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Lettre de l’éditeur : Un challenge

Publié le mardi 20 mars 2012 à 01h10min

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Ceci n’est pas un éditorial ! C’est une lettre de l’éditeur comme on l’appelle dans le jargon. Il est de coutume, en effet, que chaque responsable de média s’adresse, par moments, à ses lecteurs ou à son public pour décliner sa vision, sa politique, sa philosophie, ses craintes, ou ses espoirs. Nouvellement promu à la tête des Editions Sidwaya, nous ne pouvons pas déroger à cette règle. Cela dit, passé le temps de la nomination et de la prise de service, place au travail. Les Editions Sidwaya aujourd’hui, c’est un vaste chantier. A tous les niveaux.

L’imprimerie qui, autrefois, faisait la fierté de l’entreprise et même du Burkina Faso, est aujourd’hui le talon d’Achille des Editions Sidwaya. Cela se traduit par des pannes récurrentes, une insuffisance de compétences pour exploiter l’outil de production, de façon rationnelle et intelligente. A la moindre panne, il faut recourir à un technicien du côté d’Abidjan : billet d’avion, hébergement, frais de réparation…se chiffrent en millions de francs CFA à chaque occasion. Et pendant ce temps, les différents titres de la "maison commune" sont tirés chez un prestataire privé à coup de millions de francs CFA.

Sans être un financier, le simple bon sens indique qu’une telle situation n’est pas de nature à rendre une entreprise viable et prospère. Ces derniers temps, les pannes sont plus fréquentes. Inutile donc de dire que cela grève le budget de l’entreprise de presse, limitant de facto, ses ambitions. Le gouffre financier est par conséquent, plus profond. L’unicité de la presse est un véritable problème ! Le fait de n’avoir qu’une seule machine pour l’impression des journaux constitue un handicap de taille qui limite considérablement, les ambitions et les rêves des Editions Sidwaya.

Il serait opportun qu’une solution urgente soit trouvée pour pallier cette insuffisance criante. Cela passe par l’acquisition d’au moins deux presses performantes pour les sites de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso. Il nous faut aller vers un tirage simultané des journaux à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. Cette option présente l’avantage de résoudre du coup, les problèmes de distribution du journal dans le grand Ouest de notre pays. Aussi, le nombre de lecteurs va s’accroître, car nos produits seront disponibles et accessibles à temps. L’avenir immédiat des Editions Sidwaya se trouve dans cette option. L’expansion de l’entreprise se fera dans le grand Ouest ou ne se fera pas.

Aux Editions Sidwaya, les journalistes (femmes et hommes) fournissent au quotidien, de gros efforts pour alimenter les différentes publications (le quotidien Sidwaya, Sidwaya Sport et Carrefour Africain, Internet) d’articles de belle facture. Cet effort, à l’heure actuelle, est rendu caduc par la faiblesse de l’imprimerie. Quelle que soit la qualité du contenu d’un journal, s’il est mal imprimé, personne ne voudra le tenir, ne parlons pas de le lire. Nonobstant cela, le mot d’ordre à l’endroit des journalistes, est de poursuivre les efforts de production avec comme principale orientation, "le professionnalisme". Cela signifie : rigueur, responsabilité, éthique, déontologie.

Le statut de l’AIB en question

Le statut de l’Agence d’information du Burkina mérite d’être revisité. A l’heure actuelle, l’AIB n’est pas une agence de presse. Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’AIB est aujourd’hui une simple direction des Editions Sidwaya sans moyens propres, sans identité, avec un avenir incertain. Pas de siège, pas de voiture de reportage... La vétusté de son siège a conduit l’AIB, pour des raisons de sécurité, à déménager dans les locaux des Editions Sidwaya accroissant ainsi la densité et la promiscuité dans cet espace.

Le siège des Editions Sidwaya est "bouffé" par le marché Rood Woko. Sous le prétexte que le marché n’est pas fréquenté, les commerçants se sont déportés dans la rue, asphyxiant au passage, Sidwaya. En plus d’être d’un accès difficile, l’ambiance qui règne tout autour du siège n’est pas propice à un travail intellectuel. A cela s’ajoute le fait que toute la devanture côté Rood Woko a été transformée en toilettes publiques où les usagers viennent se soulager à longueur de journée, sans gêne. Une étude a montré que les prestations gratuites ou non payées réalisées par les Editions Sidwaya au profit de l’administration publique, des partis politiques et des associations de la société civile s’élèvent à près de 3,15 milliards de F CFA pour les années 2009, 2010 et 2011, soit une moyenne de 1,05 milliard par an.

Cela constitue un véritable goulot d’étranglement et limite les capacités d’investissement de l’entreprise. Des services de l’administration publique se dépêchent toujours d’honorer les factures des organes de presse privés, mais pas celles de Sidwaya. Les Editions Sidwaya sont un Etablissement public de l’Etat (EPE). A ce titre, l’entreprise a une obligation de résultats.

Avant d’être promu directeur général des Editions Sidwaya, nous avions l’habitude de dire aux agents qui étaient placés sous notre coupe, ceci : "quand la pluie vous bat, ce n’est plus la peine de vous battre entre vous". Et cela pour dire qu’il faut se serrer les coudes face à l’adversité ? ; il faut se montrer plus soudés, plus solidaires. "Les mêmes souffrances unissent mille fois plus que les mêmes joies", dit-on. Mais cela ne semble pas être évident pour tous aux Editions Sidwaya. Dans certains services, des querelles de procédure, des conflits de compétence, des incompréhensions, des sautes d’humeur, la mauvaise foi et surtout les égos ont fini par créer de sérieux blocages.

La faute aux textes ?

"Les textes disent que…", "les textes m’autorisent x jours pour examiner un dossier"..., a-t-on coutume d’entendre. Ah les textes ! Les textes ! Nous sommes pourtant convaincus du haut de notre naïveté que ceux qui ont produit les textes en question ne poursuivent qu’un seul objectif : garantir aux entreprises publiques un meilleur fonctionnement. Mais ce n’est malheureusement pas le cas chez nous. Une des dernières « prouesses » en date avant notre nomination est la suppression pure et simple d’une indemnité de garde d’un montant de 5 000 F CFA dont bénéficiaient les chauffeurs. Compte tenu du fait que Sidwaya est une entreprise à feu continu, il est demandé aux chauffeurs d’instituer une permanence pour les reportages de nuit ou le dépôt très tôt, du journal ou encore, pour des courses urgentes, la nuit.

La remise en cause de cette indemnité aura pour conséquence de rendre la maison non opérationnelle à partir de 18 heures. On ne tient pas toujours compte de la spécificité de l’entreprise de presse. Dommage ! Le chantier, comme nous le disions au début, est très vaste. La situation, telle que décrite ici, n’est qu’une partie de l’iceberg ! La situation n’est pas du tout rose, mais elle n’est pas non plus chaotique. Le challenge est de taille. Il est même excitant. Notre travail va consister au quotidien à soigner les mentalités, à sauver les âmes qui se sont lancées dans la détérioration, le sabotage, la remise en cause et le vol des biens et des acquis de la maison. Rien n’est perdu. Nous ne devons pas nous payer le luxe d’échouer. Nous allons poursuivre le rêve des fondateurs de "Carrefour Africain" en 1959 et de Sidwaya, en 1984.

C’est le rêve d’une entreprise prospère, une entreprise moderne et modèle, une référence, en termes d’entreprise de presse au Burkina Faso et dans la sous-région.
Ce rêve-là, nous allons le réaliser. L’heure de la mobilisation a sonné. Place au travail.

Notre séjour au Japon, du 02 au 13 mars 2012, nous a édifié et conforté dans notre conception, selon laquelle le travail paie toujours. Mais, le travail qui paie est celui qui se fait dans l’ordre, la rigueur, la discipline. Le Japon , un pays sans ressources naturelles, pas un millilitre de pétrole, pas un milligramme d’or, ni de diamant est aujourd’hui une puissance mondiale par la force de ses femmes et de ses hommes. Le génie d’un peuple qui a cru et croit au travail. Savez-vous pourquoi, les singes réputés être l’espèce la plus proche de l’espèce humaine vivent toujours dans les arbres, incapables de se bâtir des maisons ? Non ! Eh bien ! Sachez que les singes ne peuvent s’accorder pour réaliser une œuvre. Pendant que les uns construisent, les autres détruisent. Nous allons travailler à ce qu’il n’y ait pas de singes ou de réflexes de singes aux Editions Sidwaya. La culture d’entreprise, l’esprit d’entreprise seront une réalité. Nous ne sommes pas venus pour régner, mais pour motiver, coordonner et conduire des efforts individuels et collectifs vers le succès.

Nous allons donc réussir avec le soutien, l’engagement et l’accompagnement de tous : les agents de Sidwaya, les autorités des tutelles technique et financière, le gouvernement, les partenaires, les amis, le public, le peuple burkinabè tout entier, etc. C’est seulement ensemble, dans une vision partagée, motivante, inspiratrice que nous bâtirons les Editions Sidwaya. A notre humble avis, nous ne méritons pas pour le moment, des félicitations, mais des encouragements, des soutiens multiples et multiformes, des prières.

Les félicitations, après

Par Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 20 mars 2012 à 01:37, par Buka En réponse à : Lettre de l’éditeur : Un challenge

    Bien dit, mes encouragements pour ce qui est dit et surtout la partie invisible de l’iceberg qui demanderait beaucoup d’energie et de courage pour envenir a bout !

  • Le 20 mars 2012 à 08:30 En réponse à : Lettre de l’éditeur : Un challenge

    Merci au nouveau Directeur pour cet article qui nous leve le voile sur le challenge des Editions Sidwaya. Monsieur le Directeur votre victoir est certaine car vous avez su faire reellement le diagnostique des problemes de cette presse.
    vivement que tous les acteurs se mettent a la tache pour faire face a ces defis. Nous invitons le Ministere de tuetelle,ainsi que tout le Gouvernement a s’investir davavntage pour le bien etre de Sidwaya

  • Le 20 mars 2012 à 08:38 En réponse à : Lettre de l’éditeur : Un challenge

    Vous avez tord car moi je tiens à vous féliciter.Si tous les responsables à quelques niveaux que se soit pouvaient s’inspirer de la sorte notre pays aura un bel avenir.Bon vent M.le DG.le peuple sait reconnaître les siens.

  • Le 20 mars 2012 à 10:47, par Cortex En réponse à : Lettre de l’éditeur : Un challenge

    Attention monsieur le nouveau DG ! Que le naam ne vous monte pas trop à la tête. Car, à votre passion d’aller très vite et régler tout, tout de suite, très tôt arrivera l’essoufflement pour finir dans l’écroulement.
    Bonne chance et surtout ne mettez pas les gens sur votre dos.

  • Le 20 mars 2012 à 11:35, par Ben En réponse à : Lettre de l’éditeur : Un challenge

    Belle lettre de l’éditeur empreinte de sincérité et de franchise. J’espère que les éditoriaux iront dans la même lancée et ne seront pas dithyrambiques comme le faisait l’autre. Restez professionnel et Siwaya grandira pour conquérir davantage le public. Courage à vous.

  • Le 20 mars 2012 à 12:01, par Tapsoba En réponse à : Lettre de l’éditeur : Un challenge

    Du pain sur la planche,vous en avez.Ne pensez vous pas qu il faille changer de ligne éditoriale de "votre" canard pour répondre aux exigences d un journal de tous les burkinabè dont la survie est tributaire de leurs impots, donc impartial et non celui du pouvoir en place ?

    • Le 20 mars 2012 à 14:11 En réponse à : Lettre de l’éditeur : Un challenge

      partant de ton constat,les burkinabè peuvent s’informer sans sidwaya. c’est en afrique qu’on trouve encore des presses écrites étatiques et svp,on n’est plus à l’époque de l’urss avec sa PRAVDA qui veut la vérité ou sidwaya en mooré. supprimons le

  • Le 20 mars 2012 à 13:30 En réponse à : Lettre de l’éditeur : Un challenge

    vraiment du boulot vous attend. la première tache va consister à revoir votre communication interne,en vue d instaurer un vrai dialogue ! du courage un promo

  • Le 20 mars 2012 à 13:44 En réponse à : Lettre de l’éditeur : Un challenge

    vraiment du boulot vous attend. la première tache va consister à revoir votre communication interne,en vue d instaurer un vrai dialogue ! du courage un promo

  • Le 20 mars 2012 à 13:56, par AKS En réponse à : Lettre de l’éditeur : Un challenge

    Salut cher ami !
    Bcp de courage dans cette entreprise titanesque qui t’attend ! La lucidite avec laquelle tu a s decrit et analysé la situation economique et fianncière de Sidwaya démontre que avec la meme lucidité tu arriveras a bout de tout cela ! Evite dêtre le griot de qui que ce soit ! Sidwaya est un media d’Etat et doit se conformer aux règles que sont la neutralite et l’impartialite. Relis l’interview de ton doyen Brou Aka Pascal et essaye de t’inscrire dans la même perspective que lui, un jour l’histoire te le revaudra ! Bonne chance !Que Dieu te garde !
    AKS

    • Le 20 mars 2012 à 15:00, par Kalixte En réponse à : Lettre de l’éditeur : Un challenge

      M. le nouveau DG a le choix entre le journalisme professionnel au service de tous les burkinabè (sans perspective de promotion) et le journalisme de révérence avec possibilité de gravir les échelons. Le contenu de cette lettre me fait penser que vous prendrez la première option. Courage à vous.

      • Le 20 mars 2012 à 16:02 En réponse à : Lettre de l’éditeur : Un challenge

        MERCI BIEN DAVOIR SU RESUMER EN SI PEU DE MOTS UNE PROBLEMATIQUE AUSSI COMPLEXE.TRES BIEN VU. UN ENFANT DE LA MAISON COMMUNE

  • Le 20 mars 2012 à 21:08 En réponse à : Lettre de l’éditeur : Un challenge

    Merci pour la note d’espoir et d’espérance. Bon vent. Il paraît que ces machines à problème, c’est l’ex Directeur Michel OUEDRAOGO qui les a dealé. Pourquoi, ne pas lui demander compte ? En tout cas, du courage !

  • Le 22 mars 2012 à 13:49, par sidwaya En réponse à : Lettre de l’éditeur : Un challenge

    Le diagnostic est parfait ! A Sidwaya, il ya encore (et c’est dommage) qui ignorent le principe de fonctionnement d’une entreprise de presse. La presse a des exigences. Si un journal veut toujours révéler des scoops, il lui faut agir promptement. Or, Sidwaya étant aussi une administration, ces activités sont handicapées par la lourdeur administrative, lourdeur née d’une mauvaise foi, de jalousie, de laxisme et surtout de zèle. Monsieur le DG, il faut mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. N’ayez pas de sentiment et d’état d’âme avec ceux qui sabotent votre progrès.

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