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Autant le dire… : Deux jours seulement ont suffi

Publié le jeudi 9 juin 2011 à 02h56min

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« La paix n’est pas un mot, mais un comportement », « la paix est une stratégie de développement », « rien ne vaut la paix », « c’est quand on perd la paix qu’on connaît son importance », « la paix rien que la paix », « la paix est notre bien précieux qu’il nous faut sauvegarder par tous les moyens ». Sont autant de citations ou de réflexions qu’on entend très souvent quand il s’agit de la paix, de son importance et de sa sauvegarde. Au Burkina Faso, on a eu l’impression à un moment donné que beaucoup d’entre nous avaient perdu cette compréhension de la paix, son utilité, son importance et sa place irremplaçable dans notre vécu quotidien, dans notre processus de développement.

A Bobo-Dioulasso, il a fallu seulement deux jours d’intenses détonations, deux jours de pillage, deux jours de vols, deux jours d’insécurité, deux jours de colère militaire pour que chacun de nous se rappelle de la paix. Et brusquement, tous les langages ont changé « nous on veut la paix », « il faut qu’ils nous laissent travailler dans la paix », « ça fait deux jours qu’on n’est pas sorti, qu’on ne vend rien », etc. Tout comme les fesses, quand elles ne font pas mal, on ne sait pas que chaque jour que Dieu fait, elles font partie des parties du corps humain les plus utiles, les plus utilisées. Quand bien même tout le corps est continuellement utilisé.

A quelque chose malheur est bon. Cette mutinerie de soldats de la garnison de Bobo que tout le monde veut oublier tout de suite est venue nous rappeler la paix, son importance. En effet, il nous faut le savoir, sans paix, il n’y aura jamais de développement, sans paix il n’y aura jamais la santé. Sans paix, il n’y a pas d’éducation, etc. La preuve en grandeur nature nous a été donnée dans la nuit du mardi 31 mai au vendredi 4 juin. Tous les commerces étaient fermés. Les marchés et yaars où certaines femmes vont juste la matinée pour vendre des légumes et des feuilles afin de trouver de quoi nourrir au quotidien des familles étaient déserts. De quoi tout ce monde s’est-il nourri pendant ces moments difficiles pour tout le monde ? Les banques et établissements financiers pour des raisons de sécurité avaient fermé à plusieurs tours leurs portes. C’est dire que pendant cette période, l’argent a manqué.

Aucune opération bancaire n’était possible. Alors que tout le monde sait que sans argent, on ne peut pratiquement rien faire en ville. Les essenceries avaient rangé leurs raccords et l’essence était devenue denrée rare. Mettant fin à certains déplacements dans la ville. Le Centre hospitalier universitaire Souro Sanou, où les mutins sont rentrés pour s’emparer de la caisse de la pharmacie, avait clos ses portes. Les médecins et autres agents soignants avaient complètement déserté les lieux. Idem dans d’autres formations sanitaires. C’est dire qu’il n’y avait plus de santé. Un agent qui avait bravé la peur pour se retrouver dans son lieu de travail a raconté que tous les malades qu’il a référés dans certaines unités n’y avaient trouvé personne pour les traiter. Que sont-ils devenus, surtout ceux dont les cas étaient très graves ?

Dans les écoles, il n’y avait plus cours. Les enfants avaient fui, de même que leurs maîtres. Au secondaire, le spectacle était le même. Les vendeuses de sandwiches, de gâteaux, d’autres friandises et d’eau dans ces établissements avaient abandonné leurs étals. Pendant trois jours. De quoi leurs familles ont-elles vécu pendant tout ce temps ?

La ville de Bobo-Dioulasso compte de nombreux petits commerçants qui se baladent de buvette en buvette, de bar en bar, et parfois même de domicile à domicile pour proposer leurs articles aux acheteurs. Pendant trois jours, tous ces jeunes ont disparu de la circulation. Puisqu’ils ne pouvaient plus vendre, ni cirer des chaussures pour prétendre avoir de quoi vivre.

Un artiste musicien ivoirien avait dit aux Burkinabè de demander aux Ivoiriens ce que vaut la paix, eux qui l’ont perdu durant plus de dix ans. Maintenant, on n’a plus besoin de le lui demander. C’est pourquoi, cette paix-là, il nous faut la consolider par tous les moyens. C’est le soubassement de notre développement.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 9 juin 2011 à 14:51, par Renaud Bambara En réponse à : Autant le dire… : Deux jours seulement ont suffi

    La paix est un bien precieux ; c’est vrai. Mais on parle de paix quand chaque citoyenne et citoyen Burkinabè arrive a manger à sa faim ; et soigner de toutes ses plaies sociaux. Tant que ses choses ne sont pas règler, ya pas la paix. Mème si le pays est calme ne nous disons pas qu’il ya paix. Au moment que d’autres arrive a manger et vivent dans le luxe. Mieux vaut prevenir que guerrir. Sinon le dernier sera au peuple...........

    • Le 14 juin 2011 à 13:17, par sylvanus En réponse à : Autant le dire… : Deux jours seulement ont suffi

      Une petite faim ça se supporte, un petit manque de paix ça enflamme le pays. Évitons de décider de cela pour tout le monde. QUE DIEU NOUS GARDE.

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