LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Elections : Les raisons d’une débâcle politique

Publié le vendredi 18 mai 2007 à 07h56min

PARTAGER :                          

Les résultats provisoires des élections législatives du 6 mai sont connus. Si le CDP, parti au pouvoir peut se frotter les mains avec une "majorité confortable" à même d’accompagner la mise en œuvre du programme présidentiel, l’opposition quant à elle navigue dans les profondeurs de la médiocrité politique avec les résultats que l’on sait.

C’est comme si les électeurs s’étaient donnés un mot de passe pour sanctionner une opposition incapable de s’entendre sur l’essentiel.

Pour certains cette "fessée électorale" administrée à l’opposition était prévisible même si des plumitifs avaient prévu le contraire à travers des pages de journaux où, en filigrane, on laissait voir une certaine chance de l’opposition. Bref, le constat est amer et les raisons de cette débâcle de l’opposition sont nombreux.

En 2002, suite aux réformes politiques, lorsque l’opposition avait fait son "entrée fracassante" à l’Assemblée nationale, on avait tous applaudi, parce que pour une des rares fois, ses partis habitués au boycott ont accepté compétir donnant ainsi une autre saveur au jeu démocratique. C’est ainsi que l’ADF/RDA sous la houlette de Me Hermann YAMEOGO, le PDP/PS du vieux Ki-ZERBO, le PAI de Soumane TOURE, l’UNIR/MS de Me SANKARA et bien d’autres partis ont pu faire leur entrée à l’Assemblée nationale.

Mais voilà, 2002 semble déjà très loin et en 5 ans beaucoup d’eau a coulé sous les ponts emportant avec elle tout espoir de rassemblement d’une Opposition qui vogue sans repère tel un navire à la boussole détraquée. Elle qui pourtant avait donné l’impression d’avoir non seulement compris que l’union fait la force mais aussi que la logique du radicalisme sans borne était bien improductif, voire, suicidaire a vite fait de vendanger ce capital, retournant à ses anciennes amours avec cette propension de ses "chefaillons" à œuvrer par leur petite chapelle.

En démocratie, comme dans tout autre domaine, il faut savoir évoluer avec le temps, avec le contexte. Mais à l’opposition on a du mal à accepter certaines réalités politiques. Allant même à confondre le terrain sociopolitique sur lequel ils évoluent à des milieux aux antipodes de ses préoccupations, beaucoup de dirigeants de cette opposition se sont fourvoyés en épousant des logiques en déphasage avec les aspirations des populations qui ne font qu’accumuler les déceptions. Et comme en démocratie, ce sont les urnes qui parlent, ces populations se font entendre par les urnes en sanctionnant "ces opposants qui ne savent pas ce qu’ils veulent".

Le constat est désolant

Qui pouvait s’imaginer que l’UNDD de Me Hermann YAMEOGO serait incapable d’avoir un élu, même sur la liste nationale ? Après avoir parcouru presque les 45 provinces pour "ses audiences foraines" où le pouvoir pour ne pas dire le CDP a été accusé, jugé et condamné, Me Hermann YAMEOGO et son UNDD se retrouvent sans le moindre député. En réalité, les foules que l’UNDD drainait à ses audiences lors de la campagne venaient non pas pour juger le CDP mais bien l’UNDD. Le message a été clair.

Que dire du PDP/PS qui passe de 10 députés à 2 ? Le vieux Ki-ZERBO est-il parti avec l’aura de son parti ? Le PAI de Soumane TOURE n’est pas mieux loti, lui qui passe de 5 à 1 député. Il en est de même du PAREN de Laurent BADO qui passe de 4 à 1 député...

Bref, on peut aligner ces exemples "sombres" des partis de l’opposition. Le constat qui se dégage c’est qu’ils ont reculé et de manière lamentable par rapport à 2002. Ils n’ont pas su transformer l’essai en maintenant à un bon niveau le capital de sympathie et d’adhésion qu’ils ont suscité après le drame de Sapouy.

Bien au contraire, ils ont passé leur temps à se discréditer. Et finalement, les populations ont compris que "ces opposants ne sont pas mieux que ceux qui sont au pouvoir".

A cette donne, on pourrait ajouter le fait qu’au Burkina, en lieu et place d’une opposition digne de ce nom, nous avons plusieurs oppositions qui se regardent en chien de faïence. L’exemple des Sankaristes est très illustratif et peut expliquer les piètres performances.

Le discours politique de l’opposition est à l’image de ce qu’elle est. En ayant pour programme politique l’invective et la diabolisation du pouvoir en place, l’opposition a fini par retourner cette logique contre elle au grand bonheur du CDP qui n’en demandait pas mieux.

L’opposition a certainement oublié que le choix en politique, ce n’est pas entre le bien et le mal mais entre le préférable et le détestable, comme le disait Raymond ARON.

En tout cas, l’opposition, une fois de plus, ne devrait s’en prendre qu’à elle même. Et ce ne sont pas les accusations de fraudes et autres qui pourront mettre le vernis sur son incapacité organisationnelle et sa mauvaise lecture du jeu politique nationale.
"Pour gagner, il ne suffit pas de savoir ce que veut l’adversaire... il faut surtout savoir ce que l’on veut soi-même", disait Charles De GAULLE. A méditer.

Par Ben Alex BEOGO

L’Opinion

P.-S.

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 18 mai 2007 à 14:58, par babakr En réponse à : La débâcle de la raisons et de la moralité politique

    La naïveté de vos propos sont à la hauteur de votre incapacité à ouvrir les yeux. La fraude, les moyens de l’Etat et les différentes intimidations ont montré que cette victoire était de très mauvaise odeur ; la CENI quant à elle est une bien curieuse machine ; elle constate des fraudes mais comme c’est le parti au pouvoir qui a gagné alors ce n’est pas grave. Moi je ne pleure pas pour l’opposition je pleure pour la petitesse de nos institutions. Il n’y a aucun doute nous ne sommes pas mûrs pour cette démocratie. Et quand des prétendus journalistes sont content de ce qui se passe alors vous comprenez dans quel drame nous sommes. Mais si cela vous fait plaisir alors tant pis pour la démocratie.

    • Le 18 mai 2007 à 18:44, par Amosis En réponse à : > La débâcle de la raisons et de la moralité politique

      bien vu mon frère

      • Le 19 mai 2007 à 04:34 En réponse à : > La débâcle de la raisons et de la moralité politique

        Je partage entierement l’avis de ce talentieux journaliste.C’est bien connu en Afrique que tous les opposants nous chantent la meme chanson parlant de fraude,de magouille,d’intimidations,etc...c’est un vieu refrain et l’Afrique en a marre de l’ecouter.J’ai personnellemnt battu campagne pour des opposants durant les elections legislatives de 2002 qui ont permis À beaucoup d’entre eux de faire leur entrÉe triomphale a l’assemblÉe nationale...À son temps,nous militants d’opposition,pensions trouver ainsi le remede pour cet handicap politique que nous connaissions au Burkina depuis le drame de Sapouy.mais Helas.ce fut avec grande deception que nous avons suivi les actions ce ces opposants une fois a l’assemblÉe nationale.Je defis quiconque de me dire quel deputÉ issu de l’opposition a su,rien que pour son propre honneur,respecter ses engagements vis a vis de la nation ?Le peuple ne se laissera tout de meme pas faire pendant toute l’eternite.
        S’il est difficile pour notre peuple d’avoir les Hommes qu’ils faut aux places qu’il faut,comprenez au moins que ce valeureux peuple prefererait garder ces dirigeants qu’il connait deja,meme si ces derniers sont accuses de tous les maux de la terre.Le peuple Burkinabe,par ces elections legislatives,a voulu signifier son ras le bol vis a vis de ces opposants qui s’opposent pour s’opposer,sans avoir un vrai programme politique a nous proposer et sans jamais tenir parole.
        Fraude,Magouille,Intimidations,Un vieux refrain que chante tout opposant africain au lendemain d’une defaite electorale...Y en a marre !!!
        Auguste,Houston,Texas,USA

        • Le 19 mai 2007 à 21:16 En réponse à : > La débâcle de la raisons et de la moralité politique

          Monsieur,

          Votre posture est significative, je serais ravi d’en discuter davantage avec vous. Je vous communique mon mél : yacouba.gnegne@u-clermont1.fr.

          Au plaisir,

          Yacouba GNEGNE

        • Le 20 mai 2007 à 06:30, par Babakr En réponse à : > La débâcle de la raisons et de la moralité politique

          Dommage pour vous que vous soyez partis trop loin pour comprendre si peu ; le problème que je pose, ce n’est pas de l’opposition que je parle, vous défoncez une porte ouverte, je vous parle de l’expression démocratique, ce n’est pas du refrain qu’il faut parler mais de la chanson. Nous chantons faux. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est la CENI ; ce que j’ai écrit, c’est pour encore dire à des gens comme vous que vous avez perdu votre temps à aller soutenir ces politiciens dans de jeux pipés comme le reconnait la CENI. si nous voulons que notre peuple comprenne ce qu’on lui demande, ce n’est pas en allant s’insulter dans les villages et se hacher. Peut-être vous ne savez pas que lors des élections il y a des burkinabé et pas des moindres qui se sont encore mis dans les basseses pour lesquelles vous vous êtiez engagés. Dommage pour vous ; si aujourd’hui vous vous retrouvez hors du pays et vous croyez que les fraudes ont disparu, c’est dire que vous êtes tout simplement un plaisantin plutôt naïf. Moi je ne vous demande de prendre votre courage car vous allez encore souffrir ; surtout pour votre naïveté. Moi je souhaiterais que nous revenions au partit unique et ce sera moins de dépense. On pourra donner plus d’argent aux associations. Si nous voulons encore garder notre système alors il faut l’améliorer. Rassurez-vous, même aux Etats Unis les élections sont discutées vérifiées et suspectes. Mais comme vous êtes naïf, vous ne pouvez pas le savoir. Je constate que vous attendiez votre part après avoir poussé des gens de l’opposition à l’Assemblée mais vous n’avez rien eu et maintenant vous parlez sans réflechir sous la colère. COURAGE MAINTENANT VOUS AVEZ CHOISI LE BON CÔTÉ ALORS PROFITEZ EN.

 LeFaso TV