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La situation politique actuelle au Burkina Faso après les récentes décisions d’invalidation du Conseil Constitutionnel des 25 et 29 août 2015

Publié le dimanche 30 août 2015 à 22h21min

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A quelques encablures de l’élection présidentielle du 11 octobre 2015, un citoyen s’autorise au nom de la liberté d’opinion d’analyser la situation politique actuelle au Burkina Faso après les récentes décisions d’invalidation des 25 et 29 août 2015 de certaines candidatures aux élections législative et présidentielle et les chances de succès de ces candidatures à la Présidence du Faso.

Commençons par le CDP nouvelle version, de Monsieur Eddie KOMBOÏGO : Quel dommage pour notre pays ! Pour quelles raisons le Congrès Pour La Démocratie et le Progrès (CDP) d’antan n’a pas, en dépit des mises en garde diverses des uns et des autres, renoncé, ab initio, à la modification de l’article 37 de la Constitution en proposant, directement, la candidature de Monsieur Wend-Vennem Eddie Constance Hyacinthe KOMBOÏGO à la présidentielle de 2015 ? Pour aller de l’avant et préserver la paix, il ne faut pas s’appesantir sur ces erreurs du passé, même si cette question va tarauder encore pendant longtemps les militants du CDP dont certains, étaient farouchement opposés à une quelconque inopportune modification de l’article 37 de la Constitution. Eh bien oui, sachez-le, à l’intérieur du CDP ancien, il y avait de nombreux militants qui étaient contre cette légale mais illégitime modification constitutionnelle n’en déplaise à tous ceux qui prônent, à l’heure actuelle, honteusement, tout azimut, la politique d’exclusion de certaines candidatures, et ce, malgré les termes clairs, nets et précis de l’arrêt de la Cour d’ABUJA de la CEDEAO du 13 juillet 2015. L’interprétation partielle, partisane, erronée et hasardeuse que font certains pseudo juristes à la semaine de cet arrêt est tout simplement une forfaiture juridico-politique. La vérité finira par l’emporter.

En rappel, cet arrêt de la Cour d’ABUJA a gentiment invalidé, sans même sourciller, la loi dite « Shérif » du nom du Président actuel du Conseil National de la Transition du 7 avril écoulé qui excluait, de façon impersonnelle et générale tous ceux qui auraient participé à l’entreprise de tentative de révision constitutionnelle ayant abouti à l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Sur un plan strictement juridique et au nom du principe de la non rétroactivité des lois, une telle disposition sectaire, postérieure aux faits qu’elle incrimine pouvait-elle s’appliquer à des faits commis avant sa promulgation soudaine et rapide par le Président de la transition ? Autant de principes que les députés du Conseil National de la Transition (CNT) ont foulé au pied de la démocratie, et ce, au mépris de la sauvegarde de la paix dans notre pays. Sans aucun doute, cet arrêt de la Cour d’Abuja du 13 juillet 2015, contrairement à l’avis de certains souverainistes a rendu un grand service à la paix dans notre pays ?

Cet arrêt est définitif et s’impose en raison des engagements internationaux de notre pays à l’Etat burkinabè. Le débat était donc définitivement clos eu égard au caractère supranationale de l’arrêt de la Cour, d’autant plus qu’aucune disposition législative électorale ne saurait intervenir à moins de deux mois (25 août 2015) de l’élection présidentielle.

Mais à peine un tel arrêt salvateur, pacificateur, au demeurant définitif et revêtu de l’autorité de la chose jugée (donc sans aucun recours) rendu par la Cour d’ABUJA, et les listes électorales définitivement arrêtées par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), que certains fantaisistes, antidémocrates, hors-la-loi et surtout amateurs d’une exclusion haineuse se sont crus devoir saisir le Conseil Constitutionnel qui les a d’ailleurs légalement renvoyés gentiment dans leurs gaules en déclarant leurs recours purement et simplement irrecevables.

Et tout à coup, patatras ! Le même jour, le Conseil constitutionnel, prenant entre autres, motif erroné de ce que le Gouvernement n’aurait pas fait application de l’arrêt d’Abuja du 13 juillet 2015 a invalidé 42 candidatures et, dans la foulée, pour le même motif erroné, a invalidé plusieurs candidatures dont, notamment, celle d’Eddie KOMBOÏGO du CDP et de Gilbert OUEDRAOGO de l’ADF/RDA.

La motivation du conseil constitutionnel est pour le moins surprenante puisque le Gouvernement de la transition a indiqué dans un communiqué rendu public qu’il a fait application de l’arrêt du 13 juillet 2015 de la Cour d’ABUJA. Qui croire donc ? Le conseil constitutionnel ou le Gouvernement de la transition ?

Si l’on excepte le fait que le gouvernement de la transition n’est pas à sa première cacophonie à la tête de l’Etat, le moins que l’on puisse dire c’est que la motivation du Conseil constitutionnel est non seulement erronée mais surtout contradictoire. Et très curieusement, les éminents juristes de la transition sont drôlement « taisants » sur cette contrariété de motivation du conseil constitutionnel. En effet, le conseil constitutionnel ne pouvait, sans se contredire, exclure des candidats au motif de leur participation au conseil des Ministres extraordinaire ayant adopté le principe de la modification constitutionnelle (M. Diemdoda DICKO) et, en même temps, maintenir provisoirement, les candidatures de deux ministres qui étaient pourtant sensés être membres du Gouvernement de l’époque et, à ce titre auraient effectivement participé à ce conseil des ministres spécial. Tous juristes rigoureux ne pourraient que perdre son latin.

Dès lors, toutes quelconques exclusions des candidatures aux élections législatives et présidentielles constituent incontestablement une forfaiture juridictionnelle et de nature à créer une grave entorse non seulement aux futures échéances électorales mais à la paix sociale. La campagne d’invite du Gouvernement au respect des décisions du conseil constitutionnelle ne serait qu’une vile compromission à Canossa et à laquelle tous ceux qui sont épris de paix et de justice sociale doivent s’y opposer.
La meilleure solution pour sortir de cet imbroglio juridico-politique est que le Conseil constitutionnel rapporte, c’est-à-dire retire purement et simplement ses décisions d’exclusion puisque ces décisions ne sont susceptibles d’aucun recours. Ce qui nous permettra d’éviter toutes difficultés ultérieures et qui nous amènera à la table des négociations après de terribles empoignades fraternelles.

Certes, même le Conseil des sages serait incapable de contester les décisions du Conseil Constitutionnel même si celles-ci sont de nature à altérer la paix sociale tant souhaité par l’ensemble de la classe politique. Il n’y a pas d’avenir personnel pour quiconque sans avenir politique de tous pour ne paraphraser que M. Tahirou BARRY, Président du PAREN.

Autant la modification de l’article 37 de la Constitution était illégitime, autant l’exclusion de quiconque du processus politique actuel, qui n’avait pas vraiment une certaine dose de pouvoir de décision est à bannir. M. Gilbert Noël OUEDRAOGO n’était pas membre du gouvernement à l’époque de la décision de modification de la Constitution et rien ne pouvait attester formellement que des députés comme M. Bouba YAGUIBOU de voterait effectivement cette modification constitutionnelle légale, mais illégitime. Rappelons-le.

Il en est de même d’Eddie KOMBOÏGO qui n’avait aucun pouvoir décisionnel dans la sphère politique de l’époque. Le pouvoir réel de décision devait être le critère d’exclusion par le Conseil Constitutionnel. Que nenni !

Que des dirigeants comme MM. Assimi KOUANDA, Toussaint COULIBALY et bien d’autres caciques du CDP, ancienne version soient écartés des futures élections électorales, cela pouvait se concevoir aisément parce qu’ils avaient au moins, sur le plan statutaire un réel pouvoir de décision.

En revanche, venir exclure des candidats qui ont assisté passivement dans un coin du palais à ce conseil des Ministres maléfique ou qui n’avaient aucun pouvoir de décision au sein du parti, le conseil constitutionnel a fait preuve d’une mauvaise appréciation erronée.

Et sur ce point, le Conseil Constitutionnel devait faire preuve de clairvoyance afin de ne pas compromettre la paix dans notre pays en s’opposant comme il l’a fait dans ses motifs erronés, contradictoires, discriminatoires, partiels et partisans à l’arrêt de la Cour d’ABUJA du 13 juillet 2015. Pour la liberté de pensée, osons courageusement émettre un autre son de cloche : Il s’agit là, d’une discrimination aveugle et massive, contraire à l’arrêt de la CDEAO du 13 juillet 2015, n’en déplaise aux partisans de la pensée unique qui croient avoir raison sur toute la ligne. Certes le CDP ancien nous a fait subir certaines frustrations inacceptables, mais devons-nous être pire que ce que nous avons vécu ? Il serait donc de bon ton de laisser chaque candidat se faire sanctionner par le peuple souverain du Burkina Faso si tant est que le pouvoir soit l’émanation de ce même peuple. « Allons seulement » est désormais l’expression triviale à la mode et « Toun nan tuma tuma », sa réplique musicale !

En réalité, et pour être objectif dans l’appréciation des forces en présence sur le terrain politique, ces velléités d’exclusions de candidatures ne sont justifiées que par la spectaculaire remontée du candidat du CDP, M. Eddie KOMBOÏGO dans la course à la Présidence. Personne ne doit se méprendre…

Au départ, et avant le congrès de désignation de Monsieur Eddie KOMBOÏGO, certains militants du MPP n’hésitaient pas à évoquer l’idée de « quart de tour » pour remporter l’élection présidentielle prochaine.

Mais c’était sans compter avec l’état d’esprit de l’électorat dans nos campagnes. Qu’on ne s’y méprenne pas, le CDP nouveau est encore bien vivace et solidement implanté dans les campagnes et les régions burkinabè pour la simple raison qu’on ne déboulonne pas aussi facilement un mammouth ou un mastodonte de 27 ans. Quoi qu’on dise, nombreux sont encore les burkinabè qui ont une sympathie et une nostalgie naturelles pour l’ancien régime pour des raisons diverses….

Mais la véritable chevauchée et remontée spectaculaire du CDP est surtout liée au leadership personnel de Monsieur Eddie KOMBOÏGO.
Mais qui est Eddie KOMBOÏGO, candidat du CDP nouveau à l’élection présidentielle d’octobre 2011 ?

Né à Ouagadougou le 11/09/1964, d’un père lui-même comptable, ce brillantissime esprit a connu une carrière professionnelle fulgurante puisque parmi tous les vingt-deux (22) candidats à l’élection présidentielle dans notre pays, il est le seul à avoir enseigné à l’Université de Ouagadougou pendant plus de vingt ans. Nombreux sont aujourd’hui ses étudiants qui exercent la profession de magistrats, d’avocats, d’experts-comptables et la liste n’est pas exhaustive. Membre fondateur du Cabinet d’Audit-financier et d’Expertise-Comptable – KOMBOÏGO et Associés, (CAFEC-KA) Eddie KOMABOÏGO est aujourd’hui, incontestablement, un homme d’affaires accompli. Elu député CDP du PASSORE lors de la législature de 2012 d’où il est originaire. Eddie KOMBOÏGO n’a pas vraiment exercé au préalable une fonction significative de direction ni dans le Bureau du CDP ancien et encore moins exercé une quelconque attribution dans l’exécutif des différents gouvernements de Blaise COMPAORE. A ce titre, il n’a jamais été Ministre d’un quelconque gouvernement du Président Blaise COMPAORE pendant les 27 années. Dès lors, cette exclusion ne repose sur aucun fondement juridique sérieux. L’institution du conseil constitutionnel a donc péché par excès et l’intérêt supérieur de notre pays recommande que ces décisions soient purement et simplement retirées par le conseil constitutionnel puisqu’elles sont insusceptibles de recours. L’autorité de la chose jugée attachée aux décisions du conseil constitutionnel ne peut, en aucun cas servir l’altération de la paix dans notre pays. Aucune catégorie du peuple ne peut dominer une autre partition du peuple. Le peuple burkinabè est un et indivisible…

Que reprocherait-on d’ailleurs à un Ministre d’un gouvernement de Blaise Compaoré qui assiste passif, sans broncher de peur pour sa vie à un Conseil de Ministre qui décide de la modification de l’article 37 de la Constitution. C’est justement cet amalgame et surtout cette discrimination impersonnelle et générale que la Cour d’Abuja dans son arrêt du 13 juillet 2015 a voulu éviter en rendant ainsi ce grand service pour la paix dans notre pays.

Dès lors, que les partisans de l’exclusion et autres pêcheurs en eaux troubles qui n’aiment pas en réalité notre pays ne viennent pas nous servir des inepties, en déblatérant que le Président Eddie KOMBOÏGO a dirigé quoi que ce soit ou a signé quoi que ce soit pendant les 27 années de pouvoir du Président Blaise COMPAORE.
C’est la raison pour laquelle la candidature d’Eddie KOMBOÏGO, constitue juridiquement et c’est le moins qu’on puisse dire, crédible et opportune. Son invalidation est une grave erreur judiciaire du conseil constitutionnel qui risque de se payer cash…

Que les burkinabè ne se méprennent pas : le CDP d’Eddie KOMBOÏGO n’est pas le CDP D’Assimi KOUANDA avec tout le respect qu’on puisse avoir pour Monsieur Assimi KOUANDA qui a fait ce qu’il a pu ou ce qu’on a voulu lui dicter.

Quoi qu’il en soit, avec la candidature d’Eddie KOMBOÏGO, le CDP nouveau, ou CDP, nouvelle version ou nouvelle vision doit « compétir » incontestablement dans la course à l’élection présidentielle. Cette candidature pourrait même constituer, peut-être la surprise de cette élection présidentielle sans précédent à défaut de jouer l’arbitre central, avec comme arbitre de touche l’ADF/RDA. Ce sont les réalités actuelles des forces politiques sur le terrain politique au Burkina Faso même si le MPP a bien grignoté quelques terres du CDP . Que celui qui n’y croit pas soit attentif aux résultats du premier tour.

En effet, de mémoire de voltaïque ou de burkinabè, ce sera la seconde fois de l’histoire politique du Burkina que nous risquerons d’avoir un second tour à l’élection présidentielle. Qu’on se le tienne pour dit, aucun parti politique à la date de ce jour ne pourra remporter l’élection présidentielle du 11 octobre 2011 au premier tour. C’est pourquoi le CDP se doit de participer aux élections législatives et présidentielles. Dès lors, c’est au parti ouvert largement aux alliances qui risquerait de remporter cette élection.

Excepté la victoire désormais compromise du MPP au premier tour, ce qui est loin d’être plausible, eu égard aux foisonnements actuels des partis politiques et surtout de la remontée spectaculaire du CDP d’Eddie KOMBOÏGO, deux principales hypothèses semblent plausibles :

1. Le MPP et le CDP arrivent au second tour de l’élection présidentielle : Dans ces circonstances, le CDP de Monsieur Eddie KOMBOÏGO (à travers des alliances sincères et sérieuses avec l’ADF/RDA, le Front Républicain, les partis de l’ancienne mouvance présidentielle et une partie de l’électorat UPC) est sûr de remporter l’élection présidentielle au second tour.

2. Le MPP et l’UPC arrivent au second tour de l’élection présidentielle. L’UPC est sûr de remporter l’élection présidentielle parce que le CDP et ses partis satellites ainsi que l’ADF/RDA, l’UNIR/PS et bien d’autres nouveaux partis voteront certainement pour l’UPC qui incarnerait dixit une majorité d’intellectuels, le « vrai » changement, contrairement au MPP, qui est issu incontestablement de la scission du CDP.

Il appartient donc au Conseil constitutionnel de rapporter, sans délai, les décisions entreprises sous peine de voir s’installer la chienlit dans notre pays.

A défaut, le conseil constitutionnel supportera seul et exclusivement les conséquences de ces décisions partisanes, partielles et discriminatoires à plus d’un titre. Pour ne pas avoir été réceptif aux différents conseils que lui prodiguaient gentiment certains observateurs de la vie politique burkinabè, le Président Blaise Compaoré a été contraint de démissionner avant la fin de son mandat à la suite de l’insurrection populaire pourtant prévisible des 30 et 31 octobre 2014.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est loisible au conseil constitutionnel, compte tenu de l’impossibilité d’exercer un recours à l’encontre de ses décisions qu’il se dédit en retirant purement et simplement les décisions d’invalidation des 25 et 29 août 2015. Cette institution ne sortira que grandie dans la préservation de la paix sociale dans notre pays. Personne ne pourra opiner que le conseil constitutionnel n’a pas été prévenu.

Sidwaya Venegda
Cabinetconseilpolitique@gmail.fr

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