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Lassina Ouattara répond au Secrétaire Exécutif National du CDP : « La panique et l’improvisation ont gagné les rangs du CDP »

Publié le jeudi 16 janvier 2014 à 01h19min

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Lassina Ouattara répond au Secrétaire Exécutif National du CDP : « La panique et l’improvisation ont gagné les rangs du CDP »

Suite à la parution de la lettre des démissionnaires du CDP, les membres du secrétariat exécutif de ce parti ont cru bon de répondre a leurs anciens camarades par des communiqués et des interviews qui répètent la même chose sans toucher le vrai débat qui intéresse les burkinabè, l’avenir de notre démocratie.

Leur réplique est creuse et amateuriste. Dommage que le staff du CDP n’est pas fait l’économie de répondre à leurs anciens camarades, je dirai leurs anciens chefs et anciens coachs dont ils n’ont pas su retenir les bonnes leçons. Un coach ça se respecte même si vous êtes arrivés à des divergences à un moment donné.

Quand j’ai lu le condensé de la réunion de ce qui reste de la crème au CDP, à la suite de leur énième réunion du Secrétariat exécutif consécutive à l’information de la démission imminente d’éminents membres du CDP.

Outré, je me suis dis que je vais leur répondre point par point. J’ai lu et relu l’article, je n’ai pas trouvé de points à vrai dire. Les pointillés qui y sont énumérés, le sont juste de forme. Le contenu est un ramassis de sentiments de panique. La teneur est inexacte et le ton indigne d’un exécutif de parti présidentiel. Dire que c’est parmi ceux-là que se trouvent des conseillers du président, ceci expliquerait la dérive actuelle.

Du manque de démocratie à l’intérieur du parti

Il me semble que ce sujet ne fait plus l’objet de débat, tant de vagues de démissionnaires l’ont dénoncé, le secrétaire exécutif du CDP lui-même l’évoque dans sa réplique. Il n’y’a plus de démocratie au CDP, c’est établi et prouvé.

On nous parle d’un congrès riquiqui qui aurait décidé de modifier l’article 37 et la mise en place du Sénat…Ce Congrès a discuté du principe de la limitation des mandats dans la Constitution à l’image des démocraties européennes et celles de l’Amérique du Nord qui sont des modèles qui doivent nous inspirer. Je fais remarquer au passage que Salif DIALLO était sous sanction, il n’a donc pas pris part à ce congrès, messieurs. Je ferme cette parenthèse que vous aviez ouverte sur ce détail que vous avez estimé utile d’évoquer dans votre déclaration.

Votre déclaration dans la presse ainsi que tous vos tribuns de service se sont arc-boutés sur le fait que ces trois personnalités étaient partie prenante des décisions du 4ème congrès. Oui pour certains mais qui se sont ravisés. Sur cette question, Rock Marc Christian a fait son mea culpa à ses concitoyens, qui dans leur majorité s’oppose à cette prise en otage des libertés de choix, de la démocratie plus exactement.

Du reste, vous ne le reconnaitrez pas publiquement, sinon tous ceux qui étaient présents aux deux derniers congrès savaient que les ficelles étaient très solidement tirées depuis la présidence. Il était évident que le processus d’opérationnalisation (c’est en vogue) de l’OPA de la FEDAP-BC sur le CDP devrait accélérer en cadence pour être dans le délai de 2015 si proche.

Entre le IV et le Vème congrès, il y a eu les élections présidentielles où la galaxie FEDAP-BC et famille avait fini de prendre le dessus sur le parti. Le parti était relégué à la tâche ouvrière de mobilisation de l’électorat. Voilà le CDP d’aujourd’hui, rabatteur de voix.

Le fait le plus important à retenir de ce congrès est qu’il a consacré la clanisation du CDP. De la même manière, on veut vassaliser toutes les institutions démocratiques de ce pays au profit d’un clan.

De la dénonciation de la mise en place du Sénat

Dans le principe les camarades avaient argumenté en faveur de la mise en place d’un Sénat en tant qu’une structure qui permettrait d’approfondir et d’élargir notre démocratie notamment le processus législatif, pour tenir ainsi compte de la voix de d’autres composantes de nos réalités sociologiques.

Au détour d’une loi organique, vous nous avez servi une version soviétique tripatouillée, qui vide de sa substance et sa pertinence le Sénat. Cette loi organique donne un tiers des membres au choix du président du Faso en plus de ceux qui arriveraient par le truchement des conseillers CDP et de ces appendices ; ils sont connus, ils révéleront tous au fur que l’échéance 2015 approche et surtout que l’opérationnalisation se corse pour ses commanditaires bénéficiaires. Certains de ces partis politiques saisonniers feraient mieux de réviser les statuts pour au moins concurrencer les SARL de façon loyale, car ces derniers au moins paient des taxes à l’Etat du Burkina Faso !

De l’opposition à l’article 37

Il est évident aujourd’hui que ce projet ne vise rien d’autre que la pérennisation d’un système politique caractérisé par la mal gouvernance et la patrimonialisation de l’Etat du Burkina et de ses ressources par un clan. Le mélange de genre et le délit d’initier sont criards avec un clan d’opérateurs économiques factices coalisés avec un clan familial et politique, tous agglomérés dans la FEDAP-BC avec pour seuls objectifs et activités de faire main-basse sur les marchés publics.

Face à la désapprobation de la majorité des Burkinabè de cette pérennisation du pouvoir clanique, tout démocrate, tout patriote devrait apporter sa contribution plutôt que de se résigner, se borner à faire l’avocat du diable d’une cause perdue.

De la trahison évoquée par Assimi KOUANDA et son équipe

Puisqu’il s’est lancé dans une comptabilisation de traitres, je lui demande s’il n’est aussi « alzheimé » de faire une rétrospective de l’histoire politique du Burkina et il trouvera d’illustres traitres.

Les camarades courageux qui ont décidé, après moult conseils, de faire abandonner les projets funestes de révision de l’article 37, de mise en place du Sénat ou de transmission dynastique du pouvoir se sont rangés du côté de l’intérêt supérieur du peuple burkinabè et pour les générations futures.

Nous n’avons pas le droit de trahir le sang de nos vaillants parents qui ont déposé Maurice YAMEOGO qui en avait fait moins que le système actuel. Si les démissionnaires du CDP ont trahi un intérêt clanique pour leur peuple, honorons-les au lieu de tomber dans les injures, les récriminations inopportunes et stériles.

J’invite tous ceux qui sont encore capables de hauteur de vue, capables d’exercer leur libre arbitre de choisir le camp du peuple, je leur demande d’aimer ce pays et ses habitants.

Rock, Salif, Simon et les camarades démissionnaires, aiment leur patrie ; c’est pourquoi ils ont renoncé à porter à bout de bras ce système pour choisir le camp de tous ceux qui luttent pour mettre fin à cette dérive monarchique et autocratique.

Aujourd’hui, le débat sur les prises de position heureuse ou malheureuse de ses patriotes est un débat d’arrière-garde de ceux qui n’ont d’autres arguments que le dénigrement. Il ne s’agit plus d’un débat interne au CDP à étaler dans la presse. Il y a ceux qui sont engagés pour la sauvegarde, l’approfondissement de la démocratie de notre pays et ceux résignés à défendre un pouvoir « messianique » aux intérêts étranges à notre peuple. C’est le lieu de saluer tous les démocrates organisés dans les partis de l’opposition ou les citoyens non-inscrits dans les partis qui se battent au quotidien pour se débarrasser de ce joug.

Mettons nos efforts en commun pour arrêter ce système. Nulle organisation groupusculaireou sectaire n’arrivera seule à bout de ces gens prêts à tout pour demeurer au pouvoir. Taisons nos petits calculs de positionnements et de hiérarchie pour aider notre peuple à arriver à la victoire.

Ouattara Lassina,
Ancien membre du Bureau politique national du CDP
Ancien député suppléant de la Léraba

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