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Autant le dire… : Andry Rajoelina, malgré lui se soumet

Publié le dimanche 25 août 2013 à 16h10min

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Après avoir suffisamment malmené le processus de l’élection présidentielle dans son pays, Andry Rajoelina a fini par se résoudre qu’il était en train de mettre son peuple en retard. Aussi, s’est-il soumis à la décision de la Cour électorale spéciale (CES) qui a invalidé sa candidature à la prochaine élection présidentielle.

En agissant ainsi, on peut dire qu’enfin le « jeune homme politique de Madagascar » a compris qu’il ne servait à rien de faire durer longtemps la cadence. C’est tout à son honneur, même s’il a été contraint par une communauté internationale qui s’est donnée le droit d’ingérence dans les affaires malgaches. Aussi, aurait-on bien voulu que Lalao Ravalomanana et Didier Ratsiraka, les deux autres prétendants dont les candidatures ont été recalées comprennent la chanson.

Car en effet, Madagascar ne pouvait pas continuer d’être dans une telle situation politique qui dure depuis 11 ans. Arrivé au pouvoir par un coup de force en 2009, Andry Rajoelina s’est accroché au fauteuil présidentiel aussi longtemps qu’il le pouvait, usant de tous les moyens, de tous les reports. Il a fallu donc la communauté internationale, avec à sa tête la SADC pour lui ravaler ses intentions de maintien au pouvoir. Contraint ou pas comme nous le disions plus haut, le jeune président malgache a ainsi marqué des points et non des moindres en se décidant de mettre fin, très prochainement à la transition, dans son pays. Vu sous cet angle, on peut dire qu’il a été très bien inspiré. Aussi, apparaît-il comme le sauveur de son pays.

Ayant donc tout son avenir politique devant lui, Andry Rajoelina peut bien revenir au pouvoir, mais par la grande porte …d’élections présidentielles crédibles, transparentes et équitables. C’est cela les grands hommes politiques. Cependant, il convient de reconnaître les mérites de la « virtuelle » communauté internationale qui a usé de véritables moyens de pression pour écarter de la présidentielle tous ceux qui constituent aujourd’hui, à tort ou à raison, le problème malgache. A commencer par Didier Ratsiraka. Capitaine de frégate alors qu’il arrivait au pouvoir en 1975 suite à l’assassinat du colonel Ratsimandrava, il fut celui par qui, les coups d’Etat ont commencé à Antananarivo. Il sera contraint par une grève générale en 1990 à organiser une conférence nationale et en 1992, une nouvelle Constitution est votée. En 1993, le candidat des forces vives, Albert Zafy remporte l’élection présidentielle. En 1996, le Premier ministre qu’il a nommé une année avant (1995), le destitue et Didier Ratsiraka revient au pouvoir suite à une élection qu’il remporte de justesse. Vieux de la vieille, il aurait pu se retirer tranquillement pour jouer les sages. Malheureusement, c’est cette intuition qui lui manque le plus.
En 2001, Marc Ravalomanana, maire d’Antananarivo, soutenu par le Conseil des églises malgaches devint président de la République. Il sera réélu en 2006.

Mais, à son tour, il sera chassé du pouvoir par Andry Rajoelina, jeune, fringale et très ambitieux. Contraint à l’exil et ne pouvant plus jouer les premiers rôles, il s’appuie depuis sur sa femme Lalao. Malheureusement, n’ayant pas séjourné au pays pendant les six derniers mois précédant la présidentielle, sa candidature a été invalidée par la Cour électorale spéciale. Malgré tout, elle persiste et annonce qu’elle va boycotter le scrutin.

Andry Rajoelina qui a retiré sa candidature, garde cependant ses cartes en main. Car, des milieux politiques malgaches, il est fort probable que le futur président de Madagascar soit un ami d’Andry Rajoelina. Aussi, Andry Rajoelina aurait ainsi le choix de devenir Premier ministre, ministre, ou député, avant de se représenter, librement, en 2018, au moment où personne ne peut l’empêcher.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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