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Enquêtes parlementaires : Jusqu’où iront les députés fouineurs ?

Publié le vendredi 20 juillet 2012 à 00h23min

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Il était donc possible aux députés de montrer comment certains Burkinabè se liguent pour manger l’argent du peuple. Pour la première fois dans l’histoire du Parlement, ils ont réussi la prouesse de décortiquer les ficelles des marchés de gré à gré, des commandes et des paiements biscornus, mais aussi des véritables machines de gaspillage et de détournement de deniers publics. Ils ont prouvé que la transparence et l’orthodoxie dans la gestion des affaires publiques ne devraient pas être un vain mot, surtout dans ce pauvre pays très endetté et très dépendant de l’aide extérieure. Et maintenant, que faut-il faire pour que ces sales affaires détectées par les députés ne se répètent plus ? Telle est la grande question.

Force est de constater qu’il a fallu du courage à l’Assemblée nationale pour aller jusqu’au bout, c’est-à-dire à la publication, même partielle, des résultats d’une enquête parlementaire sur des éléments aussi sensibles que « les subventions dans le secteur de la santé » et le « marché public ». Même si cela arrive à la fin d’une législature, la 4e de la IVe République, il vaut peut-être mieux tard que jamais.

C’est tout à l’honneur d’un Parlement burkinabè qui, à force de jouer à accompagner le gouvernement, a fini par émousser cette prérogative essentielle qui consiste au contrôle de l’action gouvernementale.
Après plus de deux décennies, il était temps de rompre avec cette race de députés aux boubous d’apparat pour celle d’hommes et de femmes qui descendent de leur tour d’ivoire et mettent la main sur les plaies de la misère du peuple. C’est à l’honneur de Roczilla et de ses honorables députés d’avoir initié ces enquêtes parlementaires qui provoquent des remous dans certains services et administrations concernés.

Ainsi, à la Centrale d’achat des médicaments génériques (Cameg) où la commission d’enquête parlementaire a effectué un checking global de cette entreprise stratégique, la rumeur enflait sur une éventuelle démission du boss de la boîte. De source bien introduite, ce serait plutôt le directeur général lui-même qui aurait proposé sa démission à sa hiérarchie qui ne l’aurait pas trouvé opportune pour le moment. Empêche-t-on Lazare Banssé de prendre ses responsabilités, ou voudrait-on laisser le temps au temps comme on dit ? Il ne faut peut-être pas aller trop vite en besogne. Le tout ne devrait pas être de régler des comptes ou de rendre le tablier, mais de corriger les graves erreurs de gouvernance relevées par l’enquête parlementaire et surtout de faire en sorte que ces dysfonctionnements ne soient plus la règle de gestion des marchés publics.

Le rapport de la commission d’enquête parlementaire est d’autant plus édifiant qu’il montre que les marchés publics sont devenus une grosse fenêtre ouverte sur la corruption et le détournement des deniers publics. Des pratiques sournoises qui ont pour dénominateur commun les contrats de gré à gré. Il suffit de faire une lecture croisée des attributaires des principaux marchés de ce genre pour se rendre compte que c’est presque les mêmes qui en bénéficient. Ce qui suppose la mainmise d’un lobby sur certaines administrations publiques.

Ainsi en est-il de la Sociétés nationale d’aménagement des terrains urbains (Sonatur) plusieurs fois épinglée par les députés. Parmi les entreprises dont les noms sont revenus plus souvent dans ces transactions en eaux troubles, on dénote Kara Sacba/TP et Ebomaf. Quand on sait que Radio Koulouba, la FM la plus écoutée des Simonvillois, attribue la propriété de ces entreprises à des personnes très proches de la famille présidentielle, on se demande si les députés n’ont pas fait que révéler tout haut ce que tout le monde disait tout bas. En tout cas, les constats sont clairs pour prouver qu’il y a des liaisons dangereuses pour la bonne gouvernance.

L’Assemblée nationale pose un acte courageusement salvateur en mettant le doigt sur la plaie. Encore faut-il aller au-delà des recommandations de routine formulées par les fouineurs de l’auguste Assemblée. Car, aussi longtemps qu’on se contentera de dénoncer sans véritablement punir, on ne changera pas grand-chose. A la limite, le Parlement n’a fait que confirmer ce que les médias dénoncent depuis belle lurette.

Ce sont du reste les mêmes choses que ressassent les multiples institutions créées ces dernières années pour, dit-on, lutter contre la corruption. Il n’y a vraiment rien de nouveau sous le soleil du Faso.
Le principal mérite des députés est d’avoir prouvé qu’il était possible à eux aussi d’aller farfouiller dans les multiples dossiers sales de la gouvernance du pays des Hommes intègres. Ce sont les médications conséquentes qui manquent le plus.

Le plus important est de savoir jusqu’où iront les députés avec ce rapport d’enquêtes parlementaires qui, de toute évidence, offre au gouvernement le diagnostic nécessaire pour combattre un des maux qui rongent la gestion des affaires et des fonds publics. Auront-ils le courage de pousser le bouchon jusqu’à dévoiler les noms de ceux qui profitent des curieuses largesses dont ont bénéficié les entreprises Kara Sacba/TP et Ebomaf en termes de marchés de gré à gré ?
Il y a de fortes chances que cette enquête parlementaire ne soit qu’un coup d’épée dans l’eau. Surtout pour des parlementaires en prolongation de mandat et qui viennent de se mettre le peuple à dos en s’octroyant des indemnités de retraite. Quand on a la bouche pleine, il est bien difficile de trop parler. Ainsi va le Faso...

F. Quophy

Journal du Jeudi

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Vos commentaires

  • Le 20 juillet 2012 à 11:27, par Député sans honorabilité En réponse à : Enquêtes parlementaires : Jusqu’où iront les députés fouineurs ?

    Mon cher Quophy gombo, les deux sociétés dont les noms reviennent le plus souvent dans les rapports ne font que subir des règlements de compte sans nom. Au delà de tout ce que l’on peut leur reprocher comme participation à cette mauvaise gouvernance, il n’en demeure pas moins que des parlementaires qui ont cherché en vain d’extorquer des sous ou à bénéficier du parrainage politique de ces opérateurs se sont lancés dans un processus de dénigrements à leur endroit. Bientôt, radio koulouba établira la liste des besoins de parlementaires membres des commissions non satisfaits par EBOMAF et SACBA/TP. Comme toi journaleux toujours en quête de corrupteurs, tes enquêteurs ne sont pas aussi exempts de reproche. Ce sont des gomboïstes qui ont saisi une occasion pour se faire valoir. Fouine aussi dans leur honorable milieu et tu comprendras.

    • Le 21 juillet 2012 à 13:27 En réponse à : Enquêtes parlementaires : Jusqu’où iront les députés fouineurs ?

      Mon frère tu as raison.Les elections arrivent encore,ces députés qui veulent que l’on continue à leur payer le sfrais de gestion de leur maîtresse après leur legislature (quand ils seront à la rétraite) veulent nous donner des leçons.Ah ah ah,mon oeil oui.De toute façon soyons vigilants et votons des personnes responsables et dignes de nous representer à l’assemblée.Ils ont déjà gérer nos cpines,puis nos soeurs,puis nos femmes,maintenant si on s’amuse c’est nos.....ils vont attraper.Si vous vouler vraiment developper le burkina comme vous le faites apparaitre haut et fort,voilà une proposition très interressante,allez y à BAGRE ,demande que l’on vous donne chacun une vrai daba,et cultivez dans un champ collectif du riz pour les cantines scolaires,vous servirez mieux le BF.
      EH ?EH ?EH.Mais j’allais oublié.Vous n’avez rien dit sur les cantines que l’on gagne facilement dans le guirotenga ?Ya pasmauvaise gestion et corruption làbà ?

  • Le 21 juillet 2012 à 17:36, par ada En réponse à : Enquêtes parlementaires : Jusqu’où iront les députés fouineurs ?

    Ok admettons que ce que vous dites est vrai. Alors les deputes et la famille compaore lekel choisir.? Vote sanction

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