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Résultats provisoires des élections municipales à Pô : Le PAI arrache 32 sièges sur 63

Publié le mardi 20 février 2007 à 08h39min

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Les résultats provisoires des élections municipales partielles à Pô sont tombés tard dans la nuit du dimanche 18 février, nettement en faveur du PAI qui s’en est sorti avec 32 sièges sur les 63 à pourvoir.

Le Parti africain de l’indépendance (PAI) est arrivé largement en tête des six partis politiques engagés dans les élections municipales de Pô, reprises après la dissolution du conseil municipal en septembre 2006. Il obtient 32 des 63 sièges à pourvoir. Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) est arrivé en deuxième position avec 21 sièges. L’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA) et le Parti pour la démocratie et le progrès/Parti socialiste (PDP/PS) remportent respectivement sept et trois sièges.

L’Union pour la Renaissance/Mouvement sankariste (UNIR/MS) et le Rassemblement des démocrates burkinabé (RDB) n’ont obtenu aucun siège.

Dans la ville de Pô, le PAI, le parti de l’ancien maire déchu Henri Koubizara, s’est taillé la part du lion en s’imposant dans 4 des six secteurs et en partageant les postes dans les autres secteurs. Il a obtenu 10 sièges sur les 13 sièges à pourvoir dans la ville.

Chose plutôt rare, de nombreux curieux parmi lesquels des enfants ont assisté de bout en bout aux dépouillements dans les bureaux de vote ainsi qu’au siège de la Commission électorale communale indépendante (CECI). Leur présence bruyante a obligé par moments les présidents de bureau à réagir. Néanmoins, aucun incident n’a été signalé. Par ailleurs, le scrutin s’est déroulé dans une transparence jugée satisfaisante par les observateurs.

Le Mouvement burkinabé des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) estime que ces élections se sont déroulées dans des conditions très acceptables. "De l’accueil des électeurs à la qualité de l’encre, en passant par la vérification des identités et des pièces exigées, il y avait de la transparence" a soutenu Bruno Fako Ouattara, coordonnateur de l’équipe du MBDHP à ces élections. "J’ai eu l’impression que les gens mettaient un point d’honneur à faire régner la transparence" a-t-il ajouté.

Pour le CDP, la victoire du PAI a été nette
Les responsables du CDP ont suivi discrètement et dans l’amertume le dépouillement du scrutin, mais c’est avec fair-play qu’ils reconnaissent la victoire de leur adversaire. Mme Solange Balora, secrétaire générale de la section provinciale du Nahouri, rencontrée lundi matin à son domicile, a accepté sa défaite en ces termes "Au regard des résultats, la victoire du PAI a été nette, mon parti a perdu".

Pour elle, c’est la démocratie qui a triomphé, le peuple ayant fait son choix. Mais elle ne s’explique pas encore cette défaite. "Ce qui n’a pas marché ?, je ne saurai le dire" affirme-t-elle. Elle ne croit pas non plus à l’existence de plusieurs tendances au sein du parti qui aurait fragilisé le parti majoritaire dans cette partie du Burkina Faso. En tous les cas, elle pense que celui qui ne voudrait pas travailler pour son parti doit démissionner.

Pour la secrétaire générale, celle qui allait sans doute diriger la mairie de Pô en cas de victoire du CDP, "le combat est perdu, mais la lutte continue". Elle dit accepter d’accompagner le futur maire dans la construction et le développement de la ville.

"Dieu ne dort pas, il est là pour les faibles". C’est ainsi que M. Koubizara, l’ancien maire a exprimé ses sentiments après la victoire de son parti. "Il y a une justice céleste" a-t-il poursuivi avant de dire ce qu’il compte faire après ces élections.

La construction de douze (12) classes dans douze (12) villages, l’électrification de la zone, l’éclairage public et les négociations avec les partenaires, tels sont quelques projets qui trônent dans la tête du probable maire de Pô. Pour Henri Koubizara, il doit travailler âprement durant son mandat pour rattraper les dix (10) ans de retard occasionné par la gestion du CDP. "Je vais voir avec les autres partis pour la mise en place du comité" a-t-il indiqué. L’appel qu’il lance déjà afin de relever le défi du développement de la commune, "est sans exclusive" et s’adresse à toutes les filles et tous les fils de la province. Il n’a pas manqué l’occasion de donner quelques leçons de politique à des adversaires. "Une fois au CDP, les gens font autre chose que la politique et considèrent ceux de l’opposition comme des citoyens de seconde zone". Solange BAlora, secrétaire général du CDP de Pô. Elle est passée à côté de la mairie, mais elle ne désarme pas pour autant.

Les frères du parti majoritaire sauront de quoi il parle exactement. En attendant, l’air s’est détendu au lendemain de ces élections. La gendarmerie, la police et les éléments de l’armée de terre avaient commencé à rejoindre leur base et Pô ressemblait à un champ de bataille où le combat n’a pas eu lieu.

Aimé Mouor KAMBIRE


Analyse : Les dessous de l’échec du CDP

"La révolution politique viendra de Pô" . Sans être un devin, la prophétie du président du Parti africain de l’indépendance (PAI), Soumane Touré s’est réalisée. Dans le cadre de la reprise des élections municipales à Pô et ses 25 villages, le PAI est sorti victorieux en raflant 32 sièges de conseillers municipaux contre 21 pour son principal adversaire le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). L’ADF/RDA s’en sort avec sept (7) sièges.

Le PDP/PS boucle la boucle avec trois (3) sièges. Ce qui donne un total de 63 sièges. L’UNIR/MS et le RDB sortent bredouille. Ainsi, le CDP a perdu la conquête de la mairie de Pô. Et son secrétaire général Solange Balora a d’emblée reconnu la défaite de son parti. "La victoire du PAI est nette", a-t-elle laissé entendre.

Mais qu’est-ce qui pourrait expliquer cet échec du parti majoritaire ? La première raison de cette défaite du CDP serait le ras-le-bol de la population contre le parti au pouvoir. Elle semble fatiguée de la gestion du CDP qui, semble-t-il, après dix ans à la mairie de Pô, n’aurait pas un bilan reluisant. A ce ras-le-bol se serait ajoutée la dissolution du conseil municipal en septembre 2006. Toute chose que les uns et les autres auraient mal digérée. Le résultat du PAI, 32 sièges sur 63 s’avère comme un vote sanction, afin de rétablir le parti de Soumane Touré dans ses droits et lui donner l’occasion de faire ses preuves à la mairie de Pô.

Les Pôlais ont décidé de vivre une autre expérience que celle du CDP. La deuxième raison de la défaite du CDP qui ne serait pas la moindre serait la désunion au sein du parti du président Roch Marc Christian Kaboré. "Le CDP a beaucoup de sous-partis et de tendances à Pô", a-t-on appris. Comme exemples, ils y aurait la tendance Mme Solange Balora, la tendance Amadou B. Kora (ex-maire de Pô), la tendance Joseph Batako (Nankana) et la tendance Alassane Koubaguié (Kasséna). Les uns et les autres auraient battu campagne pour eux et contre eux-mêmes.

Dans ces conditions, comment le CDP pouvait-il sortir victorieux à Pô ? Ces raisons ne suffisaient pas pour faire perdre la mairie de Pô au CDP, il semble que le dernier meeting du parti au pouvoir n’a pas arrangé les choses dans la ville même où, sur 13 conseillers à pourvoir, le PAI a remporté dix. Il est ressorti que la population de Pô a considéré comme une insulte, le fait que lors de ce meeting, le CDP ait loué des cars qui ont transporté des gens d’autres localités du pays à Pô.

Enfin, l’échec du CDP serait dû au dynamisme du maire déchu du PAI Henry Koubizara, car il aurait posé en si peu de temps beaucoup d’actes en faveur du progrès de Pô. Ainsi, l’on s’entend dire : "nous avons voté Henry Koubizara, sa personne, mais pas le PAI". En tous les cas, il faut saluer l’esprit d’apaisement du CDP qui a accepté la défaite sans réchigner . Pô vient donc de donner une leçon de démocratie à tout le Burkina Faso. La démocratie burkinabè sort grandie. Les différents protagonistes sont à féliciter.

Ali TRAORE


Ambiance d’une soirée d’élection à Pô

Entre 18 heures et 21 heures 30 minutes, c’est-à-dire entre l’heure de dépouillement des bulletins de vote et les résultats provisoires qui ont donné le PAI vainqueur avec 32 sièges, Pô la capitale du Nahouri était en liesse. Partout, dans les quartiers comme au centre ville, l’on entendait scander : "PAI, victoire ! PAI au pouvoir !". Les uns et les autres explosaient volontiers de joie.

Ainsi, à moto, dans des charrettes, à vélo, à pied,... on courait dans tous les sens en criant la victoire du PAI. Tout cela s’est passé sans incident ni affrontement entre les militants des six partis en compétition. Chose admirable à relever et à féliciter, le surnombre des forces de l’ordre et de sécurité à Pô a permis d’éviter tout déraillement.

A.T


Les bulletins nuls ont ravi la vedette à des partis

Sur 16 613 inscrits pour les élections partielles dans la commune de Pô, il y a eu environ 9 302 votants et 312 bulletins nuls. Ce nombre élevé de bulletins nuls a fait rigoler certains "mauvais esprits" qui ont osé le comparer aux voix de certains partis qui en ont eu moins.

Au delà de l’aspect risible de la situation, il faut souhaiter une meilleure formation des électeurs comme le suggèrent ces deux exemples d’un vieux du village de Badongo, totalement saoûl venu en chantant pour voter, pendant que, sous le manguier qui servait de lieu de vote, un candidat achetait à boire aux électeurs. Quoi de plus normal qu’il y ait excessivement des bulletins nuls.

A.T


L’enjeu était en milieu rural

Au-delà de la bataille des postes de conseiller dans les secteurs de la commune, les élections municipales de Pô du dimanche 18 février 2007 avaient également pour enjeu les postes de conseiller des villages environnants. La reprise des élections municipales à Pô le dimanche 18 février 2007 avait pour enjeu principal, selon certains candidats, l’obtention des voix des populations rurales. Vingt-neuf des quarante six bureaux de vote étaient répartis dans les villages environnants du chef-lieu de la province du Nahouri dont Kampala avec ses huit bureaux de vote et ses 16 sièges à pourvoir.

Le jour du scrutin, après notre tour des bureaux de vote de Pô, nous avons mis le cap sur Dakola, une localité frontalière situé à quelque 25 km de Pô, pour prendre l’atmosphère de ces élections municipales en milieu rural. Présence des forces de l’ordre, mais absence d’électeurs dans les bureaux n°1 et 2 de Dakola. Tel était le décor des lieux à notre arrivée, aux environs de 14 heures. Le bureau de vote n°1 n’avait enregistré que cent quatre vingt dix (190) votants pour sept cent quatre vingt quinze personnes inscrites sur les listes électorales.

Quant au deuxième bureau de vote avec soixante six (66) personnes inscrites, seules deux personnes avaient voté. Un peu attristé, le président de ce bureau de vote, Idrissa Compaoré, a expliqué cette situation par l’éloignement des champs des personnes inscrites sur les listes électorales.

Après Dakola, le cap a été mis sur l’un des plus grands villages environnants de Pô, Kampala. Ce grand village avec ses huit hameaux de culture et seize postes de conseiller à pourvoir. Le premier village visité est Banon où la situation est jugée satisfaisante par le président du bureau de vote, Auguste Nion. Avec 153 inscrits, 106 personnes ont pu voter. Mais en plein air sous un arbre. L’urne et l’isoloir étaient installés sous des manguiers, faute de salle d’école dans le village. Même décor à Badongo, situé à quelques kilomètres où le scrutin s’est déroulé sous un manguier.

A quelques mètres de ce village, à Pounkouan, en dehors de l’affluence dans le bureau de vote n°1, les deux autres bureaux à savoir le n°2 avec 10 inscrits et le n°3 avec 25 inscrits sont déserts. A notre passage, seules 55 personnes ont voté dans le bureau de vote n°2 et 15, au bureau de vote n°3. Même scène d’absence d’électeurs aussi à Fanian où le président du bureau de vote, Rémi Adouaba, a souligné que les populations ont voté très tôt le matin.

Oubli de pièces d’identité, de cartes d’électeurs, absence de noms sur les listes électorales. Telles sont entre autres, quelques difficultés enregistrées lors de ces élections municipales du dimanche 18 février 2007 où le Parti africain de l’indépendance (PAI) a remporté 22 conseillers dans les 29 bureaux de vote installés dans les villages environnants de Pô.

Alassane KERE

Sidwaya

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