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Autant le dire… : De Bokassa à Patassé venant de Bangui, y aura toujours problème

Publié le lundi 25 mars 2013 à 18h38min

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Pauvre Afrique, Afrique mon Afrique. On est encore et toujours aux coups d’Etat avec leurs corolaires. Surtout quand ça se passe au centre de l’Afrique (Centrafrique), on ne peut que s’inquiéter davantage.

. Ainsi donc le Seleka a mis fin au régime du Général Bozizé, dix ans après. Exactement comme lui-même était arrivé au pouvoir en 2003. L’histoire ne balbutie pas du tout en Centrafrique ; elle ne fait que se répéter avec sans doute d’autres acteurs. Mais toujours de l’armée.

C’est le 13 août 1960 que le pays accéda à l’indépendance avec David Dacko comme premier président. Cinq ans après, il sera renversé par un coup d’Etat militaire. Le premier dans le pays. Le colonel Jean Bedel Bokassa prend alors le pouvoir et impose un régime bien autoritaire. Il bricole une Constitution qui lui donne tous les pouvoirs. En 1972, il se proclame président à vie après avoir été successivement nommé général, puis maréchal. En 1976, la Centrafrique devient empire et Bokassa devient empereur en 1977. Devenu ainsi, celui-ci s’adonne à un faste insultant, si bien que s’installent l’arbitraire et la dégradation de l’économie. S’en suivent le malaise et la désapprobation de l’opinion internationale. En 1979, des étudiants organisent une gigantesque manifestation qui sera fortement réprimée. Profitant d’un déplacement de Bokassa à l’étranger, l’armée française s’empare du palais présidentiel et réinstalle David Dacko au pouvoir. Deuxième coup de force. Après des élections présidentielles contestées par l’opposition en 1981, il sera renversé par un coup d’Etat en septembre. Troisième coup d’Etat. Le général André Kolingba est porté à la tête de l’Etat. Des réformes politiques, suite à un grand débat national, vont aboutir à l’organisation d’élections présidentielles qui seront remportées par Ange Félix Patassé. Pour la première fois, la transition est pacifique dans le pays. Patassé sera réélu en 1999. Mais en mars 2003, il est renversé par un coup d’Etat perpétré par Yangouvonda François Bozizé, lui aussi général. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, c’est dans le même mois de mars qu’il vient d’être renversé. Par un coup d’Etat. Le quatrième. Rien donc ne surprend.

Ce qui surprend, c’est qu’en Centrafrique on n’a pas encore compris que pour être président de la République, il faut avoir la légitimité populaire. Autrement dit, le fait d’avoir la force militaire avec soi ne suffit plus pour rester au pouvoir, mais il faut y adjoindre la force du peuple. Et c’est ce qui a toujours manqué en Centrafrique. Aussi, l’Afrique, à travers son Union et ses regroupements en Afrique centrale, doit se pencher sérieusement sur la question centrafricaine pour y asseoir une vraie démocratie dans le temps. Quitte à ce qu’elle prenne des couleurs centrafricaines.
Car en effet, si les politiciens et l’armée se plaisent dans la situation actuelle dans ce pays-là, le peuple lui ne doit pas s’y retrouver.

La République centrafricaine est un pays enclavé au centre de l’Afrique avec une superficie de près de 623 000 km2. C’est un pays suffisamment doté en ressources naturelles, renouvelables et extractives. Néanmoins, avec un Produit intérieur brut (PIB) réel par habitant de 419 $EU, la RCA figure parmi les pays les moins avancés au monde (159e) selon le classement de l’indice du développement humain durable. La population est estimée à environ 3 millions d’habitants pour un taux de croissance démographique annuel de l’ordre de 2 %. La densité moyenne est particulièrement faible, soit 4 habitants au km2, ou 50 habitants au Km2 si l’on ne considère que les terres arables. La population est surtout concentrée sur les rives de l’Oubangui et sur les frontières camerounaise et tchadienne. Près des deux tiers de la population vit en milieu rural, tandis que Bangui, la capitale regroupe environ 42 % de la population urbaine.

L’économie du pays repose en grande partie sur l’agriculture au sens large du terme (y compris élevage, forêts, chasse et pêche), qui fournit environ 50 % du PIB et plus de 40 % des recettes d’exportation. La RCA est également autosuffisante sur le plan alimentaire. Par ailleurs, le pays dispose de ressources minières importantes dont le diamant, l’or et l’uranium. Cependant, comme l’a ironisé une vieille connaissance, dans le pays dont la capitale se nomme « Bangui* », un président « Patassé* » et un autre « Bokassa* », il y a forcément des problèmes. Rien donc ne surprend.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

*Bangui : boisson alcoolisée tirée du rônier

*Patassé : boisson très alcoolisée obtenue par distillation d’eau et de sucre et de levure.

*Bokassa : en langue dioula signifie : odeur d’exréments

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