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Autant le dire… : Maintenant qu’un élève a été tué, on fait quoi ?

Publié le mercredi 6 février 2013 à 17h52min

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Voilà ! Voilà ! Voilà !... Maintenant que l’irréparable s’est produit, qu’est-ce qu’on fait ? On en a parlé, on a prévenu, on a interpellé, on s’est inquiété…On aurait voulu avoir tort. Malheureusement, aujourd’hui les événements nous donnent raison. Ces jeunes qui s’habillent en tenue scolaire et qui, pour un oui ou un non, vont d’un établissement à un autre, avec des sifflets et des “vouvouzelas”, sur des motos et camouflés derrière des casques ou enturbannés ne sont pas tous des élèves. Nous l’avons dit à plusieurs reprises dans plusieurs de nos éditions. Dans l’une des toutes dernières, nous prévenions que nous les avons surpris dans un kiosque à café où ils avaient vidé ledit kiosque de son contenu de café noir et de toutes les boissons frelatées qu’on pouvait y trouver avant de prendre la rue. Pour aller déloger tous les élèves « récalcitrants » qui refusaient de quitter les classes.

C’était autour du 13 décembre, date anniversaire du décès de Norbert Zongo. Mais, personne apparemment n’a voulu véritablement nous écouter ou porter attention à ce que nous disions. Le gouvernement qui avait en ce moment la “peur au ventre”, “se cherchait” ailleurs.

Dans la même logique, nous sommes allés un peu plus loin en préconisant que les associations des parents d’élèves, qui ne sont efficaces que lorsqu’il s’agit de cotisations, prennent enfin leurs responsabilités. En s’organisant pour défendre nos intérêts et ceux de nos enfants qui veulent suivre les cours en les protégeant dans les établissements afin que ceux parmi eux qui veulent effectivement suivre les cours puissent le faire. De quel droit un élève qui veut aller en grève est-il fondé à aller dans un autre établissement pour faire sortir des élèves ? Et souvent à coups de pierres ? De quel droit, avions-nous dit, un élève peut-il demander qu’on chasse d’un établissement un surveillant, un censeur ou encore un proviseur parce qu’il est rigoureux ?

Des établissements publics où ils dictaient leurs lois, ils sont allés jusque dans les établissements privés. Franchement, est-ce admissible ? En son temps, nous écrivions que c’est désormais nos enfants qui nous commandent, qui nous dictent la conduite à tenir. Parce que les choses étaient telles que c’est ce que les enfants voulaient que nous faisions. L’Etat, face à la crise n’avait plus efficacement réagi. Les parents non plus. Et les choses se déroulaient ainsi.

Malheureusement, aucune mesure n’avait été prise pour parer à toute éventualité. Jusqu’à ce que l’irréparable se produise. Des élèves sont allés pour en contraindre d’autres à sortir des salles de classes. Ces derniers s’opposent parce que, conscients de leur avenir, ils veulent suivre les cours. Non contents de ce comportement de “lèse-majesté”, la bande revient deux jours après, plus renforcée, pour se « venger ». Le bilan est macabre : un élève tué des suites de blessures parce qu’il ne voulait pas suivre un mouvement de grève. Que faut-il faire maintenant ?

En effet, la sanction sur le plan judiciaire doit être à la hauteur de l’acte commis. On attend donc que la justice nous dise ce qu’elle doit faire. Dans un second temps, il faudra que tous ces réseaux de petits délinquants qui ne sont pas en réalité des élèves et qui sèment la terreur dans les établissements, qui empêchent les autres enfants de suivre les cours soient enfin démantelés. Que tous ceux qui, commanditaires et/ou soutiens quelconques de ces gens-là, répondent de leurs actes. Afin que les élèves qui sont conscients de leur avenir et nous, parents d’élèves, puissions savoir ceux qui sont contre nos intérêts, qui sont contre l’avenir de nos enfants. Nous voulons bien le savoir afin de prendre nos responsabilités.
En attendant, voilà une belle occasion pour les élèves et étudiants sincères de démontrer qu’ils savent ce qu’ils veulent et où ils veulent aller.

Autrement dit, ils doivent comprendre qu’il n’est plus question de se laisser “instrumentaliser”. Leur avenir leur appartient. Ils doivent le défendre. C’est bien sur ce champ qu’un des leurs a trouvé la mort.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 7 février 2013 à 12:41, par MAMA En réponse à : Autant le dire… : Maintenant qu’un élève a été tué, on fait quoi ?

    Que faire Maintenant ? Trois options se dégagent :
    1. Une meilleure responsabilisation et un engagement des parents tant dans leur éducation que leur sécurité. Inculquons en nos enfants, la valeur du travail bien, le caractère sacré de la vie et surtout le respect de soi, des autres et de la diversité ainsi que la tolérance. Ensuite, engageons nous dans les associations de parents d’élèves à trouver les moyens idoines de protéger nos enfants en relevant quelque peu le niveau des cotisations APE (de 1.000 f cfa à 2.000f cfa par exemple) pour engager des volontaires qui sécuriseront les écoles de nos enfants.

    2. L’État doit être ferme en sanctionnant sévèrement l’auteur du meurtre et surtout en prenant des mesures pour que pareil incident ne se répète plus. Cela passe par la règlementation de l’octroi de récépissés aux associations fantoches d’élèves et étudiants. S’ils ont les mêmes objectifs, il ne devrait pas y avoir une pléthore d’associations.

    3. Les associations d’élèves et étudiants doivent plus que jamais respecter le droit de non grève des autres élèves et ne pas imposer leur charia (qui oblige tout élève et étudiant à suivre le mot d’ordre de grève de la multitude d’associations estudiantines). Ils doivent être plus disciplinés. En rappel, la police est arrivée en retard sur les lieux du sinistre à cause des beaucoup de dérives. En effet aucun agent de sécurité ne veut plus s’exposer ni à la vindicte populaire ni à une radiation dans l’exercice de sa fonction et ce depuis la condamnation de certains. Le vin étant tiré, nous attendons maintenant la réaction des associations estudiantines qui sont d’une manière ou d’une autre responsable de la "junglerisation" de nos écoles. En attendant, parents, levons-nous car la vie de nos enfants est en jeu !

  • Le 7 février 2013 à 17:59, par JOHNESS En réponse à : Autant le dire… : Maintenant qu’un élève a été tué, on fait quoi ?

    Avant tout propos, je tiens à respecter la mémoire de l’élève dusparu. Je condamne fermement cet acte ignoble et que le coupable soit puni dans toute sa rigueur, afin que cela serve d’exemple aux autres. Dommage que les moeurs dépravés par le mouvement "Coupé Décalé" assortie de la fuite de responsabilité des parents que nous sommes alimentent ce désordre continu.
    J’ose espérer que l’Etat reprendra ses prérogatives car avec cette déliquescence de la responsabilité du pouvoir publics, c’est la porte ouverte à tous les abus.

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