Ces accords ont été paraphés par les deux premiers ministres, le burkinabè, Luc Adolphe Tiao, et l’ivoirien, Guillaume Soro. A la fin des travaux, le président du Faso a dit ceci que ces accords « sont un pari pour le futur. Elles sont à la mesure de l’espérance de nos peuples, et à la portée de nos capacités de réalisation. »

Puis dans son discours de clôture du sommet il a ajouté : « Les conclusions auxquelles nous sommes parvenus sont véritablement porteuses d’espoir d’un avenir commun de progrès économique, de développement social et culturel pour les peuples ivoirien et burkinabè. (…). Plus que le renforcement de la coopération entre nos deux pays, il s’agit de la construction d’un destin commun, d’un espace économique intégré et de solidarité. »

Tout cela s’est passé devant une presse nombreuse, nationale et internationale venue témoigner et relayer à travers leurs médias, tout ce qu’elle a vécu. La télévision nationale du Burkina a même retransmis en direct l’événement. Quand on sait qu’elle est aussi en direct sur Internet, il n’y a rien redire. La signature de ces accords a été suivie par le monde entier. En tout cas ceux que ça intéresse et qui les ont effectivement rapportés.

Maintenant que ces engagements ont été pris devant tout le monde, il reste aux deux à véritablement les mettre en œuvre. Et c’est là que les deux chefs d’Etat, les deux Premiers ministres et les membres de leurs gouvernements respectifs sont très attendus. Leur crédibilité passe inéluctablement par la concrétisation de ces accords dont certains touchent au vécu quotidien des populations des deux pays. C’est le cas par exemple de l’énergie, à travers l’électricité. Les Burkinabé sont mémorables des très fréquents délestages dont ils ont souffert, individuellement et collectivement, mais surtout économiquement pendant ces dernières années. Pendant que l’interconnexion était en vigueur.

Quant aux tracasseries policières et douanières sur le tronçon Abidjan-frontière du Burkina, les transporteurs et voyageurs continuent d’en souffrir. Il y a juste une semaine notre reporter a écrit sur le phénomène alors qu’il s’était rendu à Abidjan par la route. Les populations ouest-africaines vivant sur le territoire ivoirien veulent être rassurées qu’elles seront en paix ; qu’on ne viendra pas nuitamment les inquiéter en leur demandant des papiers « qui n’existent pas ». Elles veulent se rassurer, et ce pour toujours, qu’on ne viendra pas leur arracher le fruit de leurs investissements sur le sol ivoirien.

Ce sont entre autres, des problèmes importants qu’il faut poser et leur trouver des solutions. Car, tous ces accords n’auront de valeur que lorsqu’elles soulageront les conditions réelles de vie des populations respectives qui sont les premières concernées.

La « fracture » entre les hommes politiques et les populations se trouve à ce niveau. Ils prennent des engagements, font des promesses et puis ; plus rien. Quand on les interroge, ils trouvent toujours quelque alibi pour se justifier. On espère bien qu’Alassane Ouattara, qui inscrit ainsi son nom sur de grands dossiers qui concernent aussi bien son pays que les autres pays de la sous-région, notamment le Burkina et le Niger (qui entrera en ce mois de novembre dans le cercle des pays producteurs de pétrole) pèsera de toute son influence et de toutes ses relations dans le monde économique pour les faire aboutir. Comme avait réussi son père spirituel, Félix Houphouët-Boigny à travers plusieurs actions sous-régionales. Les contextes ne sont sans doute pas identiques, mais on ose croire que les lignes bougeront enfin.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso