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La journée Nationale au Paysan, un folklore ?

Publié le jeudi 23 avril 2015 à 12h22min

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La journée Nationale au Paysan, un folklore ?

Cette année, c’est la capitale de la Boucle du Mouhoun, Dédougou, qui a l’honneur d’abriter la 18e édition de la journée Nationale du Paysan (JNP) sous le thème « Accroitre la productivité des exploitations agricoles familiales pour l’atteinte de la souveraineté alimentaire au Burkina ».

Cette journée instituée depuis dix-huit ans est une occasion de rencontre entre les acteurs de l’agriculture et les décideurs politiques de notre pays au plus haut sommet dont le Président du Faso. C’est l’occasion pour les paysans d’égrener le chapelet de problèmes que l’agriculture rencontre et l’occasion pour le Président et sa suite d’égrener leurs chapelets de promesses et de solutions. Et après tant de cérémoniales, le rendez-vous est pris pour l’année suivante dans une autre ville.

Malgré tant d’efforts ou tout simplement tant de rencontres, l’agriculture ne décolle pas, l’autosuffisance alimentaire est de plus en plus considérée comme un mythe. Pendant les rencontres, les discours pleuvent (motions, recommandations, engagements), cependant des conditions pour une bonne productivité agricole peinent à croitre. Ce constat nous amène à douter de l’utilité de la journée nationale du paysan. Quel est l’apport de cette journée dans la promotion de la production agricole au Burkina Faso ?

Si apport, il y a, il doit être très mince, presque invisible dans les faits, comparativement aux sommes colossales investies pour son organisation.
Revenons à l’esprit même de la journée nationale du paysan, un cadre où les autorités politiques peuvent s’imprégner des problèmes réels que le monde paysan rencontre. Vue sous cet angle, cette journée constitue une nécessité vitale pour l’agriculture.

Mais le hic est que les problèmes de l’agriculture burkinabè sont clairement diagnostiqués et les solutions sont connues. Même un élève moyen de la classe de 3ème peut énumérer les problèmes de l’agriculture burkinabé. Prêtons-nous à l’exercice.

De façon générale les problèmes de l’agriculture sont de deux ordres : les problèmes liés aux facteurs physiques et les problèmes liés aux facteurs humains.
- Les problèmes liés aux facteurs physiques sont principalement la mauvaise répartition des pluies dans le temps et dans l’espace. En effet plus de 90% de la production agricole est pluviale donc, la dépendance est presque totale. L’agriculture est sujette à la variabilité des précipitations et des sécheresses périodiques. Les années de bonne pluie sont synonymes de bonne récolte.
Aux aléas climatiques s’ajoutent la pauvreté de la majorité des sols et leur dégradation accrue.

A ces problèmes liés aux facteurs physiques se greffent les agressions de la faune : les attaques acridiennes, les attaques des oiseaux et des singes constituent parfois des préoccupations pour bon nombre de paysans. Les attaques des éléphants et des hippopotames sont de plus en plus signalées dans de nombreuses localités.

Le second lot de problèmes, et pas des moindres, est ce qu’on peut appeler les facteurs humains.

L’agriculture est considérée comme la base du développement, et pourtant elle est minée par de nombreuses difficultés. La première est l’outillage. Sans trop exagéré, depuis la révolution du néolithique vers l’an 9000 avant Jésus Christ, période de l’apparition de l’agriculture, les paysans Burkinabé n’ont pu que remplacer les outils en bois, en os et en pierre par des outils en fer (daba, houe). Les charrues et les tracteurs constituent toujours un luxe pour la majorité des paysans burkinabé. Ce n’est pas avec de tels outils archaïques qu’on peut prétendre atteindre la souveraineté alimentaire, encore moins une agriculture à des fins de commercialisation ou de transformation industrielle.

Le faible niveau d’équipement est lié à la pauvreté, sinon au faible revenu des paysans, mais aussi au faible investissement de l’Etat. Avec une démographie galopante et un dérèglement climatique qui s’accentue d’année en année, les moyens agricoles rudimentaires ne pourront plus nourrir les nombreuses bouches tant qu’ils n’évolueront pas. Et un peuple qui a faim est un peuple qui a tous les problèmes. Comme disait le philosophe grec Xénophon, citer par Jacques Diouf « l’agriculture est la mère de tous les arts : lorsqu’elle est bien conduite, tous les autres prospèrent mais lorsqu’elle est négligée, tous les autre arts déclinent, sur terre comme sur mer ».

Sans trop de commentaire, les autres difficultés de l’agriculture sont :
-  L’accès difficile des paysans aux crédits auprès des institutions financières.
- Le faible niveau de technicité lié à l’analphabétisme, au manque de formation ou au faible encadrement des paysans.
-  Le manque ou l’insuffisance d’investissement conséquent dans le secteur, lié à la non valorisation et la non compétitivité du secteur agricole
-  Le sous-développement des infrastructures et des services en milieu rural entrainant une augmentation du coût des échanges et inhibent le développement des agro industries dans les zones rurales.
-  Les coûts de commercialisation élevés, liés à l’enclavement des zones de production, ou au mauvais état des routes et aux frais de transport élevés.
-  une dégradation des ressources naturelles, y compris une déforestation accrue et une perte progressive de la fertilité des sols, liée aux mauvaises techniques culturales (culture itinérante sur brulis), aux mauvaises qualités des produits chimiques (herbicides, insecticides, engrais minérale) ou à leur mauvaise utilisation. En effet, quels sont les intrants agricoles homologués au Burkina ? Un point d’interrogation qui n’inquiète pas le ministère chargé de l’agriculture. Le marché est ouvert à toute sorte de produits (intrant agricoles) et tant pis pour les paysans et leur sol.
-  L’orpaillage qui est en train de détruire impunément tout sur son passage (sols, champs, végétation, cours d’eau…)
- un système foncier par endroit compliqué et limitant la transférabilité du titre foncier et offrant une insécurité en matière de tenure foncière même si beaucoup d’effort est fait avec l’adoption la R.A.F
-une faible participation des bénéficiaires à la conception des projets de développement et à la formulation des politiques agricoles. Même la journée nationale du paysan n’a pas encore pu corriger cette insuffisance.
-  Des pertes post- récolte très élevés, liées au problème de conservation, de transformation et de commercialisation.
-  une absence de complémentarité ou un déséquilibre entre les cultures vivrières et la culture d’exportation. En effet certaines cultures d’exportation comme le coton sont mieux encadrées sur le plan technique avec des possibilités d’accès aux intrants à crédits au détriment des cultures vivrières.
-  Une exposition des producteurs au risque du marché liée à la variabilité inter et intra- annuelles des prix des produits agricoles en toute absence d’un pris minimum garanti à l’exception du coton. Les producteurs du sésame de cette année ne diront pas le contraire.
-  Les conflits récurrents entre éleveurs et paysans liés au caractère extensif de l’élevage et à l’absence d’une délimitation des zones de pâturage dans de nombreuses régions.

Cette liste de problèmes de l’agriculture n’est pas exhaustive. Nous constatons avec amèrement que l’agriculture qui est un secteur de souveraineté souffre de maladies chroniques aiguës compliquées. Raison pour laquelle nous sommes loin d’atteindre l’auto- suffisance alimentaire.

En résume tous les facteurs analysés rendent difficiles les effets d’amélioration de la productivité agricole et réduisent la rentabilité de beaucoup d’investissements. Pourtant les solutions sont sur la table et demandent une orientation politique cohérente pour être plus ou moins appliquées afin de porter un coup salvateur à notre agriculture.

Par rubrique et de façons succinctes, analysons les solutions :
- Face aux menaces des éléphants, leur effectif doit être régulé en accord avec les lois internationales en la matière et les paysans victimes de leur attaque doivent être conséquemment dédommagés. Les paysans ne doivent pas avoir le sentiment d’être sous valorisés par rapport aux éléphants.
Face à la pauvreté et à la paupérisation des sols :
- L’opération ‘’fosse fumier’’ doit être relancée dans l’ensemble des zones de production, financée et mieux encadrée afin d’accroitre la disponibilité du fumier organique
- La subvention de l’engrais doit être conséquente et dépolitisée de telle sorte que l’engrais subventionné soit disponible et accessible aux paysans à faibles revenus.
- D’importants efforts sont déployés dans la construction des sites anti - érosifs et doivent continuer avec un meilleur appui technique aux paysans
- L’Interdiction et la lutte contre les feux de brousse doivent être effectifs sur le terrain et se traduire par des actes concrets.

Face aux problèmes d’eau :
-  Il faut une audite de ‘’l’opération saaga’’ et prouver son efficacité sur le terrain.
-  Un accent particulier doit être mis sur la mise en valeur des retenues d’eau et de la petite irrigation villageoise (PIV) afin d’intensifier les cultures de contre- saison et réduire la prééminence des cultures pluviales.
-  La construction de grands barrages hydro-agricoles doit toujours restée une priorité pour l’Etat

Face aux problèmes techniques
- Tous les paysans doivent s’organiser en coopérative, en groupement ou toute autre forme d’association et bénéficier de formation conséquente. Cela suppose un recrutement des techniciens d’agriculture en nombre suffisant, la spécialisation des paysans dans des types de productions précises
- En ce qui concerne l’outillage, le manuel est aujourd’hui révolu. Le gouvernement de l’Ancien Régime pour résoudre ce problème a cru bon de partage de charrues sans au préalable, préparer le terrain. Bon nombre de ces charrues se retrouvent aujourd’hui abandonnées et rouillées.

Cette opération devait être précédée d’un travail de sensibilisation et de mesure d’accompagnement. En effet une charrue sans bœuf n’est que de la ferraille. Il est urgent que la question de la mécanisation soit repensée et adaptée au contexte Burkinabé

-  Les instituts de recherche comme INERA et CNRST et les services d’encadrement et de vulgarisation comme le DR, les CRA doivent être dotés de moyens technique, humain et financier à la hauteur de leurs missions.

-  La distribution des semences améliorées doit être recadrée car une grande partie de cette semence est détournée et réorientée vers la consommation au lieu être semée.

Face au problème de commercialisation
L’agriculture du Burkina renaissant doit être orientée vers le marché et basée sur la demande du marché intérieur et du marché extérieur.

Cela suppose la performance de l’agriculture favorisant ainsi une augmentation de la production alimentaire de telle sorte qu’elle puisse remplacée les produits agricoles importés comme le riz.

La conquête du marché intérieur suppose aussi la protection des productions locales contre la compétition étrangère en augmentant les taxes sur les produits importés.
La conquête du marché extérieur passe par une augmentation de la valeur ajoutée des produits agricoles à travers le développement de l’agro-industrie. Elle passe aussi par une réduction du coût de la commercialisation, le développement d’un système d’information plus crédible et le développement des normes de qualité.

La conquête du marché extérieur ne peut se réaliser sans un accès facile aux crédits, le développement d’un mécanisme d’adaptation à la volatilité des cours et de la gestion des risques et la mise en place d’un cadre incitatif pour faciliter l’investissement privé.

Comme la Journée Nationale du Paysan prend en compte le secteur de l’élevage et de la pêche, nous allons énumérer de façon laconique les difficultés de ces secteurs avant de présenter les solutions.
les problèmes de l’élevage
L’élevage, est le troisième produit d’exportation après l’or et le coton. L’inconstance de sa compétitivité et l’irrégularité de ses résultats s’expliquent par plusieurs difficultés qui peuvent se résumer en quatre volets

Des problèmes alimentaires :
- l’insuffisance des pâturages lié aux aléas climatiques au Nord et au Centre ; au surpâturage au Sud et à l’Ouest. La diminution progressive du pâturage s’explique aussi par la pression démographique.
- une faible consommation des sous-produits de l’industrie (tourteaux, mélasse, son de blé, pierre à lécher) et un manque d’esprit d’anticipation par rapport au problème alimentaire en saison sèche.
- les problèmes d’eau

Des Problèmes de santé animale  :
- de nombreuses maladies affectent les animaux ( le charbon bactérien, la peste bovine, la tuberculose, le trypanosomiase et tout récemment la grippe aviaire…)
- la Cherté des produits vétérinaires. A ce niveau on note la rareté des laboratoires, le coût élevé des vaccins et des autres produits vétérinaires.
- Insuffisance du personnel d’encadrement.
- Un système de production archaïque
- Un élevage à caractère extensif marqué par le nomadisme et la transhumance, source de conflit entre cultivateurs et éleveurs
- des variétés d’animaux à faible productivité (chaire, lait)
- des éleveurs de très faible technicité du fait de leur analphabétisme et du manque de formation.
- des techniciens d’élevage et de vétérinaires en nombre insuffisant provoquant ainsi un faible encadrement des éleveurs.

Une commercialisation artisanale
- les animaux sont vendus sur pieds et à vue d’œil à l’exception du porc qui est pesé.
- Le coût des transports est très élevé
- insuffisance d’abattoirs frigorifiques
Cette longue liste n’est pas exhaustive

Face à cette panoplie de problèmes les solutions proposées sont entre autres :
- Développer la production laitière par l’introduction de race bovine adaptée (amélioration génétique, insémination artificielle). Cela permettra de réduire les importations de lait estimées à plusieurs millions par an.
- Résoudre les problèmes alimentaires à travers la maitrise de l’eau, la mise en place d’usine de fabrication d’aliment de bétail, le développement et la promotion des cultures fourragères.
- Au niveau de la santé animale, il faut travailler à couvrir le territoire sur le plan vaccinal, élaborer la carte épidémiologique du Burkina Faso et poursuivre la surveillance du territoire.
- Poursuivre l’aménagement des zones pastorales à l’image de celle de Yale, de Samoroguan, de Kouerè, de Sidéradougou… Informer et sensibiliser la population par rapport à ces délimitations. Il ne sert à rien de laisser la population s’installer et après crier à l’anarchie.
- Il faut encourager une spécialisation, intégrer l’agriculture et l’élevage ; renforcer l’encadrement technique, sensibiliser les éleveurs par rapport aux techniques de production, inciter l’investissement privé.

Abordons maintenant de façon lapidaire le secteur de la pêche

Les contraintes de la pêche sont entre autres ;
- insuffisance de l’eau
- pauvreté des cours d’eau en poissons
- insuffisance de techniciens en pisciculture
- non-respect de la réglementation des engins de pêche
- terrains plats ne favorisant pas l’aquaculture par des étangs

Absence ou insuffisance de centres de recherche en pêche ou en aquaculture
-  Secteur inconnu du grand public
-  Absence de microcrédits pour soutenir la pisciculture
-  Problèmes de transport et de conservation
-  Manque d’usine de transformation

Les perspectives pour la promotion de la pêche
- empoissonnement des cours d’eau
- politique de promotion de la pisciculture
- développement de l’aquaculture communautaire
- Dispositif de reproduction par insémination artificielle
- assignation du gouvernement à la direction générale des ressources halieutique d’une augmentation de 10% de la production halieutique chaque année.

Que peut-on retenir de toutes ces analyses ?

Nous constatons avec amertume que les problèmes du monde paysan sont connus de tous. La liste n’est pas exhaustive, d’ailleurs nous n’avons nullement la prétention de tous les énumérer.

Si les problèmes du monde paysan sont connus et les solutions aussi, on a le droit de s’interroger sur l’importance et le rôle de la JNP dans le contexte actuel du Burkina où « plus rien ne sera comme avant », et le nouveau pouvoir qui prône une restriction budgétaire. Le gouvernement de transition a-t-il voulu tout simplement garder une vieille tradition de peur d’être taxer de gouvernement de trahison ?

A qui profite le JNP ? Pour nous la réponse est claire : Aux restaurateurs, aux hôteliers, aux quelques paysans invités (qui viendront dormir dans les salles de classes de leurs enfants qui n’iront pas à l’école pendant deux jours) puisqu’ils bénéficient d’une prise en charge, et dans la moindre mesure les différentes commissions qui pourraient avoir des per diem.

Pour certains, c’est tout juste l’occasion d’aller en villégiature. Pour L’Ancien Régime c’était l’occasion de rencontrer la population pour un bain de foule et de raffermir sa popularité et son autorité auprès de cette dernière. Une façon de dire « vous voyez bien que vos préoccupations sont nos préoccupations, nous sommes tous de même bord ». Sinon comment comprendre que les problèmes du monde paysans qui sont d’ordres conjoncturels structurels et qui méritent des solutions à court, à moyen et long terme, on se rencontre chaque année pour évoquer les mêmes problèmes et les solutions sous des thèmes différents pendant dix-sept ans. Combien de francs CFA du contribuable ont été ainsi dilapidés ? Nous ne saurons avancer des chiffres.

Nous attendons les conclusions de cette 18ème édition. Nous espérons que les problèmes et les solutions qui seront évoqués seront tout autres que ceux que nous avons énumérés plus haut. Loin de le considérer comme un défi par humilité, ce sera leur façon de justifier leur JNP. Dans le cas contraire, la JNP est peu rentable et doit être supprimer afin d’économiser le denier public. Mais ne jetons pas l’eau du bain avec le bébé.

La JNP peut être recadrée. Le président qui sera démocratiquement élu le 11 octobre peut rencontrer les paysans pour leur présenter son plan quinquennal du développement de l’agriculture. Il peut par exemple fixer comme objectif final la croissance de la production céréalière de 5% l’an (taux supérieur à la croissance de la population) , et il développe les moyens pour réaliser ce résultat. En fin de mandat, au bout de cinq ans, il rencontre les paysans encore pour faire le bilan. De ce bilan dépendra sa réélection par les paysans.

Dans tous les cas nous pensons que c’est le temps de la mise en place d’une politique agricole cohérente, fondée sur une vision claire et des engagements fermes afin d’aboutir à une auto-suffisance alimentaire, car il est utopique d’évoquer la question de développement devant un peuple affamé. Notre agriculture a besoin d’une politique sérieuse et non du folklore.

KIEBRE Mahamoudou,
Professeur certifié d’histoire géographie

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Vos commentaires

  • Le 23 avril 2015 à 12:45, par un gondwanais En réponse à : La journée Nationale au Paysan, un folklore ?

    entièrement d’accord avec cette analyse ; pas besoin de se rencontrer annuellement pour savoir les problèmes du paysan burkinabè ; seulement il y a des profiteurs que le document a bien fait d’énumérer, et je crois, de façon exhaustive. il avait même été demandé que la fréquence de la tenue soit de deux ans mais cela a été balayé du revers de la main par le nostalgique de bains de foule.Pour le coût, le demi milliard est un minimum. la suppression de cette journée n’enlèvera rien au développement de l’agriculture ; mieux si le budget annuel pouvait être utilisé pour la résolution des problèmes dont tout le monde est au parfum, cela aurait été plus utile ; et sur la même liste de suppression,il faut inclure les rencontres avec les femmes, les jeunes, et que sais-je encore ; elles sont toutes aussi budgétivores qu’inutiles.

  • Le 23 avril 2015 à 15:06, par kidrh En réponse à : La journée Nationale au Paysan, un folklore ?

    Professeur en plus de ce que vous avez diagnostique je m autorise a ajouter ce qui suit :
    Il faut repenser le mode de livraison des projets, changer le discours politique enfin de ne pas faire de nos paysans de grands enfants deternels asssites qui attendent tout du gouvernement..A titre d exemple Comment concevoir que dans certains rapports ou doléances on puisse lire qu il manque des pelles ou autres outils pour faire les fosses a fumier Quand au meme moment on dit quil a ete distribue grâce au coton il a ete distribue des dizaines de millins aux paysans.
    .Des projets en faveurs des productions végétale et animale il y en a eu des centaines depuis les années 60. Il sont tous restes sans lendemain et les paysans ont continue a se plaindre des même mots que ces projets devaient solutionner.Par ailleurs les acquis de ces projets. au plan de la stratégie de développement, n ont jamais été capitalises je souhaite qu on me dise que ce n est pas exact ce que je dis et qu on me procure le document ou cela a ete consigne.
    Vous parle de groupements de coopératives cela était la finalité des ORD accompagner les paysans au plan technique et organisationnel pour quils améliorent les méthodes de production qu ls creent des organisations qui se subtituent a terme a l encadreur du village et a lORD pour l interface avec les tiers. L encadrement devait donc s alléger progressivement de meme que le nombre des encadreurs qui devaient être des contractuels. Ils pouvaient finalement servir comme gestionnaire des coopératives de producteurs ou devenir eux mêmes producteurs. Les moyens n ont pas suivi et il s est trouve un ministre (agronome par surcroît) de l agriculture illumine pour estimer que les ORD n avaient pas atteint leurs objectifs et qu il fallait les supprimer. Bien sur que bien avant et sous la pression syndicale on avait fini par faire de l encadreur un fonctionnaire. mais cela n était pas le fait des ORD employeurs des encadreurs.
    Savez vous que du temps des ORD il n y avait pas de problèmes d écoulement de la production agricole grâce a l atelage : BND(financement de la commercialisation),+ OFNACER (acheteur de la production)+ORD(collecteur ou interface entre le producteur et le client OFNACER). Toutes ces structures ont été ``assassinées``. Tiens a quand le procès de leur assassins. .
    .

  • Le 23 avril 2015 à 18:25, par Agent de développement rural En réponse à : La journée Nationale au Paysan, un folklore ?

    Merci pour cette contribution. A cela j’ajouterais un changement de comportement de nos braves producteurs sans quoi ça sera peine perdue. Aussi le secteur de l’encadrement agricole devra être revu et de mon point de vu et pour plus de résultats il faut le privatiser à travers des contrats d’objectifs avec des structures privées. Les résolutions issues des JNP doivent faire l’objet de projets à mettre en œuvre pour l’atteinte des objectifs escomptés. La rencontre annuelle n’est pas pertinente ; il faut une fréquence de 3 ans pour pouvoir évaluer les engagements prises.

  • Le 23 avril 2015 à 19:34 En réponse à : La journée Nationale au Paysan, un folklore ?

    Félicitations pour votre analyse.
    Je pense que vous oubliez que la plupart des dirigeants sont des hommes politiques ou appliquent des politiques pour ceux qui participent à cause de leurs compétences avérées. Ce ne sont pas des hommes d’Etat, qui cherchent l’intérêt des peuples.
    Ils ont maintenu cette journée politiquement car les paysans qui y participent aussi ne veulent pas vraiment que les choses changent pour la majorité mais pour des individus. Si cette journée n’avait pas eu lieu, ils diraient qu’on les néglige ; politiquement parlant, donc ils se comprennent.

    Pour les solutions, je voudrais ajouter qu’il faut ajouter des objectifs nutritionnels dans le plan de développement pour résoudre les problèmes nutritionnels des populations (carences en fer, vitamine A, iode, zinc, protéines). On trouve le fer dans les légumineuses, la vitamine A dans les légumes et fruits, etc. Or quand on fait le bilan alimentaire, c’est essentiellement les céréales. Les céréales fournissent l’énergie qui est très importante, mais les céréales ne peuvent jouer le rôles des légumineuses, des légumes, des fruits etc. Il faut savoir que la population mange mal en ce sens que les repas ne contiennent pas tout ce dont l’organisme a besoin (énergie, protéines, vitamines, minéraux, eau) pour bien fonctionner et permettre à chaque individu de mieux participer au développement du pays. Quand les gens mangent mal, ils réfléchissent mal aussi parce que mentalement malades. Je ne peux pas donner un cours de nutrition ici mais je voulais suggérer de diversifier la production alimentaire pour encourager la consommation de tous les groupes d’aliments dont l’eau.
    Je pense aussi que la sécurité alimentaire est du ressort de la souveraineté nationale, mais je pense que dans le contexte actuelle, on a besoin d’investisseurs privés locaux ou non pour atteindre l’autosuffisance alimentaire.
    On pourrait par exemple autoriser des privés de développer les infrastructures routières et de faire payer tout le monde, bien sûr, il faut tenir compte des groupes vulnérables (enfants jusqu’à 15 ans, les femmes enceintes et allaitantes, les personnes âgées, les malades) qui devront être exemptés.
    Pour les intrants, les vaccins, on peut faire la même chose pour améliorer la productivité.
    Il faudra faire des conseils d’administration fiables avec des systèmes de gouvernance fiables pour accompagner ces investisseurs. Vous savez, les investisseurs ont besoin de rentabiliser leurs argents et s’ils peuvent produire assez pour vendre n’importe où ils vont venir. L’Etat peut être un acheteur aussi, les Occidentaux le font. En tirant leçons des erreurs des autres on peut veiller à ce que les aliments soient accessibles en jouant sur les assurances aussi.
    Voici une proposition pour investir dans l’agriculture ;
    nous sommes 18 millions dont 55% ont plus de 15 ans. On donc au moins 9 millions de burkinabè qui peuvent donner 1000 F CFA par mois pour investir dans l’Agriculture. Ce qui donne 9 milliards de CFA. En une année, cela va faire plus de 90 milliards. Vous voyez que nous les Burkinabè on peut créer notre société d’investissement dans l’Agriculture pour assurer la sécurité alimentaire. Ce qu’il faut, il faut des gens qui sauront bien gérer ce fond bien sûr avec une bonne motivation (salaires). Je suggère de prendre des gens qui n’ont plus de jeunes enfants à prendre en charge et juste bien les payer car gérer ces sous n’a pas besoins d’une pléthore de personnels surtout avec les NTIC. Il faut juste avoir un système de gouvernance fiable et éviter les spéculations. Encadrer juste les producteurs, les industriels pour assurer l’écoulement des productions afin qu’ils puissent rembourser les prêts et permettre le financement de nouveaux producteurs et ou d’autres projets qu’ils peuvent développer. L’Etat pourra alors mieux s’occuper des secteurs sociaux comme l’éducation, la santé, la protection sociale, l’enfance, la personne âgée et les femmes enceintes et allaitante, alors Burkina émergent ne sera plus un vain mot.

  • Le 24 avril 2015 à 12:30, par Sigitimogo - son En réponse à : La journée Nationale au Paysan, un folklore ?

    Merci au géographe pour cette analyse sur notre système de production. Je voudrais ajouter juste quelque points :
    - Le non respect de la démonologie du métier d’encadrement agricole ;( des koom Naba refusent de se déplacer tant que les frais de fonctionnement ne sont pas disponibles pendant qu’à ouaga tout le monde se débrouille pour se rendre à son poste ! A cela s’ajoute les fausses données de terrain fabriquées par interpolation et communiquées à la hiérarchie..)
    - la mauvaise gestion des projets et la non évaluation réaliste des résultats des projets une fois fermés..)
    - la course intempestive des agents sur les projets juste pour les indemnités et non pour ce qu’ils doivent apporter de plus à nos paysans..
    - La confusion triste entretenu dans le secteur entre les différentes composantes du ministère ( agriculture et Eau) : ( certains postes ne semblent pas attribués en fonction des profils de formation et avec ça on veut du résultat..
    - En somme repenser l’agriculture et l’eau car le peuple ne mange pas toujours à sa faim avec la production nationale depuis la fin de la révolution et reste toujours assoiffé...

  • Le 24 avril 2015 à 13:57, par Tim Tim En réponse à : La journée Nationale au Paysan, un folklore ?

    Je remercie le professeur pour son écrit qui est en même temps un cri de cœur afin d’inciter à faire des bilans avec des perspectives de tirer des leçons pour mieux faire.
    Néanmoins permettez moi d’apporter certaines contributions :
    - Il est conseillé depuis des années (2002) suite à des diagnostics de ne plus utiliser le qualificatif "paysan" qui est péjoratif et ressemble même à de l’insulte dans certains contextes mais plutôt "producteur" de mieux considérer ces brave acteurs, et les inciter aussi à produire. Cependant force est de constater que beaucoup d’anciens cadres (excusez moi le terme mais c’est une réalité) ont du mal à adopter ce terme valorisant.

    - Parlant de l’agriculture, je constate que les produits forestiers non ligneux n’ont pas été pris en compte, pourtant leur contribution n’est plus à négliger. Le karité, Néré, kapokier, sclerocaria , Adansonia digitata...(juste quelques exemples) sont incontournables, cependant nous assistons à leur destruction de nos jours et je ne voit pas encore d’actions entreprises pour ne serait ce que les sauvegarder. Parlant de karité dont plusieurs parties sont utiles, son beurre s’est taillé une place de choix sur le plan international avec des commandes que nous avons souvent du mal à honorer. En plus de la désertification, ce beurre je crois est aujourd’hui menacé avec les populations qui ne laissent plus le fruit mûrir en les cueillant très tôt pour par la suite forcer la maturité avec des produits impropres à la consommation et les mettre sur le marché.Que faire de ces amendes immatures ?

    - Dans les pays développés on voit des agronomes spécialisés pour telle ou telle production. pourquoi pas chez nous ? Au Mali à l’Icrisat, j’ai vu des karités dont on a réduit le cycle de production et dont le fruit peut atteindre la taille de l’orange.

    - La culture du coton qui est encouragée, mieux accompagnée a une forte capacité de dégradation (appauvrissement) des sols. Aussi j’ai peur aujourd’hui d’un désastre écologique compte tenu de la forte utilisation d’intrants industriels(engrais, pesticides...) Figurez vous dans certains villages il n’y a plus de moustiques et de chenilles. Des producteurs et leurs familles n’ont plus à manger à certaines périodes de l’année parce qu’ils n’ont cultivé que du coton sans savoir quand est-ce qu’il sera enlevé, quantifié pour la suite être programmé pour payement.
    - Pour ce qui est de l’élevage qui est le parent pauvre du système agricole chez nous, je crois qu’il aussi besoin d’un super ministre pour orienter tous les bons projets afin qu’un développement puisse être amorcer. Y’a t-il un évènement sans viande ou poisson ? Essayez voir. Ce domaine soutient l’agriculture par la fourniture de fumure organique, la consommation du tourteau de coton qui était jadis jeté dans la nature et qui vaut de l’or aujourd’hui, d’où la nécessité d’une subvention au niveau de ce domaine et pas seulement calquée sur le modèle de l’agriculture qui est saisonnière mais de manière continue car les animaux consomment tous les jours (l’élevage est subventionné à plus de 80% aux états unis). Aussi il faut que les usines de production d’aliments pour les animaux se spécialisent en fonction des filières.
    Quand je regarde à quelle point la santé animale est délaissée, cela me désole. Presque plus de docteur vétérinaires dans quelques années. pourquoi ne pas ouvrir ces filières sur le campus ? Pourquoi ne pas fabriquer des vaccins ici sur place ? Pourquoi ne pas aller vers le générique pour baisser les prix(il parait que près de 80% des produits véto sont du générique mais les importateurs refusent de baisser les prix). Pourquoi ne pas permettre une continuité au niveau des écoles d’élevage (enesa, idr) ? pourquoi ne pas former des zootechniciens sur place.
    Pourquoi ne pas accompagner des les sortants de ces écoles professionnelles d’agriculture et d’élevage à s’installer à leur compte pour pratiquer et montrer aux producteurs que c’est possible de moderniser ?

    Je crois que la journée du paysan profite beaucoup plus aux fonctionnaires qui ont les plus gros perdiems et déplacés dans des véhicules climatisés, qui délaissent les services pendant ses périodes qu’à de pauvres producteurs.

    Je suis d’accord que des techniciens soient formés mais qu’ils soient là pour le développement réel plutôt que de faire subir leur pouvoir au producteurs.

  • Le 24 avril 2015 à 14:57, par Un patriote africain En réponse à : La journée Nationale au Paysan, un folklore ?

    Oui, le peuple burkinabé et d’une manière générale africain, n’a pas besoin de folklore comme ces JNP.
    Il est une certaine honte que nous devrions ressentir en nous de se retrouver dans des cercles où la dépense vaut plus que les résultats en application.
    En somme, l’Afrique regorge de trop de potentialités dans tous les domaines car aucun ne doit et ne peut être pris isolément pour résoudre les questions essentielles qui se posent au peuple africain.
    Que nous ressources humaines soient plus utilisées à meilleur escient et certains que nous fassent moins de la diversion.

  • Le 24 avril 2015 à 16:33, par Un patriote africain En réponse à : La journée Nationale au Paysan, un folklore ?

    Oui, le peuple burkinabé et d’une manière générale africain, n’a pas besoin de folklore comme ces JNP.
    Il est une certaine honte que nous devrions ressentir en nous de se retrouver dans des cercles où la dépense vaut plus que les résultats en application.
    En somme, l’Afrique regorge de trop de potentialités dans tous les domaines car aucun ne doit et ne peut être pris isolément pour résoudre les questions essentielles qui se posent au peuple africain.
    Que nous ressources humaines soient plus utilisées à meilleur escient et certains que nous fassent moins de la diversion.

  • Le 26 avril 2015 à 17:58, par SAE En réponse à : La journée Nationale au Paysan, un folklore ?

    Bonne analyse.

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