Tout cela, en même temps, a constitué un « cocktail » bien fait pour mettre à nu les griefs des Burkinabè contre des gens dont le rôle n’est pas directement et suffisamment perçu par la majorité des Hommes intègres.

Et c’est bien de leur faute. A eux les députés. En effet, depuis la première mandature, quand ils ont débuté par les premières rutilantes 4X4, Prado et autres qui venaient de faire leur entrée au Burkina Faso, les Burkinabè n’ont pas manqué de se poser la question sur leur rôle, en rapport avec leur train de vie. Malheureusement, ils n’ont pratiquement rien fait, ou très peu pour faire mentir cette mentalité qui s’est ancrée à mesure que les législatures passaient.

Du député, les Burkinabè n’ont d’image et de connaissance que le Monsieur en 4X4, Prado ou Land Cruiser, acquises « hors taxe » après avoir été élu par des populations dont certaines peinent à assurer un plat au quotidien.

Du député, la majorité des Burkinabè n’ont d’image que l’élu qui vient leur faire des promesses pendant une campagne, juste pour se faire élire et qui disparaît après. Et qui ne revient que lorsque le besoin de réélection se fait sentir. Certains vont jusqu’à dire que c’est la poussière de sa voiture et le gabarit, qui trahissent toujours leur passage dans leur circonscription électorale.

Du député, les Burkinabè ont cette image de personne qui passe son temps sur les bancs à l’Assemblée nationale, juste pour lever le doigt, voter une loi qu’il ne comprend toujours pas. Puis il passe à la caisse pour toucher son salaire de député, mais également ses indemnités de session. Jugés assez élevés en rapport avec la moyenne du revenu de la majorité des Burkinabè.

Malheureusement, une fois de plus, les députés ont fait peu de choses pour effacer cette image dans la mémoire collective. Si bien qu’ils récoltent aujourd’hui ce qu’ils ont semé depuis la première mandature. Que faire donc ? S’ils votent à nouveau la prorogation de leur mandat, les Burkinabè vont-ils comprendre ? Ne serait-ce pas encore un de ces procédés pour continuer à bénéficier de leurs émoluments et autres avantages que les Burkinabè dénoncent déjà ? S’ils ne le font pas, ils auront donné raison à qui veut y croire que, l’Assemblée nationale, avec eux y compris, n’est pas indispensable au paysage institutionnel au Burkina. Et voilà nos députés pris dans un joli piège ! !

Les prochains candidats à la députation, de même que tous ceux qui voudront briguer un mandat de conseiller municipal, dans nos villes comme dans nos campagnes, auront à bien étudier leur langage. Car, en même temps qu’ils devront se faire élire, ils doivent expliquer aux Burkinabè que le député ne réalise pas de routes, ne construit pas de ponts, de maternités, d’écoles, de dispensaires, etc. Ils doivent se rappeler à leur tour que pour tout cela, il ne doit pas faire de promesses démagogiques qu’il oubliera ou ne pourra pas tenir après. Comme quoi, il y a encore suffisamment « pain sur la planche ».

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso