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Autant le dire… : Rien de sérieux tant que ce sera avec les commerçants et les maires

Publié le jeudi 17 novembre 2011 à 00h52min

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Contrairement au Niger il y a quelques années, le gouvernement burkinabé a joué la carte du réalisme en reconnaissant le déficit céréalier. Aussi, a-t-il déjà engagé le combat pour combler ce manque d’environ 32 000 tonnes. Car en effet, au moins 146 communes sont déficitaires et ont besoin de soutien alimentaire. Mais, comme dit l’adage, avant de demander le soutien de dehors, il faut faire quelque chose soi-même. C’est pourquoi, dans la logique de la solidarité entre Burkinabé, le ministre de l’Agriculture a rencontré les producteurs des zones excédentaires, les commerçants et tous les autres acteurs devant intervenir pour résorber un tant soit peu la situation de l’intérieur en attendant l’intervention extérieure.

Tout ceci est bien et nous pensons que les Burkinabé connaissent bien ce qu’est la solidarité. Elle est d’ailleurs une tradition bien de chez nous. D’abord dans les foyers, les femmes s’échangent ou se donnent pratiquement tout : soumbala, sel, potasse, et souvent quelques légumes voire des céréales quand le voisin n’en a pas. C’est tout un symbole. Ensuite dans nos habitudes de tous les jours, nous partageons quand il y en a. Enfin, ne sommes-nous pas dans le mois de la solidarité ? Mais là où il y a toujours problème, et où il y aura problème dans cette lutte contre une indéniable pénurie de céréales, c’est du côté des spéculateurs et autres commerçants véreux qui ne voient partout que leurs intérêts et rien d’autre.

La preuve, ils ont déjà envahi les campagnes où ils achètent comme ils veulent les céréales. Qui pourra les empêcher après de les revendre comme ils veulent ? C’est pourquoi le gouvernement devrait dès à présent organiser la commercialisation des céréales auprès des producteurs. Il n’y a pas de temps à perdre et ce ne sont pas les rencontres dans les salles feutrées et climatisées qui sont la solution. Le ministre délégué chargé des Collectivités locales a menacé de sévir contre les maires qui vont se rendre coupables d’indélicatesses dans le cadre de cette opération. S’est-il bien renseigné pour savoir si les producteurs sont prêts à vendre leurs céréales à un maire ?

Si la Société nationale de gestion des stocks de sécurité a un réseau autre, qu’elle l’utilise. Et en principe elle devrait en avoir un. Les maires ont tellement de préoccupations et de soucis ces temps-ci qu’ils n’auront visiblement pas le temps pour s’intéresser à cette opération. Surtout qu’avant même de commencer on menace de les sanctionner. Cela ne veut nullement dire qu’ils manquent de patriotisme ou de solidarité envers les zones déficitaires, mais c’est une question de réalisme sur le terrain.

Il va donc falloir trouver assez rapidement, un second réseau de collecte. Pendant que nous y sommes, pourquoi donc ne pas impliquer fortement directions régionales, provinciales et départementales de l’agriculture ? A défaut, il y a des associations féminines ou de producteurs organisés dans la filière des céréales ; pourquoi ne pas s‘appuyer sur ces organisations qui connaissent bien le terrain ? Il semble que l’Etat a peur de prendre ses responsabilités. Ceux qui font la spéculation, ce sont bel et bien les commerçants. Ceux qui achètent les céréales ce sont les commerçants. On a beau responsabiliser les maires, les conseillers, les commerçants vendeurs de céréales passeront derrière leur dos pour acheter les céréales, les stocker et créer la pénurie. Puis ils les ressortiront quand ils voudront et au prix qu’ils veulent. Et le gouvernement n’y pourra rien.

Les dernières mesures prises pour abaisser les prix des produits de grande consommation, vendus par les mêmes commerçants sont-elles respectées ? Pourquoi ? L’Etat devrait en tirer les conséquences et savoir tout de même que si on parle de solidarité, c’est généralement entre pauvres et jamais avec des riches, encore moins des commerçants. Qui, une fois de plus ne s’engagent que lorsqu’ils y ont leurs intérêts. N’est-ce pas eux qui ont procédé à l’augmentation du prix du sucre et du lait pendant la période pieuse de ramadan ? Si ces gens-là n’ont pas eu peur de Dieu, du jugement dernier au cours duquel on pourrait leur demander des comptes, ce n’est pas vendre des céréales à des prix de leur choix qui posera un problème.
Si on veut donc éviter de se rentrer dedans alors que la situation sera encore plus tendue, il faut dès à présent prendre les dispositions qui s’imposent.

Depuis quand le gouvernement est-il arrivé à réguler les prix des céréales sur le territoire national en concertation avec des commerçants ? On aurait bien voulu croire que cette fois soit la bonne, mais on est malheureusement plus certain que rien de sérieux ne sera fait. Tant que ce sera avec les commerçants et les maires.

Dabaoué Audrianne KANI

L’express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 17 novembre 2011 à 09:41, par sergy En réponse à : Autant le dire… : Rien de sérieux tant que ce sera avec les commerçants et les maires

    Pour une fois j’épouse la reflexion de ce journaliste.Le gouvernement se la joue hypochrite en associant les commerçants.Après avoir été subventionnés à cout de milliards ils ont refuser de baisser les prix c’est pas sans subventions qu’ils le feront.LUC pardon change ton fusil d’épaule.Evite les commer autant que possible.

  • Le 17 novembre 2011 à 09:46, par Brak ! En réponse à : Autant le dire… : Rien de sérieux tant que ce sera avec les commerçants et les maires

    Mon frère ! bien vu, mais malheureusement le gouvernement ne fera pas ça.Très peu d’intérêt. le gouvernement préfère plutôt utiliser régions et mairies pour les consultations régionales dans le cadre du CCRP pour que Blaise puisse rester au pouvoir.Cela est beaucoup plus urgent.Et rassure toi quelque soit le degré de déficit aucun membre du gouvernement n’aura faim au Faso.
    Mon frère dommage : on mobilise quelqu’un dans ses intérêts,pas en dehors.

  • Le 17 novembre 2011 à 11:52 En réponse à : Autant le dire… : Rien de sérieux tant que ce sera avec les commerçants et les maires

    Mr PM SVP laissez en dehors les maires et les commerçants dans la gestion du déficit céréalier.Faites confiance à la SONAGES, je crois qu’elle est à la hauteur.

    SIDKEITA

  • Le 17 novembre 2011 à 12:12 En réponse à : Autant le dire… : Rien de sérieux tant que ce sera avec les commerçants et les maires

    Ni avec les ministres. Rappelez vous qu’ils ont ensemble decider de lotir des parcelles pour resoudre le probleme de logement des populations. Mais apres ils ont tout simlpement feinter et fourvoyer le conseil des ministre pour s’y tailler des domaines.

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