LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

M. Gilbert Bouda, candidat du PBR : Il veut faire du Burkina le centre du monde

Publié le samedi 22 octobre 2005 à 00h00min

PARTAGER :                          

Gilbert Bouda est l’un des douze candidats au poste présidentiel. Il est nanti d’un diplôme de l’Institut d’Etudes internationales et de développement de Toulouse en France et d’un autre d’Adjoint des cadres hospitaliers de l’Ecole de santé publique de Ouagadougou. M. Bouda n’aime pas le riz, il préfère le tô à la sauce gluante.

Il prend aussi du thé, mais promet d’arrêter la consommation de cette infusion, de se contenter de boire l’eau et les boissons sucrées, une fois élu. Cela lui permettra d’avoir l’esprit tranquille et de mieux réfléchir. C’est de ses réflexions qu’est sortie la fasocratie.

Une cicatrice raciale, discrète sur les photos mais visible à l’œil nu, quitte la base droite de son nez, traverse de façon oblique la joue d’un visage un peu poupin. Il a une taille juste moyenne ; il est d’un teint noir. Son nez typique au Noir, plutôt arrondi qu’aplati, lui confère une mine familière, toutefois indéchiffrable a priori. Sans embonpoint, il a une corpulence moyenne et il se nomme Gilbert Bouda.

Il est Burkinabè, né à Adjamé en république de Côte d’Ivoire il y a de cela 38 ans. Il est marié et père de deux enfants. Il a des intentions claires pour le fauteuil présidentiel mis en jeu. M. Bouda est un inconnu de la scène politique, jusqu’au 24 septembre 2005 date à laquelle il a été investi dans la ville de Bobo-Dioulasso, comme candidat du Parti burkinabè pour la refondation (PBR) à l’élection du 13 novembre.

Inconnu certes, il ne manque pour autant pas d’idées. « On m’appelle le penseur », prévient-il. Il se définit comme un fasocrate. « La fasocratie est selon la définition de son concepteur, une nouvelle forme de gouvernance qui repose sur la bonne manière de gouverner, c’est-à-dire sur le sens de l’équité, de l’égalité, du respect mutuel... ».

Pour lui, ce vocable désigne une doctrine dont les valeurs sont la dignité, l’intégrité, le sens du service public, le patriotisme, la bravoure au travail. Il avait aussi indiqué le jour de son investiture en tant que candidat, que son parti s’inspire des acquis de la Révolution d’août 1983.

Mieux que sankariste, il est fasocrate

A la question de savoir s’il est sankariste, il a répondu : « Ce sont les gens qui disent que je suis sankariste, mais c’est quand je prendrai le pouvoir qu’on saura mieux que je suis sankariste ». Toutefois, entre le sankarisme et le « CNRisme », Gilbert Bouda préfère la fasocratie qui signifie tout cela à la fois. Il n’y a pas longtemps, il a été « militant engagé » de l’Organisation pour la démocratie et le progrès, mouvement du travail (ODP/MT) puis du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), selon son curriculum vitæ.

Avant cela, de 1989 à 1990, il a été militant fervent du Groupe des démocrates et patriotes (GDP). Aujourd’hui, il défend la fasocratie. Il est le président du Centre d’Etudes et de recherches sur la fasocratie et la fasologie (CERFF). Il dit lire Kant, Karl Marx et Nietzsche.

Bobo-Dioulasso et Ouagadougou, capitales mondiales

S’il y a un point où le candidat du PBR sera sans nul doute imbattable en terme d’ambition, c’est sur la politique internationale. Très attaché à l’intégration africaine, ce sankariste discret, entend travailler à ce qu’il y ait un seul gouverneur pour diriger la sous-région africaine. Mieux, il fera de la ville de Bobo-Dioulasso le siège de la Fonction publique mondiale. « Ce siège est provisoire et reste transférable », a-t-il précisé.

Quant à Ouagadougou, il devra être le siège mondial de la police ou, tel qu’il l’a dit, il sera le siège de la police mondiale, à l’instar de la Haye qui abrite la Cour internationale de justice et du Tribunal pénal international. Pour les détails, le candidat renvoie les populations aux jours à venir. Il prévoit en effet de rendre public son projet de gouvernement à partir du vendredi 21 octobre. Pour l’heure, il a signifié simplement que la confiance dont inspire le Burkinabè rend tout cela possible.

L’école primaire obligatoire, le chômage oublié

Promesse simplement électorale ou conviction profonde, peu importe. Le candidat du Parti burkinabè pour la refondation rendra l’école primaire obligatoire pour les enfants en âge d’être scolarisés. Lycéens et collégiens selon M. Bouda, bénéficieront d’une aide financière, mais surtout n’auront pas de difficulté d’accès à l’école, étant donné qu’il y aura une augmentation des capacités d’accueil. Pour les jeunes de façon générale, il est prévu des « centres de savoir et de loisirs dans chaque département ».

La formation pratique et la formation au métier seront fournies en alternance avec l’école classique, une fois le Fasocrate élu président du Faso. Les adultes ne seront pas en reste. M. Bouda prévoit des centres de formation pour tous les adultes. Tout ce monde, bénéficiant de la formation adéquate, ne chômera pas si le Parti burkinabè de la refondation gère le pouvoir d’Etat. Vu les promesses du parti, il y aura « la pleine activité dans les grandes agglomérations ».

On parle généralement de plein employé comme si tout le monde devait être employé par quelqu’un, note M. Bouda qui justifie ainsi le choix de l’expression « pleine activité ». Sans doute que la création des grandes unités de productions qu’il prévoit, devra aider à garantir cette pleine activité. En effet, selon l’ambition du candidat du PRB, toute la production agro-alimentaire devra être transformée sur place. M. Bouda revient à la politique du « consommons burkinabè » qui avait été expérimentée sous la Révolution.

Son retour au passé est d’autant plus précis lorsque dans le domaine de l’environnement, il dit vouloir restaurer « les Trois luttes engagées pour un Burkina vert » à savoir les luttes contre les feux de brousse, contre la divagation des animaux et contre la coupe abusive du bois. S’il y a un point où M. Bouda fait aussi marche arrière, c’est dans le volet des institutions. En effet, il entend revenir au bicaméralisme en restaurant la Chambre des représentants. Mais la différence de ce « sénat » avec la Chambre des représentants supprimée naguère est que les membres seront élus avec un mandat précis. Il a donné ces indications : « les membres seront des professionnels, des sages, des gens qui ont une philosophie de nos mœurs ».

Par ailleurs, toutes les voies des grandes villes devront être bitumées. « Il y a des quartiers de Ouagadougou qui ressemblent à des villages », dit-il tout triste. Sur la question cruciale de la santé et de l’insécurité, le chantre de la fasocratie a ses idées. Pour le premier domaine, il y aura des assurances de santé grâce à l’instauration des cartes de santé par lesquelles tous les citoyens pourront bénéficier de soins médicaux.

Son innovation en matière sécuritaire reste la création des « brigades du Faso ». C’est une police de proximité qui outre les missions de sécurité, se chargera d’orienter les citoyens sur leurs problèmes. Il n’a pas dit si les agents bénéficieront d’un traitement meilleur à celui actuel. Il pense aussi que l’autorité de l’Etat doit être rétablie en renforçant les capacités des forces de défense et de sécurité afin qu’elles soient efficaces sur le terrain.

« Toutes les collégiennes porteront des pantalons »

Dans la main du Parti de la refondation, la promotion de la femme sera visible à travers l’élaboration et la mise en application d’un « code de la promotion de la femme ». Dans la même veine, les filles de la 6e à la 3e, porteront des tenues avec des pantalons et non plus des jupes. Cela devra permettre aux garçons et aux filles de prendre conscience de leur égalité, a expliqué ce diplômé de l’Institut d’études internationales et de développement de Toulouse. Dans le domaine sportif, si M. Gilbert Bouda est élu président du Faso, chaque région bénéficiera d’un stade moderne.

Ce candidat fait miroiter l’idée d’un appui substantiel à la première division qui doit cependant se montrer plus professionnelle. Sa stratégie de campagne est la suivante : expliquer aux populations l’idéologie de la fasocratie à travers une campagne de proximité couplée avec les meetings. Dans les villages où le PRB compte des militants, les campagnes consisteront en des causeries-débats. Mais ce jeune parti n’entend pas contourner les localités où il n’a pas de militants. Il y compte « faire passer des messages ».

Lors de son investiture à Bobo-Dioulasso, il a affirmé qu’il avait les moyens de « de détrôner » Blaise Compaoré au soir du 13 novembre 2005 grâce aux solutions novatrices qu’il aura proposées aux populations face « aux multiples et graves problèmes d’alimentations, de santé, de pauvreté, d’analphabétisme qui l’assaillent et s’aggravent de jour en jour ».

Aimé Mouor KAMBIRE (aimekambire@yahoo.fr)
Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Gilbert Bouda : Une chance d’aller au village
Calme plat au siège des fasocrates
Tenkodogo : Gilbert Bouda « déifié »
Présidentielle 2005 : Gilbert BOUDA