LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Editorial de Sidwaya : Epilogue

Publié le mardi 6 mars 2012 à 01h51min

PARTAGER :                          

« Je ne lui parle plus, je ne communique plus avec lui », entend-on souvent dire pour signifier que l’on a interrompu la communication verbale. Or, la communication, en ses variétés et variations, est un bien commun, la chose la mieux partagée. La gente humaine communique comme elle respire. Cette « respiration » a des pouvoirs illimités, pour peu que les uns et les autres en acceptent les principes et la déontologie. Si le Roi Louis XIV a fini par faire du canon, le « dernier argument des rois », c’est qu’il n’a peut-être pas cru jusqu’au bout aux pouvoirs et à l’éthique de la communication.

Mais cela suffit-il à mettre la puce à l’oreille, à éveiller notre attention : la génération particulière d’homo sapiens à laquelle nous appartenons communique souvent à coups de canon. Si, ce n’est pas bon pour le moral, pour la mémoire, à contrario, si. Dans la masse impressionnante de papiers, de sons, d’images, de signes et de symboles que véhiculent chaque jour certains supports de communication comme les organes de presse, la conviction s’établit, petit à petit, que pour communiquer, il faut pourfendre et que, pour pourfendre, il faut communiquer. Est-ce une fatalité ? Ne peut-on pas, ensemble, faire plus et mieux ? Un coup de cœur bien placé ne l’emporte t-il pas, en promotion de fraternité et de solidarité, sur tous les coups de gueule réunis ? Ne pouvons-nous pas communiquer autrement ?

La communication devrait, en notre sens, promouvoir la fraternité et consolider les liens multiformes de solidarité qui unissent le genre humain. Dans les joutes oratoires où l’injure a sa place et l’indécence ses parures, il ne faudrait pas oublier que la vérité est une construction communautaire. Elle n’appartient à personne : elle est un bien commun, c’est pourquoi le bon sens voudrait qu’on la reconnaisse et que l’on se soumette à elle.

Communiquer autrement signifierait s’inspirer de l’esprit et de la technique d’élaboration de la palabre à l’africaine, c’est-à-dire du dialogue qui a lieu entre des hommes sains d’esprit et qui poursuivent le même but. Nelson Mandela dit à ce propos : « J’ai observé les réunions tribales qui se tenaient régulièrement à la grande Demeure et elles m’ont beaucoup appris. Tous ceux qui voulaient parler le faisaient. C’était la démocratie sous la forme la plus pure… En tant que responsable, j’ai toujours suivi les principes que j’ai vus mis en œuvre par le Régent de la grande Demeure. »* Cette palabre n’a pas seulement fait ses preuves en Afrique, elle a fait des miracles en Europe. Ce n’est ni la poudre de Napoléon, ni le feu de Hitler, qui ont fait l’unité de l’Europe, mais le dialogue ininterrompu des intérêts et des cultures qui dure depuis des années.

Les visionnaires d’une Europe unie, même quand ils avaient tous les pouvoirs de leur côté, n’ont pas forcé les mentalités à s’accepter, ni les Européens à cohabiter sous le toit des mêmes lois. Tout se passe progressivement, lentement, doucement d’une manière qui se situe aux antipodes du tempérament guerroyeur de certains peuples européens.
Le proverbe burkinabè le dit bien : « on peut forcer le chien à se coucher, on ne peut le forcer à dormir ». Voici l’Europe, en voie d’unification, en dépit des difficultés économiques et des velléités nationalistes, voire autonomistes qui se manifestent çà et là.

N’est-ce pas ce type de dialogue qui a fait de “l’Europe”, une puissance rivalisant avec les Etats-Unis d’Amérique, qui devrait également être le socle de la construction de nos démocraties ?

En lieu et place d’une telle culture, la démence semble s’être saisie de notre communication au quotidien. Car beaucoup de concitoyens ont retenu de la démocratie que son côté pittoresque, léger et la rapproche de la zizanie. Ainsi, là où l’on devrait bénéficier d’une critique, on rencontre la médisance ; pour analyser l’idée de l’autre, on préfère d’abord le déshabiller, lui, sa femme et ses enfants : cela s’appellerait être courageux. Les rumeurs sont privilégiées aux nouvelles vérifiables parce que les rumeurs n’engagent que ceux qui ne les comprennent pas ; et pour que ça mousse bien, fantaisie et mythologie côtoient la saine information jusqu’aux portes des rédactions.

Hélas, les rumeurs auront toujours leur printemps tant qu’il y aura des consommateurs de rumeurs non fondées. Ce va- et- vient entre le réel et l’irréel, entre le vécu et l’imaginaire, c’est cela aussi communiquer. C’eût été à encourager si l’on en mesurait toujours les conséquences.
Quand la communication est là, la contamination, les convergences, la conspiration, la communion, la contradiction, la controverse, entre autres, ne sont jamais loin.

Pendant trois ans, nous avons à cette page, apporté notre vision de la communication qui a toujours été de privilégier le dialogue entre toutes les filles et tous les fils du Burkina Faso pour un développement harmonieux dans la paix et la concorde.

Cela, sans doute avec nos insuffisances. Mais, nous aurons essayé d’apporter de la terre à la terre du Burkina Faso. « Si tous les fils du royaume venaient, par leurs mains rassemblées boucher les trous de la jarre percée, le pays serait sauvé » avait dit le Roi Ghezo d’Abomey (1818-1858). Nous avons essayé de faire nôtre, cette devise p

*Anne-Cécile Robert in L’Afrique au secours de l’Occident, Les Editions
de l’Atelier/Les Editions Ouvrières, Paris 2006, page 156.

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 6 mars 2012 à 09:22 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Epilogue

    ibrahiman sakandé nous livre surement son dernier billet dans sidwaya la pravda burkinabè et ça porte sur la com’. c’est pas anodin,lui qui part a kosyam pour s’occuper de la com’ de blaiso. bon vent à toi mais pour conserver ton gombo frais et gluant ne raconte pas du n’importe quoi à blaiso en l’excitant de s’accrocher a son trone. faudra lui dire toute la vérité et rien que la vérité que cette fois ci la fin approche et que c’est dans 3 ans. aussi faudra le conseiller de nous parler souvent,il est trop distant. merci et courage

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique