Pire, j’ai perdu ce qu’on appelle l’espoir footballistique de notre équipe nationale. Les années qui ont suivi n’ont fait que renforcer cette conviction. Mon pays n’est pas une grande nation de football.

Mais ils y croient surtout, monsieur, mon mari (personnage fictif). Je vous explique, ce monsieur ne boit, ne mange, ne dort que par le football. Rien à y faire. S’il y a un match pas question de toucher à la télécommande, de faire du bruit ou de lui poser des questions. Le seul point positif, c’est l’achat rapide d’une télévision pendant la CAN (coupe d’Afrique des nations). Monsieur supportait la Zambie. Voici quelqu’un qui ne connait même pas où se trouve la patrie zambienne mais qui choisit de supporter cette équipe en lieu et place d’une Côte d’Ivoire voisine et sœur.

D’ailleurs à la finale, dans toute la ville, il n’était pas le seul à chanter le fameux « ils ont perdu » comme si apprécier la défaite de son frère était légitime. Je ne comprendrai décidément rien au football. L’enthousiasme était tel que la télévision à succomber aux assauts joyeux. Bon résultat pour moi, la télévision a été changée.

La suite vous la connaissez des défaites et des défaites. Le problème de moi, madame, c’est que lorsque monsieur est fâché, c’est moi qui récolte les pôts cassés. Une fois pour m’amuser, je l’ai consolé par une remarque simple, « chéri t’en fais pas dès demain on va chasser l’entraîneur, le président de la fédération et pourquoi pas le ministre du football ». Il s’était marré. Justement, je ne savais pas que le ministre du Sport s’occupait d’un autre domaine que le football. Le comble, c’est que réellement Douarté a été remercié et beaucoup d’autres gens ont déserté aujourd’hui. Mais pourquoi tant de peines, tant d’investissement dans un sport qui ne nous rapporte que des frustrations ? Aucune coupe digne de ce nom n’a été remportée par nos chers représentants.

Le foot est le sport roi mais seulement pour ceux qui y croient. Voyez le Sénégal avec la lutte, sans complexe, ces braves lutteurs s’illustrent dans les plus hautes sphères sportives et leurs stades ne désemplissent pas. Chez nous les cyclistes sont reconnus. Les joueurs de pétanques, de dames, de boxe, et d’athlétisme ne déméritent pas. Mais ils sont négligés. C’est sûr, ils n’ont pas le centième des sous qu’on injecte dans cette grosse et gourmande machine footballistique. Voyez aujourd’hui Nabaloum boum boum, comparez le à un joueur de 2éme division, rien à voir. Pourtant, il nous a rendu fier à un certain moment de sa vie.

Réveillez vous et prenez des décisions radicales, pourquoi ne pas abandonner cette quête utopiste ? Soyons sincères, croyez vous réellement que cette équipe des Etalons peut remporter un titre africain ? À plus forte raison mondiale ? Si c’était à moi de décider, je les mettrais tous à la retraite pour investir dans les orphelinats et écoles de foot. Dans 5ans maximum, je découvrirai des talents dignes de porter le maillot national. Mais ce n’est pas moi qui décide et jusqu’à preuve du contraire, ce n’est pas notre télévision nationale qui nous passera en direct un combat de lutte de guerriers Samos (ethnies de gros hommes sans cervelles : parentés à plaisanterie !).

Tout est mis en œuvre pour éduquer toutes les générations à suivre la masse de supporters de football. Les sponsors se bousculent pour afficher leurs couleurs parce qu’il s’agit bien d’un marché. Les politiciens même sont rentrés dans la danse. Pour se faire élire on organise à chaque bout de quartier des maracanas.

Histoire : une fois un député nous a déplacé (la presse) à presque 300 kilomètres pour participer à son maracana. Le prix du vainqueur vingt cinq mille (25000) francs CFA, coût du déplacement de 20 journalistes pour relater l’événement, deux millions (2000.000) F CFA. Dans ce pays, on ne fait plus rien pour rien (parole de ma copine Annick).

Le football adoucit les mœurs, quand il te prend, tu ne réfléchis plus que par lui. Remarquez pendant les périodes de championnat, il y a peu de manifestations. Donc du coup, bonus pour nos politiciens. Même si vous ne voulez pas abandonner ce sport, pensez s’il vous plaît aux autres. Alors soyez tolérants. Ce n’est pas tout le monde qui adore de voir 22 grands garçons courir après un ballon.

Bref, je n’y comprend rien et c’est la faute à la CAN 98. N’en demeure que chacun est libre de supporter ou pas supporter un sport.

Le sport est conseiller pour se maintenir mais quand il casse le moral, c’est sûr qu’il faut y réfléchir. Vision radicale d’une petite Raï’S qui rêve tout simplement de voir son pays en haut de l’affiche avec les grands.

Par Bendré