Du côté des partis de l’opposition, rien n’est encore en vue. Car celle-ci avait une préoccupation, prendre la mairie de Pô, capitale de la province. Ce qui s’est d’ailleurs réalisé le 18 février dernier.

Dans quelques jours, l’on connaîtra sans doute les candidats de la province du Nahouri désirant succéder au député Théophile Diontogue du PDP/PS qui, même s’il ne s’est pas encore déclaré, sera probablement candidat à sa propre succession. A côté de lui, le CDP, apparemment en perte de vitesse, voudrait prendre sa revanche et relever le défi afin de reprendre sa place. Toutefois, si l’opposition, toutes tendances confondues, arrivait à s’entendre encore sur un candidat de coalition comme aux dernières municipales, elle pourrait défier le parti majoritaire. En somme, les législatives du 6 mai prochain au Nahouri seront celles de tous les défis.

Si les dernières législatives n’ont pas souri au parti de Roch Marc Christian Kaboré au Nahouri, c’était parce que, dit-on, les hommes qui étaient à sa tête dans cette province étaient en froid avec une bonne partie de la population, à cause du processus de décentralisation, notamment le découpage du pays en 13 régions. Le Nahouri n’ayant pas été désigné chef-lieu de la région du Centre-Sud, certains de ses fils et filles avaient jeté l’opprobe sur certains de leurs frères qu’ils avaient accusés d’avoir "vendu" leur province.

Vrai ou faux, cela a été pour beaucoup dans les déboires du parti dans cette province. De la frustration des uns et des autres est né le mouvement "Justice pour le Nahouri" qui, pendant un bon moment, s’est érigé non seulement contre les "vendeurs de la province" mais aussi et surtout contre le CDP qu’ils accusaient d’être à l’origine de leur malheur. Pendant que ces derniers manifestaient leur colère à travers les rues de Pô, le candidat du PDP/PS, Théophile Diontogue, battait campagne dans son fief de Tibélé, le plus gros département du Nahouri. Celui-ci est élu de justesse comme premier député de l’opposition dans cette province. Le CDP perd au fur et à mesure de sa notoriété et l’opposition profite de la situation pour se tailler une place de choix dans la sphère politique au Nahouri.

A l’approche de l’élection présidentielle passée, les habitants du CDP et autres avaient organisé sur toute l’étendue du territoire, des marches-meetings de soutien à la candidature de leur ami Blaise Compaoré. Beaucoup de localités sont entrées dans la danse mais le Nahouri a tardé à suivre ce mouvement. Car beaucoup de gens n’avaient apparemment pas encore digéré leur colère et menaçaient de s’en prendre à quiconque voudrait organiser à Pô une marche de soutien à la candidature de Blaise Compaoré à cette présidentielle.

Les 8 prétendants cédépistes au poste de député

Dans une atmosphère pleine d’incertitudes, des fils et filles de la localité ont brisé le silence et sont parvenus à organiser la marche de soutien en question avec à leur tête, Joseph Batako, ingénieur à la SOCOGIB/Ouaga, parrain des ABC/Nahouri. Après avoir gagné son pari, celui-ci s’est présenté aux dernières municipales de Pô et figurait parmi les 2 rares élus CDP de la ville de Pô. Son nom figure parmi les 8 candidats à la candidature CDP aux législatives du 6 mai prochain. Le bureau politique national du CDP aura à choisir au Nahouri, un homme de consensus à même d’être accepté par tous, même par les militants d’autres partis.

Les 8 candidats qui attendent d’être choisis pour représenter le CDP à ces législatives sont entre autres, Daouda Azoupiou (inspecteur de l’enseignement de base de la circonscription de Guiaro)/membre du Bureau politique national, l’un des mobilisateurs du parti au Nahouri, le seul qui est sur place à Pô. On a aussi le professeur Abel Louka qui réside à Bobo Dioulasso ; un nouveau dans le paysage politique au Nahouri tout comme 2 autres prétendants, Emmanuel Kaboui et Amidou Zibaré. Il s’agit d’une nouvelle génération de cédépistes dont on dit du bien même s’ils ne sont apparemment pas bien connus.

Par ailleurs, figurent sur cette liste du CDP Nahouri les anciens députés Souleymane Zibaré et la seule dame du groupe, Mme Dicko née Maria Agaliwè députée du temps de l’ODP/MT. Puis enfin, le docteur Kapouné Karfo, DG de l’OST, est commissaire politique régional du parti au Centre-Sud. Le parti de Roch Marc Christian Kaboré a intérêt à choisir un homme capable de le faire gagner dans cette province qui est apparemment en train de basculer dans l’opposition, toutes tendances confondues.

Vers un autre duel CDP - opposition

Le parti majoritaire doit opérer un bon choix au Nahouri pour ne pas se retrouver encore une fois dans le décor. Car si l’opposition parvenait à se coaliser encore comme elle l’a fait aux dernières municipales de Pô, on assisterait certainement à un autre duel où tout serait possible. Mais les législatives étant beaucoup différentes des municipales, le CDP peut ne pas en être inquiété. Car après tout, il est plus ou moins bien coté dans les autres départements de la province. Car il gère les communes rurales de Tiébélé, fief supposé de l’ancien député Théophile Diontogue du PDP/PS devancé par le CDP à la dernière présidentielle.

Mais ce n’est pas une raison pour le parti au pouvoir de se frotter les mains car ce qui s’est passé aux municipales dans la commune de Pô pourrait avoir le même effet dans les autres départements et doit faire école. Car si l’opposition accordait ses violons sur un autre candidat logé à la même enseigne que Henri Koubizara du PAI qui va probablement prendre les rênes de la mairie de la capitale du Nahouri, elle pourrait se faire entendre.

A ce sujet, l’on susurre que certains partis de l’opposition projettent de soutenir la candidature d’un membre du parti de l’éléphant susceptible de faire le poids. Ce dont on parle, c’est que Henri Koubizara du PAI qui a défié le CDP aux municipales du 18 février dernier, pourrait jouer un grand rôle dans ces législatives même s’il ne se présentait pas.

Par Nouffou ZONGA (Collaborateur)

Le Pays