LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Autant le dire… : Il faut mettre fin à cette récréation

Publié le vendredi 8 juin 2012 à 02h08min

PARTAGER :                          

Un attributaire de parcelle se rend dans un secteur pour identifier sa parcelle. Sans doute pour entreprendre des travaux de construction. Des individus mobilisés dans le secteur, pour quelles raisons on ne sait, se ruent sur lui et incendient son véhicule. Il a dû avoir la vie sauve grâce à l’agilité de ses jambes. Et pourtant, le gouvernement a bien levé la mesure d’interdiction des lotissements. Une levée que les populations dans leur grande majorité ont souhaitée.

Deux habitants ont des difficultés de cohabitation. L’un saisit la justice pour menace de mort. Le procureur confie l’enquête à la police. Convoqué pour être entendu, l’intéressé ameute tout son entourage qui se mobilise et se rend à la police pour exiger sa libération. Avec force, alors qu’il n’y était pas détenu. Voilà un pays où on veut la justice, mais quand elle s’applique aux autres et non à soi.

Heureusement qu’à la police, la hiérarchie a su user du bon langage pour éviter l’affrontement avec les manifestants. Mais, les observateurs de la scène étaient dans leur grande majorité remontés contre de tels agissements. Car, « trop c’est trop. Il faut qu’on arrête ces choses-là ». Car, les proportions que sont en train de prendre les comportements de certains individus qui se substituent à la loi sont bien dangereuses. En tout cas, si l’Etat ne fait rien pour protéger ceux qui pensent que force reste toujours à la loi. Pendant combien de temps, les honnêtes citoyens vont attendre que leurs droits soient bafoués par de tels comportements, suffisamment anarchistes ?

Quand on n’est pas d’accord avec une situation donnée, un point de vue spécifique, on a toutes les voies de recours pacifiques pour se faire entendre. Sur tous les toits qu’on veut. Mais dans le respect de la différence de l’autre.

C’est pourquoi, il semble de plus en plus, à la fois urgent et impératif que nous sachions raison garder et faire confiance à la justice, aux vertus du dialogue dans le respect réciproque, si nous voulons réellement la paix pour notre pays. La minorité bavarde, activiste et spontanée ne peut continuellement défier les institutions de la République. Elle ne peut non plus continuer encore longtemps à faire « la bamboula » dans les jardins du peuple, de la majorité silencieuse. C’est par respect sans doute et surtout par souci de préserver la paix dans le pays que certaines choses sont tolérées.

L’adage dit que quand le plus fort se laisse marcher sur les parties intimes, ce n’est pas par peur ou par inconscience, mais c’est surtout parce qu’il pense qu’il doit subir et accepter les bobos du plus faible pour préserver le vivre-ensemble, la paix en un mot. Mais peut-il continuer à se laisser marcher dessus ?

Aussi, il paraît que l’Etat doit de plus en plus se faire sentir pour protéger véritablement ceux qui croient en lui, en sa force et en ses institutions. A défaut, il faut craindre que les Burkinabè ne soient amenés à se défendre eux-mêmes. Parce que l’Etat, la force publique, aura été absent là où il est attendu.

Mais en attendant, les Burkinabè doivent redoubler d’effort pour mieux se pardonner, se comprendre et vivre ensemble.
La violence systématique n’est pas un comportement burkinabè. L’intolérance n’est pas une vertu burkinabè. La délation et la médisance ne font pas partie des valeurs qui caractérisent le Burkinabè. L’injustice n’est pas synonyme de Burkinabè. Que ceux qui manipulent, qui appellent à la vengeance et qui soufflent sur les braises sachent une seule chose que « ça ne se passera pas derrière eux ». Et que les victimes (touchons du bois), ne sont pas toujours ceux qu’on croit. Que Dieu protège le Faso.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 8 juin 2012 à 12:22, par TENGEMBIIGA En réponse à : Autant le dire… : Il faut mettre fin à cette récréation

    tout à fait d’accord avec vous. Il faut que cette situation cesse. Sinon, nous nous retrouverons progressivement dans un Etat de non droit. Si c’est cela qu’on préfère à l’impunité, nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge, loin de là...
    Que l’autorité de l’Etat soit restaurée pendant qu’il est encore temps.

  • Le 8 juin 2012 à 13:42, par Koutou En réponse à : Autant le dire… : Il faut mettre fin à cette récréation

    Bien dit. Malheureusement ces vandales ne lisent pas ce que vous écrivez. J’ai vraiment peur pour ce pays. Le bon sens voudrait qu’on arrête maintenant ces agissements barbares parce que je crois que ces "sans cullote" ont suffisamment dicté leur loi et contribué à changer la donne et les rapports de force si bien que rien n’est déjà plus comme avant. Mais il ne faut pas abuser. Je ne sais vraiment pas comment on pourra revenir à la quiétude d’avant que le Burkina connaissait.

  • Le 9 juin 2012 à 18:25, par L’Insti’t En réponse à : Autant le dire… : Il faut mettre fin à cette récréation

    Cette crise de confiance entre l’Etat et les populations s’est installée lentement et profondément dans les esprits au cours de plusieurs décennies ; elle ne pourra disparaître que de la même manière. Malheureusement, on ne peut attendre aussi longtemps ni supporter ce nouveau système favorable aux pêcheurs en eau trouble. La quiétude d’entant du Burkina ne peut revenir qu’après un chaos total. Les survivants rétabliront un vrai Etat de droit. Je suis pessimiste quant à l’avenir de notre pays. J’espère de tout coeur me tromper !

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique