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Editorial de Sidwaya : L’agriculture, socle du Burkina émergent

Publié le lundi 23 avril 2012 à 01h18min

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2011 a été une année très difficile pour elle. Et pourtant, elle a donné satisfaction les 3 ou 4 dernières années avant.
Ses bonnes prestations avaient fini par redonner espoir aux plus sceptiques, voire les plus fatalistes. Elle était donc, par la force des succès renouvelés et éclatants, redevenue une source d’espoir et d’espérance...
A présent, elle se remet de la mauvaise passe de l’année dernière. On s’interroge sur son avenir, son devenir et tente de la réadapter à la vie, de la recoller à l’air du temps. La vie a continué malgré le fait qu’elle ne va pas bien. La semaine écoulée, plusieurs centaines de personnes se sont réunies à son propos.

Il s’est agi de diagnostiquer et d’énumérer les causes de ses ennuis, de les décortiquer, les analyser, mais surtout de trouver les palliatifs. Cela d’autant plus que, malgré ses caprices, on ne peut se passer d’elle. Elle demeure incontournable. Elle est source de vie. Que serait en effet le Burkina Faso sans l’agriculture ? Mieux, quel serait l’avenir du Burkina Faso sans une agriculture performante ? Questions centrales, questions d’actualité.

Les praticiens du domaine et les autorités politiques sont convaincus que la bonne performance de l’agriculture burkinabè passe par sa modernisation et sa professionnalisation.
La modernisation dont il est question ne se réduit pas à un changement physique ou physiologique du producteur. L’habit ne fait pas le moine ! La modernisation ici, vise à réaliser les transformations qui permettent à l’agriculture de nourrir la population, d’approvisionner les industries agroalimentaires en matières premières pour leur fonctionnement et de contribuer ainsi aux équilibres macro-économiques, notamment par l’exportation des biens alimentaires.

Toutes choses qui garantissent à l’agriculteur un revenu réel qui soit compatible avec le niveau social des besoins qu’il veut atteindre. L’agrobusiness pourrait constituer une réponse à cette préoccupation à condition qu’il ne soit pas perçu comme un phénomène de mode, un mimétisme pour respecter un mot d’ordre du gouvernement. Qu’il soit une conviction, une activité économique intégrant les concepts de productivité et de rentabilité des investissements. Quant à la professionnalisation, elle doit se traduire par la volonté des paysans à prendre en main leur métier pour défendre les intérêts autant que par leurs capacités à rechercher et à obtenir des revenus. Cela nécessite une meilleure organisation des paysans.

Tenant compte de l’environnement, les paysans et leurs organisations doivent cultiver le réflexe de la concertation comme méthode de travail avec les autres acteurs pour assurer un développement durable. La modernisation, ce ne sont donc pas les manifestations violentes, la destruction des biens publics et privés, les troubles à l’ordre public, le saccage du champ d’autrui. Ce n’est pas non plus le simple fait de se procurer un téléphone cellulaire, une grosse moto, porter des pantalons jean décolorés et troués, des tee-shirts du genre "body", de grosses lunettes sombres couvrant tout le visage sinon une bonne partie. Non ! La modernisation de l’agriculture n’est pas une simple parade.

Au Burkina Faso, le secteur agricole contribue pour 35 à 40% du PIB et emploie plus de 86% de la population. La croissance économique repose sur le dynamisme de quelques filières d’exportation telles que la filière coton. La modernisation de l’agriculture est donc un impératif. La Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD), cadre de référence du développement économique et social du Burkina, a réaffirmé le rôle moteur de l’agriculture dans le développement socioéconomique du pays. Face au défi de la croissance démographique et aux urgences engendrées par les changements climatiques et la mondialisation, c’est à travers la modernisation et la professionnalisation de son agriculture que le pays pourra s’en sortir. De plus en plus, les pays riches sont en crise.

En Europe, en Amérique, la crise économique et financière ne cesse d’impacter négativement les performances des pays. Quand le pays-soutien ou donateur va mal, le pays assisté ne doit-il pas œuvrer à se prendre en charge ? Il faut s’armer de courage et d’audace pour se bâtir une destinée autre que celle de la feuille morte qui, elle, finit sa course là où le vent veut bien la déposer. "Si nous ne pouvons pas produire, transformer et vendre, nous n’avons pas d’avenir", a averti le Président du Faso, Blaise Compaoré. Il faut donc agir, agir vite.

L’heure n’est plus aux hésitations, aux balbutiements. Un peuple qui ne mange pas à sa faim, ne peut pas véritablement savoir lier le bois au bois. Un pays incapable de produire pour nourrir ses filles et fils ne peut se permettre d’avoir de grandes ambitions. La faim constitue un obstacle à la réflexion

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 23 avril 2012 à 09:40 En réponse à : Editorial de Sidwaya : L’agriculture, socle du Burkina émergent

    "la faim constitue un obstacle à la réflexion" bien dit ! mais ce doit être un des obstacles ! car manger trop gros et beaucoup tt le temps peut constituer un obstacle à la réflexion également ! ou bien ?

  • Le 23 avril 2012 à 14:23, par Yéti En réponse à : Editorial de Sidwaya : L’agriculture, socle du Burkina émergent

    "La modernisation, ce ne sont donc pas les manifestations violentes, la destruction des biens publics et privés, les troubles à l’ordre public, le saccage du champ d’autrui. Ce n’est pas non plus le simple fait de se procurer un téléphone cellulaire, une grosse moto, porter des pantalons jean décolorés et troués, des tee-shirts du genre "body", de grosses lunettes sombres couvrant tout le visage sinon une bonne partie. Non ! La modernisation de l’agriculture n’est pas une simple parade."
    Respectable DG avouez qu’ici là le sujet était corsé et défaut de le traiter vous tournez autour car finalement vous n’avez dit ce qu’est la modernisation de l’Agriculture.
    Et pourtant c’est aussi simple que la modernisation chez vous : rendre l’agriculture moderne c à d utiliser des outils et instruments modernes. Ce serait simplement l’abandon des outils rudimentaires, une organisation scientifique de travail, une maîtrise des intrants (eau, semences engrais et autres produits de traitement) et la recherche continue des meilleures pratiques.
    Ce que vous stigmatisez n’est pas contraire de la modernisation car il s’agit des utilisations des revenus des producteurs qui, somme toute, aspirent aux mêmes "bien être" que tous les porteurs de jeans troués, motards et autres porteurs de grosses lunette qui sont des mode satisfaction des besoins de paraitre.

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