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Editorial de Sidwaya : "Autrefois ici, il y avait des lions, des éléphants..."

Publié le lundi 18 juin 2012 à 01h13min

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« Autrefois vivaient en ces lieux, des animaux sauvages aujourd’hui disparus, il y avait beaucoup d’arbres et les pluies étaient abondantes. » Ces mots sont d’un vieux sage. Assis sous un arbre à peine ombragé, le vieux sage raconte à son petit-fils comment était la nature pour qu’il prenne conscience du fait que du temps s’est écoulé depuis ce que les vieux appelaient  : "à notre temps" et « maintenant ». Ces lieux qui étaient des forêts, ces endroits autrefois boisés, ne sont plus aujourd’hui, que des espaces clairsemés, des savanes, des terrains nus. Aujourd’hui, rechercher un lion ou un éléphant sur ces terrains est plus compliqué que rechercher une aiguille dans une botte de foin. C’est désormais le terrain de jeu favori des margouillats, lézards, serpents, etc. Que s’est-il passé  ? Quelle est la cause de ce changement parfois radical ? interroge le petit-fils.

La réponse est la suivante : l’homme. C’est l’homme qui a tout détruit, tout saccagé. Au fil des temps, se sont développées des politiques et pratiques qui affectent dangereusement la vie des populations à travers le pays. Dans la course vers la production, vers la recherche effrénée du profit, on n’a pas toujours eu le réflexe nécessaire pour préserver la source nourricière.

L’homme a fait preuve d’ingratitude vis-à-vis de ce milieu duquel il tire ses ressources. Ingratitude ! Briser la calebasse dans laquelle on a savouré le lait ou le dolo. Et nous voilà aujourd’hui en train de faire les frais de nos mauvais choix, de nos mauvais comportements. Le problème est suffisamment préoccupant à tous les niveaux : l’occupation et l’ensablement des berges des cours d’eau, l’utilisation abusive et non contrôlée des produits phytosanitaires et fertilisants, l’occupation des forêts pour l’agriculture, la mauvaise gestion des ressources en eau, l’utilisation des forêts comme pâturage, la consommation abusive de bois. La liste des comportements humains « anti nature » est bien longue. Et les problèmes sous-jacents sont assez préoccupants. En effet, on peut citer d’autres torts que l’homme a causés et cause encore à la nature et à notre environnement : la pollution de l’air, la faible utilisation des transports en commun, l’orpaillage, le surpâturage, l’occupation anarchique des terres.

Chacun de ces actes est source de conséquences. Mais le pays est plongé dans un dilemme. Peut-on en effet remettre en cause ces comportements et attitudes sans pour autant compromettre la satisfaction des besoins multiples et multiformes d’une population sans cesse croissante ? Situation donc difficile. Equation difficile à résoudre, mon enfant. Il faut pourtant s’engager résolument vers le développement durable, c’est-à-dire ce type de développement qui permet de satisfaire les besoins du présent sans compromettre la possibilité pour les générations futures de satisfaire les leurs. Il s’agit de ne pas tuer la poule aux œufs d’or au risque de n’avoir ni œuf ni poule.

Il est temps que les populations prennent conscience du danger et évaluent les risques potentiels. Il faut de plus en plus inciter les populations à cultiver des réflexes de protection de l’environnement. Il est temps de bannir les modes non durables de consommation et leurs impacts sur l’environnement.

Pendant longtemps, on a péché par ignorance. Il n’est plus question de persister dans l’erreur vu que les conséquences d’une mauvaise gestion des ressources naturelles font partie des choses les mieux partagées.

La conférence de Rio+20 du 20 au 22 juin, est une occasion pour ramener ces préoccupations au centre des débats. La question sur la protection de l’environnement, la protection des ressources naturelles n’est pas une préoccupation facultative. C’est une question de vie. Selon le journaliste et écologiste français Nicolas Hulot, "La société dans laquelle on vit ressemble à une espèce d’avion de ligne où tous les voyants seraient au rouge dans le cockpit et qu’à l’arrière, on continue à boire du champagne soit éventuellement à se quereller". Insoucieuse ou fatalité ? Toujours est-il, mon fils, que la situation est préoccupante. La protection de l’environnement doit être un réflexe au quotidien. Ce n’est pas l’affaire du gouvernement seul, c’est avant tout, l’affaire de chaque Burkinabè et citoyen du monde tout court.
Lors du dernier point de presse en date, le ministre de l’Environnement a informé de la volonté du gouvernement de faire voter une loi sur les sachets plastiques.

Cette mesure forte est à saluer en ce sens qu’elle permettra de lutter véritablement contre le péril noir. Les sachets ont fait trop de dégâts. Les hommes, les animaux, la végétation, la nature, les cours d’eau, chacune de ces entités a beaucoup souffert du diktat du sachet. Le règne sans partage du sachet a fini par occasionner une grande destruction de l’environnement au Burkina Faso. Une telle annonce à la veille du Sommet de Rio+20 redonne de l’espoir et de l’espérance. Il faut cependant que d’autres actions vigoureuses et rigoureuses suivent pour mettre les gens au pas dans la dynamique de respect et de protection de l’environnement. Le cyanure, le mercure et d’autres produits néfastes utilisés dans l’extraction de l’or méritent aussi d’être réglementés et surveillés. C’est dire que le chantier est vaste, et que la lutte doit être engagée sans attendre.

C’est maintenant qu’il faut engager le combat pour la préservation de l’environnement. Sinon, mon enfant, demain, il sera déjà trop tard ? ! Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière asséchée, le dernier poisson pêché, l’homme, le Burkinabè va s’apercevoir que l’argent n’est pas comestible. Retiens ceci : la terre, est sous nos pieds, elle nous supporte couché, debout ou marchant. Elle nous donne à manger et à boire. Elle nous accueille au début comme à la fin de nos jours. La terre est notre mère. Tout ce qui arrive à la terre arrive aux fils de la terre. La terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre. Lorsque les hommes crachent sur la terre, ils crachent sur eux-mêmes. Prends garde mon enfant, ne pose jamais un acte qui offense la terre. Ne fais pas comme nous.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr)

Sidwaya

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