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Discours sur la situation de la nation : Luc Adolphe Tiao entre félicitations et remise en cause de légitimité

Publié le samedi 5 avril 2014 à 06h12min

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Discours sur la situation de la nation : Luc Adolphe Tiao entre félicitations et remise en cause de légitimité

Le Premier ministre Luc Adolphe Tiao était face à la Représentation nationale ce jeudi 3 avril 2014 dans le cadre de son discours sur la situation de la nation. A l’occasion, il a décliné le bilan de l’action de son gouvernement courant 2013 en matière de renforcement et de la gouvernance et des piliers de la croissance ; en matière de consolidation de l’investissement humain, d’intégration de thématiques émergentes dans les stratégies de développement ; en matière de diplomatie. Félicité par certains députés, il a aussi reçu de la part d’autres, des ‘’flèches, heureusement non empoisonnées’’.

La livraison du discours sur la situation de la nation devant la Représentation nationale répond à une exigence constitutionnelle. En effet, l’article 109 de la Constitution dispose que « … le Premier ministre expose directement aux députés la situation de la Nation lors de l’ouverture de la première session de l’Assemblée ». Et le bien fondé de cet exercice tient sans doute au fait que l’Assemblée nationale ayant accordé des deniers publics au gouvernement pour la conduite de son action, il importe que ce dernier revienne présenter l’impact de l’utilisation qu’il a faite de ces deniers. D’où un exposé du Chef du gouvernement ; exposé suivi de débats avec les groupes parlementaires. Mais ces débats ne donnent pas lieu à un vote comme c’est le cas avec la déclaration de politique générale.

Le discours sur la situation de la nation se veut donc un panorama de l’action gouvernementale et de son incidence sur la vie de la nation durant l’année écoulée. Et pour 2013 où, selon le Premier ministre, « la croissance économique mondiale est restée faible », ce panorama fait ressortir des mesures sociales au profit des populations, la mise en service de la première tranche de 18 MW de la centrale de Komsilga, l’opérationnalisation de la société d’économie mixte Bagrepôle sous forme de partenariat public-privé, la prise de mesures fiscales, douanières et juridiques pour attirer les investisseurs. C’est du moins, ce qui ressort de l’exposé fait par le Chef du gouvernement devant la Représentation nationale.

L’occasion a également été celle pour le Premier ministre de relever que l’année 2013 a connu grâce au « fonctionnement régulier de toutes les institutions » sous l’impulsion du gouvernement, son lot d’infrastructures sanitaires, d’infrastructures d’eau potable, d’infrastructures routières, d’infrastructures et équipements militaires. C’est aussi en 2013 qu’est intervenue l’ouverture de la station RTB2 Centre à Ouagadougou, ainsi que le lancement des travaux de construction de la RTB2 Sud-ouest.

Le monde paysan a bénéficié, à en croire Luc Adolphe Tiao, de 13 000 tonnes d’engrais minéraux, 11 000 tonnes de semences améliorées, de 6 295 unités d’équipements d’irrigation, de 32 300 unités de matériels agricoles, de 1 466 animaux, courant 2013. Quant au monde de l’éducation, il a connu le démarrage du projet transfert du préscolaire et du post-primaire au MENA (ministère de l’Education nationale et de l’alphabétisation). Il également enregistré l’ouverture de l’ENEP de Dédougou, l’ouverture de 36 nouveaux CEG, l’érection de 235 CEG en lycées, ainsi qu’une « campagne spéciale d’alphabétisation ». Mais, reconnaît le Premier ministre, « le Gouvernement doit investir davantage pour améliorer les infrastructures et la qualité de l’enseignement ».

Du discours, il ressort que 2013 a également apporté sa stratégie de rayonnement international de notre pays. En effet, des « ambassades au Tchad, en Russie, en Turquie ainsi que [des] Consulats Généraux à Lomé et à Milan » ont été ouverts sur la période.

Un discours diversement apprécié

C’est en substance, ce qui ressort – comme acquis à l’actif du gouvernement courant 2013 - du discours livré par le Premier ministre à l’hémicycle. Un discours jugé exhaustif par certains et insuffisant pour d’autres. Tandis que Me Bénéwendé Sankara du groupe parlementaire ADJ dit déplorer le fait que « la question politique » y a été occultée, Zakaria Tiemtoré du groupe parlementaire ADF/RDA, lui, précise que le Premier ministre « a été le plus exhaustif possible en reprenant les piliers majeurs du programme du président du Faso ». Pour le député Nestor Bassière du groupe ADJ aussi, le discours livré est un discours descriptif qui ne permet pas d’apprécier l’état de la nation. Et de préciser que le Chef du gouvernement a « volontairement ignoré les questions qui fâchent, à savoir le Sénat, l’article 37, le référendum  ». Par contre, Alain Bédouma Yoda du groupe parlementaire CDP dit voir en cet exposé, « un discours complet dans lequel tous les secteurs de la vie nationale ont été mis au peigne fin, un discours volontairement documenté pour l’information de la Représentation nationale ». Et de lancer à l’endroit du Chef du gouvernement, « Nous sommes fortifiés par les résultats de votre action, car en symbiose avec les attentes des populations ». Le député Alain Yoda a aussi martelé, sans doute en réponse au député Elisée Kiemdé du groupe parlementaire UPC qui a demandé au Premier ministre de mettre en jeu sa légitimité eu égard aux récents remous qu’il y a eus dans le paysage politique national, «  Excellence, votre légitimité est intacte  ». Dans sa lignée, Pascaline Tamini félicite « le Premier ministre pour la clarté et la concision du discours qui a fait le tour de la situation politique, sociale et économique de notre pays ». Quant au député Mamadou Benon du groupe parlementaire CFR, sa conviction à lui, c’est que « le Burkina Faso avance, malgré les conjonctures internationales difficiles  ».

Qu’à cela ne tienne ! Chaque groupe parlementaire ayant eu droit à la parole, des questions relatives entre autres à la sécurité, au financements des activités des femmes, à l’humanisation des milieux carcéraux, aux TIC, au vote des Burkinabè de l’étranger en 2015, au code minier, à la dépolitisation de l’administration publique, au maintien en poste de fonctionnaires pourtant frappés par la limite d’âge pour aller à la retraite ; autant de questions sur lesquelles nous reviendrons avec les éléments de réponse du Chef du gouvernement. Déjà, signalons que certaines de ces questions, en l’occurrence celle relative au vote des Burkinabè de l’étranger, celle qui tendait à recueillir les motivations du retrait du projet de loi portant modification du Code minier, n’ont pas eu de réponse.

Fulbert Paré

Lefaso.net

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