LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Blaise Compaoré : Un président pas très domestique !

Publié le dimanche 16 septembre 2012 à 23h15min

PARTAGER :                          
Blaise Compaoré : Un président pas très domestique !

Excédés par les frasques de leur hyper-président Nicolas Sarkozy, les Français ont choisi un « président normal », en mai dernier, à sa place. Ici au Faso où l’alternance n’est pas la chose la mieux partagée, force est de constater qu’en plus de casquer un quart de siècle à la tête de l’Etat, notre Blaiso national reste non seulement un président peu domestique, mais qui semble aussi être peu intéressé par les affaires domestiques. Ces dernières années, il a remporté toutes les médailles de la médiation et de la facilitation. Pendant qu’il est toujours parti ailleurs ou qu’il s’occupe des affaires des autres pays, les Burkinabè n’auraient-ils pas aussi besoin de le sentir un peu plus proche de leurs problèmes quotidiens ?

Loin d’être un mystère, le problème de la proximité de Blaise Compaoré par rapport aux équations quotidiennes de ses compatriotes est aussi vieux que son régime. On le sait naturellement réservé, distant, voire froid. Même en période électorale, il a rarement donné l’image d’un tribun, passionné du verbe. Pour certains de ses proches, son « point fort » résiderait dans cette capacité à savoir garder le silence, même lorsque la rue tonne de revendications, à savoir rester indifférent, même lorsque tout le monde attend que le président monte au créneau.

Sauf méprise, les dernières interviews véritables qu’il a accordées aux médias l’ont été l’année dernière, après la vague de contestations populaires et des mutineries répétées de 2011. Même là, il a été plus bavard à l’extérieur qu’à l’intérieur de son pays. Alors qu’il s’efforce de répondre aux questions de nos confrères de TV5 ou de France 24 à Paris, ici, à Simonville, le PF est plus abonné à la lecture de discours bien policés. Depuis sa mémorable sortie télévisuelle du 6 septembre 2007 où il s’était prêté aux questions de nos confrères Pascal Thiombiano de la TéNéBreuse, Rémi Dandjinou de Canal 3 et Marcelline Ilboudo de Sidwaya, il n’a plus jamais osé cet exercice qui est pourtant la preuve par excellence qu’il y a toujours un capitaine dans le bateau.

En plus de son calme ou de son silence -c’est selon- légendaire, le Blaiso national semble plus préoccupé par la résolution des problèmes des autres pays que par ceux qui mettent les Burkinabè en colère au point que certains poussent le bouchon jusqu’à mettre le feu à la baraque. Si les Burkinabè sont assez partagés sur les succès dont on le félicite dans la résolution des crises togolaise, guinéenne et ivoirienne, c’est bien parce que certains ont le sentiment qu’il pouvait avoir mieux à faire chez lui que d’aller s’emmegder dans ces galères.

Les avis ne sont pas moins timorés aujourd’hui sur sa capacité à régler la crise malienne ; c’est bien parce que son implication dans cet autre bourbier n’est pas suffisamment expliqué par lui-même.
En effet, on a très peu entendu le président justifier du temps, de l’énergie et des ressources humaines qu’il dépense pour ses différentes médiations et facilitations. Sa propension à être plus porté vers les affaires extérieures que domestiques achève de convaincre que le gouvernement aurait pu faire l’économie d’un ministère chargé de la diplomatie.

Car si ce département existe bel et bien, c’est en fait le Blaiso qui semble faire le plus gros du boulot. Une situation qui pouvait se comprendre du temps où il n’avait pas de ministre des Affaires étrangères qui avait le profil de l’emploi. On croyait voir les choses changer avec un missi dominici de la trempe de Djibrill Bassolé. Mais hélas. Les ailes internationales du Blaiso sont si actives qu’elles ne lui laissent plus le temps de s’occuper du train-train quotidien de ses compatriotes.

Certes, des langues trop fourchues objecteront que le Faso jouit d’une stabilité sans comparaison avec la plupart de ses voisins et qu’il n’y a pas péril en la demeure. Mais cet argument commode et trivial est d’autant plus facile à réfuter que la fonction présidentielle ne saurait se réduire uniquement à maintenir son pays stable. Les Burkinabè ont autant besoin d’être rassurés sur le présent que sur un avenir assez immédiat face à la crise économique mondiale aux conséquences toujours béantes sur l’économie, le social et la santé. Pour nous avoir embarqués, en novembre 2010, dans un programme qui était supposé nous amener à « bâtir ensemble un Burkina émergent », Blaise a le devoir de nous dire quand aura lieu cette émergence et par quels signes concrets nous pourrons la reconnaître.

Mieux, les électeurs qui ont voté pour lui à la dernière présidentielle -ne serait-ce qu’eux- ont besoin de le voir un peu plus proche des problèmes qu’ils vivent. Il ne fait du mal à personne de voir le président rendre visite aux malades à l’hôpital ou encore partager un repas avec les personnes âgées.

Malheureusement, les seuls théâtres sur lesquels on voit le président du Faso sont ceux des très orchestrés fora des jeunes, la journée nationale du paysan et le forum national des femmes. En dehors de ces manif’ très officielles qui impliquent la majorité de la population burkinabè, on voit très peu le Blaiso dans des situations ordinaires de la vie du citoyen lambda. Non qu’il faille descendre aussi bas dans les gargotes pour toucher du doigt les réalités du mwi-zindo ou encore de la bière et des brochettes.

Mais plus on verra l’enfant terrible de Ziniaré domestique et proche de ce qui réjouit ou fâche les Burkinabè, moins on aura l’impression d’avoir affaire à un hyper-ministre des Affaires étrangères ou à un roi du Burkina, mais simplement à un président normalement préoccupé des affaires ordinairement ordinaires de ceux qui l’ont élu ou réélu.

F. Quophy

Journal du Jeudi

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 16 septembre 2012 à 23:39, par Ousmane En réponse à : Blaise Compaoré : Un président pas très domestique !

    une foi de plus ! MERCI Blaise.

  • Le 17 septembre 2012 à 02:39, par migef En réponse à : Blaise Compaoré : Un président pas très domestique !

    le griot de blaise

  • Le 17 septembre 2012 à 10:48, par Kdoul En réponse à : Blaise Compaoré : Un président pas très domestique !

    Que voulez-vous qu’il fasse s’il n’a pas de probleme avec son peuple qu’il a su dompter ?Que voulez vous qu’il vous dise ?Ce pays l’appartient,il en fait ce qu’il veut,bientot le petit frère va prendre le relai pour assurer la continuité dans la préservation de leur patrimoine.Pour qui croyez-vous que Koosyam a été érrigé ?Tant pis !

  • Le 17 septembre 2012 à 11:55, par HommeIntergre En réponse à : Blaise Compaoré : Un président pas très domestique !

    Baiso n’est là pour vous.Il cherche le PRIX NOBEL DE LA PAIX,chose difficile voir impossible car son passé est très sale.tampis pourceux qui l’ont voté

    • Le 17 septembre 2012 à 14:42 En réponse à : Blaise Compaoré : Un président pas très domestique !

      ceux qui l’ont aider à salir son passé ne sont pas loin de ceux qui attribuer les prix nobel donc ne nous étonnons pas si un jour il remporte ce prix nobel de la paix.Hé d’ailleurs meme ca va nous arrangés comme ca en 2015 il va quitter le pouvoir tranquille sans soubresaut et le burkina pourra prendre un vrai envol si et seulement si le peuple n’ecoute pas son estomac aux elections de 2015.

  • Le 17 septembre 2012 à 12:04, par YYY-yama yaa yiime. En réponse à : Blaise Compaoré : Un président pas très domestique !

    Blaise est au pouvoir depuis 1982 (secretaire permanent du CSP, puis numero 2 et ministre de la JUSTICE sous la revolution). Il nous connait assez. Pourquoi voulez-vous qu’il fasse comme les presidents des autres pays ! visiter des grands chantiers ? inaugurer des CSPS ou barrages ou ecoles ? pouquoi ? qu’est-ce qu’il va gagner dans ca ! oui, Africable nous montre les autres presidents le faire dans leur pays. Et alors ! Un voyage de Blaise en RCI d’une nuit coute 50 millions a cause des perdiems et autres. Et alors ! de toutes facons, LAT est la apres Tertus et Yonli et Kadre et Roch et Youssouf pour visiter ou inaugurer les chantiers, lutter contre la corruption, parler au peuple par des points de presse. Blaise lui, voyage, reconcilie, fait des mediations et empoche ses commissions. Mais comme les moutons sont plus nombreux que les burkinabetes, que faire ! tond yama yaa yiime (lancons le mvt YYY ou 3Y ou triple Y)

  • Le 17 septembre 2012 à 14:51, par Alexio En réponse à : Blaise Compaoré : Un président pas très domestique !

    Voyez chers lecteurs,nous sommes en Afrique.Un President qui parle beaucoup a l exterieur mais peut a l interieur.Ni Sarko,ni Hollande peut se permettre ce luxe- la.

  • Le 17 septembre 2012 à 15:07, par Kader En réponse à : Blaise Compaoré : Un président pas très domestique !

    Merci le Blaiso permets- moi de te tutoyer,n’oublie pas aussi de négocier avec les barbus pour le recrutement je suis au chomage

    • Le 17 septembre 2012 à 15:44, par diratou En réponse à : Blaise Compaoré : Un président pas très domestique !

      Belle appréciation d’une réalité hélas non contestable. Si le peuple ne sent plus son roi présent, même s’il ne peut douter de l’intérêt qu’il lui porte, cela pourrait lui porter préjudice. Espérons seulement que le Blaiso lira vos inquétudes ou que ceux qui sont chargés de lui en faire le résumé le lui feront !

  • Le 17 septembre 2012 à 15:50, par BARTOS En réponse à : Blaise Compaoré : Un président pas très domestique !

    Le Burkina va mal, mais les affaires de Blaise prospèrent, où est donc le problème ? il n’y a pas de pb !

  • Le 17 septembre 2012 à 16:59 En réponse à : Blaise Compaoré : Un président pas très domestique !

    Sachez une chose, blaise est l’exemple type du vrai Burkinabè. AUCUN patriotisme. Je suis Burkinabé et fiert de l’etre, mais je le dis, le burkinabé n’aime pas son pays. Mon boulot me fait voyager bcp dans toute l’afrique, et s’il y a une chose qui m’a plus chez tous les pays, c’est que la population est patriote. Monter moi dans le burkina des réalisations faites par la diaspora burkinabé. Allez-y dans les autres pays, vous verrez la différence.
    je ne supporte pas Blaise, je ne l’ai jamais aimé, je n’ai jamais voté pour lui, mais je ne lui en veu pas non plus, car il est a l’image de son peuple.
    Arrêtez de vous plaindre. si vous voulez que le Burkina évolue, que chacun commence par mettre de la terre devant sa maison quand il pleut pour empêche l’eau de stagner, au lieu d’attendre la mairie. Que chacun commence a investir pour le développement du pays plutôt que pour soit même.

  • Le 17 septembre 2012 à 17:03, par koosnana En réponse à : Blaise Compaoré : Un président pas très domestique !

    Arrêter de nous emmerder avec des articles qui n’ont pas de sens d’être publié.
    Un président n’est pas un comédien de planche dont ;on a laisse l’impression que c’est le fait de paraitre de jouer cette comédie sans réelle intérerêt avec la réalité des burkinabé.

  • Le 17 septembre 2012 à 17:22 En réponse à : Blaise Compaoré : Un président pas très domestique !

    Mariam SANKARA a écrit une lettre au président français François HOLLANDE, pourquoi le faso n’a pas cette information, ou bien vous refusez de le mettre en ligne. La lettre est entierement en ligne sur jeune afrique, alors il faut en parlé

  • Le 17 septembre 2012 à 17:28, par El présidenté En réponse à : Blaise Compaoré : Un président pas très domestique !

    je ne suis contre le fait que son excellence sois médiateur mais la question que nous devons nous poser est : que gagne le burkina dans toute ses médiations et profit il à tous les burkinabés mais surtout comment le burkinabé est perçu à l’ étranger ?

  • Le 17 septembre 2012 à 19:15, par N’dabi En réponse à : Blaise Compaoré : Un président pas très domestique !

    Bien dit ! cependant, ça manque du du piquant.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?