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LES OSC SUR LES REFORMES AUX EDITIONS "LE PAYS" : "On ne peut pas être juge et partie à la fois"

Publié le mardi 12 juillet 2011 à 03h19min

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Les Editions "Le Pays" ont reçu le 5 juillet 2011, à son siège à Ouagadougou, une visite de quelques responsables des organisations de la société civile. L’objet de la visite était d’échanger avec les journalistes des Editions "Le Pays" sur le processus des réformes en cours. La visite s’inscrit dans le cadre de la tournée entreprise par ce groupe d’OSC afin de sensibiliser la population sur les enjeux des réformes et la nécessaire prise en compte de ses intérêts. C’est une tournée qui les conduira dans les organes de presse, dans les provinces et auprès des personnes- ressources. Aux journalistes du quotidien "Le Pays", les OSC ont expliqué leur position sur les réformes, les raisons de leur refus de participer et les actions à entreprendre dans un futur proche afin que le Burkina ne rate pas le coach du processus des réformes.

"Le Pays" : Quel est l’objet de votre visite ce matin ?

Luc Marius Ibriga, FOCAL : Merci de nous accueillir aujourd’hui au sein de votre rédaction. C’est un honneur pour nous et aussi une joie de savoir que notre sollicitation a rencontré très tôt votre assentiment. L’objet de notre visite est de nous entretenir avec vous sur les activités que la coalition des Organisations de la société civile pour les réformes politiques et institutionnelles mène et compte mener dans le cadre de la résolution de la crise sociopolitique que connaît notre pays. Cette coalition s’est manifestée déjà par une déclaration que vous avez lue dans la presse et par une prise de position sur le CCRP. Mais la question de la réflexion pour nous est essentielle pour mettre à la disposition de l’opinion nos propositions.

Nous avions d’abord déjà envoyé nos propositions au ministère en charge des Réformes politiques, à la demande du gouvernement. Ensuite, quand le décret est sorti, nous avons vu que le cadre qui nous est proposé n’était pas le cadre adéquat dans la mesure où, pour nous, il y avait déjà un travail qui avait été fait au préalable tant par le Collège de sages que par le MAEP et aussi par le Comité national d’éthique. Ces documents pouvaient être la base pour jeter la réflexion sur les réformes. Pour cela, nous avons analysé le décret et nous avons donné notre point de vue. Nous avons donc dit qu’il s’agit d’un cadre qui nous rappelait les structures qui avaient été mises en place suite au drame de Sapouy, et qui ont conduit aux réformes que nous avons connues en 2000.

Nous avons trouvé que le dialogue qui se devait d’être participatif et inclusif et faire en sorte que la confiance qui était rompue entre les gouvernants et les gouvernés soit restaurée, ne l’était pas. Nous avons trouvé que le CCRP dirigé par le ministre en charge des Réformes, dont l’agenda est fixé et dont la composition ne répond à aucune logique explicable, n’était pas le cadre indiqué. Notamment, nous ne comprenons pas pourquoi il y a neuf membres de la chefferie coutumière contre trois membres des organisations de défense des droits de l’Homme. C’est là autant de choses qui nous ont conduit à récuser le CCRP comme cadre de dialogue inclusif. Avec le deuxième décret, le gouvernement a amélioré la copie en précisant qu’il y aurait des rencontres régionales et des assises nationales.

Nous avons pris note de cela mais nous disons que la manière dont les gens ont été cooptés allait déjà à l’encontre de l’idée à savoir que l’on pouvait renforcer l’Etat de droit. Or, le CCRP est par essence l’idée de l’Etat de droit. C’est-à-dire que la loi sur le statut de l’opposition dit clairement quels sont les partis de l’opposition et quelle est la procédure pour être reconnu comme parti de l’opposition. Or, aujourd’hui, siègent au CCRP, des partis qui ne remplissent pas ces conditions et siègent au nom de l’opposition. Nous concluons dès lors que le CCRP est un lieu de remplissage pour faire passer un certain nombre de propositions. Voilà pourquoi nous ne pouvons pas participer. Mais nous ne pouvons pas non plus laisser le terrain à ceux-là qui s’arrogent le droit de réfléchir à la place du plus grand nombre.

C’est en ce sens que la coalition sur les réformes politiques et institutionnelles a lancé une campagne d’information en vue de prendre à témoin les personnes-ressources, la presse, les partenaires techniques et financiers pour leur dire que les réformes qui sont à entreprendre sont si importantes qu’il ne faut pas que nous rations le coche. Que si nous ratons le coche, nous risquons de rentrer dans un cycle de violences, qui risque de nous mettre dans une situation très chaotique. C’est dans ce sens que nous avons voulu vous rencontrer pour échanger avec vous et vous remettre à cette occasion, nos propositions de réformes institutionnelles et politiques.

Si vous avez engagé cette campagne de sensibilisation, doit-on comprendre que vous estimez que vous n’avez pas été bien compris dans vos déclarations et conférences de presse ?

Luc Marius Ibriga, FOCAL : Ce n’est pas que nous n’avons pas été bien compris. Les retours que nous avons de l’opinion sont favorables. Voyez vous-mêmes, dans la Tribune des internautes que vous publiez, que ce soit chez vous ou à L’Observateur Paalga, nous constatons que notre avis est partagé par l’opinion, mais il se trouve qu’on est dans une logique qui n’a pas changé par rapport à la situation antérieure, à savoir que l’on veut un dialogue mais un dialogue aseptisé et contrôlé et c’est pour cela qu’on souhaite qu’il y ait un cadre qui soit accepté par l’ensemble des acteurs. On ne comprend pas pourquoi le gouvernement va refuser qu’un cadre de ce genre soit mis en place. L’appel du chef de l’Etat visait à la réflexion de tous les Burkinabè. Dans cette situation, nous ne tenons pas à ce qu’on nous colle l’étiquette de nihilistes, c’est-à-dire des personnes qui rejettent tout et ne font rien. C’est pour cela que nous avons considéré que ce n’est pas parce que nous ne sommes pas au CCRP que nous ne devons pas faire avancer les idées que nous défendons.

Pour atteindre cet objectif, il faut que nous fassions en sorte que nos idées soient connues par le plus grand nombre possible et aussi faire du lobbying pour que ces idées puissent prospérer. Il y a d’autres étapes parce qu’aujourd’hui, c’est le CCRP. Quand c’était uniquement le CCRP, on pouvait dire que notre travail n’avait pas d’intérêt mais il y a les tournées régionales et les assises nationales. Notre objectif est de pouvoir influencer le cours des réformes même si nous ne sommes pas à l’intérieur. Et nous pensons que le relais que constituent les médias, les personnes-ressources et les partenaires techniques et financiers est à saisir pour faire savoir qu’il y a nécessité de saisir l’opportunité et d’envisager des réformes de fond. Sinon, si nous nous contentons encore de réformettes, nous risquons fort d’aller vers le chaos.

C’est pour cela que nous voulons que la plupart des Burkinabè puissent s’impliquer, que les rencontres régionales ne soient pas des lieux d’enregistrement mais des lieux de discussions et d’amendements et que les assises nationales soient un moment où les populations pourront avoir en main les propositions qui pourront être mises sur la table. Si nous venons à vous, c’est aussi pour vous informer mais nous savons que votre plume est importante pour porter le message encore plus loin. C’est le sens de notre démarche.

"Le Pays" : Selon le président du CCRP, on peut ne pas être physiquement dans le cadre, mais envoyer ses propositions. On peut comprendre que vous n’avez pas envoyé de propositions, ni de représentants ?

Alexandre P. Ouédraogo, MBEJUS : Puisque c’est un moment important, nous avons fait un document qui a été envoyé à bonne date au niveau du ministère chargé des Réformes et une copie a été transmise au ministre en charge de l’Administration, ministre de tutelle des organisations de défense des droits humains. Parlant de notre participation, nous avons estimé que ce document qui est un document de travail est le fruit de nos réflexions. Mais certaines organisations n’ont peut-être pas pris la mesure de la chose avant de participer à ce cadre. Nous, dans la coalition, nous avons jugé que le cadre n’était pas adéquat. Notre idée du cadre c’est que c’est un lieu où l’on pouvait discuter franchement des idées pour faire avancer le Burkina.

Luc Marius Ibriga, FOCAL : Il faut préciser que le ministère chargé des Réformes politiques a demandé à un moment aux différentes organisations d’envoyer des propositions. Mais à ce moment, le CCRP n’avait pas encore été créé. Quand le CCRP a paru, nous l’avons analysé et nous avons vu que ce cadre n’était pas fait pour véritablement réfléchir sur l’avenir démocratique et amorcer des réformes consolidantes. C’est à ce moment que nous nous sommes démarqués du CCRP. Sinon, bien avant, nous avions envoyé nos propositions au ministre chargé des Réformes politiques et non au président du CCRP.

"Le Pays" : Qu’avez-vous à répondre à une certaine opinion qui pense que certains ont fait une trop grande fixation sur l’article 37 ?

Luc Marius Ibriga, FOCAL : Nous, en tout cas, ne sommes pas partis de l’article 37 pour récuser le cadre du CCRP. Je pense que cette position est celle du chef de file de l’opposition politique qui avait posé comme préalable que l’on ne touche pas à l’article 37. Pour notre part, c’est l’examen du contenu du décret qui nous a conduit à récuser le cadre. Quand on voit un cadre dans lequel ceux-là qui portent la responsabilité de la crise sont les personnes qui doivent conduire les discussions, nous disons non. Cela n’est pas possible dans la mesure où le cadre doit être un nœud. La preuve est que le CCRP, ce n’est qu’à la veille de son ouverture qu’on a connu son agenda. Comment peut-on aller à un dialogue sans savoir au préalable de quoi on va discuter et qu’est-ce qu’on va faire, etc.

Ensuite, on s’est rendu compte que lorsque nous récusions le CCRP dans notre première déclaration, ses travaux allaient se dérouler pendant trois semaines et ses conclusions seraient remises au chef de l’Etat. Nous avions dit à l’époque que ce n’était pas participatif. En plus de cela, sur la manière de travailler et l’agenda, nous avions eu des commissions qui ont travaillé en 1998. La commission politique par exemple a elle-même mis en place son règlement intérieur. Là, il est dit que c’est le ministre qui, par arrêté, fixe les conditions de travail au niveau du CCRP. Toutes ces variables n’étaient pas connues avant que l’on commence. Nous avons donc dit que le cadre n’était pas participatif. La démarche non plus n’est pas bonne parce qu’elle tend à faire croire qu’il n’y a pas eu de réflexions antérieures sur le Burkina et sur la manière de résoudre les problèmes de gouvernance.

Or, il faut capitaliser tout cela en partant sur la base du MAEP. Et nous, nous proposions comme solution alternative, un groupe d’experts qui bénéficient d’une certaine crédibilité au sein de l’opinion, qui auraient pu faire des propositions et nous auraient permis d’aller vers des assises. Aujourd’hui, on ne voit pas à quoi sert le CCRP s’il y a des assises nationales ; cela parce que c’est la même configuration qui va revenir dans le cadre des assises nationales. On aurait pu donc faire l’économie du CCRP pour aller vers des assises nationales. Aussi, suite à notre première déclaration, nous avons noté qu’il y a eu des changements puisqu’on a inclu les régions et les assises nationales.

"Les aspects de justice sociale, d’équité sont des questions qui devraient être abordées"

Nous avons fait une seconde déclaration en disant que c’est une avancée que nous saluons mais nous considérons toujours que le cadre n’est pas approprié parce que les questions qui doivent y être débattues ne sont pas simplement des questions d’ordre politique. La crise que nous vivons n’est pas seulement une crise institutionnelle. C’est une crise sociopolitique. Les aspects de justice sociale, d’équité sont des questions qui devraient être abordées. Or, aujourd’hui, on voit le CCRP qui résume la crise au rafistolage du système institutionnel et politique du Burkina Faso. Cela ne va pas résoudre le problème parce qu’à côté, on a laissé un problème important qui est celui de la réconciliation nationale.

Ce qui nous rattrape aujourd’hui et qui fait que la crise a pris de l’ampleur. Parce qu’on a escamoté la réconciliation nationale en 2000 et aujourd’hui, on semble faire fi de cette alternative. Voilà autant de problèmes qui font que nous avons récusé le cadre, mais nous pensons que les Burkinabè doivent prendre en main leur destin et aussi intervenir dans le débat. C’est pour cela que nous voulons impliquer le plus grand nombre de citoyens dans la discussion.

"Le Pays" : Tout de même, en refusant de prendre part aux travaux du CCRP, que vous récusez aussi bien dans le fond que dans la forme, ne donnez-vous pas par-là carte blanche au pouvoir de faire ce qu’il veut ? Vous auriez équilibré les forces en y allant. La politique de la chaise vide paie-t-elle ?

Ismaël Diallo : Il faut verser dans cette dichotomie qui dit : un tel a raison, l’autre a tort. Ce n’est pas parce que vous avez raison que l’autre a tort. Ni dans le sens, ni dans le fond. En plus de cela, il faudrait aussi arriver à accepter que le dialogue n’a de sens que si vous parlez avec quelqu’un que vous estimez crédible. Pourquoi allez-vous vous asseoir avec une personne qui ne fera pas ce que vous allez décider. Notre coalition n’agit pas contre quoi que ce soit. Elle agit pour quelque chose : le rétablissement de l’Etat de droit qui est en perdition au Burkina depuis des décennies, la perdition de la bonne gouvernance sont des points qui ont occasionné la crise. Certains tendent à faire croire que la crise est passée, comme si la crise avait commencé en février. La crise date de longtemps, elle a fermenté pour ensuite exploser en février. Aujourd’hui, beaucoup pensent que la crise est passée. J’espère qu’ils ont raison. Je veux croire qu’ils ont raison mais j’en doute.

Nous connaissons les problèmes que vit le pays depuis des décennies. Supposez que le pouvoir ait raison. Voyez tout ce qui a déjà été dit à travers les journaux et la presse dans son ensemble. Que l’on constitue une équipe indépendante à laquelle allait être soumis tout ce qui a déjà été dit : le rapport du Collège de sages, celui du MAEP, la lettre des évêques, etc. Et en prenant les principaux journaux de ce pays, on peut avoir une liste complète des solutions à la crise. On n’a pas besoin d’un CCRP. Si on a donc une équipe pour cela, véritablement indépendante, qui se met en permanence à l’écoute des gens, on pourra s’en sortir. Mais pourquoi est-ce une décision du gouvernement ? Pourquoi est–ce piloté et dirigé par le ministre des Réformes qui est le président du CCRP ? Pourquoi la composition de cette équipe est-elle décidée par le gouvernement ? Nous allons arriver à des recommandations et à des décisions. Certainement, beaucoup d’entre vous diront que nous avons eu tort de ne pas aller parce que telle avancée a été faite sur la bonne gouvernance, sur la démocratie, telle avancée a été constatée par-ci par-là et on n’a pas touché à l’article 37.

"Quand on va lui dire "alternance",... il vous dira que ce sont des concepts du Blanc"

Sur ce fameux article 37, dans les assises nationales et régionales à venir, qu’est-ce que le paysan de chez moi au Sanmatenga va dire quand on lui demandera son avis sur l’article 37 ? Il a sa conception à lui du pouvoir. Il vous dira : pourquoi il doit partir. Quand on va lui dire "alternance" et quand on va la lui expliquer, il vous dira que ce sont des concepts du Blanc, et que chez lui, la conception du pouvoir n’est pas comme cela. Maintenant, il faudra lui proposer le concept de République. Comment on y vit, il vous rétorquera le concept de « ce que tu es né trouver », pourquoi changer. Voilà donc les pièges dans lesquels on ne veut pas tomber. Encore une fois, je ne dis pas à ceux qui sont au CCRP qu’ils ont tort, mais je leur demande à eux ou à ceux qui observent, de ne pas accuser ceux qui ont choisi de ne pas y aller. Il n’y a pas qu’une seule vérité.

Il faut mettre toutes les vérités ensemble pour avoir la vérité. Attendons de voir les suggestions qui vont sortir de toutes les assises, attendons de voir qui va mettre en œuvre tout ce qui aura été recommandé. Si tout est fait et que nous avons tort, nous irons faire notre mea culpa publiquement. Mais là, je suis prêt à parier avec vous ce que vous voudrez, que nous ne serons pas dans cette situation. On ne fait pas un procès d’intention aux autres. Nous avons tous vécu ici ces vingt dernières années, on sait ce que ça vaut. Pourquoi feindre de ne pas savoir ? J’ai été dans plusieurs pays en crise et en grand conflit. Toujours s’est posé le problème de la vérité, de la justice et de la réconciliation. Les pays qui ont voulu aller de la vérité à la réconciliation en escamotant même la vérité, ne se sont pas installés dans la paix. C’est le cas du Burundi aujourd’hui.

Il faudra faire la vérité, la justice et la réconciliation. Quand on veut escamoter ces trois, on peut faire semblant d’être dans la paix, mais, en réalité, on ne fait que différer la résurgence des problèmes. Si c’est cela que l’on veut faire au Burkina, en n’ayant pas le courage de regarder les problèmes en face, on peut y aller. Mais ce pays survivra à nous tous et nous avons la responsabilité de trouver les vraies solutions aux problèmes. Il ne faut pas les escamoter.

Mathias Tankoano, RADDHO/Burkina : Entre nous, pensez-vous sincèrement que si l’article 37 n’était pas la question centrale, l’Etat aurait besoin d’engager autant de fonds pour cette foire ? Qu’est-ce qui aujourd’hui divise les Burkinabè en dehors de l’article 37 ? Quand on regarde les moyens mobilisés et connaissant un Etat qui veut se construire, c’est parce qu’il poursuit un objectif précis. Si l’article 37 n’était pas dans l’agenda, on aurait fait l’économie de tout cela. Les Maliens ont fait leur réforme avec un groupe d’experts. Les gens ont douté mais ils n’ont pas discuté de leur article 28. Personne n’en a entendu parler. Si c’était pour l’enracinement de la démocratie, on n’en serait pas là. Tout le monde sait que le jour où la question de l’alternance au Burkina sera réglée, on aura réglé la question de l’Etat de droit et tout le reste. C’est parce que, jusqu’à présent, c’est la continuité du Front populaire que le problème se pose.

Au Burkina, on a opté de se mentir collectivement, on tourne autour du pot, on fait semblant. Aujourd’hui, on est au pied du mur. Si on veut avancer, qu’on règle la question, qu’on se réconcilie et enfin qu’on continue. A l’analyse du contexte régional, après la stabilisation de la Côte d’Ivoire, quel pays est menacé si ce n’est le Burkina ?

"Le Pays" : La plupart des organisations font des analyses qui sont pertinentes, mais il se pose un problème important et qui n’est suffisamment pas mis en relief. Ce pays est géré depuis 1966 par l’armée. Et tout le monde sait que comme l’article 37, la question de l’armée est au centre des luttes démocratiques. Comment voyez-vous son implication dans la résolution du problème ? Aussi, si le pouvoir persiste dans sa logique, que ferez-vous ?

Luc Marius Ibriga, FOCAL : Disons que dans notre document, il y a un volet sur l’armée où nous faisons des propositions pour la construction d’une armée républicaine. Le problème de l’armée n’est pas à l’écart de la politisation de l’administration. Aujourd’hui, la politisation de l’armée a fait en sorte qu’il n’y a plus de hiérarchie dans ce milieu. Les derniers événements nous ont montré qu’il n’y a plus de hiérarchie. Alors, le risque le plus grand pour le CCRP est que si nous ne faisons pas des réformes de fond, nous risquons de nous réveiller un matin avec un sergent ou un lieutenant qui va faire un coup d’Etat et prendre le pouvoir. C’est le risque que nous courons actuellement si l’on escamote les réformes. La construction de cette armée doit aller avec l’idée de compétence. On a pensé que, pour éviter les coups d’Etat, il fallait corrompre la haute hiérarchie de l’armée, la mettre hors du besoin, faire en sorte qu’elle soit complètement déclassée. Et cela a réussi puisqu’on l’a décapitée, changé les chefs d’états-majors des différents corps sans que la troupe ne puisse réagir.

Or, normalement, il y a une relation très intime entre le chef et ses hommes. On a vu qu’il y avait une déconnexion. Il y a une construction de l’armée à faire et nous l’avions dit dans notre document et lors de nos différentes rencontres de travail et les déclarations, que nous avons un régime militarisé. La crise nous l’a prouvé. Aujourd’hui, la solution que l’on a voulu donner à la crise a encore montré le caractère militaire de ce régime. Nous n’avons pas une société où la république gère l’Etat et pourtant, sans cela, ce n’est pas possible. Nous continuons notre travail de clarification pour faire comprendre aux gens que ce qui est fait n’est pas suffisant. Pour l’instant, nous faisons un travail de mobilisation à l’endroit de nos sections qui sont dans les provinces pour qu’elles participent aux débats au niveau régional afin de pouvoir contrer les propositions qui iraient à l’encontre de la démocratie.

A moins qu’on nous écarte des assises nationales. Normalement, nous ne pouvons pas faire l’économie de nos réflexions. C’est pour cela que nous pensons que la question au CCRP n’est pas de faire un « relooking » de façade. Il y a d’autres problèmes tel celui de l’armée qui est un problème au cœur de la démocratie burkinabè. Si ce problème n’est pas résolu, il faut que nous nous attendions à ce que les trompettes résonnent et qu’un matin, la musique militaire nous réveille.

Ismaël Diallo, personne- ressource des OSC : On oublie même très souvent au Burkina que l’armée est au pouvoir depuis 1966. Vous savez qu’il fut un moment, et il n’y a pas longtemps, où pendant 36 heures, un caporal aurait été à la radio et dire « j’ai pris le pouvoir ». Pourquoi cela n’a pas continué ? Je suis tenté de croire qu’il y a deux raisons. La première raison est que les soldats n’étaient pas si intéressés à prendre le pouvoir et la deuxième est qu’ils savent quelle sera la réaction de l’étranger : la CEDEAO, l’Union européenne, les Nations unies. Ce serait, "faites des élections, remettez le pouvoir rapidement". S’ils l’avaient fait, à quoi cela aurait servi ? Nous avons donc une chance incroyable, une chance inimaginable, et le pouvoir, le chef de l’Etat, plus que nous. Au lieu de comprendre cela et trouver des solutions aux véritables problèmes, on veut encore gagner du temps. Pensez à toutes les armées du monde, à tous les pays. Où avez-vous vu cela ? Garnison après garnison, des soldats prennent les armes, pillent, violent. J’ai été en Sierra Leone, au Burundi, en Haïti, j’ai jamais vu cela. Nous sommes dans une situation extrêmement grave.

Alexandre P. Ouédraogo, MBEJUS : Toujours sur le plan de l’armée, en 2010, le président du Faso a nommé des généraux et leur a confié des responsabilités. Quelque temps après, c’est le même président qui les a démis. Ils sont assis chez eux. Ce qui se passe dans la gouvernance de l’administration, c’est ce qui se passe au sein de l’armée. C’est le seul pays où on nomme des généraux qui ont des problèmes quelque temps après puisque c’est quelque temps d’ailleurs après leur nomination que les armes ont commencé à crépiter. Ce qui veut dire que ce n’était pas la solution. Que ce soit dans l’armée ou dans l’administration, ce sont les mêmes problèmes.

"Le Pays" : A propos du CCRP, quel était le cadre idéal que vous auriez suggéré pour les réformes ? Que pensez-vous de la constituante ? Récusez-vous celui qui entreprend les réformes car ces dernières pourraient être opportunes ? L’opposition nie à certains le droit de la représenter au CCRP. Cela peut-il entacher la légitimité des conclusions qui vont sortir ?

Luc Marius Ibriga, FOCAL : Le cadre que nous aurions souhaité c’était un groupe d’experts indépendants en qui les Burkinabè ont confiance. Vous savez qu’on ne peut pas être juge et partie à la fois. On ne peut pas avoir créé une crise et aujourd’hui se positionner comme un acteur différent pour opérer et diriger des réformes. Notre pays a déjà expérimenté cela à travers le Collège de sages. Tout le monde était d’accord avec le rapport du Collège. Voilà des personnes qui ont travaillé dans le sens du bien commun, pas dans le sens des intérêts personnels. Dans la situation actuelle, les propositions du groupe d’experts allaient servir de base pour des états généraux. Cette proposition rejoint celle du MAEP qui a produit un rapport commandité par le gouvernement du Burkina. Ses membres ont parcouru tout le pays mais aujourd’hui quand on lit le rapport du MAEP par rapport à l’armée, on voit que ce qui s’est passé est ce que le MAEP avait prévu. Il ne faut pas réinventer la roue. Quand on prend l’exemple du Mali, cela s’est fait sans problème.

Le président a désigné une personnalité qui s’est entourée de personnes- ressources pour écouter tout le monde et qui a soumis des propositions. Il appartenait à la classe politique de savoir ce qu’elle en ferait. Le problème qui a pourri les débats au Burkina c’est que le parti au pouvoir a travaillé à dire que l’article 37 n’était pas un sujet tabou et que l’on pouvait le réviser. Vous vous rappelez qu’au moment de la campagne présidentielle, on ne discutait même pas des programmes. Nous ne récusons pas le président. Nous ne sommes pas dans la situation de « Blaise dégage ». Il a été élu pour un mandat de cinq ans et donc il a la légalité. Peut-être pas la légitimité, mais il doit terminer son mandat. Le problème de la constituante, nous l’avons combattu à plusieurs reprises. La constituante devrait nous conduire à une cinquième République. Si nous passons à la cinquième République, les compteurs sont remis à zéro. Ce qui veut dire que le président Compaoré peut se représenter pour être président de la République.

Voilà le danger que nous avons souligné. Connaissant la manière dont notre Conseil constitutionnel lit la loi, il pourrait tirer profit de cela pour dire que la nouvelle loi ne s’applique pas à Blaise Compaoré et il aurait continué.

"... si nous voulons un Etat de droit, nous devons respecter les règles édictées"

La constituante est dangereuse parce que le problème n’est pas tant le changement de régime que la fracture sociale entre les gouvernants et les gouvernés et ce, pour beaucoup de raisons. Quant à la validité des conclusions du CCRP, nous disons que si nous voulons un Etat de droit, nous devons respecter les règles édictées. Et c’est pourquoi il faut éviter de faire des réformes conjoncturelles. En 2009 donc, on a voté la loi sur le statut de l’opposition contre Hermann Yaméogo et l’ADF/RDA, qui se proclamaient de l’opposition. Pour couper court et l’amener à assumer son statut, on a voté la loi en disant que si l’on est parti de l’opposition, on doit le déclarer et faire une lettre au chef de file de l’opposition indiquant clairement qu’on est un parti de l’opposition. L’UNDD n’a jamais écrit, le parti de Maxime Kaboré n’a jamais écrit, M. Ram Ouédraogo n’a jamais écrit, je ne sais pas si M. Zoubga a écrit au chef de file de l’opposition, mais tous ces partis siègent au CCRP au nom des partis politiques de l’opposition. Est-ce là le respect de la légalité ?

Normalement, le juge devrait invalider cela. Puisque le décret et le premier surtout est très intéressant parce qu’il dit bien que c’est pour parvenir à l’égalité entre la majorité et l’opposition. Si l’égalité est rompue et les travaux se sont déroulés sans cette égalité, normalement, les travaux devraient être invalidés. Le cadre lui-même est invalidé et par conséquent, les travaux sont invalidés. Mais j’espère que s’il y a une action en justice, nos juges auront le courage de dire le droit. Cette situation crève tellement l’œil. On ne peut pas amener des partis qui ne sont pas de l’opposition pour siéger au nom de l’opposition. Il y a une usurpation des pouvoirs. Tout cela nous convainc qu’il y a antinomie quelque part. On cherche à aller vers une situation qui nous a posé problème de par le passé et je reviens là-dessus parce que nous l’avions vécue déjà. Si nous n’avons pas de mémoire, c’est très dangereux. Le Collège de sages a été mis en place, il a fait un travail remarquable, tout le monde a applaudi. Mais la mise en œuvre a posé problème.

Quand on a mis en œuvre certains aspects du rapport du Collège de sages, quelque temps après, on est revenu là-dessus, on l’a vidé de son contenu. En plus, nous voyons que c’est le ministre qui est le président du Cadre et ce n’est pas n’importe quel ministre. C’est un commissaire politique du CDP. On ne peut pas avancer avec des casquettes qui en cachent d’autres. Quand vous regardez bien le CCRP, il y a un déséquilibre. Puisque le président du CCRP est membre du Bureau politique du CDP. Alors, la majorité aura plus de représentants que l’opposition et là aussi, il faut amputer l’opposition de ceux qui ne le sont pas. L’égalité qu’on a voulue est rompue d’office. Et Me Hermann Yaméogo devrait avoir une attitude plus conséquente parce qu’il a déjà été victime de ces lois que l’on lit selon les circonstances. Aujourd’hui, il fait le jeu du pouvoir en allant au CCRP alors qu’il n’a pas fait sa déclaration de position.

Pour un juriste, c’est dangereux. On ne peut pas proclamer l’Etat de droit et violer la règle de droit. C’est encore un des éléments qui font que nous ne sommes pas allés au CCRP car ce serait cautionner une violation de la règle de droit. La politique de la chaise vide, attire l’attention de tous les acteurs sur les problèmes qui peuvent exister. Peut-être que nous aurons tort à l’arrivée, mais, jusqu’à présent, aucun élément ne montre que nous nous trompons.

"Le Pays" : Tout est orchestré selon vous pour faire passer des points de vue. Si cela continue, qu’est-ce qui peut faire plier le pouvoir à l’heure où nous sommes, selon vous ?

Alexandre P. Ouédraogo, MBEJUS : Le plus important c’est la communication. Voilà pourquoi nous sommes là pour partager avec vous notre lecture de la situation et faire des clarifications. Nous allons rencontrer la presse, les leaders d’opinion, les partenaires techniques et financiers afin de rallier le plus grand nombre de personnes. Aussi, nous allons sortir dans les provinces. Si, à l’issue du processus, les réformes ne consolident pas la démocratie, nous aviserons.

Luc Marius Ibriga, FOCAL : Pour le moment, nous nous inscrivons dans la logique qui a été tracée par le gouvernement avec les rencontres régionales et les assises nationales. Nous devons être dans les régions. Pour éviter que les propositions du gouvernement, qui ne sont pas passées au CCRP, ne le soient pas aussi aux assises nationales. Ce n’est qu’après les assises nationales que nous pourrons dire quelles stratégies nous devons adopter. Mais le plus important, ce sont les réformes consolidantes sinon, ça risque d’exploser de partout. Actuellement, il y a du répit, parce que les gens se disent, attendons de voir les conclusions. En plus, si vous avez écouté le Premier ministre à l’ouverture du CCRP, vous avez l’impression que nous sommes dans une monarchie. L’analyse est que le CCRP est un dialogue octroyé, avec des phrases telles « c’est le président qui l’a voulu ». On veut désamorcer la crise et faire comme avant. Pourtant, le principe veut que ce soit les Burkinabè qui s’arrêtent pour réfléchir sur leur avenir. Nous faisons un travail de conscientisation citoyenne pour éviter de retomber dans les mêmes erreurs comme de par le passé. Vous voyez que certains au CDP ont commencé à ouvrir les yeux et à comprendre qu’il y a de la corruption dans les marchés publics, que ceux qui doivent les représenter à l’Assemblée nationale doivent avoir un certain niveau, etc. C’est appréciable car cela montre qu’on ne pourra plus faire comme avant. Mais pour y parvenir, il faut la pression pour que les réflexes ne reviennent pas.

"Le Pays" : Le rapport du Collège de sages a été foulé aux pieds et celui du MAEP mis en quarantaine, si le peuple estime ne pas se reconnaître à l’issue des assises nationales, que pourra-t-il faire ?

Luc Marius Ibriga, FOCAL : Il faut que les assises soient représentatives d’abord. Mais il faut savoir que nous ne sommes pas dans le cadre d’un référendum où tout le peuple se prononce. Ce sont des assises. Le décret a d’ailleurs dit qu’après les assises, les propositions seront remises au gouvernement. Elles ne s’imposent pas au peuple, mais là également, il faut que nous ayons l’assurance que les conclusions auront une force d’avis conforme devant le gouvernement. Dans notre projet, nous disons que les propositions doivent avoir cette force d’avis conforme de telle sorte que le gouvernement ne puisse rien faire d’autre que de les mettre en œuvre.

Même si ce n’est pas un référendum, il faut que le gouvernement soit contraint de les mettre en œuvre. Dans les déclarations du président du CCRP, il est dit qu’une fois que les assises auront eu lieu, les travaux seront remis au gouvernement qui aura l’agenda de leur mise en œuvre. Pourtant, il fallait un comité de suivi de la mise œuvre qui pourrait attirer l’attention tout le temps afin d’éviter l’expérience douloureuse des institutions comme le Comité d’éthique qui ne fonctionne plus après deux rapports jugés incendiaires.

"Le Pays" : Au-delà de tout, ne pouviez-vous pas entrer au CCRP et claquer la porte plus tard si vos conditions n’étaient pas remplies ?

Luc Marius Ibriga, FOCAL : Nous avions proposé les états généraux, et les personnes indépendantes qui allaient préparer les assises serviraient de comité de suivi. Normalement, si les assises se passent bien, il doit être prévu un comité de suivi. S’agissant de l’alternative d’aller et claquer par la suite la porte, c’est une situation dans laquelle vous perdez toute crédibilité. L’on dira que c’est parce que vos points de vue n’ont pas été pris en compte que vous êtes partis. On ajoutera que vous n’êtes pas des démocrates et qu’en plus, vous avez touché les perdiems. Il faut que nous fassions œuvre de mémoire dans ce pays. Tous les jours, on est dupé au nom de ce qu’on appel le pardon. Quand la crise a éclaté, curieusement, sur les chaînes et partout, c’était le pardon. Le pardon sans confession, sans vérité, ce n’est pas le pardon. Aujourd’hui, allez-y interviewer Mgr Anselme Sanon (ndlr : ancien archevêque de Bobo-Dioulasso, qui avait présidé le Collège de sages), il vous dira toute son amertume pour avoir été utilisé.

Il faut faire en sorte que le jeu politique ne soit pas un jeu de mensonge. C’est tout cela qui discrédite la politique aux yeux de la population et fait qu’elle se désintéresse d’elle. La politique ne doit pas être un jeu d’entourloupe. Il faut qu’on dise clairement notre point de vue au lieu d’aller cautionner. Certains avaient dit qu’ils iraient et que dès le départ, ils récuseraient le Cadre. Jusqu’à présent, nous attendons qu’ils récusent le cadre. Voilà pourquoi nous disons que si on veut, on peut dîner avec le diable, même avec une longue fourchette.

"Le Pays" : Parlez-nous de la participation du Pr Loada au CCRP. N’y a t-il pas confusion ?

Luc Marius Ibriga, FOCAL : Nous n’avons pas de complexe par rapport à la situation, dans la mesure même où le Pr Loada est membre de notre coalition et participe à cette campagne. Il a conduit la délégation qui s’est rendue à l’archevêché. Mais, il faut retenir avant tout qu’il est Professeur et politiste. En tant que Professeur, il avait un intérêt pour ses recherches futures. Parce que pour un chercheur, vivre les travaux du CCRP de l’intérieur est un élément important pour en rendre compte plus tard. C’est pour cela, il a demandé à suivre les travaux. Le président du CCRP a demandé à ce qu’il écrive et c’est ce qu’il a fait. Le CGD ayant récusé le CCRP, le ministre a la possibilité de refuser sa demande. Ce qui ne figure d’ailleurs pas dans le décret. D’ailleurs, on se demande comment le ministre a le pouvoir de coopter les gens. Sa lettre au ministre signifiait qu’il n’engageait pas la responsabilité du CGD. Aussi, il y est en tant qu’observateur et non comme membre et en plus, il donnera une conférence au CCRP dont les membres sont des Burkinabè. On ne peut pas partir du fait que parce qu’ils sont là-bas, ils sont tous mauvais et il faut les laisser. Il faut leur permettre de réfléchir dans de meilleures conditions. La coalition n’a pas de problème avec le Pr Loada qui en reste membre et qui, en tant que chercheur et universitaire, est intéressé par les débats. Quand vous allez rendre compte en tant que politiste, ce n’est pas la même chose que quelqu’un d’autre.

Propos recueillis par Aimé NABALOUM (Collaborateur)`

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 12 juillet 2011 à 06:36, par dikefort En réponse à : LES OSC SUR LES REFORMES AUX EDITIONS "LE PAYS" : "On ne peut pas être juge et partie à la fois"

    on attend le mot d’ordre a la remise des conclusions,si les reformes sont biaisees,si l’article 37 est modifie ,on se donne rendez vous dans la rue pour les accompagner a l’aeroport et aux differentes frontieres du pays.le destin de la nation nous appartient donc on doit le prendre en main.si le president refuse de prendre sa retraite legale nous allons l’obliger a une retraite anticipe .c’est dur mais rien ne peut contre la volonte du peuple.c’est pourquoi nous devrions continuer toujours la mobilisation depuis les hameaux jusqu a la capitale.TROP C’EST TROP

  • Le 12 juillet 2011 à 11:03, par Un Observateur En réponse à : LES OSC SUR LES REFORMES AUX EDITIONS "LE PAYS" : "On ne peut pas être juge et partie à la fois"

    Très bel article où tous les problèmes, les vrais de la notion burkinabé sont passés en revue sans complaisance. Cela tranche d’avec nos politiciens au pouvoir qui pensent que la politique c’est dûper le peuple pour assouvir leurs intérêts personnels.

    Et pourtant la politique devra être noble en ce sens qu’elle donne la possibilité de rendre service au plus grand nombre pour peu qu’on soit honnête dans sa démarche et soucieux de l’avénir de son peuple.

  • Le 12 juillet 2011 à 13:41 En réponse à : LES OSC SUR LES REFORMES AUX EDITIONS "LE PAYS" : "On ne peut pas être juge et partie à la fois"

    Je partage en grande partie les idées nobles que vous defendez pour véritablement faire progresser la démocratie au Burkina. Mais je crois que là vous faites une erreure très stratégique en ne particpant pas à ces travaux. Vos différentes tournées dans la presse pour expliquer et sensibiliser les populations sur votre position en est la preuve. Même si le cadre n’était pas idéeal, il fallait y aller pour défendre ses idées et être egalement témoin pour l’histoire. Cela aurait été aussiimportant pour les necessités de recherhces et de réflexions pour les intellectuelles que vous êtes.Convenez avec moi que des professeurs comme Ibriga et Loada auraient pu mieux défendre certains points de vue que d’autres en face des tenants du pouvoir. Quand il y a crise de confiance, le minimum que l’on puisse faire c’est d’accorder au moins le bénéfice du doute à ceux d’en face, lorsqu’ on vous invite dans un espace de dialogue.On aurait au moins fait son devoir, sa part de boulot. Du reste cette tournée d’explication et de sensibilsation aurait pu avoir plus d’impact si les OSC participaient effectivement au débats. C’est mon point de vue et j’espère que cela va être rattrapé pendant les sessions régionales et les assises nationales.

    • Le 12 juillet 2011 à 18:13 En réponse à : LES OSC SUR LES REFORMES AUX EDITIONS "LE PAYS" : "On ne peut pas être juge et partie à la fois"

      Le dialogue, ce n’est pas quand vous parlez a deux. Le dialogue, c’est l’ecoute et le rapprochemnt des positions. Le dialogue implique l’ egalite. Mais a quoi ca sert de jouer au dialogueur quand dans une commission, le gouvernement pilote tout avec des acteurs savamment tries sur le volet ?Ibriga et autres, vous avez fait le bon choix. Quand on ne veut pas se faire tirer par la corde, onm ne se laisse pas metre la corde au cou. Sinon apres, il faut accepter qu’ on vous tienne en laisse.Pourquoi aller dialoguer si on sait qu’ au finish, vous allez etre "democratiquement" battus au regard des milliers de cooptes qui feront le vote mecanique dans cette commission ?Le gouvernement a eu tord de faire du ccrp une instance bureaucratique, imposee du haut, d ; en faire une institution verticale la ou on attendait une institutioin horizontale.

      LOP

      • Le 13 juillet 2011 à 16:23 En réponse à : LES OSC SUR LES REFORMES AUX EDITIONS "LE PAYS" : "On ne peut pas être juge et partie à la fois"

        Mon cher LOP la première condition pour s’écouter et se rapprocher, c’est d’abord se parler. L’égalité systématique n’est pas non plus une condition indispensable pour instaurer le dialogue entre deux parties. Sinon dans ce bas monde, les plus forts n’allaient jamais s’asseoir sur la même table avec les faibles pour discuter de quoi que ce soit. Le professeur Loada n’a été coopté par personne. On peut comprendre que les partis politiques dont l’essence est justement d’être partisan refusent le cadre du CCRP. Mais en tant que OSC le refus est stratégiquement mauvais.

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