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Otage et médiateur dans la sardine : Qui “gnak” qui ?

Publié le vendredi 4 mai 2012 à 01h28min

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Le doute est de moins en moins permis. La libération d’otages est bel et bien devenue une expertise du Burkina Faso. Une diplomatie parallèle qui suscite des réactions partagées entre, d’une part, ceux qui se félicitent des bons succès engrangés, et, d’autre part, ceux qui émettent des réserves, voire de vives critiques concernant l’opportunité de ces médiations à profusion.

Un expulsé de Folembray qui a décidé d’aller manifester devant l’ambassade de France à Ouagadougou et se rappeler aux bons souvenirs du Général ambassadeur Beth ! Il ne manquait donc plus que cela, pour enrichir le tableau. En cause, l’exaspération dont il prétend être porteur. Au nom de ses camarades, victimes comme ils le disent, depuis bientôt 20 ans, du silence général autour de leur sort. Chassés de l’Hexagone et recueillis par le Burkina il est vrai, ils ne comprennent toujours pas pourquoi rien ne bouge à leur niveau. Une situation dénoncée avec la dernière énergie par des gens qui se considèrent à tort ou à raison comme les dindons d’une vilaine farce, d’un troc qui a consisté à les faire passer, selon eux, d’une prison à une autre. Comme on peut aisément le constater, l’engagement des autorités burkinabè dans les questions sensibles de négociation et de libération d’otages ne date pas d’aujourd’hui.

Seulement, les événements ont pris une tournure résolument optionnelle, ces dernières années, du fait, sans doute, de la psychose terroriste qui s’est relancée depuis les attentats du World Trade Center aux USA, avec, bien évidemment, tout le battage médiatique qui peut accompagner ce genre d’entreprise.
De fait, en allant chercher l’otage suisse qui était détenue dans le grand Nord malien, le Général Gilbert Diendéré, par ailleurs Chef d’état-major particulier de la Présidence du Faso, est repassé au premier plan. Certes, l’homme demeure toujours aussi pingre en paroles, surtout lorsqu’il s’agit de faire des confidences en matière de stratégie militaire. Oui, mais avec quelques nuances, car à Ouagadougou, il est de notoriété que le Golf est devenu un acteur médiatique, qui se prête (un peu) volontiers au jeu des flashes et même des petites interviews. C’est assez pour le présenter aux yeux de l’opinion comme l’un des principaux artisans de cette diplomatie dont Kosyam escompte tirer les bénéfices. En particulier, sur le plan de l’image aux niveaux sous-régional, régional et international.

On peut comprendre dès lors l’attitude de la Suisse qui n’a pas manqué de traduire sa reconnaissance à l’endroit des négociateurs, pour leur ferme engagement à ses côtés. Et pour bien asseoir sa légitimité, Ouagadougou a tenu à préciser que c’est sur demande qu’elle a mis en œuvre cette opération.

Autre fait notable, c’est également, dit-on, au Burkina la disponibilité manifestée par le mouvement islamiste à coopérer avec la mission dépêchée in situ. Résultat, chacun est reparti satisfait d’avoir été utile. Dans cette perspective, il est à parier que d’autres interventions du même type et sans doute de la même dangerosité pourraient encore être envisagées. Il n’est donc pas à exclure que de nouvelles demandes atterrissent sur le bureau du PF et de son bras droit.
Du reste, la dynamique positive dans laquelle l’un et l’autre semblent engagés ainsi que la satisfaction qu’ils éprouvent militent en faveur d’un maintien du cap actuel. Mais assez curieusement, c’est au Burkina qu’il faut chercher et trouver des voix discordantes par rapport à cet activisme.

En effet, certains observateurs restent encore sur leur faim, par rapport aux contours et aux motivations qui entourent ces actions. D’autres encore se demandent ce que peut bien gagner le pays en se projetant aussi loin, hors de ses frontières. Bref, une série d’interrogations auxquelles le Premier ministre, Lucky Luc, a répondu en partie, dans un style propre à lui. Et comment ? En stigmatisant la jalousie prétendument légendaire de ses compatriotes. Qui, au lieu de déclencher l’applaudimètre présidentiel, trouvent au contraire à redire sur les multiples sollicitations dont il est l’objet en ce moment.
Ah, tiens donc ! Après « les trois B » de Bado, « les trois M » d’Ablassé, voilà à présent « le grand J » de Tiao ! C’est à croire qu’ils sont vraiment compliqués à suivre dans leur logique, les Burkinabè ! Au point de se voir ainsi stigmatisés et cloués au pilori, car incapables de dépasser le stade primaire de leur ego.

Pour sûr, Blaise Compaoré n’arrêtera pas son affaire, sa passion frénétique pour les westerns sahéliens en plein désert. De quoi sans doute inspirer les meilleurs scénaristes et réalisateurs pour une mise en pellicule. Après tout, nous sommes bien à Ouagadougou, la capitale du cinéma africain !...

A. Traoré

Journal du Jeudi

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Vos commentaires

  • Le 4 mai 2012 à 11:50, par GO En réponse à : Otage et médiateur dans la sardine : Qui “gnak” qui ?

    De toutes les façons, ce qu’on pense de beaucoup d’entre eux, c’est d’avoir profiter du peu de ressources que dispose le pays à leur propres compte.
    C’est ça qui compte au yeux du peuple. C’est ça qui va rester dans la tête des Burkinabè.
    C’est ça qui fait mal. Si on nous fait toujours savoir que le pays n’a pas de ressources et que des salariés vivent dans l’opulence, c’est pas dans ces genres de mission que le peuple va apprécier.

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