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Impunité : La palme à nous tous !

Publié le mardi 21 juin 2011 à 03h52min

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L’impunité. Chaque burkinabé sait au moins ce qu’elle est, ce qu’elle représente et ses conséquences. Soit parce qu’il est responsable de cette impunité, soit parce qu’il en est victime, soit parce qu’il en a entendu parler…
Quand on parle d’impunité ici, au Faso, les regards se tournent d’emblée vers en premier lieu et non sans raison la classe dirigeante, et notamment sur les actes qu’elle commet. On indexe aussi ces gros commerçants trafiquants, les fraudeurs, ainsi que les délinquants, grands bandits devant l’Eternel.

Enfin, lorsque les uns et les autres parlent d’impunité, on fait référence à cette lutte engagée depuis la mort de Norbert Zongo par le Collectif en vue d’obtenir la vérité et la justice sur les crimes politiques et économiques ….

Si cette perception de l’impunité a un fondement réel, il faut reconnaître que l’on passe souvent à côté d’une impunité que l’on dénonce peu, que l’on exhibe rarement. Ou du moins, une impunité à laquelle l’on attribue des circonstances atténuantes. Ce qui en soi est dommageable non seulement pour la volonté manifeste de tous de bouter l’impunité hors de l’environnement socio-économique et politique du pays, mais aussi d’obtenir une justice pour chacun et pour tous.

Dans une institution publique basée à Ouagagougou, - dont nous taisons le nom-, des travailleurs passent leur temps à abuser du téléphone du service. Certains quittent spécialement leur domicile, le samedi par exemple, pour aller au bureau appeler des parents de l’intérieur ou de l’extérieur. Ils y consacrent un temps fou.

Le drame, c’est que des personnes étrangères à ce service- pratiquement au même titre que les travailleurs- partent exploiter le téléphone du service pour traiter des affaires rentrant dans le cadre de leurs business.

Comme on l’imagine, l’institution en question est transformée en télécentre public. L’accès est réglementé par les relations, l’inconscience de certains agents, le silence coupable des témoins…

Il n’est point besoin de répéter que beaucoup de fonctionnaires sortent de leur bureau sans éteindre la lumière ni arrêter la climatisation. Il en existe qui ne respectent pas le temps de travail, qui dorment copieusement dans leur lieu de travail. Sont nombreux ceux-là qui s’absentent sans justification. Bien évidemment dès le 25 du mois, tout le monde accoure à la banque.

Inutile de dire qu’un tel comportement s’est érigé en norme particulièrement dans la fonction publique.

On quitte le domicile pour aller profiter du téléphone de service, de la climatisation, de l’électricité. La voiture de service devient un véhicule de balades, de pique-nique… Tout le monde ou du moins ceux qui ont l’occasion, profitent au maximum des biens publics comme s’il n’existait aucune réglementation en matière de gestion des biens communs. Beaucoup considèrent le travail à la fonction publique, comme un maquis où l’on va et boit comme l’on veut.

Collectivement donc et de façon consciente ou pas, tout le monde passe outre cette réglementation ; chacun justifiant son comportement par le fait que les premiers responsables du pays volent, détournent…C’est le pillage organisé par des fonctionnaires de l’Etat. En définitive « nous sommes nombreux à vitupérer contre les détourneurs des deniers publics. Nous sommes légions à fermer nos narines au passage des tenants du pouvoir et à hurler que le régime est pourri, corrompu, voleur et népotiste ». Cependant, le comportement des dénonciateurs n’est autre que la photocopie légalisée mais à un degré moindre de celui des hautes autorités mises en cause. Autant, l’on peut affirmer qu’elles entretiennent et encouragent l’impunité, autant chacun des citoyens entretient et encourage l’impunité. Responsabilité pour responsabilité, culpabilité pour culpabilité, les uns et les autres le sont même si c’est à degré divers.

Ce climat d’impunité et le plaisir que les uns et les autres y tirent constituent, on le sait, des obstacles à un certain nombre de défis que l’Etat doit relever : la réduction de son train de vie, la maîtrise des dépenses publiques et la lutte contre les charges inutiles et improductives, la lutte contre la corruption et l’affairisme….

Il reste établi que les avantages d’un tel défi relevé permettra de recueillir un capital- ici financier- pour investir dans le développement en construisant des écoles ou des dispensaires. Le Burkina Faso est capable de financer son développement en réduisant le recours à l’endettement. Cela requiert l’adoption d’un comportement responsable et citoyen, à commencer par l’abandon des pillages que se livrent certains agents dans la fonction publique.

Par Bendré

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Vos commentaires

  • Le 21 juin 2011 à 09:21 En réponse à : Impunité : La palme à nous tous !

    Cher journaliste, vous ne faites pas correctement votre travail ; pourquoi vous ne citez pas le nom de l’institution où se passe des choses pas normales ; vous ^tes journalistes, si les faits sont avérés, dites-le ; sinon vous faites de la diffamation honteuse ; c’est d’ailleurs un problème de la presse burkinabè : on parle d’une personnalité dont on tait le nom, d’une entreprise, d’un service dont on tait le nom ; c’est quoi votre boulot alors ? A la différence du citoyen lamda, vous journalistes, vous pouvez les citer sans être inquiété parce que c’est votre boulot et l’oponion vous soutient si c’est vrai ; si vous n’avez pas la vraie info,alors, taisez-vous

  • Le 21 juin 2011 à 09:21 En réponse à : Impunité : La palme à nous tous !

    Cher journaliste, vous ne faites pas correctement votre travail ; pourquoi vous ne citez pas le nom de l’institution où se passe des choses pas normales ; vous ^tes journalistes, si les faits sont avérés, dites-le ; sinon vous faites de la diffamation honteuse ; c’est d’ailleurs un problème de la presse burkinabè : on parle d’une personnalité dont on tait le nom, d’une entreprise, d’un service dont on tait le nom ; c’est quoi votre boulot alors ? A la différence du citoyen lamda, vous journalistes, vous pouvez les citer sans être inquiété parce que c’est votre boulot et l’oponion vous soutient si c’est vrai ; si vous n’avez pas la vraie info,alors, taisez-vous

  • Le 21 juin 2011 à 09:49, par Ouagalais En réponse à : Impunité : La palme à nous tous !

    Il faut également citer le non-respect de l’arrêt au feu-rouge, le jet des ordures dans les caniveaux, etc. Chacun doit faire son introspection !

  • Le 21 juin 2011 à 12:16 En réponse à : Impunité : La palme à nous tous !

    De toutes facons, meme si l’on denoncait, rien ne va arriver a ces profiteur de bien public, et le denonciateur peut au contraire meme avoir de serieux ennuis. Dc c’est mieux de laisser faire, et de laisser pourrir tout le system jusqu’au cou. Bientot, bienvenu l’anarchie generale et la guerre civile. Pauvre faso..

  • Le 21 juin 2011 à 14:32 En réponse à : Impunité : La palme à nous tous !

    Venant de quelqu’un qui ne porte pas le regime a coeur, ce article d’une si douce pedagogie est tout aussi courageux qu’honnette.

  • Le 21 juin 2011 à 15:47, par Boulougou Compaoré En réponse à : Impunité : La palme à nous tous !

    Monsieur Bendré,

    Je suis absolument en accord avec la pertinence de ton expression.

    Et restant positif, je pense que l’impunité va diminuer petit à petit, vu qu’aujourd’hui on n’a plus peur de la dénoncer.

    Merci Bendré

    Boulougou Compaoré

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