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L’amère pilule de l’austérité !

Publié le jeudi 15 novembre 2012 à 01h48min

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L’amère pilule de l’austérité !

Nombre de pays européens croupissent sous le poids de la crise de la dette, qui a atteint son point d’orgue, dans les années 2008. Un à un, les Etats ont perdu leur triple « A », synonyme de la dégradation de leur bonne santé économique. Conséquence, il faut se serrer la ceinture, pour pouvoir redresser les économies de ces pays, afin d’éviter que ces Etats, sinon l’Union européenne, ne tombent en faillite ! Ainsi, le concept d’austérité, a été mis au goût du jour. En quelque sorte, c’est comme s’il est demandé aux Etats de l’Europe, de s’administrer des sortes de Programmes d’ajustement structurels (PAS), appliquer, sans état d’âme, aux pays africains, dans les années 1990. Si la pilule est passée dans les pays africains, à l’époque, entraînant des privatisations, des licenciements, avec les effets sociaux terribles, elle a du mal à passer en Europe.

Et cela suscite des levées de boucliers. La lutte des habitants des pays du continent européen tend même à s’uniformiser. L’exemple a été donné à voir, le mercredi 14 novembre 2012. Un mercredi noir, de colère, contre les effets de la crise économique. En effet, de nombreux pays de l’Union européenne (UE) ont choisi ce jour pour manifester leur horreur de l’austérité à eux imposée. Des manifestations se sont donc déroulées, dans pratiquement tous les pays de l’UE, à l’exception de l’Estonie et de la Slovaquie. L’on a ainsi assisté à une journée de grève générale en Espagne et au Portugal, une interruption de travail de quelques heures en Grèce et en Italie. Des actions ont aussi été enregistrées en Belgique... L’objectif de tous, c’est de dire « non à l’austérité ».

C’est vrai, l’austérité n’est pas facile à supporter. Cela demande beaucoup de remise en cause, de renonciations, de pertes d’intérêts, etc., cependant, il y a lieu de se poser des questions, au vu de ces manifestations. N’y a-t-il pas lieu d’affronter la crise, sans faux fuyant ? Faut-il continuer à se voiler la face et à vouloir vivre comme si de rien n’était ? Qui va payer afin que la situation revienne à la normale ?
La pilule est difficile à avaler, mais, tôt ou tard, il va falloir faire des concessions, serrer vraiment la ceinture, pour relever les économies de ces pays. Il serait illusoire de croire que quelqu’un d’autre viendra payer à la place des citoyens d’un pays pour les sauver de la déconfiture.
En cela, des exemples existent. Le cas des PAS appliqués à l’Afrique peut être étudié. Si cela est déshonorant et honteux, plus près, en Europe, des pays ont connu cette traversée du désert et ont pu se relever. Leur politique mise en place pour relever la barre peut inspirer.

Et, en la matière, l’exemple vient des pays nordiques : Danemark, Finlande, Suède et la Norvège qui ont perdu leur « AAA » et ont retrouvé la note suprême, entre 2001 et 2004, au prix de rudes sacrifices budgétaires. En effet, ces pays, dépendant de la manne pétrolière, ont été victimes d’une chute brutale des cours à la fin des années 1980. Conséquence, les trois premiers ont perdu leur « AAA » entre 1983 et 1993, après avoir traversé une sévère crise économique. « La Suède a connu, à l’époque, une bulle immobilière et boursière tandis que la Finlande a surtout subi le contrecoup de l’effondrement de l’Union soviétique, son principal partenaire commercial », précise Helge Pedersen, chef économique de la banque scandinave Nordea.

Autre exemple, et cela se passe de l’autre côté de l’Atlantique, au Canada. Ce pays avait aussi perdu son « AAA » en 1992, là aussi, à la suite d’une profonde crise économique et bancaire. Mais, il l’a récupéré en 2002, après avoir remis requinqué ses finances publiques. Pas sans sacrifices ! Une cure qui lui a permis de traverser la crise financière de 2008, sans trop de heurts...

C’est également le cas de l’Australie, qui, grâce à la croissance économique dopée par ses sous-sols riches de matières premières, a retrouvé son « AAA », en 2003, soit 17 ans après l’avoir perdu. Un long chemin de croix pour ce pays qui a arrêté, en 1997, d’augmenter sa dette en dollars. Le pays a ainsi profondément transformé son économie, modernisé le système financier et développé une puissante industrie minière. En Europe, trois pays, aujourd’hui affaiblis, ont bénéficié, un temps, du fameux « AAA » : l’Espagne (de 2003 à 2010), l’Irlande (de 2001 à 2009) et l’Islande (de 2005 à 2008). Mais ces bonnes notes reposaient sur une bulle immobilière qui a gonflé les recettes fiscales…
En définitive, que retenir ? Comment les pays qui avaient perdu leur « AAA » ont-ils pu se relever ? Cela a été douloureux, mais l’histoire est là pour nous enseigner que c’est au prix de drastiques coupes dans les dépenses publiques et d’une rigueur budgétaire qu’ils ont pu relever la pente. Ainsi, ils ont retrouvé la meilleure note, en 2001 pour le Danemark, en 2002 pour la Finlande et en 2004 pour la Suède.

Ces pays constituent donc la preuve vivante qu’il est possible de sortir de ce gouffre. Mais, avant, les Etats doivent créer un dialogue social franc et respectueux avec les travailleurs qui sont les premières victimes de ces situations. Il faut faire de telle sorte que le sacrifice soit commun et que les travailleurs n’aient pas l’impression qu’ils payent pour que les « patrons » se sucrent. En clair, tout le monde doit payer, car, riches ou pauvres, chacun constitue une partie de la solution.

Ali TRAORE (traore_ali2005@yayahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 15 novembre 2012 à 11:48, par Ladji En réponse à : L’amère pilule de l’austérité !

    Non , le Burkina on a quoi au juste mon cher journaliste un ZZZ OU UN WWW , moi ses sa notre problème , Europe la laissé tomber

  • Le 15 novembre 2012 à 12:31, par mandy En réponse à : L’amère pilule de l’austérité !

    ils n’ont qu’a gouté voir si plan d’ajustement structurel est bon, si c’est cool d’etre un PPTE ; comme l’a dit un penseur, le capitalisme finira par s’aliéner.
    Manifester, descender dans la rue, casser et bruler pour vous défouler .
    C’est bon d’etre dans la SCADD , ne vous inquiétez pas bientot vous connaitrez tous ces sigles ;

  • Le 15 novembre 2012 à 17:36, par Tête de bois En réponse à : L’amère pilule de l’austérité !

    La realite est un peu plus complexe que ce qui est écrit dans votre article. S’il est vrai que les pays cités se sont relevés, ils bénéficiaient d’un contexte économique nettement plus favorable qu’aujourd’hui’hui. Faire des économies dans un budget quand on peut encore exporter, c’est une bonne idée. Ici, cela n’est plus possible. La solution passe plutôt par la réforme douloureuse d’un système à bout de souffle. Changer de paradigme,changer d’indicateurs de richesse, changer d’économie (l’économie verte est probablement une solution pour l’Europe ... Pour l’Afrique aussi d’ailleurs, elle qui pourrait se noyer d’énergie abondante et quasi gratuite avec le soleil ...)
    Moi qui vient chez vous régulièrement, j’y vois une richesse qui n’existe plus ici : le savoir vivre ensemble. Cela dit, je vois que vous vous européaniser de manière inquiétante ...
    Pour terminer, je pourrais écrire des pages sur le thème, c’est vrai que cela doit être comique vu de chez vous, ce qui arrive ici. Oui, les européens, gavés de leur certitude et de leurs "biens" matériels vont devoir se remettre en question ... Une chance selon moi, de voir enfin un jour, une vraie coopération entre une Afrique et une Europe, basée plus sur nos valeurs morales et culturelles communes que sur des rapports de force.
    Signé : un professeur intermittent de Ouagadougou qui adore votre pays ;-)

  • Le 15 novembre 2012 à 17:46, par Tête de bois En réponse à : L’amère pilule de l’austérité !

    La realite est un peu plus complexe que ce qui est écrit dans votre article. S’il est vrai que les pays cités se sont relevés, ils bénéficiaient d’un contexte économique nettement plus favorable qu’aujourd’hui’hui. Faire des économies dans un budget quand on peut encore exporter, c’est une bonne idée. Ici, cela n’est plus possible.
    La solution passe plutôt par la réforme douloureuse d’un système à bout de souffle. Changer de paradigme,changer d’indicateurs de richesse, changer d’économie (l’économie verte est probablement une solution pour l’Europe ... Pour l’Afrique aussi d’ailleurs, elle qui pourrait se noyer d’énergie abondante et quasi gratuite avec le soleil ...). La croissance permanente et infinie est un leurre : les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, pas meme les baobab !
    Moi qui vient chez vous régulièrement, j’y vois une richesse qui n’existe plus ici : le savoir vivre ensemble. Cela dit, je vois que vous vous européaniser de manière inquiétante ...

    Pour le moment le système ne s’est pas entrer effondré ... l’Europe n’a jamais produit autant de richesses qu’aujourd’hui. Elle est riche mais inéquitable. Les nantis accumulent tandis que les autres "tirent la langue". Et comme les riches évitent les taxes ... Les caisses se vident ... Liberté de mouvement des capitaux signifie fin de la redistribution des richesses, libre concurrence signifie fin de la sécurité sociale, austérité signifie fin des États. C’est l’injustice sociale qui empêche les pays pauvres de décoller, c’est elle aussi qui tuera la prospérité des pays riches.
    Pour terminer, je pourrais écrire des pages sur le thème, c’est vrai que cela doit être comique vu de chez vous, ce qui arrive ici. Oui, les européens, gavés de leur certitude et de leurs "biens" matériels vont devoir se remettre en question ... Une chance selon moi, de voir enfin un jour, une vraie coopération entre une Afrique et une Europe, basée plus sur nos valeurs morales et culturelles communes que sur des rapports de force comme actuellement.
    Signé : un professeur intermittent de Ouagadougou qui adore votre pays ;-)

    • Le 15 novembre 2012 à 17:56, par Tête de bois En réponse à : L’amère pilule de l’austérité !

      Oups mauvaise manipulation sorry, voici mon vrai texte ! La realite est un peu plus complexe que ce qui est écrit dans votre article. S’il est vrai que les pays cités se sont relevés, ils bénéficiaient d’un contexte économique nettement plus favorable qu’aujourd’hui’hui. Faire des économies dans un budget quand on peut encore exporter, c’est une bonne idée. Ici, cela n’est plus possible.
      La solution passe plutôt par la réforme douloureuse d’un système à bout de souffle. Changer de paradigme,changer d’indicateurs de richesse, changer d’économie (l’économie verte est probablement une solution pour l’Europe ... Pour l’Afrique aussi d’ailleurs, elle qui pourrait se noyer d’énergie abondante et quasi gratuite avec le soleil ...). La croissance permanente et infinie est un leurre : les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, pas meme les baobab !
      Moi qui vient chez vous régulièrement, j’y vois une richesse qui n’existe plus ici : le savoir vivre ensemble. Cela dit, je vois que vous vous européaniser de manière inquiétante ...

      Pour le moment le système ne s’est pas entcore effondré ... l’Europe n’a jamais produit autant de richesses qu’aujourd’hui. Elle est riche mais inéquitable. Les nantis accumulent tandis que les autres "tirent la langue". Et comme les riches évitent les taxes ... Les caisses se vident ... Liberté de mouvement des capitaux signifie fin de la redistribution des richesses, libre concurrence signifie fin de la sécurité sociale, austérité signifie fin des États. C’est l’injustice sociale qui empêche les pays pauvres de décoller, c’est elle aussi qui tuera la prospérité des pays riches.
      Pour terminer, je pourrais écrire des pages sur le thème, c’est vrai que cela doit être comique vu de chez vous, ce qui arrive ici. Oui, les européens, gavés de leur certitude et de leurs "biens" matériels vont devoir se remettre en question ... Une chance selon moi, de voir enfin un jour, une vraie coopération entre une Afrique et une Europe, basée plus sur nos valeurs morales et culturelles communes que sur des rapports de force comme actuellement.
      Signé : un professeur intermittent de Ouagadougou qui adore votre pays ;-)

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