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Vision de L’Express sur… ! : Les interdits culturels

Publié le vendredi 17 février 2012 à 01h22min

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« La culture, c’est ce qui reste en nous quand on a tout perdu », dit un penseur. La culture, est la raison essentielle de notre appartenance à la société humaine. Bafouer sa culture, c’est s’exposer tôt ou tard à une situation peu enviable pour ne pas dire à un danger qui n’épargne personne. La culture s’impose à nous dès le ventre de la mère. Cette imposition se traduit par l’interdiction de certains produits au risque de provoquer une fausse couche. Ces produits peuvent varier d’une ethnie à une autre, d’une communauté à une autre… Obéir à une culture donnée n’a jamais ravili ceux qui y sont soumis. Au contraire, elle contribue à renforcer la cohésion sociale et favorise une éducation type pour les enfants d’une famille et même de la communauté.

C’est pourquoi, les familles, les ethnies, les communautés ont des interdits culturels. Transgresser ces interdits, était autrefois source de sanctions diverses, voire de malheur. Ces interdits peuvent intervenir à tous les niveaux de notre quotidien. On les rencontre dans nos plats, dans notre manière de s’habiller, lors des mariages, à la naissance et même à la mort. Les interdits existent chez tout le monde. Que l’on soit de peau noire, blanche ou rouge. Si ailleurs les gens accordent toujours du prix à leurs interdits culturels, ici au Faso, les interdits sont traités « d’histoires » par beaucoup de jeunes.

En pays mossi par exemple, le mariage n’est pas permis entre un Ouédraogo, un Sawadogo et une Zéromé ou une Kindo ; vice-versa. L’appartenance clanique étant à la base de cet interdit. Autrement, le mariage avec un (e) forgeron(ne) est un acte qui se pose en pays mossi suivant une norme culturelle très stricte. C’est également la même chose pour certaines ethnies. Normalement en pays bobo, le mariage n’est pas autorisé entre un fils digne de ce nom avec une poulotte. Les mêmes interdits existent au plan alimentaire. Il y a des ethnies qui ne doivent pas manger la viande du poulet, d’autres celle de la chèvre, ou du cheval. Dans la majorité des cas, les interdits sont nés du fait que les grands parents ont été sauvés par l’intermédiaire de l’objet de leur totem.

Dans le cas du mariage, si nous considérons le forgeron, ce clan est le maître, sinon la courroie entre les vivants et les morts dans plusieurs sociétés. Comment se marier avec quelqu’un qui sert d’intermédiaire entre toi et tes ascendants qui ne sont plus ? Ces interdits transgresser volontairement par plusieurs personnes, sont à l’origine de leurs souffrances. Quoi qu’on devienne, on ne saura supprimer certaines réalités culturelles qui interviennent dans notre quotidien. C’est pourquoi, il est bénéfique pour chacun de nous de faire violence sur soi, pour obéir aux interdits. Car comme dit l’autre, « A défaut de ne pas connaître notre destination, on doit savoir d’où nous venons ». Autrement dit, au lieu de continuer à croire à des choses dont nous ignorons le vrai sens, nous gagnerons à respecter nos cultures respectives qui ont leur sens lié à notre origine.

Souro DAO daosouro@yahoo.fr

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 17 février 2012 à 05:10, par Alain En réponse à : Vision de L’Express sur… ! : Les interdits culturels

    Le seul interdit que je ne partage pas est celui du mariage entre certaines ethnies ou communautes.Dieu merci j’ai epouse une femme en qui aucune interdiction n’est appliquee entre son ethnie et la mienne.Si c’etait le cas j’allais outrepasse cet interdit et l’assumer entierement.Le reste des interdits je peux les admettre comme l’interdiction de manger certains aliments.L’interdiction de marier une cousine ou cousin et de certains liens parentaux est aussi a prendre au serieux car le faire c’est de l’inceste tout simplement.

  • Le 17 février 2012 à 09:29, par Ka sid yé En réponse à : Vision de L’Express sur… ! : Les interdits culturels

    Je suis choqué par tant d’ignorance et de légèreté de ce journaleux. Vous êtes ni plus ni moins qu’un ségrégationniste doublé d’un réactionnaire avec des arguments même pas à même de semer un soupçon de conviction chez le plus taré des plus grands ignares. Pendant qu’on y est dressez nous la liste exhaustive des ethnies "mariables". N’importe quoi !

    • Le 21 février 2012 à 09:42, par Patoin En réponse à : Vision de L’Express sur… ! : Les interdits culturels

      Cher journaliste, si vous voulez informer, renseignez-vous bien ; ne racontez pas des histoires. Es-tu sure que dans la société moaga il est interdit le mariage entre forgeron et mossé ?

      • Le 16 octobre 2013 à 16:37, par SeulDieu En réponse à : Vision de L’Express sur… ! : Les interdits culturels

        Ecoute:laisse en paix le journaliste.je te réponds:je suis un sawadogo du Ouahigouya et mes parents m’ont chanté et continuent de me chanter que je ne dois pas me marier à une poulhote et à une forgerone.Qu’est-ce que tu en sais toi ?

  • Le 17 février 2012 à 12:06 En réponse à : Vision de L’Express sur… ! : Les interdits culturels

    la critique est là,mais quels moyens avez-vous face à nassara ? Conseil vous est donné ainsi, d’écouter ce que dit Dumba Kultur dans son nouvel opus. Donnons-nous la nécessité de vivre notre culture et de mieux, la maintenir. On est blanc ou on est noir. Même ceux qui sont par nature blancs comprennent aujourd’hui, cette évidence d’être et d’exister pleinement devant les adversités quoique naturelles. Jamais, on ne peut dire : x par sa nature remplace y. Détrompons-nous et vite, allons avec ce que nous savons en nous-mêmes, et découvrons les autres sans les détruire. Justement c’est là l’équivoque, l’on prétend épouser, alors que c’est saper, détruire, shut down. Un peu donc de considération pour l’autre, en restant soi-même. Vis donc et bien ta culture !

  • Le 17 février 2012 à 13:54, par indjaba En réponse à : Vision de L’Express sur… ! : Les interdits culturels

    Bel article mais sans être contre les religions révélées, je les accuse d’avoir été à la base du non respect de certains interdits même si je dois avouer que tout n’était pas parfait dans nos pratiques anciennes. Comme le noir est très complexé, les religions révélées (christianisme, islam) lui ont fait croire que tout ce qu’il avait comme pratiques culturelles étaient sataniques et qu’elles ne donnaient pas beaucoup de chance d’aller au paradis. Là où ces religions ont été sévères, c’est elles n’ont mêmes pas essayé de comprendre pourquoi il y avait tel ou tel interdit chez le noir Africain. Conséquence l’homme noir à arrêter de croire à ces propres interdits qui étaient en réalités des stratégies mises en place pour prévenir ou résoudre des problèmes dans le domaine de la santé, de l’environnement, des relations sociales, du commerce etc. Ces interdits comblaient le fait qu’il n’y a avait les lois classiques que nous connaissons aujourd’hui. On ne laissait pas le choix à l’individu car on lui disait que ‘’ceci est interdit, si tu transgresses par mégarde, il faut que tu l’avoues et que tu le répare sinon tu mourras car on ne peut jamais se cacher aux yeux des ancêtres’’. Vu que tout noir Africain craignait Dieu mais celui incarné par ses ancêtres et les fétiches qui sont en réalités les intermédiaires, les choses se passaient plutôt bien.
    Pour revenir à l’intérêt des interdits, Je citerai quelques exemples/stratégie : Ex1 : pour sauvegarder la flore et la faune dans leurs localité, les villages se divisaient en groupes sociaux : certains groupes auront telle ou telle espèce végétale comme interdit . Ils ne doivent pas les couper pour en faire des bois de chauffe ou pour tout autre usage. Certains autres groupes auront telle ou telle espèce animale comme interdit. Ils ne peuvent pas les tuer ni les consommer car on les a fait croire que ces animaux représentaient leurs ancêtres. Certaines forêts ou collines seront déclarées sacrées et conséquences l’environnement subissait moins de pression de la part des villageois. Ex2 : Dans le domaine de la sécurité ou des relations sociales, il était interdit de verser le sang de sont prochain sur la terre des ancêtres ou de faire des rapports sexuels en dehors d’une concession. Il est interdit de manquer du respect à ses parents sinon il faut des réparations. Il était interdit de voler le bétail ou les récoltes. Conséquence, il y avait moins de violence, moins d’adultère, moins de vols etc. Ex3 : Sur le plan santé, il était interdit de sortir avec un nourrissons au dehors avant 3 ou 4 mois (disposition qui les protégeait contre l’exposition aux bactéries NB : il n’y avait de dispensaire ). Les exemples on peut en citer des milliers. De nos jours les religions modernes ont fait tomber ces mythes tout en prônant aussi des vertus à l’image des 10 commandements cités dans la Bible Mais le problème c’est que la crainte de l’homme noir est plus poussée pour ces ancêtres et ses fétiches. C’est ce qui fait que certains musulman Burkinabè par exemple de nos jours boivent leur alcool sans crainte mais vont quand même à la mosquée. Pourtant dans le passé africain, quand on disait que telle viande de tel sacrifice est interdit aux non initiés ou au contraire aux initiés , ces derniers n’étaient mêmes pas fous pour y toucher. NB : On aurait demandé d’ailleurs aux chefs d’état africain de jurer sur le plus grand fétiche de leur village de respecter les constitution au lieu de les faire jurer sur des écritures saintes de telle ou telle religion révélée dont ils n’ont pas une crainte poussée. Les religions révélées étant déjà très répandues, indjaba.

    • Le 17 février 2012 à 15:07, par lhommearsène En réponse à : Vision de L’Express sur… ! : Les interdits culturels

      Bravo !
      Belle analyse. Tu as l’air de quelqu’un qui a lu Anta Diop ou "Ainsi on a assassiné tous les Mossé", c’est rare ici, de voir quelqu’un qui sait ça.

      Pour rajouter à ce que tu as dis, ce n’est pas seulement parce que l’Africain est complexé, qu’il a abandonné qui il était. La colonisation a fait que ceux qui ne sont pas devenu comme le blanc voulait ont été massacrés dans le sang et la douleur. Ca a aussi été pour l’Africain un moyen de survivre dans un monde bouleversé.

      Un autre truc intéressant : le fétiche/les interdits ont t-ils été consciemment érigés comme moyen de réguler la société ?
      Quand tu lis un livre comme "Ainsi on a assassiné tous les Mossé" tu est surpris, terrifié de la grandeur qu’il y avait en Afrique. De nos jours quand tu vois comment ces interdits sont vécus (comme s’il s’agissait de règle absolue, floue dans le fameux et millénaire mélange africain de la science et de la religion, depuis l’Egypte ancienne) et considérés rétrogrades, tu t’étonnes de comment on a pu en arriver là.
      Peut-être que l’élaboration de ces règles était trop confinées à un groupe d’individus seulement, qui n’a pas pu/su transférer ce savoir aux autres générations.
      Peut-être aussi qu’il s’agit du résultat non formel de multiples générations de reflexions et qu’il était trop fragile ; ce dont je doute très fort.

      Très bonne idée, le fait de jurer sur un grand fétiche au lieu de se moquer du monde avec une bible qu’on ne connait même pas.
      Je rappelle qu’un des fondements du Naam chez les mossé est un rite initiatique très coercitif qui rend le futur roi prêt à sa tâche : le lalg-beega !

  • Le 17 février 2012 à 14:45, par lhommearsène En réponse à : Vision de L’Express sur… ! : Les interdits culturels

    Bien !

    "Il ne faut accepter de vivre Africain, c’est la seule façon pour nous de vivre libre et de vivre digne !"
    Thomas Sankara.

    Nous gagnerions à mieux connaitre ces coutumes ; loin d’être rétrogrades, elles ont fondé nos sociétés africaines pendant plusieurs millénaires et leurs on permis leur gloire et leur bonheur ; gloire et bonheur qu’aujourd’hui nous en Africains nous imaginons à peine.

    Il faut trouver un moyen de dialoguer avec nos garants de la culture ; les temps sont durs, mais la pluie d’hier s’en est allée avec son vent. Il est temps de recréer ce qui existe,afin de relier les 5 générations : depuis nos arrières grands parents jusqu’à nos enfants ; pour que nous puissions goûter cette l’éternité d’un autre monde, en transmettant ce que nous sommes, ce que nos parents on été, ce que nos grand parents ont été, ce que nos arrières grand parents on été, à nos enfants.

    ...

  • Le 17 février 2012 à 16:04, par Yarbila En réponse à : Vision de L’Express sur… ! : Les interdits culturels

    Je suis d’accord que ces "interdits" font aussi partie intégrante de notres culture. Mais la question de continuer à les respecter, juste pour faire plaisir, juste par habitude ou par mimétisme, ou encore par respect à certains principes ou pratiques dont on ne se réclame plus aujourd’hui devrait faire réfléchir. En outre, le sens ou l’origine de l’imposition d’un interdit peut, à travers le temps ou l’espace, subir une certaine "dénaturation". Un exemple. Je suis un Yarga. J’avais au lycée, une copine de d’une famille de forgerons. Ma famille m’a fait comprendre que cela pourrait poser problème si nous envisageons de nous marier car les parents du village n’auraient par la même ouverture d’esprit qu’eux. J’ai cherché à comprendre l’origine de cet interdit. Au village, le patriarche de notre famille m’a expliqué que c’était le résultat d’un engagement qu’un de nos ancêtres avait pris envers son ami forgeron. Celui-ci, après l’avoir hébergé à plusieurs reprises et traité en hôte de marque quand il était en déplacement dans le cadre de son métier de colporteur, avait finit par lui donner un lopin de terre à côté de chez lui pour construire une case. Mon ancêtre, devant cette marque de "fraternité" (c’est, d’après mon vieux, l’expression de l’ancêtre), a promis que sa descendance n’épousera plus celle de son bienfaiteur car ils étaient devenus plus que de simples amis : des frères... C’est beau et c’est noble, n’est ce pas ? Et pourtant, j’entends parfois certaines de mes realtions(du village)parler des forgerons en des termes que je m’en voudrais de citer ici... L’un d’entre eux m’avait même fait comprendre que celui qui contrevenait à cet interdit s’exposait à certains malheurs... Mon "vieux" m’avait dit que c’est l’explication qu’on lui avait donnée quand il était jeune. Qu’il sait qu’il pouvait y en avoir d’autres, mais c’est celle-là qu’on lui avait donnée. En dépit du fait que nous évoluons dans une société marquée par l’oralité (avec le risque de déperdition ou de distorsion de l’information), ma conviction est qu’il y a des gens qui "revisitent" ces règles et normes sociales en fonction des rapports de forces et des intérêts du moment. Souvenez-vous du film Sya de Dany Kouyaté. Ce n’est qu’un film, me dira t-on, mais il faut savoir aussi voir entre les images...

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