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Régionalisation au Centre –Sud : Issaka Luc Kourouma nous revient

Publié le mercredi 17 août 2011 à 02h19min

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Il y a quelques années de cela, après le choix de Manga pour abriter le chef-lieu de la région du Centre-Sud au détriment de Pô, il avait été de ceux qui avaient crié à l’iniquité, notamment dans le cadre du "Mouvement Justice pour le Nahouri". A la faveur de la récente sortie du Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, sur ce sujet qui continue visiblement de fâcher, notre confrère Issaka Luc Kourouma, natif de la province, nous revient dans la lettre ouverte qui suit.

Monsieur le Premier ministre,

Vous avez déclaré lors de votre récent séjour à Pô que les Nahouriens devraient oublier cette affaire de chef-lieu de région pour travailler de concert avec les autres au développement de la région du Centre-Sud, argumentant en disant que, si la capitale de la région avait été donnée à Pô, et que Manga ou Kombissiri se mettaient à se plaindre qu’auraient dit à ce moment les gens du Nahouri ?

Cher Premier ministre, cette vue des choses me paraît quelque peu simpliste voire superficielle et m’amène à croire que vous ne connaissez certainement pas le fond de l’affaire. Votre analyse laisse penser que c’est Pô le problème, que c’est elle la femme du diable qui ne veut pas de l’unité de la région du Centre-Sud et que la balle est dans son camp. Ce qui est loin d’être vrai. Le problème, ce n’est ni Pô ni Manga ni Kombissiri, mais le gouvernement.

C’est lui et lui seul (aidé de son bras législatif qu’est l’Assemblée nationale) qui a créé cette situation malheureuse. C’est lui le véritable pyromane et non le Nahouri et par conséquent c’est lui qui devrait éteindre le feu et non Pô. Il n’y a pas d’affaire Pô # Manga, par contre, il y a une affaire Pô # Gouvernement du Burkina Faso. S’il était possible de porter cette affaire en justice, les gens du Nahouri n’auraient aucun motif de plainte contre Manga.

Par contre, l’accusé serait bel et bien le gouvernement, qui a commis cette grosse injustice. En effet ce n’est ni par plaisir, ni par orgueil, ni par haine pour Manga que Pô revendique le chef-lieu de sa région, mais c’est bien parce qu’il y a eu injustice. Et je suppose que la question qui vous brûle les lèvres est celle là : en quoi y a-t-il eu injustice ?

Voici l’injustice

Dans le cadre de cette lettre, il n’est pas possible d’exposer toute l’argumentation, mais, en quelques mots, voici en quoi réside l’injustice : nous la démontrons sur la base des critères établis par le gouvernement lui-même pour désigner les capitales régionales.

Les cadres du ministère de l’Administration territoriale que le Mouvement Justice pour le Nahouri a rencontrés à plusieurs reprises avaient énoncé trois principaux critères ainsi que des critères d’ordre secondaire ayant prévalu au choix des chefs-lieux de région : le premier critère sur lequel le gouvernement de l’époque s’est basé (c’est ce qu’on nous avait dit) est celui des schémas de régionalisation déjà tracés par les départements ministériels, le deuxième critère est d’ordre historico-administratif, c’est-à-dire qu’au niveau de certaines régions, il y avait des villes qui jouaient déjà un rôle de capitale, et le troisième critère, est celui de la distance géographique.

Certains avancent des critères secondaires et non officiels d’ordre culturel et linguistique. Voilà les critères exposés par le gouvernement à l’époque et voici l’injustice : concernant le premier critère, vous devez savoir, Monsieur le Premier ministre, que c’est Pô qui a initialement été choisie par plusieurs départements ministériels pour abriter leur direction régionale, et la première y a été implantée en 1991, même s’il est vrai que, par la suite, Manga a aussi commencé à en abriter ; mais au moment de l’adoption de la loi sur la régionalisation en 2001, si l’on devait considérer le nombre des directions et services régionaux, Pô l’emporterait ; c’est donc un critère qui ne pouvait pas militer en faveur de Manga ; concernant le critère historico-administratif, vous devez savoir, Monsieur le Premier ministre, qu’aucune des villes ne jouait véritablement le rôle de capitale régionale comme on en voyait ailleurs ; ce sont les services régionaux qui liaient les villes de la région, mais je vous ai dit que, là-dessus, Pô avait un léger avantage.

Par contre au plan purement administratif, Pô a toujours joui, depuis la création de la Haute-Volta en 1919 à l’avènement de la révolution d’Août, d’un statut administratif supérieur à celui de Manga ; en effet, moins de deux ans après la création de la Haute-Volta, soit le 6 avril 1921, Pô était érigée en subdivision ; le 19 août 1922, la subdivision de Pô est rattachée au cercle de Ouagadougou et le 31 décembre 1956, Pô est érigée en cercle par arrêté N° 11200/API.

C’est bien plus tard que Manga deviendra une subdivision administrative en même temps que Tiébélé (un des départements du Nahouri). Et c’est finalement en 1984 que les deux villes de Pô et de Manga bénéficient du même statut administratif, à savoir chef-lieu de province. Nous ne donnons pas ces informations, que nous sommes allés chercher aux archives nationales, pour humilier Manga, mais parce qu’on nous oblige à démontrer en quoi le Nahouri a subi une injustice.

Enfin concernant le critère de la distance, nous concédons que, sur ce plan, Manga est effectivement la mieux placée parce que se trouvant presque à équidistance de Pô et de Kombissiri ; mais nous avions à l’époque répondu au ministère de l’Administration territoriale que c’est un critère qui ne tient pas la route sinon des provinces au niveau d’autres régions ne traverseraient pas Ouagadougou pour aller répondre ailleurs dans des chefs-lieux qui, eux-mêmes, sont assez proches géographiquement de la capitale burkinabè.

Et nous avions en son temps exhibé d’autres critères qui militaient en faveur de Pô, à savoir le développement socio-économique des deux villes ; nous avions secteur par secteur situé le développement de chaque ville, démontrant sur la base de statistiques l’avance du chef-lieu de la province du Nahouri. Quant aux critères d’ordre culturel et linguistique, je n’en parle pas parce qu’ils ne sont pas officiels.

On nous avait aussi fait comprendre de façon officieuse que d’autorité, l’Etat pouvait donner un chef-lieu à qui il voulait. En réalité, ce fut le cas en ce qui concerne la région du Centre-Sud ; de façon arbitraire comme un ordre divin immuable et infaillible, on a décidé de favoriser une ville au détriment d’une autre pour des raisons inavouées et inavouables parce que tabous.

Monsieur le Premier ministre,

Répondez-nous, à votre avis, y a-t-il eu injustice ou pas dans cette affaire ? De toute façon, qu’importe que vous nous donniez raison ou tort. Les gens du Nahouri, pour leur part, trouvent là une criarde injustice et ils ne peuvent pas pour vos beaux yeux la passer en pertes et profits comme vous semblez nous le demander. C’est pourquoi la morale que vous avez servie aux Nahouriens me semble mal à propos. Puisse le gouvernement ôter la poutre qui est dans son œil avant de voir la paille qui est dans celui du Nahouri ?

Pô veut le chef-lieu pour ses conséquences bénéfiques

Cher Premier ministre, savez-vous pourquoi Pô tient tant à un statut de chef-lieu de région ? C’est parce que ce statut comporte des conséquences bénéfiques. Il propulse le développement. Bientôt Manga aura un grand hôpital régional, elle aura un lycée régional, elle organisera tôt ou tard la célébration du 11-Décembre au plan national et elle aura des cités et d’autres infrastructures sans compter les autres projets et réalisations à venir et liés à la régionalisation.

Et dans 10 ou 20 ans, Manga se révèlera supérieure à Pô dans son développement socio-économique du simple fait d’un décret, d’une loi inique. De deux villes qui avaient sensiblement les mêmes niveaux de développement avec un avantage pour la plaignante, à l’arrivée, ce sera l’autre qui se développera. Et vous voulez que le Nahouri se taise, que Pô croise les bras et que ses fils et filles assistent de manière passive et impuissante à la mise en œuvre de cette injustice ?

Je dis personnellement non, car je fais mienne cette assertion de Martin Luther King : « Chacun a la responsabilité morale de désobéir aux lois injustes ». En vérité, c’est le Nahouri qui devrait se poser la question de savoir s’il fait bel et bien partie de ce pays et non le contraire.

Cette situation me renvoie à l’image d’une famille où le chef de famille décide de déshériter un fils aîné qu’il n’aime guère tout en lui interdisant de manifester son mécontentement ou de réclamer sa part d’héritage. Son Excellence Luc Adolphe Tiao, sachez que s’il ne s’agissait que de simples questions administratives, contre mauvaise fortune bon cœur, le Nahouri aurait capitulé pour la paix et la tranquillité dans ce pays, qui a tant souffert.

Mais, dans le cadre de la région du Centre-Sud, être chef-lieu de région, c’est se développer plus vite que les autres ; nous avons du mal à laisser tomber parce qu’il s’agit du développement et de l’avenir d’une province retardée par une décision d’un régime qui a semblé jouer de la partialité dans cette affaire.

La région du Centre-Sud est une région spécifique : les trois provinces qui la composent n’avaient aucune tradition pour répondre l’une de l’autre au plan administratif ; les trois provinces et leur chef-lieu ont plus ou moins le même niveau de développement ; il fallait donc concevoir une régionalisation qui développe selon la même progression les trois provinces tout en les obligeant à répondre les unes à l’autre : exemple un hôpital régional dans la province a, un lycée régional dans la province b et une autre réalisation régionale dans la province c ; ce qui permettrait à chacune de dépendre de l’autre et d’établir progressivement des échanges réels qui surpasseront les aspects administratifs de la régionalisation et qui, peut-être, favoriseront tôt ou tard l’implantation d’une culture de régionalisation dans cette partie du Burkina.

Monsieur le Premier ministre, à mon humble avis, votre gouvernement devrait plutôt en profiter pour repenser la régionalisation au même titre que tous les autres domaines qui ont été mal ou légèrement conçus, car là-bas aussi, il y a des dysfonctionnements et des injustices.

Si bravement vous faites le bilan d’une décennie de régionalisation et que les populations acceptent sans crainte de parler à cœur ouvert, vous vous rendrez compte que le pays a mal à certaines de ces parties régionales. Tentez cela au lieu de faire la morale à Pô et au Nahouri et de vouloir les contraindre à accepter un mariage forcé ; ce qui est une mission impossible pour vous pour la simple raison que c’est dans les cœurs et les esprits que les Nahouriens refusent cette régionalisation-là ; on peut les contraindre au silence mais jamais on ne pourra leur faire accepter la chose telle qu’elle se présente aujourd’hui. La régionalisation les rebute d’autant plus qu’au plan judiciaire, c’est le calvaire pour eux.

Monsieur le Premier ministre,

L’amitié que je vous porte n’est nullement altérée et l’avantage que nous avons de partager une confraternité professionnelle existe toujours ; et c’est précisément pour cette raison que je m’interdis de vous caresser dans le sens du poil pour ne pas vous induire en erreur.

La vérité, ce n’est pas de demander de façon maladroite et blessante au Nahouri d’oublier ; la vérité, ce n’est pas ce que les politiciens de la province du Nahouri vous racontent, car eux ont une vision embrumée de cette affaire du fait de leur préoccupation première à rechercher une place confortable sous le parapluie de la politique. De ce fait, leurs propos sont souvent aussi mensongers que leurs intérêts. La vérité est cette souffrance qu’endurent le paysan, le commerçant et le vieillard nahouriens pour aller répondre devant la justice à Manga ; ils continueront de rejeter cette régionalisation qui les défavorise sur tous les plans.

La vérité, c’est ce sentiment d’injustice enfoui dans le fond du cœur de ma tante à Guiaro, de ma grand-mère à Tiébélé et de mes cousins de Zécco et de Ziou ; ils continueront de tourner le dos à cette régionalisation-là.

La vérité, c’est cette malédiction silencieuse que prononce régulièrement le vieillard de Pô sur le régime du président Compaoré à qui, lui, vieillard, a donné ses bénédictions et en faveur duquel lui, vieillard, a fait des sacrifices lorsqu’il quittait Pô une après-midi du 4 août 1983 pour venir conquérir le trône de Ouagadougou ; il vous est impossible de faire comprendre à ce vieillard que le fait de mettre Pô sous Manga (c’est comme cela que les paysans désignent la régionalisation au Nahouri) n’est pas une ingratitude « présidentielle » ; et ce vieillard-là continuera de rejeter cette régionalisation-là. Telle est la « vraie » vérité.

Ô ! S’il vous était seulement possible d’abandonner un tant soit peu les politiciens de tous bords pour aller une matinée auprès des populations dites laborieuses du Nahouri, alors vous découvririez cette vérité dont je vous parle ; alors vous connaîtriez l’ampleur du phénomène et peut-être que vous y trouveriez à ce moment la solution appropriée.

Monsieur le Premier ministre, je vous fais mes excuses si cette lettre est quelque peu rugueuse et peu diplomatique : c’est parce qu’elle est écrite avec l’encre de l’amitié, l’esprit de la confraternité, le style de la vérité et l’approche d’une connaissance. La prochaine fois, je veillerai à être plus respectueux. Puisse Dieu vous bénir dans cette lourde et ingrate fonction qui est actuellement la vôtre.

Issaka Luc Kourouma

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 17 août 2011 à 06:04, par Mohamed En réponse à : Régionalisation au Centre –Sud : Issaka Luc Kourouma nous revient

    Quelle jalousie ! Ainsi donc po doit continuer son developpement et manga doit rester pauvre pour toujour selon vous ? He ! meter de leau dans votre vin. Laissez manga profiter aussi des avantages qui vous rendent jaloux. Nous voulons aussi voir notre province se developer comme po puisse vous dites que po est mieux develope que manga laisser nous vous ratrapper. La main dans la main et evitons de creer la division dans notre chere et pauvre pays. Merci

    • Le 19 août 2011 à 17:30, par sophie En réponse à : Régionalisation au Centre –Sud : Issaka Luc Kourouma nous revient

      Monsieur Mohamed

      Vous vous inscrivez en minable personne lorsque vous qualifiez la reaction de Mr Kourouma de Jalousie. Votre reaction prouve que vous n’avez rien compris dans ses propos ; laissez moi vous expliquer qu’il n’a jamais demande l’arret du developpement de Manga ; il releve tout simplement le fait que Po est victime d’une injustice de la part du gouvernement et non des fils Manga et demande au gouvernement de reconnaitre cette injustice. D’ailleurs il n’a pas tout dit. La construction d’un aerodrome etait prevu a Po par le defunt president, et tout le materiel a la realisation de ce projet etait depose sur ledit site.Tout Po sait que ce projet a ete detourne au profit de Ziniare. Lorsque l’on prone la paix et la concorde, on doit cultiver d’abord la justice.Toutes les localites demandent le developpement, mais que l’on ne retire pas le droit de l’aine au profit du cadet.

  • Le 17 août 2011 à 10:18, par mitbketa En réponse à : Régionalisation au Centre –Sud : Issaka Luc Kourouma nous revient

    Je vais m’adresser ici à deux mes concitoyens.
    D’abord, Monsieur le Premier ministre ! Excellence ! Tout le monde sait que vous avez du fardeau sur les épaules et votre défi est de réconcilier les burkinabé avec eux même après cette crise socio-économique qu’à connu le Burkina Faso, notre chère patrie ! Considérant ces faits il n’était judicieux à mon avis de revenir sur cette page de l’histoire commune de la région du Centre sud pour réveiller les démons ( mais Luc n’est pas un) qui dorment. Vous auriez du aborder simplement la question de la pauvreté très vivifiant qui contraste avec le potentiel économique de la province ! Voyez vous les conséquences qui ne vous facilitent la tâche ! Je vous suis régulièrement à la télé avec beaucoup d’admiration, mais je vous prie, si me l’autoriser,à être humble et pauvre riche dans vos discours ! Votre prédécesseur en avait l’énergie et l’intelligence mais au bout du parcours... je vous prie, ne jouer pas au sapeur pompier mais jouer plutôt au facilitateur et plaider beaucoup pour l’union des coeurs pour un burkina réconcilié d’abord puis un burkina émergent.Je m’arrête là pour ne pas emboiter la fougue de notre concitoyen Luc qui a eu de bonnes raisons de s’adresser ainsi à vous. A votre analyse monsieur le premier ministre et salut !
    Enfin , a monsieur Luc ! s’il est vrai que vous avez de bonne raison de réclamer justice pour le Nahouri, j’estime à mon avis qu’il n’est pas opportun de revenir sur cette question avec cette manière ( excusez moi) au regard du contexte actuelle de la vie de la nation. E c’est comme le disais feu le président Félix Houphouet Boigny" La paix n’est pas un mot, c’est un comportement" Je dirai ce n’est pas un comportement mais c’est avant tout une vision, une attitude et un engagement. OUi, nous avons besoin de cette paix pour nous regarder en face et discuter des problèmes qui nous concernent tous en tant que citoyen tout en ayant à l’esprit de cultiver la volonté de vivre ensemble. C’est çà aussi le défi dans la construction d’une nation, comme la nôtre à la recherche de ce qui peut nous unir malgré nos différences culturelles ! La construction d’une nation s’inscrit dans une dynamique qui appelle à un moment ou à un autre de notre parcours des changements. Travaillons donc pour ces changemments dans la concorde nationale et dans la paix. Merci à tous !
    Ya maam la MITBKETA

  • Le 17 août 2011 à 11:50, par Le Zoung En réponse à : Régionalisation au Centre –Sud : Issaka Luc Kourouma nous revient

    Blablablablablablablabla.........Si vous parcourez votre chère province, vous rencontrerez des agents de catégorie A sous administration de préfet de catégorie B. C’est cela aussi le pouvoir discrétionnaire de l’état.

  • Le 17 août 2011 à 12:03, par Forônto En réponse à : Régionalisation au Centre –Sud : Issaka Luc Kourouma nous revient

    Il n’y a rien d’irrespectueux dans votre lettre et point besoin de vous excuser. Je suis d’accord avec vous que Pô a subi une injustice. Cette injustice couve des ressentiments et aucun Nahourien conscient et au parfum de cette histoire de régionalisation ne peut le nier. Je ne parle pas de Nahourien limité au statut de ressortissant, mais de tous ceux qui y vivent ou y ont un attachement particulier. Tout Burkinabè ou étranger peut se considérer nahourien pourvu qu’il le veuille. Ne nous trompons donc pas de combat. Nous n’avons pas affaire aux gens de Manga avec qui nous avons, d’ailleurs, de bons rapports. Déjà que nous avons du mal à construire une nation burkinabè, n’attisons pas le spectre de la division.
    Nous sommes contre le non respect des critères objectifs établis pour l’attribution des centres lieux de région. Il y a des villes qui, comparées à Pô, sont à vrai dire des hameaux. Mais elles sont des capitales de région. On s’y précipite pour investir afin de forcer leur développement, pour y convoyer des projets parce que de hautes autorités politiques viennent de là bas. Voila ce qui choque. Si le premier ministre ose encore parler de ce problème de régionalisation, c’est qu’il y a un problème quelque part qui continue de couver. Ce qui est sûr, il y a des lois injustes et iniques qui seront abrogées ou corrigées dans ce pays et cela ne saurait tarder.
    Cependant, là où je ne suis pas du tout d’accord avec Kourouma, on n’a pas besoin d’être chef lieu de région pour se développer. Ça, il faudrait que tous les ressortissants, sympathisants, amis et amoureux du Nahouri se le mettent dans la tête.

  • Le 17 août 2011 à 19:18, par citoyen En réponse à : Régionalisation au Centre –Sud : Issaka Luc Kourouma nous revient

    Cette affaire "Pô/Manga" est une bombe à retardement !
    Mr faites attentions, Monsieurs les politiciens !!!

  • Le 17 août 2011 à 19:58 En réponse à : Régionalisation au Centre –Sud : Issaka Luc Kourouma nous revient

    Bonjour,
    J’avais décidé de ne plus écrire ni dans un journal papier et je ne participe pas au forum Internet. Mais l’interpellation de Luc Kourouma me semble juste quand il incrimine le Gouvernement. Bien sûr son argumentation sur la question du développement qu’induit le fait d’être chef lieu peut donner prétexte à plusieurs interprétations. C’est comme si Luc plaidait pour que l’on retire quelque chose à Manga pour donner à Pô. Ce qui n’est pas le cas si l’on le lit bien.

    J’ai eu l’honneur d’être à la Deuxième Chambre quand la loi de la Régionalisation était en gestation. En tant que fils du Bazèga et plus précisément de Saponé, nous, (avec d’autres) étions opposés au fait que l’on rattache le BAZEGA à la Région du Centre Sud. Pour nous l’injustice avait assez duré et cela en développant plusieurs arguments : historiques, culturels, administratifs, etc. J’ai même évoque la superstition qui entoure le chiffre 13. Surtout que le 13 décembre 1998 n’était pas loin. Monsieur Siméon KABRE, (Paix à son âme) ancien professeur d’Université, avait ajouté, parenté à plaisanterie aidant, que Saponé ne voulait pas être rattaché à Manga, pour une question de sécurité physique. Mais rien n’y fit !

    Cela dit, je vais abonder dans le sens de Luc on disant que ceux de Saponé, par le fait qu’ils ne s’intéressent pas à la politique des partis subissent aussi les décisions injustes. Et comme si tu ne fais pas la politique, la politique te fait, les gens de Saponé subissent, boivent l’amertume jusqu’à la lie. L’on a rattaché de force Saponé à Kombissiri dans le temps et avec quelques uns de ses anciens cantons. Le cercle de Saponé avait 4 cantons : Saponé, Ipelcé, Kayao et Komsilga. La géographie administrative de Saponé couvrait là où se trouve actuellement le poste de péage, route de Pô. Le cimetière actuel sur la route de Léo (quand il s’agit de Cimetière les gens de Saponé chahutent en disant que c’est dur la route de Léo, mais quand on parle de Ouaga 2000, de Kosyam, les gens de Saponé disent "route de Saponé »). Comme on le voit, Saponé était Grand ! Même intellectuellement, le premier certifié de Haute-Volta est natif de Saponé ! Il s’agit du père de l’actuel Chef de Saponé. Visionnaire, il en fut et qui donna même son nom à une variété de riz que les gens de Manga mangent goulûment. Bref, Saponé jouissait d’un privilège certain dont beaucoup de localité n’ont pas eu. Mais comme Saponé n’a pas de politicien, l’on l’a dépecé sans pudeur. L’on a donné une partie à Ouagadougou (Komsilgha avec ses terres à lotir et à vendre) un morceau à Koubri (avec ces terres à lotir et à vendre) et une partie à Ouagadougou avec ses terres à lotir et à vendre)et une autre partie à Léo (avec des terres à vendre). Mais quand il s’agit d’aller chercher une convocation qui vous annonce une réunion pour la semaine, il nous faut quitter Saponé, venir à Ouagadougou pour ensuite prendre la route pour aller à Manga. Au total près de 300 km (aller retour) pour toujours prendre dans une boite à lettre un avis de réunion. Bien sûr que les gens de Saponé et de Kayao (Kayao fait plus de 400 km) font de la résistance. Sauf bien sûr les quelques politiciens partisans qui crient "ya foe !". Or il « il y a foé ». Luc a proposé de revoir la régionalisation. Je suis convaincu que si Dieu donne un peu de temps au PM, il verra cela. Surtout que lui est d’une province qui est à 15km d’une autre province ! Oui Réo est à 15km de Koudougou. Il nous semble que c’est la Province la plus proche d’une autre. Bientôt ce sera une mégapole tant les deux provinces font fusionner. Mais cela dit, je milite que Réo devienne si possible un chef lieu de Région. Je ne plaiderai jamais que l’on n’aide pas autrui. Mais je milite aussi que Saponé devienne, non pas Chef lieu de Région, mais à commencer par Chef lieu de Province. Où veut-on que les gens de Saponé mènent une lutte de reconquête, de reconstitution d’un cercle dans ses limites anciennes (Reconstitution ça vous dit quelque chose ?). Je sais par avance qu’un découpage administratif ne peut pas convenir à tout le monde mais l’on peut amoindrir toutes les injustices que cela provoque. Et Saponé avec ses habitants sont punis. Bien sûr que nous sommes reconnaissants à celui qui a ordonné que Saponé ait une bretelle de goudron, chose qui n’était pas prévu dans le tracé initial de la route actuelle. Mais cela n’enlèvera en rien la question du rattachement de Saponé au Centre Sud avec le découpage actuel. Comme on le voit le problème du Centre Sud n’est pas seulement Pô ni Luc Kourouma. Lui est la chèvre qui bêle sans cesse pour abreuver les autres ! Oui, l’on nous amènera de force à la rivière mais nul ne peut nous forcer à boire ! L’on peut mater une révolte ouverte mais jamais une résistance passive ! Et le Gouvernement du Burkina Faso a intérêt que chaque région vive ne harmonie ! Saponé constituera le frein en main qui bloque la roue droite, et Pô certainement la roue gauche, de la Région du Centre Sud. Les pneus ne crisseront pas mais l’avancée sera douloureuse. Je termine en disant aux gens de Manga ! Garde à vous ! Respect et honneur au gens de Saponé !
    Sans aucune acrimonie.
    André-Eugène ILBOUDO

  • Le 18 août 2011 à 13:03, par baty En réponse à : Régionalisation au Centre –Sud : Issaka Luc Kourouma nous revient

    a ce rythme, chaque village se reclamera chef lieu de region. Vous ne trouverez jamais persone qui dira que son village est inferieur a celui des autres. Rappelez’vous quand no parents nous racontaient notre histoire quand nous etions petits : C’etait toujours nos ancetres qui quittaient leur village parce que ne supportant pas l’injustice. alors que c’est possible qu’ils aient été bannis pour des rasions obscures. Mais là, personne n’en parle. On met l’accent sur ce qui peut galvaniser la fierté. De Po voila que ceux de Sapone se plaignent egalement. Bientot ceux de Kombissiri le feront parce que geographiquement plus proche de Ouaga que Manga et Po. Ensuite Nobere reclamera son independance.Et ainsi de suite et ainsi de suite.
    Baty

    • Le 23 août 2011 à 15:42 En réponse à : Régionalisation au Centre –Sud : Issaka Luc Kourouma nous revient

      C’est vrai Monsieur BATY. Comme la Cote d’Ivoire, le Niger et le Mali étaient supérieurs à la Haute Volta, on a ainsi dépéce la HV pour ces pays. Il ne faut pas, SVP, dénaturer les idées des personnes même si vous ne les partagez pas. Personnellement je ne parle pas de Supériorité. je soutiens et maintiens que faire 300 km pour aller récupérer une convocation d’une réunion, "c’est trop fort". Savez-vous ou se trouve Kayao ? Pour aller à une réunion à Manga, un de Kayao, doit dépasser Tanghin Dassiouri, Ouagadougou, Kombissiri et aller à Manga. Peut-être pour vous c’est normal. Mais pensez aux autres ! Et puis même sur le plan culturel, ne trouverez pas plus Burkinabè de nommer notre Région, Région du Zoundwéogo, du Nahouri, du Bazèga, ou de la Région de l’Est, la Région du Gulmu ? Bref un nom qui nous soit propre au lieu de ce point cardinal ? Certes le cas de Pô et de Manga sont problématiques, mais vous savez, personnellement je préfère ceux qui crient haut et fort leur désacord que ceux qui disent toujours yel kayé en cachant leur gourdin dans le dos. Pour Saponé, même si l’on rattachait Saponé à Léo, "c’est à l’envers" mais sur le plan de la distance, c’eut été mieux pour les gens de Saponé. Quand vous avez le sentiment d’être injustement traité, cela ne s’efface pas par de la démagogie ! Demandez à la Région, mis à part les Djanjoba politiques, quelles sont les réunions qui mobilisent les "ressortissants de la Région" natifs de Saponé, Kayao et Ipelcé ?
      L’on peut continuer à cacher le soleil avec la main !
      Aei

  • Le 18 août 2011 à 15:37, par Yeti En réponse à : Régionalisation au Centre –Sud : Issaka Luc Kourouma nous revient

    MM Lucs et Eugène ne se comprennent sûrement pas ? Un parle d’union pour le développement d’une région et les autres parlent encore de leur chapelles.
    Comme disait fe Norbert ZONGO, dont la date de disparition tragique hante certains, les gens semblent encore confondre le développement du pays à leur propre enrichissement.
    J’ai espoir que MM Luc K et AEI ont dépassé cette assertion et se demandent comment rendre accessible au plus éloignés des Burkiabè les services sociaux de base sans mettre en avant sa localisation. Plein de pauvres meurent encore à deux pas de cliniques hyper performantes à Ouaga dè !
    Moi, mais enfin je ne suis pas comme les autres, j’aurais aimé que Kosyam là n’occupe pas les champs de mon père car il y a des places qui m’étaient, à moi, plus chères que la présidence actuelle. "ton d yab ramb vènim" . Je n’ai plus accès à là où est enterré mon placenta et ça c’est un gros sacrifice pour le Burkina entier.
    Je ne dirais pas, comme l’autre Luc, d’oublier ça mais de le transformer en défi en faisant en sorte qu’il y ait bcp plus d’équité dans le développement et que comme vous dites les réalisations tiennent compte des potentialités et opportunités et non point d’autres considérations.

  • Le 19 août 2011 à 00:25 En réponse à : Régionalisation au Centre –Sud : Issaka Luc Kourouma nous revient

    "C’est lui et lui seul (aidé de son bras législatif qu’est l’Assemblée nationale)"

    Non, Luc . Si le gouvernment est un corps, le legislatif est aussi un corps, comme le judiciaire. Mais comme la democratie est patrimonialisee et familiarisee au BF, je comprends ton coup de gueule.

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