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Beyon Luc Adolphe Tiao, premier ministre du Burkina Faso, « une démocratie qui marche bien » (2/2)

Publié le samedi 21 septembre 2013 à 21h34min

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Beyon Luc Adolphe Tiao, premier ministre du Burkina Faso, « une démocratie qui marche bien » (2/2)

La rue, les cités universitaires, l’Eglise catholique et, finalement, le CCRP ont dit que le problème qui mine le Burkina Faso tient en deux mots : « Vie chère » (cf. LDD Burkina Faso 0382/Mardi 17 septembre 2013). Le gouvernement a entendu la rue, les étudiants, les évêques et les « sages » du Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP). Le conseil des ministres du 11 septembre 2013 a donc pris une série de décisions « relatives au renforcement des mesures sociales, à la création d’emplois et à l’amélioration des conditions de vie des populations pour faire face à la conjoncture ».

L’édito de L’Observateur Paalga (vendredi 13 septembre 2013) évoque un « New Deal de Kosyam » compte tenu de l’ampleur de ce programme dont le coût est estimé à 64,5 milliards de francs CFA. Un « New Deal » qui ne donne pas satisfaction à tout le monde ; à commencer par les syndicats. Elie Kaboré écrit dans L’Economiste du Faso que « interrogés, des responsables syndicaux se disent étonnés de l’attitude du gouvernement qui a préféré prendre des mesures unilatérales alors que les négociations sont aux arrêts ». Il ajoute : « L’annonce unilatérale des nouvelles mesures par le gouvernement […], sans attendre la fin des négociations avec les syndicats, n’est pas de nature à favoriser le climat de dialogue ».

Ce « dialogue avec le gouvernement », c’était justement l’objet de l’émission de la RTB, le mardi 17 septembre 2013. Invité : Beyon Luc Adolphe Tiao, Premier ministre du Burkina Faso. Tiao n’est pas un politique stricto sensu. C’est un journaliste reconverti dans la haute administration publique. Sa carrière a été marquée, notamment, par la présidence du Conseil supérieur de l’information (désormais Conseil supérieur de la communication) et l’ambassade du Burkina Faso à Paris. Il a été rappelé, en urgence, au printemps 2011, à la suite des mutineries qui ont ravagé la capitale et l’ensemble du pays, provoquant un traumatisme durable. Pour remplacer Tertius Zongo.

Tiao avait une dimension « militante » que ne possédait pas Zongo. Il est surtout considéré comme un « communicateur ». Il s’est, depuis sa nomination, employé à être, aussi, un « facilitateur ». Il faut dire qu’il a été à bonne école. Avant de quitter Paris, il s’était engagé dans l’écriture d’un ouvrage sur les « facilitations » menées en Afrique de l’Ouest par Blaise Compaoré. Un travail (que j’ai eu l’occasion de lire à cette époque) dont il avait dû interrompre la rédaction à la suite de l’évolution de la situation en Côte d’Ivoire consécutivement à la crise post-présidentielle puis de sa nomination comme premier ministre. « Facilitateur », il n’a cessé de l’être au cours des deux années passées, parcourant le pays du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, sur le terrain en permanence, s’efforçant d’instaurer le dialogue avec gentillesse, bonhommie, proximité. Rien d’un « va-t-en guerre » ; pas un laxiste pour autant.

Il l’a dit d’emblée, lors du démarrage de ce « dialogue avec le gouvernement » : le Burkina Faso est « une démocratie qui marche bien » où règne « la liberté d’expression » et où « les critiques » peuvent s’exprimer en toute liberté afin que le gouvernement prenne en compte « les préoccupations des citoyens ». Les 90 minutes prévues initialement vont durer plus de deux heures. Et vont forger l’image d’un premier ministre paisible, compréhensif, attentif mais sérieux. Il évoquera même une « République sérieuse » et ne cessera de répéter que « si nous pouvions faire mieux, nous le ferions », « nous donnons ce que nous pouvons », entendant faire en sorte que les « passions » ne s’exacerbent et que la « haine sociale » n’émerge.

Le principe de base de Tiao, c’est celui de la réalité. Plus journaliste que politique. Il dit les choses telles qu’elles sont. Il y a de plus en plus d’inégalités (ce que le journaliste qui l’interroge caractérise d’abord comme des « disparités ») au sein de la société burkinabè ? Oui, mais il y a « d’autres contraintes » aussi. D’ailleurs, il est contre « l’égalitarisme » peu motivant qu’il faut éviter. Le journaliste propose d’instituer le « délit d’apparence ». Ce serait la porte ouverte aux dénonciations sans fondement. Les délestages pourrissent la vie des Burkinabè ? C’est vrai, mais c’est vrai aussi partout dans la région où « tout le monde déleste » ; ce sont « des problèmes complexes et régionaux ».

Le Burkina Faso est un pays enclavé, sans ressources énergétiques locales, veut-on que le gouvernement pratique « la vérité des prix de l’énergie » afin que la Sonabel puisse faire face à des investissements d’envergure ? L’insécurité se développe ? Oui, mais c’est le résultat de la croissance économique : plus d’argent en circulation, donc plus de tentations pour les voyous… Conclusion : « L’amélioration des conditions de vie ne peut pas se faire du jour au lendemain » ; il ajoutera que les Burkinabè doivent être « convaincus que nos ressources financières sont très modestes et qu’il leur faut être patients ».

Bien sûr, la grande question a été celle du Sénat. Il rappelle que c’est une « innovation voulue par le président du Faso » en un temps où il souhaitait élargir le spectre des acteurs politiques au-delà des partis. Or, dit Tiao, « une minorité politique conteste le projet ». Il faut donc plus de « réflexion », plus « d’argumentation », plus de « concertation ». Mais, dit-il, « on ne va pas ébranler le pays pour mettre en place le Sénat ». Le président du Faso décidera donc, à l’issue du dialogue et des discussions, ce qu’il devra en être. La prise de conscience est donc totale que cette affaire de Sénat est une des clés de la paix sociale ; sauf à la désamorcer et c’était, sans doute, la raison d’être des décisions du conseil des ministres du 11 septembre 2013, même si Tiao conteste que la question de la vie chère soit liée à celle du Sénat. L’objectif est de dissocier les deux problèmes : « Sénat » et « Vie chère ». En désamorçant le second, le gouvernement entend démobiliser les « anti-Sénat »

Un « communicant consensuel »*, c’est ainsi que l’on pourrait définir la prestation télévisée de Tiao. Aucune invective, aucune mise en cause de l’opposition, des syndicats, des étudiants, des jeunes… de tous ceux qui perturbent aujourd’hui le sommeil des gouvernants. La « passion » politique, ce n’est pas son truc ; « la haine sociale » encore moins. Les maux actuels que connaît le Burkina Faso résulteraient, finalement, de l’évolution de la société burkinabè. Pas faux. Mais c’est là, justement, le problème : comment gérer, politiquement, économiquement et, surtout, socialement, ce passage d’un monde à un autre. Thomas Sankara, en son temps, avait érigé la pauvreté du pays en principe fondateur de sa « révolution »**.

Blaise Compaoré a métamorphosé ce pays quand la plupart des autres, alentours, pourtant mieux lotis, succombaient à des crises majeures. Tiao évoque, aujourd’hui encore, une émergence au-delà de 2015 mais une croissance à deux chiffres dès cette année-là (elle serait de l’ordre de 9 % cette année). Il évoque aussi la SCADD, « très bien pensée » (c’est une initiative de son prédécesseur), qui va permettre au Burkina Faso « d’aller plus vite » dès lors que ce programme de développement « n’a pas de problème de financement ». Il a évoqué aussi les « grands chantiers », les « pôles de croissance », affirmé son « optimisme » quant aux perspectives de « l’après-2015 », beaucoup parlé de « réflexion » et employé fréquemment la formule « nous étudions ». Reste à savoir s’il a convaincu les Burkinabè que les actions menées étaient à même d’améliorer leur présent et de sauvegarder leur avenir.

*D’autant plus consensuel que les journalistes de la RTB ne mettent pas la pression sur leur interlocuteur et se font, essentiellement, le relais du questionnement des Burkinabè interrogés à l’occasion de cette émission.

** Pas question pour Beyon Luc Adolphe Tiao de s’adonner à l’austérité des années Sankara. Au spectateur qui posait la question d’en finir avec les célébrations coûteuses des fêtes nationales, il a rétorqué (seule « boutade » de la soirée) que ce n’est pas parce que l’on fermerait les boites de nuit à Ouaga que les Burkinabè, pour autant, dépenseraient leur argent dans la construction de logements.

Jean-Pierre BEJOT
La Dépêche Diplomatique

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Vos commentaires

  • Le 21 septembre 2013 à 12:32, par gyuj En réponse à : Beyon Luc Adolphe Tiao, premier ministre du Burkina Faso, « une démocratie qui marche bien » (2/2)

    le Burkina est l un des pays de l Afrique difficile a dirriger sans la revolution democratique.

  • Le 21 septembre 2013 à 12:35, par LAGUI ADAMA En réponse à : Beyon Luc Adolphe Tiao, premier ministre du Burkina Faso, « une démocratie qui marche bien » (2/2)

    Nous souhaitons juste qu’au nom du PEUPLE burkinabè Qu’Allah bénisse et protège son Excellence Mr Blaise Compaoré et sa famille !

  • Le 21 septembre 2013 à 13:17, par Le véridique En réponse à : Beyon Luc Adolphe Tiao, premier ministre du Burkina Faso, « une démocratie qui marche bien » (2/2)

    Mr Tiao félicitation pour ton ignorance des problèmes réels des burkinabé et félicitation d’avoir contourné bocoup de questions.

  • Le 21 septembre 2013 à 14:29, par sidzabda2012 En réponse à : Beyon Luc Adolphe Tiao, premier ministre du Burkina Faso, « une démocratie qui marche bien » (2/2)

    la question du SENAT dt evoque l premier ministre n’est pas une question de personne mais un refu national. Parlant des fête National j l rapel qu’on fête quant on a un esprit paisaibl( habri, vestimantèr, sanitair, instruction, alimentair...) Dixit Bob Marley : "the hungry man is an angry man" un homme affamé est un homme fou, irrité, condomné espirituelma, tous les maux. Les financemen accordé à l’organisation du 11 decembre a pr vocation de rendr la ville belle si c’est cela il suffira de subventionner l cimat et les materiaux d construction et chacun bâtira sa cour et la bauté de la ville tant recherché s’eclatera d’elle même. Leproblèm de sou developpement de majeur parti d pays africain c’est l manque de priorité. Quant à Blaise au lieu d venir s’incliné sur la depouille de Sey Zerbo et y reflechir il tourne pr vanter se capacités en mediation alors qu’il ya plus d belligérance chez lui. Le terrorism dt il vien d’évoquer au USA nè qu’un costum lè terrorist ne st pa né avec le chromozom du terrerism mè il l devienne. Et d’ailleur en invitan apparemment les religieux montre clairema sa volonté de division d’ou la naissance de faction et d clivages dt l salut final est l terrorism comme sel moyen d liberer son âme face à une incapacité d manifester son mecontema.

  • Le 21 septembre 2013 à 15:35, par wamarou En réponse à : Beyon Luc Adolphe Tiao, premier ministre du Burkina Faso, « une démocratie qui marche bien » (2/2)

    Salut M le Premier ministre,
    On conçoit facilement que l’eau ne doit pas être verser à terre dans un foyer à chaque fois qu’il y’a une coupure d’eau à Pissi, à Ouaga.
    Neanmoins, les enfants recevront leur bain quotidien et d’autres laveront leur visage. De facto, le sol sera mouillé par le peu d’eau conservée suite à la coupure d’eau.

    Ce qu’on demande est le strict minimum pour vivre. Toi et ton équipe roulent dans des voitures luxueuses, le président vole dans un des avions les plus confortables du monde. Dans ces cas, il ne vous vient pas à l’esprit que le Bukina Faso est pauvre.
    Arrêtez la démagogie !
    Vous pouvez au moins faire en sorte que l’université fonctionne.
    Mais rien ! rien !
    Vous pouvez au contraire chasser vos propres compatriotes.
    Pire vous nous enlevez l’espoir de vivre, de travailler pour le Burkina Faso. Dans ce pays, les médecins et les enseignants sont des clochards. Dites comment avec bac +7 il ne peuvent pas se payer un JC.
    Vous et vos acolystes achètent aujourd’hui des voitures pour vos enfants, femmes et maîtresses.
    C’est la honte !!

  • Le 21 septembre 2013 à 16:23, par Assciation des Amis de BLAT En réponse à : Beyon Luc Adolphe Tiao, premier ministre du Burkina Faso, « une démocratie qui marche bien » (2/2)

    BC et BLAT un tandem béni de Dieu qui marche très bien dans la mesure ou les resultats sont là pour l’attester.
    Les indicateurs qui étaient au rougent verdissent et cela est confirmé par les institutions de Breetown Wood.
    Aujourd’hui le Burkina est félécité pour ses performances éconmiques.C’est la preuve qu’il y a un travail qui est fait de l’assainissement des finances publiques malgré les actions à contre courant des brébis galeuses qui profitent du système pour ternir l’image du CDP, des actions du gouvernement et la notoriété du Pays.La stabilité du pays rassure les investisseurs qui afflluent de partout.Le burkina est aujourd’hui l’une des destinations touristiques les plus prisées.
    Malgré un contexte économique mondial défavorable, des ressources limitées et des besoins prioritaires énormes et mulitiples le Burkina Faso tire lentement son épingle du jeu pour faire de l’émergence une réalité.
    Ayons juste un peu de patience en nous départissant du jeu de ce que feu saye ZERBO appelle les politicards pour attendre les retombées des fruits de la croissance pour tous.
    C’est ce que le PM souhaite et appelle de tous ses voeux : LES RETOMBEES DES FRUITS DE LA CROISSANCE DANS LES BUDGETS FAMILIAUX DE TOUS LES ACTEURS ECONOMIQUES ET DONC DANS LE PANIER DE LA MENAGERE.
    Quand nous sommes malades, les médicaments prescrits par le medecin que nous prenons agissent pendant une période qu’on dit de convalescence et la guérison intervient après que les produits aient fait leurs effets.
    Donc souffrons de cette patience curative au gré de la thérapie gouvernementale qui va nous apporter le meiux être de demain pour tous.
    Au bilan de 2015 le peuple souverain et digne du burkina faso jugera.

  • Le 21 septembre 2013 à 20:28, par yiraba En réponse à : Beyon Luc Adolphe Tiao, premier ministre du Burkina Faso, « une démocratie qui marche bien » (2/2)

    A PROPO DE L’ÉNERGIE LES REDEVAENCES DE LA SONABELE FAIT DEJA UN GRAND RESSETTE ET PLUS LE TDER QUE CHAQUE ABONNE PAYE +FACTU

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