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Sanctions contre les mutins : La justice va-t-elle passer partout ?

Publié le mardi 7 juin 2011 à 02h31min

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Quatre jours après l’expédition punitive des éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), du Régiment paracommando de Dédougou (RPC) et de la Gendarmerie nationale, l’œuvre de pacification de la ville de Sya se poursuivait hier par la traque des insurgés encore dans la nature et la récupération des objets volés.

La vie est donc en train de reprendre petit à petit son cours normal sur les rives du marigot Houet, où les insurgés arrêtés sont en train de méditer sur leur sort en attendant leur procès, qui aura lieu on ne sait encore quand.

D’ores et déjà, on imagine que de multiples chefs d’inculpation peuvent peser sur leurs épaulettes, surtout que le chef d’état-major général des Armées, le général Nabéré Honoré Traoré, est sorti de l’habituelle réserve propre à la Grande Muette pour promettre des "sanctions extrêmes" à ceux qui sont encore, puisqu’il faut respecter les formes judiciaires, de présumés innocents jusqu’à ce que leur culpabilité, selon la formule consacrée, soit clairement établie à l’occasion d’un procès équitable.

En attendant, en choisissant la voie de la fermeté, les autorités politiques et militaires semblent décidées à remettre de l’ordre dans les casernes en ébullition depuis maintenant trois mois.

Le hasard et la nécessité ont voulu que ce soit les mutins de Bobo qui reçoivent le coup de semonce salutaire parce qu’ils ont eu la mauvaise idée de sortir au mauvais moment, quand l’exaspération des autorités et des populations avait atteint son paroxysme.

Des promesses avaient été faites et des engagements pris pour solder les différents problèmes posés par la soldatesque, et la sagesse aurait voulu qu’elle attende de voir s’ils seraient tenus. Au lieu de quoi les troufions se sont enfermés dans un irrédentisme d’enfants gâtés qui veulent tout et tout de suite.

Il fallait donc frapper fort pour frapper les esprits. Après Bobo, les soudards qui seront tentés de semer la désolation dans nos villes savent à quoi ils s’exposent. La descente de vendredi dernier dispose donc pour l’avenir.

Mais on fait quoi pour les actes analogues perpétrés par les militaires burkinabè dans d’autres cités du pays ? Car avant la ville de Sya, il y a eu Ouagadougou, Fada, Tenkodogo, Garango, Dori, Dédougou. Même les éléments du RSP et du RPC, qui jouent aux pacificateurs actuellement au camp Ouezzin-Coulibaly, s’en sont donné à cœur joie à des intensités diverses.

On fait quoi de tout ce monde ? Vont-ils bénéficier d’une forme d’impunité ? La justice va-t-elle s’arrêter aux portes de Kosyam et du RSP au risque de donner l’impression qu’il y a un traitement à deux vitesses ?

Ou aura-t-on le courage de nettoyer jusqu’au bout avec les conséquences déstabilisatrices qu’une telle entreprise d’assainissement peut comporter ? Tel est, on l’imagine, le choix cornélien qui doit se poser aujourd’hui aux autorités burkinabè.

Mais puisqu’elles veulent nous convaincre depuis le début, et Honoré Traoré l’a encore répété, qu’il s’agit d’une "petite minorité" de soldats, ils ne doivent pas être particulièrement difficiles à identifier (si ce n’est déjà fait) et à réduire par le gros de la troupe. A moins que le problème soit plus généralisé qu’on veut bien l’admettre.

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur Paalga

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