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Autant le dire… : Si c’était comme cela qu’on marchait…

Publié le dimanche 30 juin 2013 à 10h36min

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Il faut tout de suite saluer les organisateurs de la marche de l’opposition du 29 juin 2013. Parce que, tout simplement, non seulement ils ont fait montre de patriotisme, mais surtout de civisme et d’esprit démocratique. En effet, la marche en elle-même est un acte démocratique. A Ouagadougou, à Koudougou, à Koupélà, à Dédougou, à Bobo-Dioulasso, et dans d’autres villes du pays, elle a permis ainsi l’expression de la démocratie en dehors de l’Assemblée nationale.

Sans aucun acte de vandalisme, de casse de biens publics ou privés, de brûlure de pneumatiques sur les voies, sans affrontement véritable entre manifestants et forces de l’ordre,… Ce qui est tout à son honneur car les Burkinabé ont compris qu’on peut bien manifester aussi bruyamment qu’on le veut sans faire des dégâts sur les biens publics qui nous appartiennent à tous. C’est le signe, sans doute, que la lutte contre l’incivisme est en train de porter ses fruits.

C’est d’abord au sein de l’Assemblée nationale, épicentre de la démocratie et du débat politique contradictoire, que l’opposition s’est exprimée en dénonçant et en boycottant le vote qui créait le Sénat. Voulant sans doute prendre le peuple à témoin, elle a organisé cette marche pacifique. Malheureusement, il s’est trouvé (encore ?) des manifestants assez surexcités qui n’ont pas respecté les consignes des organisateurs de la marche. D’où l’usage du gaz lacrymogène pour disperser les marcheurs. Zéphirin Diabré, le chef de file de l’opposition lui-même l’a reconnu. En clair, cela revient à dire que de leur côté, les forces de l’ordre ont joué leur partition avec professionnalisme. Il ne pouvait en être autrement car ceux qui marchaient sont des Burkinabè et ceux qui étaient en face sont aussi des Burkinabè. Il n’y avait donc pas de raison majeure pour que les deux côtés se rentrent dedans. Une fois de plus, malheureusement que les choses ne se soient pas déroulées de bout en bout comme prévu.

Quant au gouvernement qui a permis le déroulement de cette marche, c’est aussi à son honneur d’avoir permis l’expression de la démocratie. Mais, les choses ne devraient pas s’arrêter là car, un message lui a été remis, même s’il est destiné au président du Faso. Aussi, il ne serait pas mal vu que dans les jours à venir, il ouvre le dialogue avec l’opposition sur les questions contenues dans le message. Car, en vérité, si le gouvernement pouvait faire en sorte que la vie soit moins chère au Faso, il l’aurait fait et les Burkinabè seraient plus heureux. S’il pouvait rendre les soins de santé gratuits, l’éduction gratuite, permettre l’accès à l’eau potable pour tous, à l’assainissement et à l’électricité partout dans le Burkina, sans doute qu’il l’aurait fait. C’est pourquoi, il est nécessaire de discuter de toutes les questions et permettre au peuple de comprendre exactement pourquoi par exemple le prix du gaz a augmenté, pourquoi le prix de certains produits de base a augmenté.

L’opposition de son côté, en dénonçant l’augmentation de ces prix, a sans aucun doute des propositions à faire pour qu’ensemble nous ne vivions pas cette vie chère. Parce que, tout compte fait, les deux parties sont à la recherche du bonheur pour tous les Burkinabé. Pour ce qui concerne le Sénat, si le débat peut être réouvert, il ne serait pas mauvais de le faire. Le seul fait qu’il est déjà constitutionnalisé ne suffit pas pour le mettre nécessairement en place. Aussi, il reviendra aux deux parties de trouver des voies et moyens, soit de l’expérimenter pour une période donnée soit de le supprimer tout simplement en procédant à la révision de la Constitution qui prévoit elle-même les modalités de sa révision. Et la seule voie qui nous reste actuellement est celle du référendum car l’Assemblée nationale qui vient de voter la loi ne devrait pas être prête à se dédire. A moins que le président décide autrement.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 30 juin 2013 à 21:22 En réponse à : Autant le dire… : Si c’était comme cela qu’on marchait…

    Prescrire des zones rouges, ne pas recevoir le message des marcheurs, les gazer est t’il républicain ?

    • Le 1er juillet 2013 à 08:47 En réponse à : Autant le dire… : Si c’était comme cela qu’on marchait…

      KANI, J’abonde dans le même sens que toi. Pas d’entêtement dans la création du Sénat même si la loi a déjà été votée par l’AN. Ce sera de la provocation. ou de la démonstration de force. De plus , biensûr que le gouvernement peut mieux faire, mais il faut que nos revendications soient réalistes Sinon cela peut décourager ceux-là qui se donnent à fond mais qui se voient critiquer négativement tout le temps.

    • Le 1er juillet 2013 à 10:19 En réponse à : Autant le dire… : Si c’était comme cela qu’on marchait…

      Il faudrait gazer en cas de débordement car ; on sait bien que celui qui est caché voit bien celui qui est à sa recherche !!!

  • Le 1er juillet 2013 à 19:16, par Par MOIMEME En réponse à : Autant le dire… : Si c’était comme cela qu’on marchait…

    La loi de création du SENAT a été votée à l’ AN mais pas dans la liberté. Le directoire du parti majoritaire sachant que le SENAT ne passerait pas n’a pas accepté le vote à bulletins secrets car les gens memes du CDP ne sont pas tous d’accord pour cela . Tout est forcing dans notre pays . Il n’y a pas de démocratie dans notre pays. Tout est faux. Quand on parle d’incivisme du bas peuple on ne pense pas profondément. Tout commence de là-haut et le bas peuple ne fait que copier ce qu’il voit. Si la tète est civique il y va de soi que le bas sera civique. Mais si le haut donne l’exemple du mauvais comportement (injustice, impunité, viol, détournement, enrichissement insultant sur le dos du peuple, etc...) qu’ attendrons nous en retour ? C’est la réplique. Oh DIEU ait pitié de nous ait pitié de ton peuple qui croupit injustement. Toi qui est fort puissant et plein de miséricorde défends nous, délivres nous .

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