L’ambiance était particulière ce jour 21 février à la mairie centrale. Les policiers municipaux y étaient plus nombreux que d’habitude. Les conseillers venaient à la mairie aux compte-gouttes. A l’heure prévue pour le conseil, c’est-à-dire 9 heures, la salle de fête où se tiennent les sessions des conseils municipaux était presque vide. Les quelques rares conseillers probablement proches du maire Célestin Koussoubé présents à l’intérieur de la salle jettent de temps à temps des regards vers la porte d’entrée de la mairie pour s’assurer que d’autres arrivent. Des portables ne cessent de crépiter.

Des conciliabules, des huis-clos se multiplient. Un conseiller municipal arrive en trombe dans la salle des fêtes. Il y jette un coup d’œil et fait demi-tour « nous ne participerons pas à ce conseil municipal. Je suis venu prendre la température ici. Nous avons une rencontre de notre parti au siège de la campagne présidentielle du CDP », nous lance-t-il avant de disparaître dans les couloirs de la mairie.

Après plus de deux heures d’attente, le maire central Célestin Koussoubé fait son entrée dans la salle des fêtes de la mairie accompagné du maire de Konsa, Basile Pitroïpa et de celui de Dafra, Souleymane Sanou, tous de l’ADF-RDA. La place réservée au maire de Dô, Moustapha Tinto est restée vide. Le maire Koussoubé s’excusa pour ce long retard qu’il a d’ailleurs justifié en ces termes : « Régulièrement nous avons tenu les conseils. Les quorums ont toujours été atteints.

Toutes les décisions ont été prises à l’unanimité. Durant l’ensemble du mandat jusqu’à la date d’aujourd’hui les choses se sont bien passées. Il y a eu le problème de quorum parce que le CDP a décidé de tenir une réunion à la même heure que le conseil. C’est pour cela que nous avons commencé le conseil avec un peu de retard. Nous avons voulu vérifier les absences pour que le conseil puisse se tenir dans la légalité ».

Pendant ce temps effectivement les conseillers municipaux CDP étaient à la direction de la campagne présidentielle (qui sert maintenant de siège à ce parti) autour du député Salia Sanou secrétaire général du CDP/Houet. Le nombre de conseillers CDP présents à cette rencontre au siège de cette formation est évalué à 33. Deux conseillers se sont absentés, nous a-t-on dit. Le député Salia Sanou à son tour donne les raisons de l’absence des conseillers CDP à la session du conseil municipal convoqué par le maire Célestin Koussoubé comme suit « Nous avons été abusés, trahis et trompés par les maires Célestin Koussoubé, Souleymane Sanou et Basile Pitroïpa.

Les conseillers en tant que militants CDP ont décidé de ne plus répondre à la convocation de Célestin Koussoubé parce qu’ils ont contribué à faire de lui ce qu’il est aujourd’hui. Il se trouve maintenant dans un autre parti politique, l’ADF-RDA. Je suis venu recevoir et écouter ces conseillers municipaux. A partir d’aujourd’hui tous les conseillers municipaux CDP ne répondront plus à l’appel d’un de ces trois maires ».

A la mairie centrale et selon le secrétariat de séance du conseil municipal, 30 conseillers étaient présents à la session. 14 se sont absentés avec des excuses, ce qui donne un total de 44 conseillers. De nouveaux chiffres nous ont été communiqués plus tard selon lesquels 45 conseillers ont répondu présent au conseil dont 32 conseillers et 13 absents excusés. Toujours est-il que pour qu’un conseil municipal puisse se tenir, il faut que les 2/3 de ses membres soient présents à l’ouverture. Le conseil municipal de Bobo-Dioulasso compte 68 personnes. 35 conseillers au siège du CDP, 44 ou 45 autres à la mairie centrale. On se perd dans les calculs du quorum ! Ce qui est sûr, certains conseillers étaient présents à la fois sur la liste de présence dressée au siège du CDP et sur celle établie à la mairie.

Le député Salia Sanou fera savoir que son parti le CDP prendra ses responsabilités face à ces militants qui « ont le don d’ubiquité ». Quant au maire Célestin Koussoubé, il accusera les initiateurs de la rencontre du CDP d’empêcher la tenue du conseil municipal alors que les conseillers sont élus pour résoudre les problèmes de leurs secteurs.

Prévue pour 9 heures, la session extraordinaire du conseil municipal de Bobo-Dioulasso a finalement débuté vers 11 heures. Célestin Koussoubé a présenté aux conseillers présents son rapport spécial de l’année 2005 conformément à l’article 250 du code général des collectivités territoriales qui stipule que le maire doit au cours du premier trimestre de chaque année rendre compte au conseil municipal à travers un rapport. Le cabinet d’étude comme prévu a présenté son rapport sur la gestion 2000-2005 de la commune de Bobo-Dioulasso.

A la fin du conseil, la trentaine de conseillers présents a adopté une motion de félicitation dans laquelle les conseillers adressent « leurs vives félicitations au maire de la commune pour son dynamisme, sa clairvoyance et son esprit de tolérance qui ont permis la réussite de tous les projets et programmes de développement.

Adaman DRABO

Sidwaya