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CORRUPTION AU BURKINA : Faut-il désespérer de ce régime ?

Publié le vendredi 6 janvier 2012 à 01h03min

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Traduit littéralement, Burkina Faso signifie pays des Hommes intègres. Les habitants de ce pays, désignés par le nom Burkinabè, sont par conséquent censés être des citoyens dont le trait de caractère le plus dominant est l’intégrité. Cette valeur a effectivement fait la fierté des fils de la Haute-Volta, ancien nom de cet Etat, dont la bravoure, le patriotisme et le sens du sacrifice ont inspiré, aux auteurs de la révolution de 1983, une très significative devise. Le Burkinabè et/ou ex-Voltaïque qui scandait le slogan « La patrie ou la mort nous vaincrons » ressentait et vivait réellement ce qu’il disait. L’intérêt de la nation avait alors le primat sur les intérêts individuels. La page du mouvement révolutionnaire fut tournée en 1987, et avec elle les mesures rigoureuses visant à étouffer dans son cocon tout germe d’égoïsme, de corruption et de gabegie.

Le pays bascula ensuite dans un régime qui se veut démocratique après avoir tenté, foi de ses tenants, une rectification de ce que ces derniers ont appelé les dérives de certains camarades révolutionnaires. Ainsi fut installée, avec la Constitution de 1991, la IVe république dont l’objectif officiellement affiché est le développement du Faso basé sur une démocratie de type libéral soutenue par une bonne gouvernance. Une telle option peut paraître du reste lumineuse au regard du contexte international actuel de démocratisation et de mondialisation. Toutefois, les résultats produits laissent croire que sa concrétisation n’a pas été assortie des exigences nécessaires à sa fructueuse mise en œuvre. Quand on compare le Voltaïque et le Burkinabè de la période révolutionnaire à celui d’aujourd’hui, l’on ne peut s’empêcher de regretter amèrement le passé. Les héritiers de l’indépendance et de la révolution gèrent mal l’héritage moral de leurs devanciers.

La courte échelle est devenue le chemin préféré de ceux qui ne manquent pas d’ambitions mais souffrent d’une grave carence d’esprit d’initiative noble. Et, non contents d’avoir fait de la légendaire solidarité africaine leur dernier souci, ils ont trouvé la triste parade de faire des pratiques corruptives leurs meilleures alliées. Il n’existe point de colonnes de journal qui puissent contenir une énumération exhaustive des bas faits qui portent la griffe de Burkinabè et pas des moindres. Car, l’essentiel des actes indignes commis dans le Burkina « rectifié et démocratisé » est l’œuvre de dignitaires, d’acolytes ou de sympathisants du pouvoir en place. Et cela aussi bien en termes de quantité qu’en termes de gravité.

C’est ce qui rend d’ailleurs très difficile et complexe la lutte contre la corruption et les autres formes de détournement de deniers publics. L’engagement et la détermination de structures associatives comme le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) buttent ainsi contre l’ingéniosité malsaine et le pouvoir nuisibles des délinquants à col blanc ou leurs protecteurs. C’est sans doute en même temps révoltés par la prospérité de la capacité de nuisance de ces voleurs publics et un tantinet soulagés par l’arrestation de certains d’eux que les Burkinabè, du moins ceux dont l’intégrité est restée intacte, ont applaudi la récente mise aux arrêts suivi du limogeage du DG des douanes. Certes, ce dernier est, pour l’instant, le plus gros poisson à être tombé dans les mailles du filet de la gendarmerie. Son titre et l’importante somme de près de 2 milliards qu’il aurait détournée font sûrement de lui le crabe le plus gras du panier. Mais les Burkinabè ne sont plus à un coup d’éclat près et n’entendent pas se contenter d’une annonce sans effet.

Des voix ont commencé à s’élever pour réclamer, en plus du jugement diligent de Ousmane Guiro et de ses complices, un audit sur la gestion des responsables publics et de sérieuses enquêtes sur leurs suspects investissements. Pourquoi ne ferait-on d’ailleurs pas de la déclaration publique des biens des responsables un principe systématique et rigoureux au Burkina Faso ? Une chose semble en tout cas indéniable, la caverne d’Ali Baba d’où sont sortis le DG des douanes et son triste butin n’est pas la seule et elle regorge encore d’autres voleurs peut-être même plus fortunés que l’infortuné Guiro. Mais peut-on encore compter sur le régime de Blaise Compaoré pour jouer les zorro et voler au secours de cette république dont les vertus sont en totale déliquescence ? Nous avons bien peur que la réponse appropriée et réaliste soit irrémédiablement négative.

La coupe de la souffrance des Burkinabè risque fort de déborder. Le pouvoir de Ouagadougou n’a eu de cesse de leur prouver qu’il est prêt à leur faire boire le calice jusqu’à la lie tant que sera en jeu sa longévité. Des dénonciations de malversations financières par le REN-LAC et la suggestion de l’existence d’autres gestions opaques par l’Autorité de régulation des marchés publics et la Cour des comptes sont restées lettre morte. Ils sont d’ailleurs nombreux les Burkinabè qui demeurent sceptiques quant à l’avènement d’un jugement normal de l’affaire du DG des douanes. Il est du reste dans les pratiques habituelles du régime de fermer les yeux sur les bêtises de ses caciques. Sans doute les deux décennies d’exercice du pouvoir ont-elles eu raison de la IVe république qui ne cesse de présenter des signes évidents de sclérose au point que les déchets qu’il a eu le temps de sécréter l’empêchent de faire le saut salvateur avant d’être contraint à faire le grand saut.

Face à l’incapacité manifeste du système Compaoré à opérer sa propre mue pour sauver la république en danger, peut-on vraiment encore espérer grand-chose de ce régime ? C’est la question qu’on se pose.

« Le Pays »

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Vos commentaires

  • Le 6 janvier 2012 à 09:12 En réponse à : CORRUPTION AU BURKINA : Faut-il désespérer de ce régime ?

    c’est pour cela que j’ai toujours combattu cette mascarade de ccrp parceque la bonne gouvernance est une question de volonté politique et non des histoires de forums pour profiter encore gaspiller nos maigres ressources dans des discussions inutiles car ce régime s’est tellement discrédité qu’il prendra toujours des chemins tortueux pour parvenir à ses fins mais pour la bonne gouvernance,j’y crois pas à ce régime.
    et aussi comme je le pense,notre pays a perdu toutes ses repères après le 15/10/87 dès lors que notre charismatique thom sank fut lachement assassiné.
    avec lui,quand se présentait comme un burkinabè,on était respecté et le pays des hommes intègres avait un sens mais maintenant,cela n’a aucun sens puisque le pays baigne dans la corruption,ce qui compte c’est s’en mettre plein dans la poche sans se sourciller des moyens d’y parvenir puisqu’il y a des compatriotes qui dépouillent meme des cadavres.
    ce monsieur ne restera pas dans l’histoire quand il va quitter le pouvoir parcequ’il a fait trop de mal à notre pays.
    dites moi jusqu’à présent,ce que ce monsieur a fait en 25 ans de pouvoir à part son ouaga 2000 que je qualifie la cité de l’impunité
     ?

  • Le 6 janvier 2012 à 09:13, par GO En réponse à : CORRUPTION AU BURKINA : Faut-il désespérer de ce régime ?

    On ne peut pas espérer grand-chose de ce régime.
    Tout est pourri dans ce pays. On nous parle toujours de preuves. Quel preuves ?
    Des fonctionnaires qui ont 200000f par mois et ont fait des constructions à coup de grand millions et on un train de vie pas possible. Impossible de leur demander d’où est venu l’argent ? Pendant les inondations, on a pas eu facilement 2 milliards malgré la bonne volonté de tous les Burkinabè. Le 1er ministre a bien parlé, mais il lui faut du courage car les efforts des pauvres burkinabé sont dans les poches de ces quelques fonctionnaires.
    Il faut d’abord tout faire pour récupérer ces sommes avant d’imposer d’autres taxes à la population.
    Ce gouvernement ne peut pas lutter contre la corruption car ils ont tous des bien pas possible.
    Quand on nous disait que le président du faso lui même avait remue 30 millions au Émile Parré, ça ne se justifie pas ?
    Mais pour éviter des mauvaises choses dans l’avenir, ce gouvernement doit se faire l’effort d’entendre pas mal de fonctionnaires qui ont des bien visible et bien à leur nom.
    Go

  • Le 6 janvier 2012 à 11:45 En réponse à : CORRUPTION AU BURKINA : Faut-il désespérer de ce régime ?

    ’’Corruption au Burkina Faso : peut-on vraiment encore espérer grand-chose de ce régime ? C’est la question qu’on se pose’’. La réponse à cette question est assez évidente. Je crois qu’on a à faire à un régime qui a de l’expérience et à un régime qui a un leader charismatique qui place l’homme au centre de toutes ses actions qu’il entreprend. Le régime a duré 25 ans et a travaillé avec plusieurs acteurs donc ne vous attendez pas à ce qu’il n’y ait pas la moindre brebis galeuse comme Guiro dans ses rangs. Ce régime n’est constitué que d’ un groupe d’ humains . Même le Dieu tout puissant qui a créé Satan, a finalement remarqué avec le temps que ce dernier a échappé à son contrôle. Son fils Jésus a travaillé avec des disciples et quelques uns l’ont trahi à la fin. Dans ces deux exemples ci-dessus, la leçon a tiré c’est que Dieu et son fils malgré tout sont restés les plus puissants maitres et continuent d’œuvrer pour le bonheur de tous les humains. Ceci dit, je crois que des égarés on en trouvera dans tous les régimes mais ce qui est important c’est de se demander qu’est ce que le premier responsable d’un régime fait pour être maitre des lieux et pour agir pour le bonheur de la majorité. Dans la situation de Guiro, Blaise a pris une décision forte et je ne vois pas ce qu’il pouvait faire d’autre.
    Par ailleurs la question que moi j’allais plutôt recommander aux ’’éditions le pays’’ est la suivante : ’’Corruption au Burkina Faso : peut-on vraiment encore espérer grand-chose de la presse Burkinabè ? Je m’interroge parce que la presse en a fait trop pour cette affaire. On pouvait bien gérer l’affaire Guiro (qui a couté 2 milliards certes) mais sans faire autant de tintamarre dans la presse nationale et internationale .En ce moment on n’allait éviter de s’attirer la foudre, les critiques et la méfiance de nos partenaires financiers qui eux pour cette affaire Guiro peuvent nous refuser des sommes plus importantes qui peuvent se chiffrer à des centaines milliards de francs CFA donc bien loin des deux milliards. En toute chose il faut être stratégique.

    • Le 6 janvier 2012 à 17:42, par Le Grec En réponse à : CORRUPTION AU BURKINA : Faut-il désespérer de ce régime ?

      Evidemment : chaque peuple a les dirigents qu’il mérite. Toujours en train de jouer à l’avocat du Diable soit par ignorance, soit par cupidité ou complicité, soit par lâcheté. Dans tous les cas, c’est très grave de la part de quelqu’un comme vous, qui sait lire et écrire, de dire des choses aussi absurdes. Vous trouvez normal que les journalistes taisent un chose aussi grave, pour permettre à des gens comme vous de continuer à voler le peuple dans la quiétude ? Vous n’avez même pas honte...Trop facile, de s’en prendre aux plus faibles, la presse.

      Pendant qu’on y est, demandez une décoration pour Mr GUIRO, parce que vous vous identifiez à lui et à ses semblables. Ce pays n’ira nulle part avec des gens comme vous.

  • Le 6 janvier 2012 à 12:29 En réponse à : CORRUPTION AU BURKINA : Faut-il désespérer de ce régime ?

    Bien dit monsieur le journaliste ! Les quelques rares Burkinabè comme moi qui continuons d’espérer, avons enfin cesser de rêver. J’ai totalement jeté l’éponge !
    Les gens ont longtemps appuyé la sonnette d’alarme, mais ils n’ont pas été écoutés ! Bravo quand même aux visionnaires : le REN-LAC, le collectif, de nombreuses presses, certains artistes (Jumas Sandwidi surtout, Smockey, Samsk, ...).
    Maintenant que la confiance est partie totalement, soit on change de nom pour mieux s’adapter à la situation présente, soit on redresse la situation de façon radicale pour mériter réellement le nom Burkinabè !!!
    amicalement

  • Le 6 janvier 2012 à 12:45 En réponse à : CORRUPTION AU BURKINA : Faut-il désespérer de ce régime ?

    NON NON ET NON NOUS POURRONS PLUS RIEN ESPERER DE CE REGIME CAR IL A MONTRE CES LIMITES OBJECTIVES EN N’ADOPTANT LA LOI DU PROFESSEUR LAURENT BADO.IL FAUT SEULEMENT QU’IL DEBARASSE LE PLANCHER ET CA COMMENCE BIEN CAR ON DIT QUE L’ARBRE QUI S’APPRETE A MOURIR COMMENCE A AVOIR DES PETITS TROUS AUTOUR DE SON TRONC.

  • Le 6 janvier 2012 à 13:21, par DJELIBA En réponse à : CORRUPTION AU BURKINA : Faut-il désespérer de ce régime ?

    JE suggère, pour encourager les honnêtes forces de l’ordre et particulièrement les gendarmes qui ont mené cette affaire GUIRO, toute l’équipe de la brigade de BOULMIOUGOU qui s’est fort bien distinguée en 2011,qu’une lettre de félicitations leur soit adressée de la part du premier ministre et de son gouvernement.Il faut savoir reconnaître et recompenser les agents méritants si nous voulons que les mauvaises pratiques cessent au BURKINA.Les tentations sont si grandes que si rien n’est fait pour motiver nos braves agents,ils risquent de se laisser gagner par la pègre.Seulement serai-je entendu ???

  • Le 6 janvier 2012 à 14:40, par Alexio En réponse à : CORRUPTION AU BURKINA : Faut-il désespérer de ce régime ?

    Un bon tableau par le Pays des derniers evenements concernant la corruption au Faso.Malheureusement nous assistons au sauve qui peut dans les detournements des deniers public.La vie de la poule aux oeufs d or est menacee.La mafia intellectuelle a droit de cite au pays des hommes integres.Cette culture nausible qui fera tomber Blaise et ses akolytes.Sankara doit se senter mal dans sa tombe aujourdhui.Regrettable que sont ces memes gens qui l ont de voleur,qui sont aux affaires depuis 28ans.Richesses illicites.

  • Le 8 janvier 2012 à 15:09 En réponse à : CORRUPTION AU BURKINA : Faut-il désespérer de ce régime ?

    Le ministère de l’économie et des finances ont bloqué les réliquats résultants des traitements de l’indemnité de permanence et d’accueil depuis décembre 2010 sans pitié.En effet en novembre 2010 les indemnités d’accueil et de permanence des agents des catégories B & A , bénéficiaires de ladite indemnité ont été traitées mais partiellement pour la majorité des agents .Les reliquats restent jusqu’à nos jours bloqués par les agents de la solde on ne sait pourquoi.
    Pendant que d’autres peinent dans la misère et deception totales à recouvrer leurs droits certains amassent de fortunes colossales.En tout nous osons espérer que l’arrêté sera signé incessamment pour permettre de traiter ces reliquats dans le cas contraire les agents seront contraints à protester par le biais des grèves et autres pour rentrer dans leurs droits.

  • Le 8 janvier 2012 à 18:44 En réponse à : CORRUPTION AU BURKINA : Faut-il désespérer de ce régime ?

    Merci aux éditions "le Pays". Vous avez dit ce que tout le monde pensent bas. Le régime n’est plus fiable.
    Mr Guiro est le fusible qu’il faut sauter pour protéger les grands dinosaures.

  • Le 8 janvier 2012 à 19:10 En réponse à : CORRUPTION AU BURKINA : Faut-il désespérer de ce régime ?

    Merci beaucoup pour votre article. Je l’ai lu et suis content de cette prise de conscience. Nous regretons beaucoup le CNR.

  • Le 10 janvier 2012 à 13:03 En réponse à : CORRUPTION AU BURKINA : Faut-il désespérer de ce régime ?

    On ne peut pas espérer de quelque chose de ce régime car ces gens ont démontré le contraire de ce qu’on attendait d’eux.Ils ont même arrivé à pousser l’armée à l’erreur ;maintenant ce sont les agents de recouvrement des taxes qui auront honte devant les contribuables. qui va vouloir payer ses impôts pour que ç’a soit détourner à la fin ? ils doivent recouvrir les BIENS de l’État VOLES ou DÉTOURNES avant de vouloir embêter les honnête citoyens.

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