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Autant le dire… : Il fallait sans doute le faire plus tôt

Publié le lundi 28 novembre 2011 à 01h58min

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Des acteurs de l’agriculture se sont retrouvés hier à Ouagadougou pour parler de notre agriculture de façon globale. A travers ce qu’on pourrait qualifier « d’états généraux » de l’agriculture. Une sorte de diagnostic qui devrait permettre de savoir pourquoi, depuis notre indépendance jusqu’à nos jours, nous n’arrivons pas à nous nourrir. La preuve est bien là cette année avec environ 32 000 tonnes de céréales en moins pour combler nos besoins alimentaires.

Tous les gouvernements qui se sont en effet succédés depuis l’indépendance de notre pays, ont toujours mis l’accent sur la production agricole. Parce que tout le monde est unanime à reconnaître que l’économie de notre pays repose sur l’agriculture. Quand on parle d’agriculture, il faut y ajouter la production animale. Mais pourquoi donc, malgré tous ces efforts, on n’arrive pas à satisfaire nos besoins en la matière.

La volonté politique y est-elle réelle ? Sans doute oui, mais on pourrait y trouver sujet à discussion. Prenons par exemple le cas de la région du Mouhoun qui a été « abusivement » appelé le grenier du Burkina. En réalité, cette zone devait être le grenier du Burkina. Mais dans les faits, elle ne l’est pas. Les terres sont là ; la pluviométrie y est également assez favorable. Mais ce qui manque ce sont les infrastructures. Combien de barrages compte cette région où tombe en moyenne 800 à 1000 mm d’eau par an ? C’est l’une des régions les moins désenclavées de notre pays.

Ce qui sous-entend que les producteurs manquent de moyens mais également de soutien et d’encadrement pour produire et nourrir la région et l’ensemble du pays. N’est-ce un motif de découragement quand bien même ces braves producteurs auraient bien voulu le faire ? Puisque, quand bien même ils auraient produit, comment l’ensemble du pays pourrait-il en bénéficier alors que les infrastructures routières font défaut ? En Côte d’Ivoire, des transporteurs préfèrent venir chercher des denrées alimentaires dans les pays de l’hinterland que d’aller dans d’autres régions de Côte d’Ivoire parce qu’il manque les infrastructures. Naturellement, les produits ainsi importés coûtent plus cher au consommateur. Malheureusement cette situation n’est pas propre à la seule région de la Boucle du Mouhoun.

Sindou dans la Léraba par exemple est une zone suffisamment arrosée. Certains producteurs y pratiquent la double saison agricole. Mais la région est inaccessible. On y a souvent l’impression que les populations sont plus rattachées à la Côte d’Ivoire et au Mali. C’est une zone où l’eau coule dans les nombreuses rivières qu’elle abrite pendant toute l’année. Mais, véritablement quel projet y maîtrise l’eau et dans quel barrage ?

C’est pourquoi, il parait important de donner à la Stratégie de croissance accélérée pour le développement durable (SCADD) qui prône le développement à travers des pôles de croissance dans chaque région la possibilité d’action. Ceci pour dire que si une région est agricole, qu’on y mette l’accent pour construire le développement autour de cette activité. Il ne servira jamais à rien d’aller construire des barrages dans des zones où il ne pleut pas ; où on ne pratique pas l’agriculture au sens vrai du terme.

Par ailleurs nos producteurs ont besoin de se spécialiser par filière. Et il faut les y aider en leur donnant les moyens de le faire effectivement. On ne peut être à la fois un producteur de céréales, de coton, de patates, de haricot, d’arachide, de sésame, de soja et, en plus faire de l’élevage. Et pourtant, c’est à ce type de « multi-producteurs » que l’on a affaire maintenant.

L’agriculture doit être un métier. Et l’agriculteur doit pouvoir se nourrir de son travail. Ce qui suppose des acteurs bien formés, outillés et financés pour cela. Au cas contraire, tant qu’on restera dans l’amateurisme et qu’on dépendra des caprices de la nature, nous allons toujours tendre la sébile. Autrement, nous ne serons jamais souverains puisque qui vous tient par le ventre, vous tient totalement.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 28 novembre 2011 à 08:08, par Nongdo du Faso En réponse à : Autant le dire… : Il fallait sans doute le faire plus tôt

    Tres bon article et je comprends votre frustration qui est largement partagee par une bonne partie des burkinabe. La raison pour laquelle il n’y a pas d’effort à dedevelopper les infrastructures dans les regions à grandes potentialités agricole est due au fait que la majorité des projets agricoles sont detournés et concentrés dans des regions arides comme Ouahigouya et Ziniare. Faites les recherches, vous allez vous rendre compte que 90% des projets agricoles sont dans le plateau central. Au temps de Thom Sank, il y avait une volonté politique reelle de vaincre la famine en valorisant le Sourou, Bagre, Noumbiel.... Mais, apres Thom Sank.....on navigue à vue, avec des politiques agricoles inadequats.

  • Le 28 novembre 2011 à 11:53, par DJELIBA En réponse à : Autant le dire… : Il fallait sans doute le faire plus tôt

    Vous faites là une très belle analyse de la situation de nos spécialités régionales.D’autres pays ont réussi à spécialiser leurs zones dans les spéculations les plus pratiquées. Vous y trouverez des zones arachidières, cotonnières,bananières,maraichères et de tubercules.Pourquoi ne pas imiter ce qui a marché ailleurs chez nos voisins directs si nous ne pouvons plus rien inventer de nouveau.
    Le MOUHOUN est par excellence la zone cotonnière et céréalière, capable de couvrir les bésoins nationaux, si une organisation bien pensée était mise en place ;des voies pour l’écoulement des productions, des structures de collecte et de stockage,des producteurs organisés en coopératives,etc...Pourtant le MOUHOUN est la région qui compte le moins de routes bitumées.Est-ce une manière d’etouffer cette région au profit d’autres zones arides,latéritiques dont la voix des fils se fait entendre là où il faut ?
    IL va falloir que les fils du MOUHOUN se réveillent enfin et fassent parler DE la région.
    Que dire alors du SOUROU-NAYALA qui n’a aucun centimètre de goudron alors que le blé pousse à NIASSAN et à DI ?

  • Le 28 novembre 2011 à 16:28, par Un simpe bobolais En réponse à : Autant le dire… : Il fallait sans doute le faire plus tôt

    Trop de rapports,forum ,colloques et autres séminaires chers politiciens. Faites vite car le peuple a faim et attend des actes concrets

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