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Autant le dire… : La politique du ventre est de retour

Publié le lundi 23 juillet 2012 à 23h59min

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Au fur et à mesure que les élections couplées de décembre avancent, les intentions de certains hommes politiques se précisent. A travers ce qu’il est convenu, depuis des temps, d’appeler la politique du ventre. Dans plusieurs villages rattachés à la commune de Dédougou, des conseillers municipaux naguère membres de l’Union pour la République de Toussaint Abel Coulibaly ont rendu le tablier à leur président pour d’autres formations politiques. Les raisons, le député et ministre de l’UPR n’aurait pas satisfait aux promesses qu’il a faites pendant la dernière campagne. Un conseiller est même allé plus loin en disant qu’il n’aurait pas « été capable d’offrir des téléphones portables à des conseillers qui le lui ont demandé ». En outre, les conseillers en veulent à Toussaint Able Coulibaly parce qu’il ne s’est pas occupé du développement de leurs localités.

Avant ces conseillers de l’UPR, à Banfora l’actuel maire Souleymane Soulama qui était l’un des poids lourds du Rassemblement démocratique du Burkina (RDB) a claqué la porte du parti qui l’a porté à la mairie pour le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Une démission qui n’aurait pas fait du bruit s’il ne s’agissait pas d’un maire en activité. Idem à Bérégadougou où le maire lui aussi Soulama a démissionné au profit du CDP. Là encore, il n’y aurait pas eu du bruit si on n’en avait pas fait une cérémonie et s’il ne s’agissait pas d’un maire, fut-il d’une commune rurale.

A Péni, les anciens militants du Congrès pour la démocratie et le progrès qui avaient quitté le navire pour des divergences de points de vue, ont fumé avec leurs anciens camarades restés à la « maison » le calumet de la paix. En revenant à la « maison commune » pour poursuivre le combat du développement de leur localité.
Ces démissions, retours ou autres formes d’adhésion à des formations politiques en ce moment ne surprennent guère. Les élections couplées législatives et municipales de décembre sont sans aucun doute, la principale cause. Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que ce sont des mouvements politiques qui ne rendent pas le paysage politique stable.

Et de ce fait ne permettent pas une lisibilité claire des forces et faiblesses des formations politiques. Ce nomadisme politique, puisqu’en réalité, c’est de ce cela qu’il s’agit, montre à quel point notre classe politique est immature. N’est-ce pas pour cela qu’un conseiller des affaires étrangères au Quai d’Orsay a dit que le Burkina Faso n’a pas de classe politique ?

En effet, quand la politique se résume au ventre, il est tout à fait vrai qu’il n’y a pas de classe politique, pas d’idéal politique, aucune conviction. Et cela est d’autant plus vrai que ça s’est toujours passé à l’orée d’élections, notamment de proximité. Pour preuve, certains hommes politiques qui se croient suffisamment populaires n’hésitent pas, et ce « honteusement » à dire que si on ne me met pas sur la liste, je quitte et je vais ailleurs. Pour montrer que je peux réussir ailleurs. Voilà des comportements politiques qui sont tout à fait aux antipodes d’un quelconque idéal. Sinon, pourquoi quitter une formation politique dont on a épousé pendant longtemps les convictions pour rejoindre une autre qu’on a combattue pendant ce temps ?

Malheureusement de ce côté, on les accueille à bras ouverts ; tout en sachant que ce sont les adversaires d’hier et qu’ils sont en mesure de changer de ligne d’un moment à l’autre. Car, ce qui les guide, c’est plutôt leurs propres intérêts que ceux du parti, encore moins du pays. Des hommes politiques de cette catégorie doivent avoir honte de leur comportement. En aucun cas, ils ne donnent pas le bon exemple à la jeunesse qui a besoin de repères pour avancer et construire la nation. Quand on n’est pas content d’une formation politique, on vote contre. Souvent sans faire du bruit. C’est plus efficace.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 24 juillet 2012 à 04:19, par Rody En réponse à : Autant le dire… : La politique du ventre est de retour

    Merci de nous rappeler cette triste réalité. Le temps des rapaces a sonné avec les élections de Décembre 2012. On ne le dira jamis assez : militer par conviction et non pour un intérêt donné qui s’use certainement avec le temps. Mais mettez en avant l’intérêt général. Nous n’avons vraiment pas de classe politique chez nous au Faso. C’est plutot une cliquaille de malfrats qui se fait une place au soleil. Pauvre de nous !

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