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Politique africaine de la France : "Hollande ne doit pas faire comme Sarkozy"

Publié le mardi 8 mai 2012 à 01h27min

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François Hollande est, depuis le dimanche 6 mai 2012, le président de la République française. Si pour certains Burkinabè qui ont suivi avec intérêt cette élection, le départ de Nicolas Sarkozy était prévisible et même imminent, pour d’autres, l’ancien locataire de l’Elysée méritait de renouveler son bail à la tête de l’Etat français. A notre micro, tous n’ont pas manqué de dire ce qu’ils attendent du nouveau président français.

Issa Ildevert Bébané, élève fonctionnaire à l’Ecole nationale de l’administration et de la magistrature

"Je me réjouis des résultats de l’élection présidentielle en France. Je ne supportais pas en particulier un candidat. Mais tout ce que je souhaitais c’était le « tout sauf Sarkozy ». En termes de perspectives, j’imagine que les choses vont changer. Surtout que François Hollande a laissé entendre qu’il mettra fin à la Françafrique. Je reste tout de même sur mes gardes puisque le président Sarkozy avait promis la même chose, mais en définitive, rien n’a changé dans sa politique extérieure. Bien au contraire. Sarkozy a renforcé ses relations avec Ali Bongo, Alassane Ouattara, Blaise Compaoré, etc. Etant donné que les amis de Sarkozy ne sont pas forcément ceux de Hollande, je me pose des questions sur ce qu’ils vont devenir. François Hollande va-t-il continuer à collaborer avec eux ? J’espère que non. J’espère en tout cas qu’il y’aura vraiment un changement et que surtout la politique de la France vis-à-vis de l’Afrique va changer. Au cas contraire, il y’aura une redistribution des cartes parmi les leaders africains."

Boureima Tombiano, militant de l’Unir/PS (Opposition)

"Avec l’élection de François Hollande, c’est évident que la politique internationale de la France va changer de couleur. A écouter les deux candidats nous avons vu qu’ils avaient des vues divergentes quant à la politique extérieure de la France. Mais quant à la politique africaine de la France de façon spécifique, nous ne devons pas nous attendre à un miracle. Il faut que les Africains croient en eux mêmes, qu’ils croient en leur démocratie. Tant qu’il y’aura mal gouvernance, on ne pourra pas nous traiter d’égal à égal, quel que soit le président qu’on élira à la tête de la France. C’est à nous de renforcer nos institutions, avoir une bonne démocratie. Mais tant qu’on aura toujours recours à la France pour venir résoudre nos petits problèmes internes, on ne pourra jamais discuter d’égal à égal avec elle."

Adama Kaboré, étudiant en médecine

"C’est une sanction pour Sarkozy, sinon vu sa carrure, son courage et sa détermination, etc., il méritait d’être réélu. Mais sa politique extérieure surtout vis-à-vis de l’Afrique a contribué à le noyer et à le rendre impopulaire surtout sur le continent. Vous avez vu ce qu’il a fait en Côte d’Ivoire, en Libye et récemment au Mali… Quant à Hollande, il a su contrecarrer Sarkozy, surtout lors de leur face à face. Il a fait des promesses qui, de mon point de vue, sont difficiles à réaliser. Ce qui me laisse croire sans être trop pessimiste qu’il risque de subir le même sort que son prédécesseur. Ce que nous attendons de Hollande c’est qu’il essaie de ne pas traiter nos présidents comme ses élèves mais surtout qu’il se penche sur le cas de nos dirigeants qui sont devenus comme des chefs traditionnels."

Fatma Dicko, étudiante en deuxième année de droit

"Que se soit Hollande ou Sarkozy, moi ça m’importe peu. Ce que je souhaite c’est que la France revoit ses relations avec ses anciennes colonies. Regardez ce qu’elle a fait en Libye, regardez ce qui se passe au Mali. Il faut que François Hollande aide les Maliens à mettre fin à la guerre dans le nord du pays. Voilà mes attentes vis-à-vis du nouveau président français."

Ouéda Mitibkaita, étudiant en première année d’histoire

"J’étais très content du choix opéré par le peuple français. C’est une correction qui a été donnée à Nicolas Sarkozy. J’espère que Hollande va travailler à faire en sorte que la France puisse retrouver son lustre d’antan. J’espère surtout qu’il ne tombera pas dans les travers de Sarkozy et qu’il mettra surtout un terme à la politique hasardeuse de son prédécesseur. Je l’ai suivi tout le long de la campagne et j’avoue qu’il est convaincant. Il va relever l’économie française, ça, j’en suis convaincu."

Asmao Amal-Ismaëla Dermé, étudiante en deuxième année de droit

"Je suis contente pour François Hollande et pour les Français. Sarkozy n’a pas tenu ses promesses. A propos de la politique extérieure de la France, je souhaite que Hollande, chaque fois qu’il agira pour l’Afrique, qu’il le fasse sans état d’âme, mais aussi sans viser des intérêts inavoués. Qu’il ne fasse pas ce que Sarkozy a fait en Libye, juste pour pouvoir profiter du pétrole de ce pays."

INOUSSA OUÉDRAOGO (COLLABORATEUR)

Fasozine

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Vos commentaires

  • Le 8 mai 2012 à 11:12, par Goomsida 1er En réponse à : Politique africaine de la France : "Hollande ne doit pas faire comme Sarkozy"

    Hollande ou Sarkosy, gauche ou droite, les rélations franco africaines ne connaîtront pas un grand changement. elles seront essentiellement basées sur les interêts de la france et rien de plus. ceux qui sont vraiment contents du départ de Sarko sont les présidents africains qui voyait celui ci comme une ménace à tout régime contesté. directement impliqué dans la chute de Laurent Gbago, de Khadafi, Sarko était devenu celui qui decidait du sort des présidents contestés en afrique.

    • Le 8 mai 2012 à 17:26 En réponse à : Politique africaine de la France : "Hollande ne doit pas faire comme Sarkozy"

      Il n’y a aucune raison pour que Hollande face autrement vis à vis de l’Afrique.
      La victoire de Hollande ne nous sort pas du tunnel françafricain. Croire ou espérer le contraire, c’est se bercer d’illusions en plus de méconnaître l’histoire. Et dès maintenant et toujours, nous devons fourbir nos armes, affuter nos machettes de combat, car les peuples, notamment ceux d’Afrique n’ont rien à attendre de la social-démocratie française qui a toujours trahi en tant que force supplétive de l’impérialisme, du colonialisme et du néocolonialisme français.
      Cette victoire de Hollande n’est donc pas la nôtre. Elle est la victoire de l’impérialisme otanesque et de la bancocratie mondiale (FMI-BM-BCE et leurs filiales africaines gérantes du CFA-Francs des colonies d’Afrique) par les urnes contre les peuples et les travailleurs de France et du Pré-carré Françafricain que nous devons déconstruire, démanteler.
      La nôtre, je veux dire notre victoire, sera celle de nos luttes concrètes, sans relâche et sans illusions contre l’impérialisme et le néocolonialisme et l’exploitation des travailleurs. Faute de quoi, il n’y a rien à espérer. Surtout pas des socialistes français, forces d’appoint de toutes les droites françaises !
      Enfin, la victoire de Hollande est celle de l’aille la plus droitière du PS menée par des gens comme M. Valls, Guérini, Colomb et tant d’autres…
      Il faut aussi savoir que pressenti pour le portefeuille des affaires étrangères, L. Fabius a déjà fait le voyage discret en Afrique centrale, chez les « Frères de lumière », la réaction réseautique réunie au Gabon précisément, chez Ali Bongo. De ce point de vue, la Françafrique déborde les liens de vassalisation étatique de cette Afrique restée française (sans peur des mots où un chat est un chat). Cette Françafrique, plus que jamais, apparaît de nos jours sous-tendue par des intérêts partagés d’élites affairistes corrompues organisées en bandes dans des structures réseautiques de connivence maçonnique et pour lesquelles le maintien de la Françafrique constitue le lieu le plus sûr où s’opèrent les appuis politico-financiers réciproques, les renvois d’ascenseurs et les soutiens les plus néfastes à la démocratie. Il est donc clair que les peuples d’Afrique n’ont rien à attendre de la victoire de la social-démocratie française.
      La vraie démocratie populaire en Afrique ne s’imposera que par la victoire des luttes anti-impérialistes et non par des illusions et des alternances sorties d’urnes électorales.

  • Le 8 mai 2012 à 19:34 En réponse à : Politique africaine de la France : "Hollande ne doit pas faire comme Sarkozy"

    Pourquoi devons nous attendre que le changement vienne de chaque nouveau président français qu’il soit de droite ou de gauche ? Tout le monde s’accorde à souhaiter que le coeur du nouveau maitre de l’élysée s’adoucisse soudain et dans une magnanimité condescendante il va nous accorder une hypothétique aide à nous débarrasser des dictateurs en afrique.Pensez ainsi c’est méconnaitre la France et sa politique extérieure.
    Pour ma part,je pense que le changement souhaité en afrique ne viendra pas de l’extérieur et surtout pas de la france. Comme disait Sankara’l’esclave qui n’est pas capable d’exprimer lui-même sa révolte ne mérite pas qu’on s’appitoie sur son sort’

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