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AUDIT DU FICHIER ELECTORAL BURKINABE : L’OIF enfonce une porte ouverte

Publié le mardi 8 novembre 2011 à 02h18min

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Ainsi, l’opposition avait raison de se plaindre. Le fichier électoral burkinabè était bel et bien bancal. Et il a fallu des "experts" de l’OIF (Organisation internationale de la francophonie) pour le dire, pour qu’enfin on puisse l’accepter et le reconnaître. Mais en fait, l’OIF enfonce un portail qui était déjà largement ouvert. Les résultats provisoires de l’audit que cette mission a mené sur notre fichier électoral ne révèlent rien qu’on ne connaisse déjà sous les cieux du "pays des Hommes intègres". Selon ce que le président de la CENI a dit aux journalistes lors de la conférence de presse du samedi 5 novembre dernier, la mission a jugé qu’il y avait trop de documents utilisables pour s’inscrire sur les listes électorales.

A l’époque, on s’était inquiété que cela occasionne des inscriptions multiples, causes de fraude. On avait rassuré que le risque sera enrayé par la présentation de la seule CNIB lors du vote. Malheureusement, les données de la CENI et de l’ONI se sont révélées incompatibles, accouchant des cartes d’électeurs sans photo ni informations substantielles. L’OIF a indiqué que ce n’était pas bon pour la crédibilité du fichier. Mais l’opposition avait décrié cela plus tôt et, on se le rappelle, le juge administratif l’avait même suivie. Quant à la contestation du fichier électoral par la classe politique et la société civile, on n’avait pas besoin de dessin pour le constater. Et enfin, l’OIF recommande qu’on mette en place un fichier électoral basé sur l’enrôlement biométrique.

Cela, la classe politique et la société civile en avaient fait leur refrain le plus redondant. Alors, cet audit de l’OIF donne l’ironique image d’un devin qui prédit à un homme, dont la jambe vient d’être emportée par la vorace gueule d’un crocodile, qu’il sera unijambiste. Cela donne aussi l’impression, bien désagréable, que le Burkinabè ne se fait pas lui-même confiance et que ceux qui exercent le pouvoir ne prennent pas suffisamment en compte les avis d’une partie de la population burkinabè. Mais on peut relativiser en disant que c’est par souci d’arbitrage que l’OIF a été mandatée. Dans tous les cas, ce qui est dit est dit. Il reste maintenant à savoir si ceux qui ont le pouvoir, ont la réelle volonté de doter le Burkina d’un fichier électoral digne de ce nom et qui recueille au moins l’approbation de tous. Il ne faut pas qu’on perde de vue que ce fichier est indispensable.

La crise qui a secoué le pays, surtout le régime au pouvoir, a une de ses racines principales dans ces imperfections et dans l’idée devenue conviction pour les Burkinabè qu’ils n’ont pas la liberté de choisir. Si le principal obstacle est l’argent, il peut être objectivement franchi. En effet, si les bailleurs de fonds ont accepté de financer l’établissement d’un fichier électoral aussi bancal que celui qui est vilipendé aujourd’hui, il n’y a pas de raison qu’ils refusent d’accompagner le Burkina dans sa volonté de se remettre sur le droit chemin. La nouvelle équipe de la CENI est dans les bonnes grâces de la classe politique et de la société civile. L’un des ingrédients d’une paix et d’une cohésion sociales au Burkina, c’est que tout ce qu’elle touchera, jouira également de cette aura. On a bien commencé. Ne donnons pas raison au proverbe moaga qui dit que bien finir vaut mieux que très bien commencer.

Sidzabda

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 8 novembre 2011 à 09:34 En réponse à : AUDIT DU FICHIER ELECTORAL BURKINABE : L’OIF enfonce une porte ouverte

    C’est la plus importante information de ces 20 ou 30 dernières années. Etat civil non viable, fichier électoral non fibale, ces deux élements seuls suffisent à dire que depuis la dernière élection qui a opposé Sangoulé Lamizana et Macaire Ouédraogo, aucune élection dans notre pays n’est valable. Constat accablant pour nous tous. Il n’y a pas de honte plus grande. Inutile de se voiler la face. Quand je pense que nous nous prétendons pays émergent ! Honte à nous, qui trouvons le moyen d’aller conseiller les autres pour avoir des élections propres ! Hommes intègres, hommes intègres ! La honte devrait nous tuer tous aujourd’hui. Karissaaaaaaaa !

  • Le 8 novembre 2011 à 10:41, par Lepenseur En réponse à : AUDIT DU FICHIER ELECTORAL BURKINABE : L’OIF enfonce une porte ouverte

    Bel article !!! Le véritable problème ici au Faso est que le pouvoir en place se croit illuminé alors qu’en 24 ans de pouvoir, le burkinabé ne mange pas à sa fin, a toujours des coupures d’eau et d’électricité, est analphabète. Le pouvoir utilise très mal les données statistiques. Cela veut dire qu’il faut recenser bien notre population, bien immatriculer les gens et mettre un bon réseau national informatique en place pour tracer les gens avec des données sur eux... Cela va de notre volonté de vouloir nous développer ou pas. A bon entendeur, salut !

  • Le 8 novembre 2011 à 12:49, par TAO En réponse à : AUDIT DU FICHIER ELECTORAL BURKINABE : L’OIF enfonce une porte ouverte

    bienvenue à la biométrisation du fichier électoral. Parce que je l’ai déjà dit en décembre 2010 et je le repète qu’avec de telles cartes comme en 2010, je m’intéresserai nullement au processus électoral dans ce pays là. Merci de me comprendre.

  • Le 8 novembre 2011 à 13:24 En réponse à : AUDIT DU FICHIER ELECTORAL BURKINABE : L’OIF enfonce une porte ouverte

    Si je comprends très bien,depuis que la Haute Volta était la Haute Volta et depuis que la Haute Volta est devenue le Burkina Faso,toutes les élections qui se sont passées depuis,sont fausses.Donc que ceux qui sont aux affaires maintenant a savoir le PF,les députés,les conseillers municipaux et généraux,s’ils ont une petite dignité doivent démissionner afin qu’on en finisse avec cette culture du faux

  • Le 8 novembre 2011 à 15:14, par Bark-Biiga En réponse à : AUDIT DU FICHIER ELECTORAL BURKINABE : L’OIF enfonce une porte ouverte

    On a beau dire, l’ALTERNANCE est un moteur du progrès. On n’imagine pas un seul instant que cette info serait connue si M. Michel TAPSOBA (paix à son âme) était toujours à la tête de la CENI. Il n’aurait certainement pas permis qu’on dénigre son bébé (le système électoral du BFA). Si ça se trouve, l’OIF l’a peut être déjà dit par câble diplomatique en d’autres temps.
    L’ALTERNANCE au sommet de l’Etat permettra de connaître les infos et données (qu’on cache parce que n’honorant pas certaines personnes) du pays et de pouvoir les combattre pour le progrès de tous. A bon entendeur !

    Bark-biiga

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