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Editorial de Sidwaya : Elle arrive, la génération des démocrates à la nuque raide !

Publié le lundi 8 août 2011 à 01h34min

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Vérité de Polichinelle : le gouvernement de Luc Adolphe Tiao a fait du dialogue social son cheval de bataille. Le Premier ministre et son équipe, depuis leur installation, font feu de tout bois. Ils vont et viennent, écoutent et échangent avec toutes les strates de la société : dans les salles de conférence, au milieu des conseils villageois, sur les chantiers, les plantations, les lieux de culte et même les restaurants universitaires. Cette volonté politique d’être proche des populations pour saisir leurs préoccupations et y répondre, selon les moyens de l’Etat, est perçue et interprétée de différentes façons par les bénéficiaires, voire par certains acteurs.

Toutes ces interprétations ont de la valeur, parce qu’ exprimées par des citoyens burkinabè, mais ont-ils seulement tous, le recul nécessaire pour comprendre au mieux cette politique qui sort de l’ordinaire ? Il est hasardeux de classifier les sentiments, mais on peut retenir que ce dialogue est perçu selon trois axes : l’admiration, l’indifférence et le mépris.

Des hommes et des femmes, jeunes et adultes, issus de différents milieux socioculturels, expriment leur admiration devant la capacité de ce gouvernement « de crise » à risquer la communication. Car, communiquer, c’est risquer : c’est enlever ses propres voiles pour se laisser voir, c’est permettre aux autres d’ôter leurs œillères, afin de découvrir votre nudité et de s’immiscer dans votre espace privé. C’est prévenir l’humiliation par l’humilité, montrer ses limites réelles, au risque d’être dévalorisé par ceux qui vous survalorisaient, c’est surtout se soumettre à la loi de l’irréversibilité de la parole à laquelle on voudrait donner un quelconque pouvoir.

En effet, comment dire et dire plus tard, qu’on ne l’a pas dit ? Pourtant, de tels retours en arrière sont inévitables – et même salutaires - dans la vie d’un individu, mieux encore en politique et qui plus est dans le cas de celui à qui on a confié la protection du « troupeau ». La sagesse populaire constate simplement, que « même le train recule » et que « seuls les imbéciles ne changent pas d’avis »…
Pourtant, le Premier ministre a pris le risque de la sincérité en politique. Cela ne manque pas de déranger, notamment parmi les professionnels du mensonge louvoyant dans le milieu, de quelque sensibilité qu’ils soient.

Mais les cibles de cette communication, que sont les populations burkinabè, sentent que ces propos, empreints d’une volonté de sincérité, tendent à diminuer la démagogie. Ils adhèrent à la démarche Tiao. Parce qu’il passe outre les barrières socioculturelles et les lignes de démarcation d’antan, de nombreuses personnes - qui savent ce qu’être responsable veut dire – y trouvent leur compte et appuient le gouvernement dans sa quête d’une sortie de crise et d’un mieux –être des Burkinabè.

Une autre tranche de la population a décidé de prendre ses distances par rapport à cette démarche, est indifférente à ce vent nouveau qui souffle sur le corpus politique burkinabè. Elle la suspecte et la fuit comme on le ferait de la peste. Obnubilés par des « positions dogmatiques », il est des Burkinabè qui restent indifférents à ce qui se passe autour d’eux, et sous leurs yeux. Ceux-là, à notre sens, refusent d’aller de l’avant, tant qu’on ne leur aura pas donné raison, prônent l’immobilisme, rechignent à se retrousser les manches, alors que leurs efforts ne pourraient que bénéficier à la société , que ceux qui la guident soient de leur sensibilité politique ou pas.

Il y a lieu pourtant de se demander comment ces hommes politiques, leaders d’opinion, peuvent concevoir et apporter des transformations à la société burkinabè, s’ils se refusent à voir et à entendre. Pour eux, il y a toujours malice dans la démarche du Premier ministre. Comme dirait l’autre, « quelque chose se trame ». Le troisième groupe s’apparente à une catégorie étonnante de démocrates à la nuque raide. Qu’ils soient recrutés parmi les paysans, les ouvriers ou les étudiants, voire les « lettrés », ils se ressemblent par leur légèreté. Ils ne respectent ni la chose publique, ni les hommes qui la régissent. Ils les méprisent et le font savoir, de manière frontale.

A la base de leur manque de culture politique, transparaît, selon les politistes, un manque d’éducation citoyenne, tout court. Comment de telles prises de position peuvent-elles prétendre à une réelle crédibilité démocratique ? Quand ils se regroupent pour « parler politique » ou de la cité, c’est à celui qui critiquera le plus violemment, comme ce fut le cas pour ces étudiants de l’Université de Koudougou qui ont raté la chance inouïe, jeudi dernier, de profiter de la tribune de dialogue social que leur a offert l’ensemble du gouvernement, afin de trouver des canaux menant vers l’amélioration de leurs conditions de vie… Ils rient bruyamment là où ils devraient réfléchir assidûment. Par exemple : ce n’est pas tous les jours qu’un ministre prend son repas au « R.U. » Et dès que cela se passe et que cette personnalité reçoit des propos injurieux en plein visage, il ne s’agit plus de débat « politique », mais d’un blocage inadéquat…

Nous pouvons comprendre – et c’est un principe démocratique fondamental -qu’une partie de la fougueuse jeunesse burkinabè ne se reconnaît pas forcément dans l’actuel gouvernement en place. Qu’elle n’a peut-être pas digéré la fermeture, lors de la crise, des « temples » où elle va avidement puiser son savoir. Qu’elle estime que ces agapes au « resto U » sont plus médiatiques et communicationnelles qu’une invitation au débat de fond.

Là où elle se trompe complètement, c’est quand elle estime que le chemin de la violence et de l’insulte facile qu’elle a emprunté a la moindre chance de conduire le Burkina vers le progrès social, peut bénéficier au redressement de la République.
Pensant à notre avenir en tant que nation civilisée, le calvaire des générations présentes, c’est de spéculer qu’elles seront peut-être demain gouvernées par ces générations montantes, au rang desquelles certains manquent de discernement, de culture et de sens politique …

Loin de nous l’idée de disculper, à bons comptes, les générations présentes. Elles seront notre reflet, si nous ne prenons garde. Un problème existe et mérite d’être posé. Les Anciens disent que si « la biche court droit, le faon ne saurait claudiquer. » Comment nous, hommes et femmes des générations des biches fantastiques, avons-nous pu mettre au monde des faons, à ce point, méconnaissables ?

Par Ibrahiman SAKANDE ( sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 8 août 2011 à 03:55 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Elle arrive, la génération des démocrates à la nuque raide !

    Monsieur le journaliste,c’est quoi votre problème ?Les gens ne sont pas obligés de faire les moutons comme tous ces griots qui passent leur temps 24h sur 24 à chanter pour plaire,flatter pour tirer profits

    • Le 8 août 2011 à 14:50, par OBIT En réponse à : Editorial de Sidwaya : Elle arrive, la génération des démocrates à la nuque raide !

      Chers Sakandé, nous nous sommes les vrais produits du régime en place. Enfants de 1987 et plus, si nous sommes mals éduqués qui allez-vous accuser ? C’est la nation avec ce régime qui est le mauvais éducateur.
      Et puis, êtes vous passez par le campus ? Nous si, et la première des choses que nous apprenons en arrivant dans ce temple est que SEUL la lutte paie. On obtient jamais rien sans siffler c’est ce que nos interlocuteurs nous font comprendre et nous font vivre. Même pour la plus simple des choses, ils bloquent tous jusqu’au prochain abacabagnant.
      Nous nous comprenons les choses, le BF, le monde et encore plus notre régime. C’est au campus que nous avons la voix alors laissez nous nous faire entendre ! « DJOU LA »

  • Le 8 août 2011 à 13:15, par Koumbem Tipousga En réponse à : Editorial de Sidwaya : Elle arrive, la génération des démocrates à la nuque raide !

    Bonjour.

    M. Sakandé, quand vous ecrivez, pensez un peu que vous n’êtes pas le seul à aller à l’école et de ce fait comprenez mieux la vie politique que les autres. Seulement, votre chance c’est d’être le Directeur d’un organe de propagande du pouvoir et vous vous erigez en donneur de leçons. Si les gens se comportent comme ça, c’est qu’ils ont ras-le bol et vous avez toujours contribué par vos écrits fantaisistes à pourir la situation. C’est seulement vous qui voulez une société à reflexion à sens unique pour pouvoir profiter, malheureusement, le monde ne saurait être amorphe, avec des gens à idées unidirectionnelles.

    Tout le monde connait la ruse et cela a trop duré. On vous a laissé faire, maintenant, les gens disent merde et vous vous plaignez.

    Continuez de défendre, les gens aussi vont continuer de mal se comporter jusqu’à ce que vous comprenez enfin que votre politique ne profite qu’à vous et que quand un ministre mange au RU, c’est que ça chauffé quelque part.

    Gardez vos leçons pour vous et n’utilisez pas le journal dit de tous les Burkinabé pour tancer les gens.

  • Le 8 août 2011 à 13:41, par DJELIBA En réponse à : Editorial de Sidwaya : Elle arrive, la génération des démocrates à la nuque raide !

    Monsieur l’éditorialiste, la pensée unique tue la démocratie.Dans votre milieu, c’est la voie royale et la plus courte que d’emboucher le cor pour chanter son adhésion aux actions du gouvernement pour parvenir à la table du CHEF.Souvenez-vous de BILELE aux temps forts des crises SIERRA-LEONAISE et LIBERIENNE ?
    Permettez que d’autres que vous aient leurs opinions et les expriment de la manière qu’ils voudraient.

  • Le 8 août 2011 à 18:26, par nakibeuwg-biga En réponse à : Editorial de Sidwaya : Elle arrive, la génération des démocrates à la nuque raide !

    "Cette politique qui sort de l’ordinaire". Mon œil, qui est ce qui sort de l’ordinaire dans ce que fait ce PM et son gouvernement ? Rien, sinon qu’ils ne font que copier ce que SANKARA a fait il y a de cela déjà 30 ans. Après le 15 octobre ce sont des journalistes comme vous qui, pour dénigrer l’homme et salir sa mémoire, ont qualifiés cela de "show inutile, de propagande, d’enfantillage etc.."

    c’est bien que aujourd’hui, les mêmes journalistes encense ces méthodes communicationnelles que vous qualifiez d’extraordinaires. Au moins c’est la preuve que SANKARA avait raison.

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