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Mouvements sociaux : Droit ou devoir de grève ?

Publié le lundi 30 mai 2011 à 00h31min

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La ville de Koudougou est-elle devenue un laboratoire frissonnant de tous les excès et extrémismes en matière de luttes sociales ? Le point de départ de cette folie destructrice et incendiaire qui s’est emparée des scolaires burkinabè réclamant, à juste titre, « vérité et justice » pour un des leurs, mort dans des circonstances jusque-là non élucidées ? Koudougou.

Le théâtre d’affrontements ouverts, dans la foulée des manifestations des élèves, entre partis politiques, notamment le CDP et l’UNDD ? Encore Koudougou.

La localité où des commerçants, parce qu’un différend les oppose aux autorités communales, s’abandonnent à la pyromanie, réduisant ainsi en cendres les locaux de la police municipale, le domicile du maire et bien d’autres édifices publics ? Encore et toujours Koudougou.

C’est Maurice Yaméogo, premier président de notre pays, qui a dû se retourner, sinon se redresser, dans son mausolée face à la détestable image de « ville rebelle » à laquelle renvoie aujourd’hui le nom de son patelin natal.

Non, Koudougou n’est pas par nature frondeuse, pas plus que ses fils ne sont pathologiquement portés à la violence. Non, Koudougou n’est pas la mal-aimée de la nation, pas plus que ses fils ne sont des délaissés de la mère patrie.

Forte est la prégnance des stéréotypes faisant de cette ville le souffre-douleur, le laissé-pour-compte de la Cinquième République. Et nombreux sont ceux qui se laissent séduire par cela. D’où l’exacerbation, là-bas, des mouvements sociaux par les « mal-aimés », taraudés par la furieuse envie d’en découdre avec l’Etat.

Si toutes ces formes de manifestation violente peuvent se comprendre à la lumière des préjugés évoqués plus haut, on a, par contre, de la peine à s’expliquer cet autre écart de comportement constaté la semaine dernière, encore à Koudougou.

De quoi s’agit-il ? De l’usage du terrorisme syndical comme mode d’action. En effet, en « sit-in illimité pour exiger l’apurement sans conditions de leurs avancements », les militants du Syndicat national des travailleurs de l’éducation de base (SYNATEB) dirent ne pas comprendre l’attitude des partisans du Syndicat national des enseignants africains du Burkina (SNEAB) qui ne prenaient pas part à la grève.

Pire, organisés en brigades mobiles (en attendant, qui sait, la constitution de brigades armées), des instits de Koudougou affiliés au SYNATEB ont empêché leurs collègues du SNEAB de donner cours. N’ayons pas peur des mots, pareille attitude découle purement et simplement de l’intolérance, dont les effets désastreux sont suffisamment connus pour être relevés dans ces lignes.

Certes, le phénomène du sectarisme n’est pas nouveau sous nos cieux. On a vu et on voit, hélas toujours, des élèves et étudiants utiliser l’argument de la force pour contraindre leurs camarades à soutenir une grève. Mais lorsque c’est une corporation de travailleurs ayant en charge l’éducation de nos enfants qui s’adonne, elle aussi, à la terreur syndicale, la condamnation doit être sans appel.

Autant le SYNATEB s’est-il prévalu du droit, celui d’aller en grève, pour débrayer, autant doit-il apprendre à respecter un autre, celui qui donne droit à la différence.

Aller en grève est-il un droit ou un devoir ? La « solidarité », à laquelle les grévistes ont tenté de contraindre les autres enseignants, doit-elle être un acte librement consenti ou une obligation pour tout syndicat envers un autre ?

Nous avons la faiblesse de croire que cette attitude anarcho-syndicaliste a trait plutôt au zèle d’un groupe de militants que d’une consigne venue du sommet du SYNATEB.

Dans ce cas, nul doute que le bureau national rappellera à l’ordre ces militants dont le comportement ternit l’image d’un syndicat qui a su apporter, de fort belle manière, sa contribution à la noble cause des enseignants .

Alain Saint Robespierre

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 30 mai 2011 à 06:16 En réponse à : Mouvements sociaux : Droit ou devoir de grève ?

    Certains connaisent les droits de l’ homme. Surtout leurs droits de kiss- my- ass. ils font pas greve. Ilusent ainsi de leurs droits. Mais quand on a les acquis, est- ce qu’ ils rfusent ? On a tout compris. On va les obliger a faire la greve. C’est une question de rapport de force. Si on est plus nombreux, on va les focer a aller en greve oua demenager dormir chez leurs patrons qu’ ils aiment tant qu’ ils ne veulent pas deranger. Si on on va en greve contre l’ Etat quio est le Leviatan, c’est pas des Inidividus laches et moralement mal formates qu’ on va laisser saboter nos luttes justes.
    Charles Somnian, Instituteur detenteur d’ une Maitrise en psychologie du travail

    • Le 30 mai 2011 à 18:06 En réponse à : Mouvements sociaux : Droit ou devoir de grève ?

      Je voudrais bien comprendre l’auteur de la précédente réaction à l’article du journaliste, Journaliste que je félicite au passage pour la justesse de sa réflextion. Je voudrais Monsieur ou Madame, je ne sais trop, juste vous demander si SYNATEB équivaut à Al Quaeda ? Ce n’est plus le même SYNATEB dans lequel j’ai milité autre fois> je ne me reconnais plus dans cette milice que vous tentez de créer dans le Faso qui nous est tous cher, vous y compris, je suppose.

    • Le 30 mai 2011 à 22:37, par Pasektaalé En réponse à : Mouvements sociaux : Droit ou devoir de grève ?

      désolé mon cher diplomé en psychologie du w. mais je crois que tu as mal ingurgité tes connaissances en matière de ssyndicalisme. que penses-tu de la liberté d’opinion ? Cette même liberté d’opinion qui t’est reconnue et qui t’as donné le droit d manifester. Ce n’est peut-être pas entièrement de ta faute. tu as dû être aussi formaté juste comme "Ils" le voulait.
      Pasektaalé

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