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Manifestations de militaires : Soyons des républicains

Publié le vendredi 17 juin 2011 à 02h50min

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De mars à mai, voire début juin 2011, notre pays le Burkina Faso a connu des manifestations de mécontentement de militaires à divers endroits, lesquels se sont souvent muées en actes de vandalisme et de pillage de biens publics et privés, sans oublier les blessés et les morts occasionnés par les balles perdues. La dernière manifestation en date des soldats (la plus grave) est la mutinerie qui a eu lieu à Bobo-Dioulasso, ville où les habitants ont été arrachés de la terreur par une opération de désarmement forcé des mutins, initiée d’urgence, par le gouvernement du Premier ministre Luc Adolphe Tiao.

Dans ces lignes, il est n’est pas question de s’interroger sur l’opportunité de cette opération comme certains citoyens le font encore, mais plutôt d’analyser la dérive de la soldatesque. La grogne des militaires a débuté par une histoire de mœurs pour se terminer par la revendication d’une prime de logement. Le militaire, comme tout autre serviteur de l’Etat, est rémunéré pour ses services rendus, à travers la perception d’une solde renforcée par des indemnités versées en fonction du grade. Revendiquer une indemnité accordée par la loi est un droit aussi bien pour un militaire que pour tout autre fonctionnaire. La réclamation des soldats, somme toute légitime, a connu un écho favorable auprès des plus hautes autorités, avec en tête le chef de l’Etat qui s’est engagé à satisfaire les doléances de ceux-là mêmes qui sont garants de sa sécurité et de celle du peuple burkinabè.

Mais comment se fait-il que malgré cet engagement présidentiel de bonne foi, certains militaires, pressés qu’ils sont de percevoir leur dû, se révoltent et prennent les armes pour terroriser le peuple qu’ils sont censés protéger ? C’est là que l’attitude de certains éléments des garnisons laisse perplexe, au regard de l’image l’armée, ternie depuis des semaines, par ces minuteries tous azimuts. L’on s’explique difficilement ces faits sans précédent de militaires au Burkina Faso. Mais à y voir de près, le problème résiderait principalement à deux niveaux : le mode de recrutement des hommes et la chaîne de commandement de l’Armée. Il n’y a pas de fumée sans feu, dit l’adage.

Les témoignages recueillis, comportent une part de vérité qui impose que l’on puisse se regarder dans la glace. Au stade où nous en sommes, il est évident que l’Armée burkinabè a des choses à se reprocher. Ses premiers responsables gagneraient à nettoyer dans les rangs, si l’on veut retrouver les traits caractéristiques d’une armée républicaine. Une armée dans laquelle le recrutement sera plus minutieux et responsable. Une armée où la hiérarchie continuera d’être respectée, comme l’impose la légendaire discipline militaire. Une armée où les gradés, contrairement à ce que l’on pourrait penser, devront aussi respect aux subalternes, malgré leurs degrés de responsabilité et honneurs. Une armée où les éléments n’auront à l’esprit que d’assurer, au péril de leur vie, la défense des civils en toutes circonstances et non à les terroriser et à les dépouiller, en cas de mouvement d’humeur. L’on peut pacifiquement réclamer des droits sans recourir aux armes, ni à la violence physique et c’est ce à quoi nos militaires doivent désormais faire référence. Soyons des républicains !

Kader Patrick KARANTAO

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 17 juin 2011 à 11:53, par nidale En réponse à : Manifestations de militaires : Soyons des républicains

    quelqu’un peut il me dire combien de psychologues il ya dans les centres de formations militaires de Bobo-dioulasso pour suivre tous ces jeunes militaires, quand on sait qu’il ya du tout, du meilleur comme du pire parmi les jeunes qu’on recrute ?

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