Discours sur la Situation de la Nation : Et si Soungalo Appolinaire OUATTARA et les députés n’y avaient vu que du feu ?
Lorsque dans un précédent post sur Facebook, j’avais félicité le Premier Ministre pour son sens de la communication, certains esprits peu alertes, peut-être des « titrologues », ont tôt fait de me taxer de partisan du CDP (parti au pouvoir) dont je n’ai jamais possédé la carte. J’espère surtout ne jamais posséder la carte tant que leur ligne politique ou leurs actes et réflexions ne seront pas totalement conformes à la social–démocratie. Cette mise au point étant faite, je pense que j’ai eu le temps nécessaire pour analyser avec beaucoup de froideur et beaucoup de profondeur, le DSN 2013 du Premier Ministre Beyon Luc Adolphe TIAO.
À bien y réfléchir, je pense que les DSN et les DPG (Déclaration de Politique générale) se suivent et se ressemblent tous en un point : c’est une arnaque politique et frappée d’illégalité, au regard des engagements internationaux du Burkina.
Pourquoi une arnaque politique ?
Une arnaque politique au sens que cet exercice qui, en réalité, est le couronnement de l’évaluation de la politique gouvernementale, n’évalue rien puisqu’elle ne favorise pas une reddition de comptes de l’Exécutif au peuple burkinabè, à travers le Parlement. Un député se félicitait de ce que cette fois-ci, chacun d’eux a reçu copie du DSN la veille. Ce qui leur permettait de le lire et comprendre afin de pouvoir poser des questions. Je suis désolé d’entendre de tels propos d’un honorable député qui croyait bien dire.
Mais cela met à nu la nullité de l’évaluation de l’action gouvernementale par notre Assemblée. Il ne s’agit pas de le lire et de le comprendre. Il s’agit de voir quelle proportion de la DPG a été exécutée cette année, de voir ce qui a été fait et ce qui ne l’a pas été, pour chercher à comprendre les difficultés, mais aussi les suggestions de l’Administration pour y remédier. À l’issue de leurs analyses, ils font des recommandations à l’Exécutif. Dans un tel exercice, il s’agit de mettre en parallèle la DPG de début de mandat du Premier Ministre avec le DSN qu’il produit en fin d’année.
Il faut reconnaître l’effort que les services du Premier Ministère font pour effectuer la synthèse de ces deux documents (DPG et DSN) au regard des difficultés rencontrées au niveau des structures opérationnelles pour y produire les rapports. Il y a donc lieu d’examiner la modernisation de cette évaluation pour que la reddition de compte soit plus pertinente et plus juste.
C’est pour dire qu’il existe un écart entre la réalité et ce que le Premier Ministre lit devant l’Assemblée nationale, un écart souvent très grand. Le député qui s’était inquiété de ne pas voir de remède pour le « malade Burkina », a bien raison parce qu’on aurait cru, à certains moments du discours, que le Premier Ministre nous refaisait une autre DPG. En effet, avant d’avoir achevé le programme de gouvernement pour lequel il a été investi, il ajoute d’autres interventions publiques sans qu’aucun député n’ait eu la présence d’esprit ou même l’intelligence de le rappeler à l’ordre. C’est pourquoi je dis que Soungalo Apollinaire Ouattara et ses petits copains n’ont vu que du feu.
S’il est vrai qu’on peut lire son DSN en un jour pour poser des questions de compréhension, il est faux de croire qu’il est possible de l’analyser, parallèlement à la DPG, pour en sortir des critiques sincères à même de satisfaire l’intérêt général. C’est pourquoi je dis que c’est une arnaque politique puisque cette façon de faire a un nom qui est « une lecture dirigée ».
Pourquoi le DSN du Burkina est frappée d’illégalité ? Selon l’article 109 de la Constitution, « le Premier ministre expose directement aux députés la situation de la Nation lors de l’ouverture de la première session de l’Assemblée nationale ». L’alinéa 3 dispose que « Cet exposé est suivi de débats et ne donne lieu à aucun vote ». Dans son esprit, même s’il n’est pas explicite, il s’agit de garantir, par cet acte, conformément à l’article 15 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, vestige de notre appartenance à la France, le droit du citoyen à demander des comptes aux gouvernants. Plusieurs autres textes que nous avons ratifiés renforcent ce droit du citoyen, au nombre desquels la Charte africaine de la Démocratie, des Élections et de la bonne Gouvernance, l’Acte constitutif de l’Union africaine, la Charte africaine de la Fonction publique.
L’enseignement que l’on tire de tout cela est que le DSN doit obligatoirement être évalué, donc soumis à un vote, puisque cet acte fait partie des processus de validation de l’évaluation de l’Administration publique burkinabè. Pourquoi doit-il donc se soustraire au vote des députés ?
Mais je reste bien loin des préoccupations politiciennes du député SANKARA Alexandre qui, après s’être inquiété de ne pas avoir vraiment compris l’objet du DSN, réunit la presse le lendemain pour visiter une école sous paillote à Ouagadougou, afin de trouver le moyen d’alléguer que le gouvernement ne fait rien. Un gouvernement peut très bien travailler, avoir des indicateurs au vert, mais avec des affamés et des malades à ses pieds. Tout dépend des contextes dans lesquels cela arrive et de la prise en compte ou non de l’intérêt général. Il faut donc se garder des amalgames.
Dans la forme, si le DSN est acceptable, dans le fond, le DSN ne répond pas vraiment à une évaluation de la politique gouvernementale. Même dans la forme, on ne peut pas demander à une Assemblée nationale de faire cette analyse en un jour sans que les commissions spécialisées n’aient pu se prononcer sur les politiques publiques des secteurs de développement sous leur contrôle. C’est pourquoi je dis que le DSN de nos premiers ministres n’est qu’un folklore politique qu’il convient de supprimer, s’il n’est pas possible de les sanctionner en demandant à l’Exécutif de revoir sa copie comme on le ferait dans une instance de délibération comme les conseils de direction ou d’administration.
Pour sortir de ce cirque que le pouvoir de la 4ème République orchestre depuis un certain temps, sous le couvert de la démocratie, il faut augmenter le délai d’examen de la DPG et du DSN. Il faut faire en sorte que chaque commission puisse examiner sa part de politique publique gouvernementale, pour en faire l’évaluation a priori ou a postériori, dans le but de voir à la fin si le gouvernement mérite son crédit de confiance. Cela suppose que le vote de confiance soit nécessaire aussi bien pour la DPG que pour le DSN, sous peine de demeurer une arnaque politique. Le plus urgent donc est de faire en sorte que des dispositions constitutionnelles encadrent cela.
Il y a également lieu que les groupes parlementaires aient de véritables staffs imprégnés des questions de secteurs-clé du développement. Le chemin est encore loin. D’ici à là, il faut se poser les bonnes questions, afin de lancer la réflexion sur l’utilité du pouvoir de législation dans notre cher Faso. Combien coûte l’examen d’un DSN ou d’une DPG au peuple, puisqu’en fin de compte c’est le rôle-clé du pouvoir législatif ? Faut-il croire qu’il nous coûte le sommeil d’élus inconscients de leur rôle d’élu dans cet acte républicain majeur ? Faut-il croire qu’il nous coûte le jeu avec des tablettes numériques, pour les élus "alphabétisés numériques" ? Faut-il croire qu’il nous coûte l’opulence de nos élus ? Que nous coûte réellement l’examen du DSN ? Et dire qu’on nous préparait dans ces conditions une 2ème chambre qui n’est pas de "passe", bien sûr, pour qu’on y dorme à longueur de séance ! Si le mimétisme était la mode, le singe serait à la page au Burkina de Blaise COMPAORÉ !
Ousmane DJIGUEMDE
oustehit@hotmail.fr
Vos commentaires
1. Le 7 avril 2014 à 14:22, par tété En réponse à : Discours sur la Situation de la Nation : Et si Soungalo Appolinaire OUATTARA et les députés n’y avaient vu que du feu ?
tres belle analyse Mon frere.
2. Le 7 avril 2014 à 14:35, par SIRAC En réponse à : Discours sur la Situation de la Nation : Et si Soungalo Appolinaire OUATTARA et les députés n’y avaient vu que du feu ?
Très belle analyse. je pense qu’il faudrait désormais que la DPG soit assortie d’un PA (Plan d’actions) clair indiquant les actions à mener par le premier ministre à l’horizon d’une année, et que le DSN soit aussi assorti d’un RAP (rapport annuel de performance) qui mesure l’atteinte des resultas que le PM s’était fixé. C’est plus concret que de faire de beaux discours. Je propose également qu’on pense à instaurer une sorte d’évaluation directe de l’action des maires, des ministres, des chefs des projets...par les populations bénéficiares à la base. Cette évaluation directee pourrait être supervisée par les services compétents du premier ministère avant l’évaluation de l’action du permier minstre par les députés.
Le 7 avril 2014 à 17:12, par lewang En réponse à : Discours sur la Situation de la Nation : Et si Soungalo Appolinaire OUATTARA et les députés n’y avaient vu que du feu ?
Le DPG et DZSN devaient etre faits suivant la methode Gestion Axeé sur les résulstats (GAR). c’est tellemlent clair que à l(’évaluation on peut pas mentir et aligner du verbiage inutile.A cause de sa pertinence le gourvernement s’était fait formé mais pourquoi i ne l’applique pas ? la GAR c’est comme le delit d’apparence qu’il a les deputes ont refuses de voter. Ils montreront les limites de ce gourvernement
3. Le 7 avril 2014 à 14:42, par samspade En réponse à : Discours sur la Situation de la Nation : Et si Soungalo Appolinaire OUATTARA et les députés n’y avaient vu que du feu ?
excellente analyse. je n’écoute m^me pas le PM j’attends simplement les questions des députés et parfois les réponses sinon c’est un exercice inutile actuellement.
je me souviens de cette boutade d’un promotionnaire, lorsqu’un argument ou une parole semblait loin de la réalité et que pour l’instant il ne pouvait soutenir le contraire , il disait que c’est "une déclaration de politique générale" effectivement ce que le PM a dit personne ne peut le contredire même si personne ne croit ses propos,au moins en terme de remède administré au malade Burkina suivant l’ordonnance dresser par le même PM en 2013.
une question me taraude l’esprit, les lettres de mission que le PM doit envoyer à ces ministres avant la fin de l’année pour permettre au département ministériel de faire la programmation, sauf omission ils n’ont pas ventilé. peut être que le PM se voyait déjà parti donc il n’a pas pris le soin de s’acquitter de cette tache. gardons les bonnes pratiques même si 2015 approche à grand pas.
4. Le 7 avril 2014 à 14:48, par alex En réponse à : Discours sur la Situation de la Nation : Et si Soungalo Appolinaire OUATTARA et les députés n’y avaient vu que du feu ?
tres belle analyse.lire un document ecrit par un griot pour poser des questions ?tu ne vera rien. chers deputés vous etes elus par le peuple pour voter les lois et controlés l’action de l’executif et non pour amander un document.je suis desolé et encore désolé.je dit qu’un deputé non formé sur ce qui doit faire en tant que représentant du peuple est un poison pour ce peuple car il ne represente que lui et lui meme avec tous ses carences. encore merci pour cette belle analyse.
5. Le 7 avril 2014 à 15:04, par la virgule En réponse à : Discours sur la Situation de la Nation : Et si Soungalo Appolinaire OUATTARA et les députés n’y avaient vu que du feu ?
Bel analyse Mr Ousmane .un discours qui ne clarifie pas tous les détails qu’on attend du PM.c’est vraiment une arnaque politique
6. Le 7 avril 2014 à 15:21, par La vérité koudougou En réponse à : Discours sur la Situation de la Nation : Et si Soungalo Appolinaire OUATTARA et les députés n’y avaient vu que du feu ?
Très belle analyse. C’est ça être intellectuel. Toujours prêt à contribuer pour le bien faire. C’est dommage que la majeur partie de ceux qui composent l’A.N ne sont que des députés brouettes. Espérons que notre MPP ou l’opposition nous évitera des bêtises pareilles. En toute sincérité quand je regarde un député ou un ministre actuellement, je ma demande comment ils ont acquis leurs connaissances et dans quelle genre d’école. Une fois leurs têtes se présentent à la télé, j’ai envie de couper mon appareil. Tellement certains mentent vrai-vrai. Master c’est ma toute petite contribution, laisse couler.
7. Le 7 avril 2014 à 15:39, par le juste En réponse à : Discours sur la Situation de la Nation : Et si Soungalo Appolinaire OUATTARA et les députés n’y avaient vu que du feu ?
Vraiment ce n est vous qui ne relevez pas les tares de nos gouvernants ou qui ne les denoncez pas.maiscomme au burkina le ridicule ne est un maitre mot pour ces gens ;ils se disent que c est ce qui sort de leurs bouches ou ce que eux ils ecrivent et exposent qui tiennent la route. Que dieu sauve le burkina.
8. Le 7 avril 2014 à 16:31, par faisons un effort de réflexion En réponse à : Discours sur la Situation de la Nation : Et si Soungalo Appolinaire OUATTARA et les députés n’y avaient vu que du feu ?
Ce qui leur permettait de le lire et comprendre afin de pouvoir poser des questions. Je suis désolé d’entendre de tels propos d’un honorable député qui croyait bien dire.si nous allons au font on pourra dire que c est toi tu analyse autrement les dires du député ,il faut savoir bien que le parlement contrôle l action du gouvernement ,il reste a tr faire comprendre mon cher ousoumane ,qu il n est dit qu il dicte les actions de ce dernier,alors le contact ou le bilan du député peut être différent de celui du gouvernement ,alors le député se trouverait en droit de dire ,qu il doit lire(le bilan ) pour comprendre (certains actes qu il a constatés)afin de pouvoir poser des questions(sur ce qui avait cru être ça qui ne se conforme pas a celui du gouvernement),la compréhension abusive nous jette dans le ridicule mon cher ousou.
Le 8 avril 2014 à 07:50, par Cody En réponse à : Discours sur la Situation de la Nation : Et si Soungalo Appolinaire OUATTARA et les députés n’y avaient vu que du feu ?
Il faut vraiment faire un effort de réflexion pour comprendre votre texte Mr "faisons un effort de réflexion" !!!!
9. Le 7 avril 2014 à 18:02, par zsk En réponse à : Discours sur la Situation de la Nation : Et si Soungalo Appolinaire OUATTARA et les députés n’y avaient vu que du feu ?
je suis bien d’accord avec cette analyse. Il faut que les politiques apprennent à respecter un peu le peuple. Et l’assemblée nationale doit travailler dans ce sens. Vous des représentants du peuple en premier avant que revendiquer vos différents partis d’appartenance.
10. Le 7 avril 2014 à 18:25, par lefou En réponse à : Discours sur la Situation de la Nation : Et si Soungalo Appolinaire OUATTARA et les députés n’y avaient vu que du feu ?
très belle analyse !!!
11. Le 8 avril 2014 à 12:19 En réponse à : Discours sur la Situation de la Nation : Et si Soungalo Appolinaire OUATTARA et les députés n’y avaient vu que du feu ?
Excellente analyse.Toujours dit qu’on fait ça pour dire que nous sommes en démocratie,que toutes les institutions marchent alors qu’en réalité nous sommes dans une mascarade qui ne dit pas son nom.Oh mon Dieu,vivement novembre 2015 afin que le vrai peuple puisse mettre dans les oubliettes cette démocrature.
12. Le 8 avril 2014 à 17:45, par sidlayam En réponse à : Discours sur la Situation de la Nation : Et si Soungalo Appolinaire OUATTARA et les députés n’y avaient vu que du feu ?
Ce que je reproche à la DSN de tout les 1er ministre ,c’est le fait d’être un discours fleuve,vague et non étayé par des chiffres pertinents.Finalement, on y retient pas grand chose de ce diagnostic très approximatif.Il ne traduit pas la réalité de la situation nationale.Par exemple ,la manifestation des militaires en 2011 est intervenue pendant que Mr Tertus Z devrait présenter son DSN en ignorant toute la tension ambiante et par conséquent ne savait même pas ce qui allait se passer.Ce qui confirme un déphasage de ce type discours avec la réalité de la nation.Pour moi, ce genre de discours doit être succinct avec des données à l’appui de sorte à ce qu’on puisse vérifier par la suite la pertinence et les résultats d’éventuels mesures correctives.
Le 9 avril 2014 à 09:17, par l’observateur public En réponse à : Discours sur la Situation de la Nation : Et si Soungalo Appolinaire OUATTARA et les députés n’y avaient vu que du feu ?
Il faut que les hommes politiques et les responsables administratifs cessent d’utiliser beaucoup de littérature pour dire ce qu’on peut dire en peu de temps avec des représentations si l’on utilisait les statistiques et les potentialités des TIC. C’est plus concret, plus parlant et plus digeste pour les citoyens.