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Poème de Sayouba Traoré : A toi Joséphine

Publié le mardi 1er avril 2014 à 10h06min

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Toi qui as su maintenir avec résolution
Dis là-bas !
Parle-leur de mon pays !
Dis là-haut !!
Raconte ce que des hommes font
Parle des humains qui ingurgitent des laideurs

Dis au ciel !
Parle sans honte !
Dis ce que nous sommes devenus
Raconte les lavettes bravaches encombrant les bistrots
Raconte les dégénérés au verbe haut
Le trouble qui barbouille nos âmes
Nous qui rêvons de suivre le chemin
Nous qui rêvons sans savoir choisir
Nous, oui nous tous, martyrs perdus de haine,
Contraints de parler aux fantômes

N’oublie rien, dis tout !
Dans mon pays on fait feu sur la fibre ivre
Et on disperse l’âme libre qui réprime la larme
Et on délivre le feu follet et l’homme tigre dénonçant les alarmes

Peu libre Camarade ministre triste qui déçoit
Algarade de l’esprit hennissant et l’inique nique la supplique
Camarade malade plus Camarade cynique et l’effroi multiplié

Dans mon pays, plaque se dit palaque
Comme un palanquin sur la tête de la négraille
Comme un problème, comme une croix en biais
L’énigme, comme une plaque de cuivre, pierre tombale

Comme tombent les balles, goutte après goutte
Le plomb chaud, l’échafaud, taux faux rehaussant le réchaud
Et les dalles sans nom, proies jetées aux quatre vents
Plus hier. Ci-git Ci-git Ci-git Ci-courre torche numéro UN
Plusieurs, puis rieur, plus crieur étrillard trieur

Plusieurs fois, la génisse meurt, qui ment et dément
Le fils savant pluriel dit que ça dépend
Et les amalgames s’enchaînent et les entourloupes varient
Le fils savant ne peut avoir tort
En témoignent les fractures de nos difficiles remords

C’est vrai, puisque le philosophe le déclare
Puisque la langue véloce du juriste le proclame
Puisque l’ample boubou du notable bat des ailes
Puisque, volubile, le militant explique

Prendre large et pendre court, ça répand la rage
Dans mon pays, concours se confond avec coupe l’Etat
Drogue dure se fond dans la fièvre sûre
Drogue molle et drague longtemps, sous la longue tente
Dose après dose. Dose et pause. Ose et repose

La causerie cause cause et encore cause de la cause
Le renoncement comme unique action et désosse la nausée
Quel étai ? Qu’est-ce que c’est épais ! Et au suivant !

Dans mon pays l’espoir est pétri d’attente
L’attente la mue latente le doigt sur la détente
Tempes tempêtes et misères contemplant la mangercratie
Cœurs défaillants et ventres creux délirant de trouille
La ripaille en haut et l’espérance soudoyée en bas

Dans mon pays la savane est écorchée qui attend
Dans mon pays la moue amère apprend à sourire
Et les soupirs enseignent les atermoiements
Dans mon pays des gens peuvent disparaître
Et c’est relaté sans pudeur

Dans mon pays des femmes se voient remettre l’anneau
Et c’est fait sans considération pour le sanglot qui se perd
Dans mon pays on bat les fourrés
A la recherche de l’inconscient disant le vrai
On pose des collets, piège récoltant les piégeurs

Dans mon pays les tribunaux trébuchent
Qui édictent le convenable, avec adresse
Le renégat chargé de l’enquête

Dans mon pays les veuves commémorent en silence
L’impolitesse de l’évadé
La cruauté de l’absence
La douleur du mutisme
La froideur du déni
L’omission obligatoire

Dans mon pays les veuves partent sans savoir
La mémoire provisoirement ensevelie
Ce provisoire qu’on s’applique à éterniser
Le criminel minoré
Et tout et tout.

Sayouba Traoré,
Journaliste, Ecrivain

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Vos commentaires

  • Le 1er avril 2014 à 11:05, par Aragon En réponse à : Poème de Sayouba Traoré : A toi Joséphine

    Méditons, saisissons la profondeur et la vérité du poète !
    Merci Sayouba.

  • Le 1er avril 2014 à 11:41, par Burkinki En réponse à : Poème de Sayouba Traoré : A toi Joséphine

    Bonjour Monsieur l’écrivain,
    C’est trop fort et trop crypté. Merci.
    Je vais essayer de traduire selon ma petite compréhension :
    Joséphine :
    Dans mon pays, il n’y a pas de démocratie !
    Dans mon pays de savane, il y a encore des mariages forcés !
    Dans mon pays de savane, il y a l’excision !
    Dan mon pays de savane, le temporaire est définitif !
    Dans mon pays de savane, la mangecratie remplace la démocratie !
    Dans mon pays de savane on assassine au nom du peuple !
    Dans mon pays de savane, on tripatouille la constitution encore au nom du peuple !
    Dans mon pays de savane, il est temps que ça change, que les mentalités évoluent !
    Dans mon Pays de savane, nan lara an sara !

  • Le 1er avril 2014 à 15:57 En réponse à : Poème de Sayouba Traoré : A toi Joséphine

    Blablabla et rien que du blablabla

  • Le 1er avril 2014 à 16:08, par yilin En réponse à : Poème de Sayouba Traoré : A toi Joséphine

    c’est bon mais le francais est gros comme le diraient nos cousins de la lagune ébriée. Bon vent à toi tonton

  • Le 1er avril 2014 à 17:26, par aligator En réponse à : Poème de Sayouba Traoré : A toi Joséphine

    je n’ai pas compris les 3/4 des mots.

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