.

Pour le ministre, c’est la capitalisation des expériences qui a permis au gouvernement d’adopter en 1995, un document de politique forestière qui précise la place et le rôle du secteur forestier dans la stratégie de développement. Parmi les mesures prises pour stimuler la participation des populations à la gestion des ressources naturelles, il y a le Programme national de reforestation « 8000 villages, 8000 forêts », le projet Front de terre/ceinture verte, le programme "Un département, une forêt" et de nombreuses réformes institutionnelles et juridiques. Outre la cession du parc urbain de Ouagadougou à la mairie de la ville, il y a l’élaboration en cours d’un guide méthodologique pour la création et la gestion des espaces de conservation par les collectivités territoriales. De plus, la plupart des communes disposent de services nvironnementaux. Autant d’initiatives qui visent à favoriser la bonne gestion des ressources naturelles dans les communes.

S. Nadoun COULIBALY

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 17 juin 2009 à 12:40, par SANOU Bala Wenceslas En réponse à : Gestion des forêts communales : Le plan de guerre de l’Afrique de l’Ouest

    Une initiative bien à propos.

    Félicitation pour cette rencontre régionale (et pour cet atricle). Je souhaite vivement qu’à l’issue de cette rencontre, les résultats soient largement diffusés pour permettre aux différents acteurs (dont les organisations de la société civile) de participer au suivi de l’après atelier. Un drame que nous vivons c’est justement les ateliers forts à propos mais non suivis après le discours de clôture. En plus des structures étatiques (notamment MECV, MATD, MAHRH, MRA), je suggère que des structures de recherches comme le CIFOR, ONG (comme le GRAF, NATURAMA, l’AMBF,..), s’investissent concrètement dans le suivi des résultats de cet atelier. C’est effectivement une opportunité pour avancer sur la question pratique du transfert effectif de compétence aux collectivités territoriale, conformément à la section 3 du CGCT (articles 88 à 90) et à l’article 14 de la Constituion qui dispose clairement que ’’Les richesses et les ressources naturelles appartiennent au peuple. Elles sont utilisées pour
    l’amélioration de ses conditions de vie’’ (sic). Nous avons le devoir d’utiliser les RN de façon durable, pour que notre postérité en tire partie tout comme nous.

    Rendez-vous donc dans N années après le présent atelier.

    Bala Wenceslas SANOU
    sanoubala@yahoo.fr
    00(226) 78 82 89 41
    00(226) 70 33 44 61

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