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EDITORIAL : Pour une opposition responsable

Publié le lundi 15 avril 2013 à 22h25min

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EDITORIAL : Pour une opposition responsable

Zéphirin Diabré est officiellement devenu, depuis le 9 avril 2013, le chef de file de l’opposition politique burkinabè. Le président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) qui a totalisé 19 députés lors des dernières législatives, remplace à ce niveau, Me Bénéwendé Sankara.

En application des dispositions de l’article 16 de la loi du 14 avril 2009, portant statut de l’opposition politique, l’Assemblée nationale l’a consacré chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso.

Maintenant que « Zeph » est devenu le patron de l’opposition selon la loi que doit-on attendre de l’homme ?

L’opposition, on le sait, a un rôle fondamental à jouer dans une démocratie. Tout d’abord, elle doit constituer un contre-pouvoir, une sorte de système d’alerte pour interpeller et critiquer les dérives. Cela pour éviter que la majorité au pouvoir n’ait pas la tentation de diriger le pays comme bon lui semble, sans tenir compte d’une quelconque opinion contraire. L’opposition doit être une sorte de conscience morale qui interpelle, critique, sensibilise, gronde… En réalité, aucun être humain, aucun groupe d’êtres humains n’est suffisamment doué pour se passer d’autrui. Et qui mieux parfois que celui qui n’est pas aux affaires pour interpeller ! Selon la loi, le rôle de l’opposition en matière de contrôle de l’action gouvernementale se traduit par les questions orales, les questions écrites, les questions d’actualité, les interpellations ou les motions de censure… La critique positive est toujours importante pour un pays comme le nôtre. Elle est constructive. Et ceux qui gèrent le pouvoir d’Etat savent bien que la vision de l’opposition est celle d’une partie de la société burkinabè. D’ailleurs, un Premier ministre du Royaume-Uni, Benjamin Disraeli, avait relevé l’importance de l’opposition en ces termes : « Nul gouvernement ne peut être longtemps solide sans une redoutable opposition ».

Par ailleurs, l’opposition doit savoir qu’elle représente la possibilité d’une alternance politique en ce sens qu’elle participe à la réalisation du pluralisme politique, une des bases de la démocratie. C’est ce pluralisme qui permet au citoyen de choisir ses gouvernants.

L’opposition politique ne doit pas être perçue systématiquement comme un épouvantail, une bande de jaloux, ou des personnes aigries.
L’opposition burkinabè gagnerait à s’illustrer positivement à travers des propositions à même de contribuer au développement de notre cher Faso. Car s’opposer n’est autre que proposer. Une opposition sans propositions n’est qu’un mouvement d’humeur. Que Dieu garde le Burkina Faso d’une opposition qui n’a que la violence dans le verbe. Les conséquences du radicalisme sont toujours regrettables et regrettées.

Y a-t-il une fierté pour un homme politique de voir des milliers de ses concitoyens prendre le chemin de l’exil ? Y a-t-il de la gloire ou du bonheur pour un opposant de causer des morts ou des réfugiés de par son action ? Aucunement, c’est pourquoi, il faut appeler à l’émergence d’une opposition constructive, d’une opposition responsable. Le Burkina Faso se trouve dans une sous-région tourmentée si bien qu’il est important de savoir raison garder et de surveiller nos actes et comportements comme le lait sur le feu. Aucun fils, digne du « pays des hommes intègres », ne doit travailler à mettre le pays en difficulté ou à le rendre ingouvernable, invivable. L’opposition, c’est la responsabilité, c’est aussi une image et une vision. Les populations ne sont pas dupes. Elles savent lire entre les lignes. Elles savent qu’un opposant irresponsable, irrespectueux ne peut être crédible pour diriger le pouvoir d’Etat. Tout balayer du revers de la main, s’opposer pour s’opposer, confondre le syndicalisme à la politique, fini par faire d’un opposant, un homme sans scrupule et surtout peu crédible aux yeux de ses concitoyens et de ses militants.

Certains opposants n’hésitent pas à parler mal de leur pays et à traiter de tous les noms d’oiseaux de mauvais augure, ceux qui sont aux affaires. Même quand ils sont hors du pays, ils ne savent pas se retenir. Cela est tout simplement dommage. L’image, la bonne réputation du Burkina Faso doit être l’affaire de tous les Burkinabè.
L’autre grand chantier sur lequel, Zéphirin Diabré est attendu, est la cohésion au sein des partis qui se réclament de l’opposition sans pour autant se conformer à la loi. La nouvelle loi a le mérite de clarifier la notion de parti d’opposition, de préciser les droits reconnus aux partis de l’opposition. « Aux termes de la présente loi, est considéré comme un parti politique de l’opposition, tout parti légalement constitué se déclarant opposé au parti ou au groupement de partis participant au gouvernement ou soutenant l’action gouvernementale ». La loi est claire. On ne peut pas vouloir gérer le pouvoir d’Etat et continuer de fouler au pied les lois de la République. Si cette loi comporte des ambiguïtés ou insuffisances, il va falloir l’améliorer afin que chacun se conforme à la République. Que les opposants se parlent pour parfaire ce qui les divise. Il est trop facile d’attendre les échéances électorales pour sortir de sa cachette et se proclamer opposant.

Nombreux sont ceux qui visent la manne financière sous le couvert de partis politiques. Il faut stopper la duperie, au nom du contribuable.
En attendant, souhaitons, bon vent à « Zeph » et que sous sa conduite, les liens qui unissent les Burkinabè soient plus forts que ce qui les oppose.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA
rabankhi@yahoo.fr

sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 16 avril 2013 à 06:38, par LAGUI ADAMA En réponse à : EDITORIAL : Pour une opposition responsable

    La plupart de ce qui se disent opposants dans ce pays ne sont rien autre que des aigris fatalistes sans aucun programme réel de société qui combattent des individus au lieu de programmes. Mais MOI je leur dit cela le CDP se détermine par ses actions concrets de paix et de développement réel incontesté, puisque le PEUPLE le manifeste sa reconnaissance à TOUTES les consultations qui lui sont soumises et nous lui serons également loyal par des actions de progrès

  • Le 16 avril 2013 à 07:14, par SawadX En réponse à : EDITORIAL : Pour une opposition responsable

    Vous proposé une methode de lutte modérer a notre l’opposition face un pouvoir qui n’a jamais eu un quelconque estime pour son peuple : Mensonges, Corruption, Detournements, Faut et usages de faut, Trafic ilicites, Mafias , tels est leurs domaines de predilection. Si tu aime ton pays, tu ne peut pas ne pas detester ces autorités. Quant un individue est nommer a un poste de DAF ou de DG il commence a revoir ses chantiers et son parc auto. La tache qui lui est confier vient inevitablement en second rang, et on parle de vouloir construire le pays. On hallucine même d’un burkina émergent, quel insulte a ma conscience. Ils ont la chance que TOMSANK n’est plus.
    Il faut que Zeph se met rapidement a la tache et commence a jouer aux arbitre et même au juge par des interpelations, des condamnation, des censures sur chaque action infame et difamatoire du gouvernement. il doit sortir de son silence et se faire entendre chaque semaine et affirmer sa presence sur le scène politique. Le mal est profond et il faut quelqu’un pour lever le ton contre ces estomac de CDPiste qui continue a marcher sur la democratie aux yeux des ignorants qui les ont votés sans comprendre quoique ce soit !

  • Le 16 avril 2013 à 08:29, par Raymsom En réponse à : EDITORIAL : Pour une opposition responsable

    Salut Monsieur ZIDA, vos idées ne m’étonne pas. Mais, je regrette d’avoir voté ZEPH pendant les élections législative et municipale. J’ai compris que ce Monsieur n’est pas un vrai opposant. C’est son silence qui nous a fait croire que ce monsieur était un opposant. Mais beaucoup de Burkinabé ont maintenant compris. Tu refuses de siéger à l’assemblé, lieu pour s’exprimer et défendre ses idées, tu refuses l’interview des journalistes, des opinions peu et moins claires sur des questions nationales, position mitigée : opposant modéré. Je crois que ce Monsieur n’est digne de confiance. je préfère mes anciens opposants.
    Je voudrais en finir pour dire d’arrêter de cultiver la discrimination ou l’ ethnicisé dans les partis politique car c’est très dangereux.

  • Le 16 avril 2013 à 09:11, par minimzabré En réponse à : EDITORIAL : Pour une opposition responsable

    bonne analyse sans passion. Que tous les journalistes emboitent ce pas de clairvoyance et sans parti pris.
    Zeph a vraiment du chemin et du pain sur la planche car cette les partis d’oppositions manque de formation politique de base et de vision.bon vent a mr ZIDA.

  • Le 16 avril 2013 à 09:32, par lajuriste En réponse à : EDITORIAL : Pour une opposition responsable

    Sans commentaire, bonne analyse objective !!!

  • Le 16 avril 2013 à 12:27, par Lecteur En réponse à : EDITORIAL : Pour une opposition responsable

    Franchement, je ne lisais plus sidwaya. Mais je vais recommencer parce que je sens que ce journal est désormais pour l’Etat. Je sens que mes impôts payés ne sont pas pour faire du "griotisme"

  • Le 16 avril 2013 à 12:56, par tièkadiyé En réponse à : EDITORIAL : Pour une opposition responsable

    "Aucun fils, digne du « pays des hommes intègres », ne doit travailler à mettre le pays en difficulté ou à le rendre ingouvernable, invivable." Pardon vas dire ça à tes mentors du CDP. Sidwaya est un journal de l’Etat, donc appartenant à tous les Burkinabè en principe. Mais on voit comment vous traitez chaque fois les opposants quand ils critiquent la gestion du CDP ou quand ils mènent des actions politiques. Vous n’êtes pas plus intelligents que les opposants. Si le pays doit prendre feu, alors que Dieu fasse qu’il en soit ainsi. Mais nous ne pouvons pas continuer à subir le dickta d’une famille et de quelques individus malveillants sur tous les autres. Vous voulez la paix pour continuer à voler et nous narguer ? Jamais ! Pendant plus de dix ans la RCI était en guerre mais nous envoyait des vivres ici au Faso. Moi je préfère vivre la guerre avec de l’espoir que la paix avec des soucis pour le lendemain. Tant que je serai obligé d’emprunter une pirogue pour rentrer chez moi en saison pluvieuse, pendant que d’autres mettent le bitume sur des routes de fermes et de campagnes, je serai toujours prêt pour le changement dans la violence ou la guerre civile. La paix dans notre contexte est pour les voleurs et les lâches.

  • Le 16 avril 2013 à 13:45, par joseph bonkoungou En réponse à : EDITORIAL : Pour une opposition responsable

    Au BF l’opposition demeure une opposition de belles et mielleuses paroles ,sans du concret sur le terrain. Il faut qu’entre les partis de l’opposition il est un esprit d’entente et de cohésion pour espérer avoir une force capable de rendre la position insignifiante dans les prises de décision. Espérons qu’avec Zéphirin Dabré tout changera et l’opposition ne se laissera plus piéger par le"mange et tais toi"

  • Le 16 avril 2013 à 16:00, par le juif repenti En réponse à : EDITORIAL : Pour une opposition responsable

    Ce DG au moins a un tant soit peu apporté une ptite touche républicaine à la façon de se comporter du quotidien gouvernemental, pardon, d’Etat, Sidwaya. Le canard ose un peu de plus en plus dire au gouvernement et à son CDP ce qu’ils font de mauvais, d’anormal, d’illégal... Bcp reste à dire, à faire par les journalistes de Sidwaya pr enlever de l’esprit des Burkinabè (ils snt très nombreux, plus nombreux) que Sidwaya n’est pas un quotidien gouvernemental, mais d’Etat ( de chacun de nous, qui que nous soyons). La panégyrique y a un p diminué... Oser critiquer vos mentors, l’histoire vs le vaudra ! Rabankhi, sans passion, c’est vraiment ça, pr un Homme qui sait analyser l’histoire du monde, ce tribunal du monde ...

  • Le 16 avril 2013 à 18:23, par VV En réponse à : EDITORIAL : Pour une opposition responsable

    Vous dites "D’ailleurs, un Premier ministre du Royaume-Uni, Benjamin Disraeli, avait relevé l’importance de l’opposition en ces termes : « Nul gouvernement ne peut être longtemps solide sans une redoutable opposition »." Blaise a 26 ans de pouvoir, ce qui est plus que longtemps, donc on a une opposition redouble au Burkina. Soyons sérieux, révisitez l’histoire de ce pays de 1982 à nos jours et vous verrez s’il a jamais eu une place pour les opposants.

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