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Promotion de la Femme burkinabè : La persistance des faces bien laides

Publié le lundi 23 janvier 2012 à 23h37min

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Le gouvernement burkinabé et ses partenaires au développement devraient maintenant ressentir du dégoût face à un investissement qui s’apparente à ce jour comme des ressources jetées par la fenêtre : les maisons de la femme construites chacune à coup de dizaines de millions F CFA dans chaque province et inaugurées à cors et à cris. Il faut l’avouer sans sourciller : les objectifs poursuivis par ces infrastructures sont loin d’être atteints. Leur érection ne s’est vraisemblablement pas entourée d’une vision réelle tendant à sortir la côte de l’homme de toutes ses misères. Le foisonnement des idées novatrices pour l’émancipation de la Femme et l’élan de canalisation des énergies, pour sortir « Eve » de l’ornière de la souffrance et de l’asservissement, recherchés à travers ces cadres semblent avoir totalement échoué.

Pour un fiasco dans une dynamique nationale de développement axé sur la promotion tout azimut du genre, c’en est un. Le nanisme des statues de la « Place de la Femme pour la paix » et la précarité « du siège du ministère de la Promotion de la Femme » sont peut-être une prémonition éloquente à cette absence de hauteur de vue et de pérennisation des acquis. Les fameuses maisons de la Femme se sont malheureusement transformées, pour la plupart, en chiottes et en bâtiments inutiles à la défense de la cause féminine. Ces bâtisses se dressent honteusement comme le visage sombre d’un combat quotidien. Même celle de la capitale, Ouagadougou, n’échappe pas à cette « douloureuse, méchante et vraisemblable » appréciation. Et les moulins à grains ?

Et les machines à coudre ? Et les plateformes multifonctionnelles ? Des interrogations subsistent avec une forte suspicion sur des femmes dites « éclairées, engagées, diplômées », intellectuelles » qui se sont, parfois, illégitimement accaparées des places de représentativité, au nom de leurs camarades rurales, ignorantes ou analphabètes, pour administrer volontiers, des coups de semonce fossoyeurs à l’idéal commun. A l’image de l’immeuble grabataire et répugnant qui abrite leur ministère sur l’avenue Houari-Boumédienne, les représentations locales (Directions régionales ou provinciales) de l’autre moitié du ciel sombrent aussi dans l’inactivité, l’inutilité et les futilités avec des responsables dépourvus de tout moyen de travail.

D’ailleurs, le département ministériel consacré à la Promotion de la Femme s’est bien montré incapable de dresser en 2007 le bilan décennal sans complaisance si attendu de la portée et de l’impact de sa création afin de mieux apprécier ses actions dans le bien-être de la famille et sa participation à la construction de l’œuvre nationale. Au regard des ressources mobilisées çà et là, de l’enjeu de la Politique nationale Genre, de la prééminence de la cause de la Femme, les résultats atteints sont, à raison, jugés maigres. Cela intrigue et irrite. Ce qui a amené, à juste titre, des observateurs à douter de la pertinence d’un tel poste au sein du gouvernement si ce n’est restreindre ses activités à une focalisation innocente sur l’organisation de la Journée du 8-Mars et d’autres occasions d’insouciance c’est-à-dire « Djandjober ».

La sociologue-communicante, spécialiste des Politiques de développement, Dr Nestorine Sangaré/Compaoré, qui a hérité de ce ministère en pleine crise sociopolitique a fort à entreprendre pour redorer le blason, et de ce département, et de ses consœurs, et de la noblesse de leur lutte. Elle semble avoir pris et compris très tôt la mesure de sa tâche. Pour se démêler, à la fois, actuellement comme une « Yennenga » et une « Guimbi » pour susciter ce regain d’intérêt unanime et cet enthousiasme populaire autour de la « Marche nationale pour l’émancipation pleine et entière de la Femme burkinabè ».

De Alice Tiendrebéogo à Nestorine Sangaré, en passant par Mariam Gisèle Guigma et Céline Yoda, des flots de réflexion ont été déversés au débat de l’amélioration de la condition féminine : des litanies de recommandations ont été formulées, des chapelets de plans d’actions élaborés. Mais à l’arrivée, très peu d’avancées significatives à part celles relevant de l’autosatisfaction aveugle que seuls ceux et celles qui se sont habilement léchés les doigts ont énuméré. Les fruits d’un effort d’affranchissement ont pourtant essaimé le territoire national grâce à l’action savamment menée par des associations et des groupements désintéressés et dévoués, ne bénéficiant parfois pas de l’aide conséquente attendue des pouvoirs publics. Toutefois, une réelle coordination et un appui accru à ces leaders féminins sincères, sans leur opposer les velléités d’instrumentalisation à des fins inavouées, aideraient à apporter plus de saveur adhérente et gagnante au combat des femmes.

Le Burkina Faso est toujours à l’honneur pour avoir souvent exagérément conforté la place de la Femme dans ses gouvernements successifs. Entre consolation, « cajolation » et responsabilisation, les sœurs et les mères n’ont pas cerné toute la profondeur de cet intérêt qui cacherait aussi des relents hypocrites dans leurs relations avec les hommes. Les bailleurs de fonds sont certes prêts à accompagner la feuille de route de cette ambition. Mais à la vérité, les personnes commises à la tâche ne sont pas toujours à la hauteur de l’enjeu. Et la nouvelle locatrice de l’avenue Houari-Boumédienne se trouve là à décrier le manque criard de cadres auquel serait confronté son ministère. Kabaco ! Longtemps, la promotion de la Femme a donc été le terrain du tâtonnement, de l’errance et de la gouvernance à vue ! Bien que les femmes aient appelé de tous les vœux à rivaliser avec les hommes sur le terrain de la compétence qui n’obéit à aucun sexe.

Un tel aveu laisse supposer que la culture de l’excellence tant chantée dans le processus de valorisation de la situation de la Femme a été longtemps balayée du revers de la main au sein du ministère. Et tout porte à croire que la conduite des affaires s’y serait basée sur le copinage plutôt que sur toute autre considération reposant sur les valeurs intrinsèques des filles, des sœurs et des mères qui auraient pu contribuer efficacement à la promotion et à la défense de l’intérêt commun. Censées marquer les pas d’une cause commune, les femmes se sont simplement marché sur les pieds et mélangé leurs initiatives.

Marche mondiale, Coalition de ceci ou de cela, Collectif de ça et ça, Association de tant et tant, Regroupement par-ci et par-là sonnent le reflet de lobbyings sans effet escompté. La victimisation de la femme a plus été un fond de commerce bien profitant qu’une raison clamant la mobilisation à tout point de vue et une synergie d’actions pour des batailles salvatrices. Il va de soi qu’aujourd’hui les mêmes alibis attirent difficilement les financements attendus.

S’il est vrai que des femmes y croient et sont déterminées à mener le combat qui vaille au nom de la promotion du genre et du débarras du joug commun, il n’en demeure moins que des consœurs continuent de par leurs actes à rendre plus laide la noblesse de la cause commune. Cela se traduit par les querelles de clochers, les disputes de leadership, les crocs-en-jambes de positionnement. A force d’opposer leur évolution à celle de leurs compagnons de toujours, les hommes, les femmes se sont montrées incapables d’opérer le ménage détergent. Bien qu’elles savent pertinemment que tout bel exemple de bonne gouvernance, d’éveil de conscience, de culture de la responsabilisation serait tacitement épousé par les héritiers d’Adam. La beauté de La Femme burkinabè est si belle qu’elle mérite un élan sincère pour améliorer davantage sa situation et se débarrasser de ces faces laides persistantes voire latentes qui assombrissent sans cesse la clarté de son combat émancipateur.

Dorcas Céleste KOIDIMA (dorcas.koidima@yahoo.fr)

Pour lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 24 janvier 2012 à 00:50 En réponse à : Promotion de la Femme burkinabè : La persistance des faces bien laides

    bien parlé !on savait que tous ces voleurs et voleuses,après avoir tout bu et tout mangé,allaient tout laisser tomber et attendre encore l’arrivée de l’argent frais des partenaires pour rentrer encore dans la danse et bouffer.
    en plus faut reconnaitre honnetement que tous ces machins ne servent à rien,tout comme ce ministère du genre,il faut le supprimer mais on aime trop le folklore pour y penser

  • Le 24 janvier 2012 à 00:56, par Le prince En réponse à : Promotion de la Femme burkinabè : La persistance des faces bien laides

    Belle analyse de la situation. Mais, vous savez bien dire les chose avec des gros, que proposez vous concrètement pour permettre nos chere maman de sortir de l’ornière. Vous convoiter peut etre vous aussi la place de Dr sangaré ? Et pour critiquer ainsi, il faut ètre former par le mème système. J’avous que vous n’avez jamais fait un village sans électricité. Proposé aussi des solutions chere dorcas !

  • Le 24 janvier 2012 à 13:19, par sel et lumière En réponse à : Promotion de la Femme burkinabè : La persistance des faces bien laides

    analyse pertinente. il faut cependant retenir que les vrais obstacles à la promotion de la femme, ce sont les femmes elles mêmes ; celles qui ont successivement dirigé ce ministère n’ont jamais eu foi en elles, elles sont elles mêmes victimes de faciès. enfermées dans leur crises de mentalité, elles ont généralement passé le temps à désavouer et à détruire les actions de leurs prédécesseurs, sans doute pour se montrer meilleure des femmes du harem , condamnant leur outils aux yeux du gouvernement et des partenaires techniques et financiers.elles ont tjrs été préoccupées plus par leur avenir personnel, pour celui de leurs enfants et de leurs familles. Nestorine SANGARE (dont le titre et le verbe ne correspondent pas vraiment à ce qu’elle est techniquement), est malheureusement plus que les autres, celle qui confirmera ce qu’on vous dit. elle n’est dans aucune logique ; ni envers elle mm, ni envers les missions du ministère. pourriture de la gestion financière et du climat de travail (demandez aux daaf et SG sortants), patinage incroyable et... aucune action digne d’interét dans le programme d’activité officiel. soyez rassurés, quand viendra un homme à la tête de ce département, les choses iront mieux ; c’est dommage mais c’est la seule solution qui vaille. le reste ne sera que tâtonnement...

  • Le 24 janvier 2012 à 13:42, par sel et lumière En réponse à : Promotion de la Femme burkinabè : La persistance des faces bien laides

    analyse pertinente. il faut cependant retenir que les vrais obstacles à la promotion de la femme, ce sont les femmes elles mêmes ; celles qui ont successivement dirigé ce ministère n’ont jamais eu foi en elles, elles sont elles mêmes victimes de faciès. enfermées dans leur crises de mentalité, elles ont généralement passé le temps à désavouer et à détruire les actions de leurs prédécesseurs, sans doute pour se montrer meilleure des femmes du harem , condamnant leur outils aux yeux du gouvernement et des partenaires techniques et financiers.elles ont tjrs été préoccupées plus par leur avenir personnel, pour celui de leurs enfants et de leurs familles. Nestorine SANGARE (dont le titre et le verbe ne correspondent pas vraiment à ce qu’elle est techniquement), est malheureusement plus que les autres, celle qui confirmera ce qu’on vous dit. elle n’est dans aucune logique ; ni envers elle mm, ni envers les missions du ministère. pourriture de la gestion financière et du climat de travail (demandez aux daaf et SG sortants), patinage incroyable et... aucune action digne d’interét dans le programme d’activité officiel. soyez rassurés, quand viendra un homme à la tête de ce département, les choses iront mieux ; c’est dommage mais c’est la seule solution qui vaille. le reste ne sera que tâtonnement...

  • Le 24 janvier 2012 à 16:34, par Bénéwindé En réponse à : Promotion de la Femme burkinabè : La persistance des faces bien laides

    Vous êtes très dure avec les femmes dont vous faîtes partie mais c’est la triste réalité.
    Pour revenir aux Maisons de la Femme, j’ai été amené un jour à aller dans une direction régionale dans le cadre de mon travail et j’ai trouvé en tout et pour tout le personnel, un monsieur qui somnolait sur une table table. En dehors de ça, c’est des cadres de mobilisation des femmes au profit du CDP. Celles de l’opposition n’osent pas demander le cadre pour un quelonque regroupement.
    Je suis par contre d’accord avec l’internaute qui dit qu’il avoir le courage de nommer un homme à la tête de ce ministère.

  • Le 24 janvier 2012 à 17:32 En réponse à : Promotion de la Femme burkinabè : La persistance des faces bien laides

    Le problème du Burkina est l’absence d’une vision de son développement futur (malgré des documents comme prospective 2025) en général, et, en particulier, pour les femmes. Il ne suffit pas de créer un ministère de promotion de la femme burkinabè car, déjà, dès le départ,tout est faussé. Le développement, la réduction des inégalités hommes/femmes, etc. concerne tout le monde et tous les secteurs d’activités. C’est donc une question transversale qui devrait être traité dans chaque ministère en son domaine. Mais, comme ici, on aime amuser la galerie, il faut bien créer un strapontin pour une femme qui va passer son temps à couper des rubans pour inaugurer les maisons de la femme dans les provinces qui ne servent à rien, et danser le 8 mars. Si ce ministère avait une vision, il n’aurait pas créer des maisons de la femme mais des unités économiques dans le domaine de la transformation et valorisation des produits locaux pour créer de la valeur ajoutée, des revenus et des emplois pour les femmes.

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