LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Editorial de Sidwaya : Armée-Nation, un amour possible

Publié le dimanche 4 novembre 2012 à 17h04min

PARTAGER :                          
Editorial de Sidwaya : Armée-Nation, un amour possible

Le Burkina Faso a fêté, le 1er novembre 2012, le 52e anniversaire des Forces armées nationales (FAN). Plusieurs activités ont été menées dans le cadre de la célébration de cet événement : activités sportives, échange avec le chef de l’Etat, défilé, etc. Après plus d’un demi-siècle d’existence, il était bon de marquer un arrêt pour faire un bilan, corriger les imperfections et se projeter vers l’avenir. Ainsi, les FAN ont décidé de faire leur introspection et de commémorer cet événement avec les populations, d’où le thème : « Renforcement des liens Armée-Nation ». Un sujet qui interpelle l’ensemble des Burkinabè sur la relation et les implications de chaque entité dans la préservation de la paix et le développement du pays. Cela dénote de la volonté de jeter les bases d’un partenariat solide, basé sur la confiance, le respect mutuel et celui des règles sociétales établies.

Ce d’autant plus qu’Armée et Nation sont étroitement imbriquées. L’armée fait partie de la nation et la nation, quoique l’on dise, a besoin de l’armée pour la sécurité et la quiétude. Aussi, les civils étant considérés comme des militaires de réserve, donc quand l’armée active et l’armée de réserve se battent, c’est la grande armée (le Burkina Faso) qui se trucide.
Le Président du Faso l’a bien relevé en disant que l’Armée doit être complètement engagée avec la Nation, aussi bien dans les dures épreuves que dans les moments de joie.

C’est ainsi qu’une Nation, dans sa globalité, peut faire solidairement face à toutes les épreuves de sa vie. Il était donc temps, voire judicieux, que l’armée travaille à améliorer son image aux yeux du citoyen lambda. Cela passe par le bannissement des actes et des comportements qui ternissent l’éclat du treillis. L’armée ne doit pas incarner la violence mais celle d’hommes et de femmes faiseurs de paix, des protecteurs des faibles en tout temps et en tous lieux. La tenue militaire aura tout son respect et sa considération par d’abord le comportement exemplaire de ceux qui la portent.

Le renforcement des liens entre l’armée et les autres composantes de la nation burkinabè ne peut se faire, si le militaire suscite encore des craintes chez nombre de citoyens. La déontologie militaire s’exprime par la notion de force maîtrisée. Un soldat qui bande les muscles à tout bout de champ, qui s’en prend sans raison à ceux qu’il est plutôt censé protéger, peut être craint mais pas respecté.

L’armée burkinabè est tributaire de la communauté nationale. La qualité de son recrutement, l’effort financier consenti, l’aptitude à reconvertir ceux qui sont en fin de carrière, les conditions d’existence dans les garnisons sont à la base de la constitution d’une armée de qualité. Tous ces facteurs dépendent en partie de l’adhésion de la communauté nationale à cette armée.

Il importe que l’institution militaire se fasse bien connaître des civils, afin que ceux-ci prennent mieux en compte sa spécificité et les exigences qui en découlent. Il est en outre nécessaire que l’armée soit à l’écoute de la nation, en phase avec elle, avec ses problèmes et son évolution. La symbiose entre l’armée et la communauté nationale est une nécessité vitale. Il s’agit pour les militaires à la fois de se faire connaître et de se faire apprécier par les civils. Il s’agit aussi pour les civils de savoir mais surtout de comprendre la philosophie militaire. La différence ne doit pas être un obstacle. La vérité scientifique selon laquelle deux corps de signes contraires s’attirent est également une vérité sociale même si... Alors, pourquoi une bonne cohabitation entre civils et militaires seraient impossible ?

Comme le disent les spécialistes des armées, la force, rigoureusement suffisante et proportionnelle aux effets à obtenir, devra être strictement adaptée au but poursuivi, qui est toujours le rétablissement de la paix. Elle doit enseigner les attitudes et les modes d’action dissuasifs, plutôt qu’une logique systématique de guerre totale et dévastatrice.
L’armée gagnerait à faire vivre des communautés militaires unies dans la discipline et dans la fraternité d’armes. Dans l’exercice de l’autorité, en ce que, combinant fermeté et fraternité d’armes, il revient à la hiérarchie militaire de nourrir l’âme collective, de dynamiser le groupe et de donner un sens à l’action. Il s’agit d’aider l’individu à exprimer le meilleur de lui-même au profit de l’objectif commun, avec un sens marqué de loyauté, de solidarité et d’initiative.

Notre armée, partout où elle est sollicitée doit servir le Burkina Faso et les valeurs universelles dans lesquelles elle se reconnaît. L’action militaire, on le sait, sert toujours un but politique qui est celui du Burkina Faso, défini par les autorités politiques légitimes auxquelles l’armée est strictement subordonnée, dans la loyauté, la franchise, la transparence et la confiance réciproque.

De son côté, l’armée a aussi des attentes vis-à-vis des civils. L’armée trouve en effet une source d’inspiration puissante dans la reconnaissance de son action par la nation. Tant que la nation continuera en temps de paix, de voir l’armée comme une institution inutile, budgétivore, envahissante, le fossé entre civils et militaires restera grand et profond. Et pourtant, combien de vies sont sauvées chaque jour grâce aux sapeurs-pompiers, et aux personnels soignants de l’armée ? Combien de routes ou de barrages ont été réalisés grâce au génie militaire ? On se souvient encore de la grande mobilisation des forces armées et de sécurité lors du déluge du 1er septembre 2009 dans la capitale burkinabè. L’armée burkinabè reste également un des ambassadeurs de la paix sur des terrains difficiles comme le Darfour. Elle a besoin que sa communauté d’origine soit seulement reconnaissante de son action, même en temps de paix, au lieu de la peindre indéfiniment en noir.

L’expression selon laquelle « Les civils constituent un champ de récolte pour les militaires ! » très en vogue au sein de l’armée congolaise ne doit pas avoir droit de cité dans notre pays. En septembre 2011 au Tchad, une rencontre sur « les relations civilo-militaires dans une démocratie », a été organisée par l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique. Le co-animateur de la session, le colonel américain à la retraite, Eugene Michael Mensch, a insisté sur le professionnalisme du militaire. Pour lui, « être professionnel, c’est avoir de l’expertise, de la responsabilité et un sens élevé d’unité ». Il enseigne que, les militaires ont une profession qui consiste à gérer la violence. Pour ce faire, explique-t-il, les armées ont besoin d’hommes formés et outillés pour gérer cette violence et défendre la patrie. Cette profession des armes distingue les militaires des autres professions.

Le colonel Mensch insiste sur le fait que le militaire doit être professionnel et recommande les Etats à former les soldats. « Nous devrions montrer à la population que nous disposons des compétences nécessaires. Nous devrions leur démontrer aussi que nous militaires, avons confiance aux civils pour que eux aussi aient confiance en nous ». « Militaires et civils doivent s’accepter », a-t-il soutenu.
Au Burkina Faso, le rapprochement entre les deux parties pourraient se poursuivre par l’élaboration d’un plan d’action pour guider la mise en œuvre de futures activités par les civils et les militaires, ensemble, main dans la main.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr)

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 6 novembre 2012 à 07:34, par Aziz En réponse à : Editorial de Sidwaya : Armée-Nation, un amour possible

    Un Amour impossible a trouver. Rappellez-vous, monsieur Zida, que le Burkina est dirige depuis 1966 sans discontinuer au plus haut sommet de l’Etat par...l’Armee, sans possibilite d’alternance par les urnes, sinon que par les balles de Kalachnikovs !

    Quel amour ? Quelle armee-nation ?

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique